jeudi 20 août 2009 - par Francesco Piccinini

Caster Semenya, gazelle maudite ?

Sud-Africaine ou Sud-Africain ? C’est la très sérieuse question que se pose la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Mercredi soir aux championnats du monde de Berlin, l’athlète de 18 ans a gagné sur 800 mètres. Mais depuis la polémique enfle sur son sexe. Au point que l’IAAF a décidé de soumettre la sportive à un test de féminité, une pratique pourtant officiellement abandonnée lors des Jeux Olympiques de 1999.
 
Zdena Koubkova, Dora Ratjen, Léa Caurla, Claire Bressolles, Tamara et Irina Press, Ewa Kłobukowska, Erika Schinegger, Santhi Soundarajan. A cette liste de sportives qui ont marqué l’histoire de l’athlétisme, il conviendra peut-être d’ajouter Caster Semenya.
 
En réalisant un temps record de 1’55"45 sur le 800 mètres à Berlin, la Sud-Africaine de 18 ans que personne ne connaissait quinze jours avant les championnats du monde a braqué sur elle les projecteurs. 
 
Car avec ce temps hors catégorie, la jeune coureuse a tout simplement battu son record personnel d’une minute et 56,72 secondes et laissé derrière elle, à plus de deux secondes, la tenante du titre, la Kenyane Janeth Jepkosgei. Un temps qui suscite bien sûr des interrogations.
 
L’Italienne Elisa Cusma, sixième lors de cette finale a déclaré à l’issue de la course que selon elle, « c’est clair, c’est un homme ».On aurait pu en rester là et considérer que la perdante manquait de fair play, mais l’affaire a pris des proportions inattendues. 
 
Selon le site Sports.fr, Elisa Cusma n’est pas la première à avoir soulevé cette question . « Le Sydney Morning Herald a été le premier journal à émettre des doutes sur le sexe de Semenya ».
 
Avant que cette polémique ne prenne des proportions diplomatiques, l’IAAF a tenu à calmer le jeu : pour l’heure Caster Semenya ne sera pas privée de podium. Pierre Weiss, secrétaire général de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a néanmoins déclaré lors d’une conférence de presse qu’ « il serait totalement injuste de l’exclure. Il n’y a pas de preuves qu’elle ne soit pas une femme, il y a juste un doute visuel », déclaration suffisamment ambiguë pour que la Fédération Sud-Africaine hausse le ton.
 
Et elle n’est pas la seule. Tout le pays est derrière sa championne, à commencer par son père : « Pour la première fois, les Sud-Africains ont quelqu’un dont ils peuvent être fiers, et les détracteurs hurlent avec les loups » a déclaré ce dernier dans le Sowetan, quotidien du pays. En fait les rumeurs ont commencé à courir lorsque Caster Semenya a fait parler d’elle lors des championnats d’Afrique juniors.
 
Aujourd’hui les experts commencent les tests de féminité. Résultat dans deux à trois semaines. S’il s’avère que « la fille en or » d’Afrique du sud est un homme, son nom, a prcisé Pierre Weiss, serait retiré de la liste des vainqueurs. 



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