samedi 26 février 2011 - par Marie Trascal

Des parlementaires financés par l’industrie pharmaceutique travaillent sur les conflits d’intérêt

La plupart des parlementaires impliqués dans les missions post-Mediator et travaillant notamment sur les problématiques de conflits d'intérêts appartiennent à un club directement financé par le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline : le Club Hippocrate.

Inutile de présenter le Mediator. Cet antidiabétique de Servier aurait fait entre 500 et 2000 morts. Il faut vraiment sortir de l’Amazonie pour ne pas en avoir entendu parler.

Suite à ce scandale, 3 missions parlementaires ou d'enquête ont été constituées avec pour objectif à terme de formuler des propositions d’amélioration du système d’évaluation des médicaments. Parmi les chantiers : s’attaquer aux conflits d’intérêts. Vaste programme !

Gérard Bapt est le président de la mission d’information sur le Mediator à l’Assemblée Nationale. Or, il s’avère qu’il est également président fondateur d’un club parlementaire sur l’économie de la santé, le Club Hippocrate. Des parlementaires y débattent sur des problématiques de santé publique. Parmi les sujets traités récemment figurent « l’inéluctable augmentation des dépenses de santé », « le positionnement des complémentaires santé dans l’assurance santé » ou encore les modèles de réformes hospitalières.

Or, sur chaque compte-rendu de réunion figure la liste des mécènes de ce club de réflexion, aussi dénommés les « Partenaires Hippocrate » : la Générale de Santé, Malakoff Médéric et... GlaxoSmithKline ! (Voir les liens suivants : 1 2 3 4 5)

Ce point est aisément vérifiable. Il suffit de télécharger l’un des compte-rendus et de regarder en bas de page. Selon les compte-rendus, cette mention figure 1 page sur 2, parfois uniquement en fin de document.

Le député Gérard Bapt est donc président d’un club de parlementaires financé directement par l’un des plus grands et des plus influents laboratoires pharmaceutiques : GlaxoSmithKline !

Simple coïncidence ?

Peut-être pas. Sur les 11 membres de la mission d’information sur le Mediator, 8 sont membres du club ! M. Gérard Bapt, M. Jean-Pierre Door, M. Jean Bardet, Mme Valérie Boyer, M. Jacques Domergue, M. Arnaud Robinet, M. Jean-Louis Touraine, M. Jean-Luc Préel

Parmi les membres du Club Hippocrate figurent également Bernard Debré, récemment mandaté par le Président de la République pour rédiger un rapport sur l’affaire Mediator avec l’aide de Philippe Even.

Enfin 6 parlementaires impliqués dans la mission commune d'information "Mediator : évaluation et contrôle des médicaments" du Sénat font également partie de ce club financé par GSK.

Les 3 personnes présentées comme « présidentes du Club Hippocrate » sont toutes impliquées dans ces deux commissions parlementaires : Gérard Bapt, Jean-Pierre Door et Alain Vasselle.

Le site internet du Club Hippocrate évoque également un « déjeuner Hippocrate » qui s’est tenu le mercredi 20 octobre au restaurant « Chez Françoise » sur le thème : « Santé et développement : traiter les maladies ou soigner les systèmes ? ». Y fut invité comme orateur Monsieur Hervé Gisserot, président directeur général de GlaxoSmithKline France…

Un article de l’Express intitulé « la bataille du tabac » stipule : « Grégoire de La Roncière, PDG d'Agora Europe [NDLR : l’agence à l’origine de plusieurs clubs parlementaires thématiques dont le Club Hippocrate], qui s'est occupé de l'organisation matérielle de cette journée, précise : « Pfizer a contribué à hauteur de 30 000 euros et Glaxo de 20 000 euros. Des sommes très importantes pour un colloque parlementaire. A ce prix-là, c'est normal que les "partenaires" puissent s'exprimer. GSK a fait intervenir une tabacologue et Pfizer a parlé sur le thème du tabagisme dans l'entreprise. »

GSK est le fabricant du Zyban, Pfizer du Champix, deux médicaments pour arrêter de fumer, présents sur la liste des 77 médicaments sous surveillance.

Les fondations de l’ordre nouveau que nous préparent ces élus ne sont-elles pas déjà largement fissurées ?

Le tapage médiatique autour du Mediator avait-il vraiment pour objectif la sécurité des patients ou n’aurait-il pas été le gigantesque champ de bataille d’un règlement de comptes entre labos ?

Quand obligerons-nous nos élus à déclarer tous leurs conflits d’intérêts sous peine de sanction pénale et d’inéligibilité à vie ?

Photo sous licence Creative Commons. Auteur : epSos.de

 



23 réactions


  • Alpo47 Alpo47 26 février 2011 08:55

    Au point de décrépitude, de compromission et de vénalité où est parvenue la plus grande partie de notre classe politique, plus rien ne peut nous étonner.
    Et chaque jour apporte son nouveau lot d’informations mettant à jour leurs dérives ...

    Jusqu’à ce que l’odeur de pestilence nous submerge.


    • TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE TOUSENSEMBLE 27 février 2011 17:57

      en plus de conflits d’interets dans les affaire...nos parlementaires seraient aussi en conflit suite a leurs interventions pour le médicaments de labos pharmaceutiques...jusqu’ou vont aller pour se faire encore plus de fric...ouvrir des maisons closes ???
      QU ON EMPECHE LES PARLEMENTAIRES...LES AVOCATS D AFFAIRES...LES AGENTS IMMOBILIERS....D ETRE CANDIDATS AUX ELECTIONS....IL Y A INCOMPTATIBILITE
      AVEC UNE LOI QUI SERA VRAIMENT PROMULGUEE 1/ 3 des élus est concerné...

      il faut éviter les scandales comme "mediator (de 500 a 2000 morts) xynthia (49 morts dont 24 pour conflit d’interets entre 1 elu...et son fils agent immobilier et pavillonneur...)
      TOUSENSEMBLE


  • candide candide 26 février 2011 09:16

    Il n’y a plus besoin d’aller en Italie pour voir la MAFIA : Elle règne dans toute l’Europe sous le doux nom de « lobbying ».

    Qu’il est loin le temps des De Gaulle !

    • BOBW BOBW 27 février 2011 08:26

      Bof, règnaient déja les "copains et les coquins ( Pasqua et son adversaire  R.Barre...) avec les bâtisseurs de la C.E.E.

       L’Immense tas de fumier malodorant actuel commençait à s’ériger !

    • Mr.K (generation-volée) Mr.K (generation-volée) 27 février 2011 17:25

      En effet BOBW,

      Ce que j’aimerais bien savoir c’est si Degaulle était naïf (difficile à croire) ou conscient de l’utilité de ces réseaux pour se maintenir au pouvoir.


  • Francis, agnotologue JL 26 février 2011 10:30

    On a tort de s’indigner en l’occurence contre la corruption, les mafias, etc.

    Je m’explique : le système est sciemment organisé ainsi, et nous sommes là en présence d’une volonté politique évidente.

    Notre démocratie n’est qu’un simulacre. Nous le peuple, avons le droit de changer la forme (les élus), pas le fond, qui est le système mis en place par les possédants pour les possédants : le fond c’est leur affaire. Autrement dit, c’est un suffrage censitaire qui ne dit pas son nom et qui se cache bien qui mène la danse.

    C’est pourquoi le système se défend par tous les moyens possibles contre les candidats qui voudraient le changer unilatéralement en courcircuitant la « démocratie occulte », en lui préférant la « démocratie des urnes ».

    Dans les milieux informés, quand on parle de démocratie on sait bien entre soi, mais on ne le dit pas qu’il s’agit de la démocratie occulte ;

    et les vrais démocrates sont traités de populistes.


    • joelim joelim 26 février 2011 11:58

      Oui, ils ont détourné la démocratie à leurs fins égoïstes et même meurtrières (dans le cas du Mediator).

      Et ils vont continuer. C’est comme si la mafia était chargée de pondre les lois anti-mafia...

    • Francis, agnotologue JL 26 février 2011 12:14

      Joelim,

      c’est exactement ça, la mafia est chargée de de pondre des lois anti-mafia au nom du credo suivant qui s’est ancré dans l’esprit du temps : « L’indépendance d’un expert est le gage de son incompétence : voilà le credo des industriels de la santé repris en chœur par les pouvoirs publics. » (« Les médicamenteurs » Arte 9/6/9) .

      On rejoint la définition du fascisme tel que le définissait un expert es matière : « Le Fascisme devrait plutôt être appelé Corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’état et des pouvoirs du marché. »


    • Francis, agnotologue JL 26 février 2011 13:13

      La stratégie du choc version USA  :

      « Ce qui se passe dans le Wisconsin est, au contraire, une captation du pouvoir, une tentative d’exploiter la crise fiscale pour détruire le dernier contrepoids majeur face au pouvoir politique des corporations et des riches. Et cette captation du pouvoir va au-delà de la casse des syndicats. Le projet en question est long de 144 pages, dans lesquelles sont cachées des choses inouïes. 
      Par exemple, le projet inclut des termes qui permettraient aux responsables nommés par le gouverneur de procéder à des coupes radicales dans les couvertures santé des familles à bas revenus sans avoir à passer par le processus législatif normal.
      Et puis il y a ceci : »Nonobstant les § 13.48 (14) (am) et 16.705 (1), le service peut vendre toute installation publique de chauffage, climatisation ou énergétique, ou passer contrat avec une entreprise privée pour l’exploitation d’une telle installation, avec ou sans appel d’offre, pour tout montant que le service estime être dans le meilleur intérêt de l’État. Nonobstant les § 196.49 et 196.80, aucun accord ou certification de la commission de service public n’est requis pour qu’un service public achète ou passe contrat pour l’exploitation d’une telle installation, et tout achat de ce genre est considéré comme étant d’intérêt public et conforme aux critères de certification d’un projet sous le §196.49 (3) (b)« .
      Qu’est-ce que c’est que ça ? L’État du Wisconsin possède un certain nombre d’installations fournissant chauffage, climatisation, et électricité à des établissements publics (comme l’université du Wisconsin). Les termes du projet de loi permettraient, en fait, au gouverneur de privatiser n’importe lequel ou tous ces établissements sur un coup de tête. Non seulement ça, mais il pourrait les vendre, sans appel d’offres, à qui il souhaite. Et notez que toute vente de ce genre serait, par définition, »considérée comme étant d’intérêt public« . »


  • Gabriel Gabriel 26 février 2011 11:56

    La santé est un bien commun, en donner la gestion à des sociétés privées est en soi une énorme erreur, si on la veut efficace. Les sociétés privées sont là pour faire du business, des bénéfices. Pour de tels résultats, nous savons que la notion d’éthique n’y a pas sa place. Un laboratoire pharmaceutique d’état est la seule solution ! Sinon, notre santé est mis entre les mains des ordures comme Servier avec son Médiator !


    • TOUSENSEMBLE OU L ECUREUIL ROUGE TOUSENSEMBLE 1er mars 2011 10:45

      la privatisation de la santé...est en cours...sécu privée...dépendance....labos

      les syndicats avaient tiré le signal d’alarme en 2002...quand juppé a été..viré..il revient finir son oeuvre aidé par g sarkozy......... le medef...est derrière

      réforme de l’état...privatisation...tout le gateau va etre partagé entres les banques et les holdings internationaux..

      TOUSENSEMBLE


  • joelim joelim 26 février 2011 12:06

    S’il y a une nationalisation qui améliorerait les conditions de vie des français, en dehors de l’industrie énergétique, c’est bien l’industrie pharmacologique.

    Marre de les voir s’offrir des rolex sur le dos de notre santé !

    L’innovation serait-elle moindre après une nationalisation ? L’innovation gadget, principale activité des labos actuels, oui. 

    Ce qui laisserait la place à l’innovation médicamenteuse utile. Qui n’est pas médica-« menteuse » comme la première...

  • alberto alberto 26 février 2011 13:09

    Très bon article, Marie

    Article où il est montré que les problèmes de santé publique sont renvoyés très loin derrière ceux d’intérêts privés.

    Et quels sont ceux qui ont le plus d’intérêts à défendre leurs intérêts ? Mais les intéressés eux-mêmes !

    Ainsi que le faisait remarquer joelim et JL ci-dessus, autant demander à la mafia de pondre des lois anti-mafia...

    Mais combien de temps vont-ils encore nous prendre pour des billes ?

    Bien à vous.


  • papi 26 février 2011 14:10

    @ l’auteur

    Trés bon article, bien étayé et enrichissant( pourquoi pas nous)

    Pour traiter le genre d’affection décrit et après le diagnostique savant de Marie trascal ,
    je préconise une prise de balai, et un violent mouvement de droite à gauche pour purifier
    l’atmosphère des miasmes politico-financiers..


  • danlef 26 février 2011 17:08

    Ajoutons à cela que Malakoff Médéric est présidé par Guillaume Sarkozy et le tour est bouclé !


  •  C BARRATIER C BARRATIER 26 février 2011 17:16

    Des protestations qui sont du bavardage. La prise personnelle illégale d’intérêt est bien proscrite par la loi, il suffit qu’un citoyen fasse un recours (gratuit) en annulation d’un résultat de vote, de proposition de texte...de dépense publique si une seule personne intéressée personnellement à la question était présente au moment du débat, du travail d’élaboration, même si elle s’est abstenue de voter !
    Nous sommes, le peuple français, toujours prêts à demander de nouvelles lois alors que nous ne prenons pas la peine d’étudier elles qui existent ni en conséquence de les faire appliquer. Nous avons les résultats que nous méritons !

    http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=105

    La new ci dessus « Elus, prise personnelle d’intérêt au détriment du contribuable » explique, dès le premier échelon local la bonne règle que dans ma commune aucun élu ne connaissait. Maintenant on applique !
     


    • papi 27 février 2011 10:57

      @c barratier

       Vous nous faites toujours vous, par de doctes oppositions, un commentaire orienté . Vous n’êtes pas le peuple Français !! et vous ne l’empêcherez pas d’aborder des sujets qui vous déplaisent , même si c’est sous la forme de« bavardages », c’est vrai que ces niguauds de pauvres ne savent faire que ça ...Mais li va vous falloir apprendre à écouter les autres
      même si leurs manières de s’exprimer diffère de la votre..
      Vous imaginez un ouvrier de chez Renault faire un recours gratuit pour la vente d’un Hippodrome
       .. non ! alors on se contente d’en bavarder ne vous en déplaise..

      Néanmoins cordialement..


  • Solivo Solivo 27 février 2011 09:54

    Bravo et merci Marie.

    Comment en effet accorder toute notre confiance à ces missions parlementaires présentants elle mêmes des conflits d’interets évidents ? 
    Alors que c’est bien le coeur du problème.
    Comment croire que les rapports et propostions qui en sortiront ne seront pas, encore une fois, au service d’ intérets privés ?
    Simplement parcequ’ils émanent de députés, parlementaires ou sénateurs ?
    Ce n’est plus un gage d’honneteté et de respectabilité.
    Le discrédit est global maintenant .. et ils en sont seuls responsables. 

    Il nous reste à réagir.

    Devrons nous nous aussi, analyser ces rapports et communiquer publiquement une analyse des propositions de ces missions parlementaires, sur le modèle du contre rapport établi sur le rapport de la commission d’enquète sur le 11/09 aux USA ?

    Si démocratiquement nous devons en arriver là pour réformer l’appareil d’état... parce que voter c’est encore donner du lard aux cochons ..... on a du boulot !


  • Lulu de Pantin 27 février 2011 12:33


    je me demande si c’est le pot de miel qui rétrécit ou les mouches qui augmentent ?


  • Arthur 123 27 février 2011 19:20

    Et dire que certain voudrait la VI république, alors avec la cinquième ont arrive mal à lavé le linge sale. Anettons que l’on décrotte le pouvoir de tous ses sensus, ce n’est pas demain la veille que cela va venir. C’est con il sont encore capable de s’autoamnistiés comme la dernière fois quand ils étaient pris la main dans le pot de miel des financements occulte des parties. 
    il a est à ce demandez si cette affaires ne vient pas pour en étouffes une autre, par exemple OREAL.


  • robin 28 février 2011 09:00
    Des parlementaires financés par l’industrie pharmaceutique travaillent sur les conflits d’intérêt :

    C’est à se demander si ils ne le font pas exprès !



  • Dolores 28 février 2011 20:55


    Cet après-midi, j’ai regardé dur la chaine Public Sénat une retransmission des débats de la commission sur le Médiator.

    J’ai une bizarre impression qu’on noie le poisson : de nombreuses questions posées en même temps et parole coupée avant qu’on ait répondu à toutes et saucissonnage du débat de façon à le rendre aussi obscur que possible.

    Nul doute que la montagne accouche d’une souris et que le « petit commerce » pourra continuer avec d’autres médiators.

    Ce n’est pas les pingouins imbus d’eux-même que j’ai pu voir qui vont faire changer quoi que ce soit. Leur attitude affiche clairement que c’est une affaire de « spécialistes ».

    A mon humble avis, il ne s’agit pas seulement de conflits d’intérêts mais aussi de corruption.


  • Sheena 2 février 2016 17:02

    Bonjour,

    serait-il possible d’avoir une copie de ces comptes rendus svp ?
    Merci à vous !!!

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