mardi 11 avril 2017 - par C’est Nabum

L’avidité, symbole d’un monde en décomposition

Toutes les couches sociales sont touchées.

Je rentre à l’instant de mon lieu d’exclusion, de cette cour des miracles qui est souvent la dernière étape avant l’exclusion définitive, la marginalisation et la clochardisation. Certains sont déjà à la rue ; ils ont perdu pied avec le réel, avec les obligations et les codes sociaux. Je ne cesse de m’étonner de découvrir chez eux les mêmes travers que dans toutes les catégories d’une société qui a oublié le sens du mot Fraternité.

Il ne fait pas bon laisser son sac, oublier un vêtement ou bien une pochette. Il ne faut pas non plus tourner le dos quand on distribue les desserts : bien vite des mains viennent prendre. Qu’il n’y en ait pas pour tout le monde, peu importe ; l’essentiel est de se servir ; le plus souvent bien plus que nécessaire. Accumuler, entasser, s’accaparer et oublier les autres, ses semblables.

Je sais les arguments. Ils manquent de tout, ils sont dans le besoin, ils cherchent à profiter de la main tendue qui s’offre à eux. Certes, c’est vrai, et souvent je ferme les yeux sur leurs pauvres astuces, les arguties minables qu’ils me servent pour en prendre plus. Je ne suis pas dupe ; ils n’agissent pas autrement que ceux qui nous gouvernent ou bien ceux qui s’octroient des richesses innombrables.

L’avidité est au cœur de cette époque. Prendre, prendre plus que de raison, s’accorder des privilèges, des passe-droits, des retraites exorbitantes comme nos bien trop chers parlementaires. Celui qui détient un pouvoir, quel qu’il soit, se sert et néglige les autres. C’est l’axiome incontournable du comportement humain en ce siècle de l’indécence.

Notre bon Prince des Risettes, ce pauvre homme qui ne peut rien mettre de côté est, à ce titre, la parfaite illustration de l’argent qui brûle les doigts et les cerveaux. Comment ne peut-il pas se rendre compte de la monstruosité du propos, du décalage insupportable avec le quotidien de ce peuple qu’il aspire à gouverner ou bien plus sûrement à ponctionner ?

Il fonctionne comme tous ceux qu’il fréquente : capitaines d’industrie, vedettes du cinéma, grands financiers. Tous ces gens sont dans une logique délirante d’avidité. Ils en veulent toujours plus, agissant exactement comme les malheureux dont j’ai évoqué les comportements au début. Ils prennent, en veulent toujours plus, n’éprouvent aucun remords ni aucune honte. Tout cela leur est dû. C’est exactement ce que pensent les pauvres quand ils remplissent leurs sacs de victuailles avariées.

La seule différence notable entre ces deux pôles extrêmes d’un tissu social rongé par le désir de posséder, c’est la nature des produits. Pour les uns, les rogatons de la grande distribution, les produits à bout de vie qu’on recycle en les fourguant à la plèbe. De l’autre, ce qui se fait de mieux, de plus cher, de meilleure qualité pour des gens qui n’ont plus aucune empathie.

Ces derniers ne se contentent pas de se remplir la panse. Il leur faut accumuler des sommes folles, s’offrir des palais, des châteaux, des tableaux, des voitures de luxe. La simplicité n’est plus dans leur mode de fonctionnement. Les costumes valent plus que le salaire d’un forçat qui travaille sur les chantiers et ils se pavanent dans des véhicules qui permettraient à une famille ordinaire de s’offrir un toit. On marche sur la tête !

Rassurez-vous. Ceux qui à l’autre bout de l’échelle, choisissent le crime ou la délinquance pour vivre, agissent exactement de la même manière, vouent le même culte au Dieu argent. Nous avons aux deux extrêmes de ce prisme les mêmes comportements, les mêmes désirs, les mêmes appétits délirants. Le plus insupportable c’est qu’ils trouvent cela parfaitement normal.

Solidarité, fraternité, charité, partage. Rien de tout cela n’est désormais porteur de sens ni de perspectives. Il faut grandir dans le culte de la réussite, de l’argent, de la prospérité. L’humain est réduit à une pompe à fric ; un pauvre animal qui, toute son existence, amasse en spoliant le plus grand nombre. Que l’on puisse continuer ainsi en faisant de la société une jungle, en épuisant les ressources naturelles, en éliminant les espèces pour le seul confort d’une espèce humaine totalement déconnectée de son environnement est absurde, suicidaire et criminel.

Mais comment voulez-vous que les êtres avides qui nous gouvernent puissent penser autrement ? Ils sont obnubilés par leur petite personne et supposent qu’après eux, le déluge peut bien advenir ; il auront fait leur temps en jouissant sans retenue de leur position. Il n’est plus rien à attendre de ces gens, ni même, je le crains, des hommes en général.

Écœurement leur.



10 réactions


  • juluch juluch 11 avril 2017 16:43

    Je crois qu’on l’est tous avide....peu ou prou.....


  • Daniel Roux Daniel Roux 12 avril 2017 09:03

    Vous aidez les plus démunis. C’est un choix fort.

    Ne le jugez pas, ne les comparez pas aux riches salauds.

    Les vrais démunis sont dans le besoin et l’angoisse. Tout ce qu’ils peuvent prendre les rassurent. C’est une petite victoire sur leur malheur.

    Tous les riches ne sont pas des salauds mais ceux qui le sont, n’ont aucune excuse.


    • C'est Nabum C’est Nabum 12 avril 2017 09:49

      @Daniel Roux

      Je suis surpris de leur manque de solidarité quand pour les salauds, je n’ai aucun espoir de les voir s’amender


  • zygzornifle zygzornifle 12 avril 2017 12:56

    Le couple Fillon-Pénélope en sont un bon exemple ....


  • Monika Karbowska 12 avril 2017 14:41

    Je suis tout à fait d’accord avec votre article. Je trouve en plus que la situation s’est fortement dégradée en France. Quand je suis venue en France, en 1992, les Français avaient la réputation d’être généreux et attentifs aux malheurs des autres - Médecins du Monde et autres humanitaires étaient des héros, les gens donnaient aux associations de lutte contre le sida et la pauvreté, et de nombreuses personnes préféraient travailler dans des structures associatives plutôt que dans le commercial et consommer. Même en étant sans papier j’ai toujours pu trouver aide, soutien, socialisation dans les années 90.

    Alors qu’aujourd’hui... lorsque vous essayer de créer des réseaux d’entraide, qu’ils soient personnels, syndicaux, politiques, pour fonctionner en dehors de l’égoisme, vous vous apercevez que plus vous donnez plus on vous exploite et on se moque de vous. J’ai travaillé gratuitement pour des syndicats alors que j’étais au RSA sans que les syndicalistes s’interrogent le moins du monde ce que je vais devenir après des années de travail gratuit sans considération ni cotisations, notamment retraite. Ceux qui ont touché de l’argent grâce à notre lutte syndicale n’ont même pas une pensée pour ceux qui les ont aidé, ils ont intégré le système et se sont mis à faire du fric ! Même les proches peuvent vous utiliser, parfois vous voyez bien que les gens ne vous contactent, ne cherchent à vous voir que parce qu’ils s’interrogent « comment vous utiliser », Et quand vous demandez le renvoi d’ascenceur il n’y a plus personne.
    De nombreux partis politiques de gauche exploitent aussi le militant en le faisant travailler gratos et pas que pour le collage d’affiches. J’en connais, je tairai le nom, parce qu’il est en course pour la présidentielle, qui ne payait même pas les ouvriers venus faire des travaux dans les locaux de son QG présidentiel, sans parler du secrétariat, des analyses.. Ce ne sont jamais ceux qui travaillent gratuitement qui deviendront députés et ministres, mais ceux qui les utilisent. 
    Et le citoyen ordinaire est aussi ainsi. Comment créer une solidarité dans l’entreprise quand chacun se vante « tout pour ma gueule »’ est la meilleure morale du monde ? Comment renverser le système si chacun ne pense qu’à utiliser l’autre ? Même des salariés qui adhèrent à des syndicats ne le font que pour sauver leur pomme et non pas pour changer quoi que ce soit et n’ont aucune l’intention de redonner ce qu’ils ont reçu. 

    • C'est Nabum C’est Nabum 12 avril 2017 16:16

      @Monika Karbowska

      Je suis honoré d’un tel commentaire et je me permets de la diffuser
      Il est exemplaire

      Merci du fond du cœur


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