mercredi 22 avril 2015 - par Sylvain Rakotoarison

Républicain et patriote

« Un républicain est toujours plus attaché à sa patrie qu’un sujet à la sienne, par la raison qu’on aime mieux son bien que celui de son maître. » (Voltaire, "Pensée sur le gouvernement", 1752).



L’utilisation des mots de vocabulaire est un acte politique en lui-même. Elle est matière à convaincre ou à dégoûter. Elle est identité ou hypocrisie. Elle est le nerf des combats politiques. Je m’arrêterai à deux identités, républicaine et patriote.


Républicain

Laissons de côté une définition étonnante (et amusante) du républicain donnée par Le Petit Larousse : « Moineau d’Afrique australe, qui édifie un nid collectif où se reproduisent plusieurs dizaines de couples. (Famille des plocéidés). » et revenons à plus sérieux.

Le Front national se plaint d’être considéré dans la classe politique comme un parti anti-républicain, ou non républicain, et rappelle régulièrement que c’est un parti légal. Rien ne s’y oppose. On peut être légal et ne pas défendre les valeurs républicaines.

Celui qui a le mieux expliqué pourquoi le Front national n’est pas un parti républicain est Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy et président de l’UDI.

Lors de la soirée électorale du second tour des élections départementales le 29 mars 2015 sur iTélé, Jean-Christophe Lagarde a donné des éléments tangibles à Bruno Gollnisch, le très proche de Jean-Marie Le Pen : être républicain, c’est être pour le mérite personnel. C’est considérer les personnes pour ce qu’elles font et pas pour ce qu’elles sont. C’est refuser le communautarisme de tout ordre, c’est refuser de classer les gens dans des catégories, d’étiqueter les gens dans des cases. C'est refuser de préjuger de l'identité des autres.

Être républicain, c’est ne regarder que ce qui est du pouvoir de la personne, de son acquis, de son mérite, des ses efforts, de son travail, de son talent, et pas ce dont elle est impuissante ou ce qui relève de sa vie personnelle.

En application, on ne soigne pas une personne en fonction de sa nationalité mais en fonction de sa santé. On ne propose pas un emploi en fonction de ses origines ethniques ou de sa religion mais en fonction de son mérite, de sa formation, de son expérience personnelle, de sa motivation. On ne loge pas une personne dans une HLM en fonction de son appartenance à un clan mais en fonction de ses ressources. On n’accepte pas un migrant en fonction de sa religion ou du pays d’où il vient mais en fonction du projet de vie qu’il imagine et éventuellement, de la répression dont il est victime dans son pays.

Être républicain, c’est ne tenir compte que de la responsabilité des personnes. C’est par essence être antiraciste (même si ce mot semble désormais une insulte), c’est être anticommunautaire, c’est être antiségrégationniste de tout ordre. C’est considérer qu’il y a autant de catégories d’individus que d’individus, soit plus de sept milliards.

Être républicain, c’est ne pas avoir peur des personnes différentes (tout le monde est différent, chaque être est unique et a sa part d’émerveillement et de richesse). C’est ne pas avoir peur des autres. C’est être au clair avec sa propre identité. C’est penser que les autres, la différence, la diversité, ne peuvent qu’apporter enrichissement mutuel. C’est de ne pas fuir du regard lorsqu’on croise une personne ayant un handicap.

Être républicain, c’est laisser de côté l’inné, qui est ce qu’il est et qu’on ne peut pas changer, pour renforcer l’acquis pour tous, c’est ne pas prendre en compte le naturel et se focaliser sur le culturel, c’est donner, malgré les inégalités de départ (d’environnement, de naissance, de santé, etc.), les mêmes chances à tous, c’est protéger la liberté et l’égalité, c’est faire confiance et rendre responsable.

Être républicain, c’est aussi miser sur la fraternité et pas seulement sur la liberté et l’égalité. La fraternité, c’est refuser tout discours d’exclusion, c’est refuser tout bouc émissaire (les riches, les immigrés, les pauvres, les Juifs, les musulmans, etc.), c’est rassembler et pas diviser, c’est unifier et pas cliver, c’est laisser une chance à tous de s’améliorer, de s’amender, c’est aussi accorder à chacun le droit à l’erreur, c’est permettre des secondes chances, c’est croire en l’avenir sans pour autant perdre sa mémoire et garder bien à l’esprit les leçons du passé.


Éléphant

Alors, évidemment, c’est particulièrement navrant qu’un parti, aussi important soit-il, s’arroge le droit de se faire appeler dans quelques semaines, au congrès de l’UMP le 30 mai 2015, par ce vocable générique "Les Républicains". En effet, à l’initiative de son président Nicolas Sarkozy, le bureau politique de l’UMP du 14 avril 2015 a décidé de changer l’appellation de son parti par cette formule très générique "Les Républicains".

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Tout le monde pense évidemment au parti de l’éléphant aux États-Unis, le Parti républicain, et tout le monde devrait se rappeler qu’une autre personnalité majeure de la vie politique de ces dernières années avait tenté également la même audace sémantique américaine, mais dans l’autre sens : après avoir créé Force démocrate le 25 novembre 1995, François Bayrou se voulait le leader des "Démocrates" (équivalent au parti américan de l'âne) en fondant le 10 mai 2007 le Mouvement démocrate (MoDem), se considérant le seul opposant, à gauche, d’un Nicolas Sarkozy qui, aujourd’hui, lui fait répondant avec "Les Républicains" (ex-UMP). Pour l’UMP, ce sera, en terme de marketing, un bon moyen d’éviter de faire parler de l’UMPS, en attendant que le PS fasse enfin, lui aussi, sa mue sociale-démocrate ou sociale-libérale, comme dans les meilleurs rêves de Manuel Valls.


Patriote

Un autre parti voudrait s’arroger, lui aussi, le monopole d’une autre notion, le patriotisme. Le FN, en effet, ne cesse de mettre le mot "patriote" dans toutes les phrases prononcées par ses leaders. Pourtant, personne ne devrait s’y tromper. N’est pas patriote qui se proclame patriote. Comme dans chaque amour, la chose aimée doit avoir des preuves d’amour. Le FN se trompe en parlant de patriotes. Les membres du FN sont surtout des nationalistes.

Tout, dans leurs discours, converge sur le fait que l’essentiel de leur système de pensée et de valeur se réduit à l’appartenance ou pas à la France, à être ou pas Français. C’est pourquoi le FN n’est pas un parti républicain : il ne se focalise pas sur la personne mais sur sa nationalité. Et même, pour les plus bruts de décoffrage d’entre eux (il suffit de lire quelques dérapages sur les réseaux sociaux), ça va même plus loin, car "malheureusement" pour eux, la France n’est pas seulement "blanche", "catholique", "hétérosexuelles"… mais ces derniers sont eux-mêmes pourchassés par la direction du FN pour éviter de montrer la réalité des valeurs véhiculées. La devanture doit être propre. Sémantiquement parlant.

Mais revenons au patriotisme. Qui était vraiment patriote en juin 1940 ? Charles De Gaulle ou Philippe Pétain ? Pierre Mendès France ou Charles Maurras ?

Être patriote, c’est avant tout agir dans l’intérêt des Français et de la France. C’est aimer la France comme on a une grâce, à la manière de Charles Péguy, c’est se dire qu’on a la chance d’être français, qu’on a la chance de vivre en France, d’être heureux d’être en France.

Être patriote, c’est vouloir défendre et protéger son pays. Aujourd’hui, la guerre est d’une autre nature. Elle n’est pas militaire, elle est économique, elle est intellectuelle, elle est culturelle. Être patriote aujourd’hui, c’est d’abord consommer le plus possible des produits français (ce n’est pas forcément facile). Rouler français par exemple.

Être patriote, c’est être favorable à la construction européenne. Dans la situation actuelle d’un monde où les échanges sont globalisés (qu’on s’en réjouisse ou qu’on le regrette), l’intérêt de la France est d’être leader au sein d’un ensemble de pays plus vaste qu’elle pour faire bloc face à d’autres ensembles vastes que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil, le Pakistan, l’Indonésie, etc. et comprendre aussi que l’intérêt économique passe également par un accord entre les États-Unis et l’Europe pour rester maîtres de nos normes face à la croissance de l'hégémonie industrielle asiatique.

Être patriote, c’est ne pas être frileux. C’est ne pas être fermé. C’est regarder l’horizon vers le haut. C’est s’ouvrir. C’est se savoir fort, épanoui, et vouloir rayonner autour du monde. C’est être des ambassadeurs de la France pour montrer que ce pays est riche, utile, attractif.

Être patriote, c’est vouloir agir, ce n’est pas de vouloir rester impuissant en rejetant la responsabilité de tous les problèmes nationaux sur les étrangers. C’est vouloir sauvegarder la souveraineté de la France par son influence dans le monde.

Être patriote, c'est ne pas être décliniste. C'est dire du bien de son pays. C'est le défendre, l'aider, le faire progresser, être constructif. Ce n'est pas râler, critiquer, bouder, vitupérer, exprimer sa colère, même si elle est justifiée, sans aucun esprit constructif.

Être patriote, c’est parler en anglais dans les pays anglophones pour faire connaître et aimer la France mais c’est aussi parler et écrire correctement le français en France.

Être patriote, ce n’est pas conquérir le tiers des sièges français au Parlement Européen de manière totalement inutile pour la France, ce n’est pas utiliser ses forces pour développer son parti sans être présent en Europe, avec la plupart des assistants parlementaires qui travaillent à Paris et pas à Strasbourg ou Bruxelles (le travail d’un parlementaire est de proposer, de contrôler, de faire progresser des projets).

Être patriote français, enfin, ce n’est sûrement pas se faire financer par la Russie et même, comme l’a indiqué récemment une enquête de Mediapart, ce n’est pas de se faire "influencer" par Vladimir Poutine pour faire partie du lobby anti-ukrainien au sein du Parlement Européen au même titre que des mouvements d’extrême gauche.

En clair, le "patriotisme" du Front national est de même acabit que le "patriotisme" de Charles Maurras, celui qui se complaît à préférer l’Allemagne nazie à la France républicaine de Pierre Mendès France, celui qui préfère la Russie de Poutine à la France plus forte et rayonnante par son leadership culturel au sein de l’Union Européenne.

Romain Gary disait : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. ». De Gaulle disait à peu près la même chose : « Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres. ».

Bref, pour le FN, même s’il en parle, ce n’est pas du patriotisme, c’est du nationalisme de bas étage dont les leçons de l’histoire des deux derniers siècles ont déjà expliqué les conséquences désastreuses pour notre pays.


Républicain et patriote

Le mot patriote ne devrait pas être prononcé dans des bouches qui ne sont pas républicaines…

Je suis…
Républicain et patriote, assurément.
Européen parce que républicain et patriote.
Mais jamais nationaliste !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 avril 2015)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Les valeurs de la République.
Les valeurs du gaullisme.
L’esprit du 11 janvier.
Une chance pour la France.
Charles Péguy.

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12 réactions


  • tf1Groupie 22 avril 2015 11:56

    Donc par définition la parité homme-femme est une démarche non républicaine, de même pour la discrimination positive, etc...

    Si on prenait au pied de la lettre les critères de l’auteur aucun parti ne serait réellement républicain.

    Ceux qui lavent plus blanc que blanc devraient être plus conscients que leurs discours moralistes ne mènent nulle part.

    Le partriotisme c’est aimer plus sa patrie que celle des autres, donc préférer ses compatriotes par rapport aux autres. Etre patriote serait alors incompatible avec etre républicain !


    • Samson Samson 27 avril 2015 01:12

      @tf1Groupie
      Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
      Assemblée nationale, 1789
      « Article premier.
      Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »


  • Donbar 22 avril 2015 13:33

    "Être patriote, c’est parler en anglais dans les pays anglophones pour faire connaître et aimer la France mais c’est aussi parler et écrire correctement le français en France.« Et dans les autres pays ?
     »Européen parce que républicain et patriote" Non : Européen parce que notre pays fait partie de l’Europe. Quant à l ’Union européen, il faut la détruire, en tant qu’Européens et en tant que démocrates. Tout patriote aujourd’hui doit prôner l’indépendance nationale comme voie obligée de sortie. près on verra qui veut faire quoi.


  • non667 22 avril 2015 15:39

    à rokoko
    a défaut d’argumenter rokoko refait le dictionnaire !
    républicain = habitant d’une république
     = partisan d’une république
     (contraire : royauté ,dictature ) 
    point barre !
    toutes autres définition n’est que de l’enfumage pour abuser le peuple !

    le fn est républicain et démocrate qui respecte/ne conteste pas les lois républicaines et démocratiques même quand elles ne lui sont pas favorables (absence de proportionnelle !)
    lois qui permettent grâce au scrutin magouillitaire de donner le pouvoir au front ripoublicain


  • Jelena 22 avril 2015 17:28

    Pour résumer en quelques mots, être « patriote » c’est parler anglais, être pro-UE, pro-TAFTA et anti-Russie... Pfffiiii.... C’est tellement énorme que je ne sais pas quoi répondre.


  • Xenozoid 22 avril 2015 17:37

    de tout facon même les partis faschistes se disent démocrates. alors que dire de la politique ? voire l’ukraine .... quand a la république, c’est du même acabi....es republica....
    les empereurs romains faisaient de même, mais bon,chacun ses illusions.


  • tatie danielle tatie danielle 22 avril 2015 19:44

    Cheech
     
    « pas bo le FN »
     
    Je crois qu’ils ont tous les glaouis dans leurs talons à l’UMPS, comme leurs trolls de l’Union européenne, ostie d’crisse de tabarnak !
     
    Ce matin j’ai vu que votre petite Marine Le Pen a été nominée dans la prestigieuse liste du Time des 100 personnalités les plus influentes, catégorie leader. Alors je te le dis tout net à toi et surtout aux autres chums du board qui se la pètent avec leurs losers de droite et de gauche, le gala c’est juste pour que le gratin américain jauge votre petite Marine histoire de voir si elle sera une ennemie des États-Unis ou si elle se montrera neutre vis-à-vis de leur politique. Contrairement à vos deux pignioufs Sarkozy et Hollande, la France cessera d’être le 53e État américain lorsqu’elle sera à l’Élysée (le 52e c’est l’Angleterre).


  • Le p’tit Charles 23 avril 2015 08:23

    Avec un président qui ne pense qu’à la « Raie-Publique »..(d’ailleurs depuis De Gaulle..TOUS étaient portés sur le cul et ne pensaient qu’à ça...
    Le mot "Républicain de nos jours ne veut plus rien dire...les gens sont bien trop égoïstes pour l’être.. !


  • Onecinikiou 23 avril 2015 08:46

    Amoncellement de voeux pieux et de vaticinations maçonniques, jamais en prise sur la réalité, et en particulier la logique des peuples. Selon l’auteur il n’y a d’ailleurs plus de peuple français, puisque sa république n’a plus de frontières ni de territoire ni de peuple historique dans lesquels s’incarner, il n’y a plus que des idées qui postulent un universalisme absolu : selon ses présupposés déologiques tous les humains sur terre sont des français potentiels. Chimères mortelles pour le véritable peuple français, qui se voit dépossédé de sa patrie charnelle dont les ascendants ont depuis 15 siècles versé leur sang pour la bâtir et la protéger, et ce par de fieffés idéologues au service d’un projet utopique parfaitement dogmatique.


    C’est du Mélenchon dan sle texte : 

    « À son sens, l’identité française ne réside ni dans la délimitation de son »territoire« , ni dans la prégnance de l’une ou l’autre »religion« , ni même dans une »couleur de peau« ou encore une »langue« . Il trouve son essence dans sa devise, »Liberté, égalité, fraternité"

    Le peuple français est détruit, dissous, atomisé, pour lui substituer une représentation idéologique, une construction mentale qui fait fie des plus simples soubassements anthropologiques qui ferait s’hérisser un Lévi-Strauss à ce sujet.

    L’auteur - comme le maçon Mélenchon - sont des religieux persuadés de détenir la vérité, et qui excommunient tous ceux qui ne partagent pas leurs délires existentiels et préjugés sur la société et le monde. D’où leurs recours permanents à l’anathème et à la disqualification, et la véritable haine rabbique qu’ils vouent à leurs adversaires politiques et philosophiques, qui déconstrusient aimablement leurs discours et leurs idoles, et qui leur rappellent ô combien comment ils se trompent fondamentalement sur la nature humaine et les rapports de force entre entités sociales historiquement constituées.

    Bernard Lugan par exemple, se charge de démystifier la prose de nos croyants universalistes, et leur inconséquence criminelle :


  • lordrax 23 avril 2015 11:44

    « Être patriote, c’est être favorable à la construction européenne »

    Non ! Être patriote c’est aimer sa patrie et le prouver par ses actes. Être favorable à l’Union Européenne, c’est être partisan. Ce qui est complétement différent. J’aime la France, mais je pense l’inverse de vous, je n’en suis pas moins patriote pour autant.


  • gaston gaston 24 avril 2015 07:26

    Quand on sait à quel point sarkozy est un ennemi de la démocratie de l’égalité et de la justice , on ce dit qu’il aurait quand même pu ( enfin ses conseillés parce que lui il est tellement minable qu’il est incapable de trouver quoi que ce soit ) trouver un autre nom que les « Républicains » ......« Ripoublicains » leur va tellement mieux !
    Le dire c’est simplement dire la vérité , y a jamais eu un parti aussi pourri que l’UMP en France !


  • Samson Samson 27 avril 2015 00:40

    Profondément attaché aux fondements et au rayonnement de la République et grand admirateur de « La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen », je plussoie chaleureusement votre manière d’en rappeler l’esprit.
    Chapeau bas ! smiley
     

    Quant au patriotisme par ces temps d’une concurrence aussi implacable que mondialisée, il commence de fait - à qualité égale - par plutôt consommer local chez l’artisan ou le producteur du coin qu’en grande surface ou sur internet, d’autant que la différence de prix contribuera pour tout ou partie soit à une prospérité redistribuée en taxes locales, soit à l’explosion des budgets du chômage, de l’aide sociale et de la précarité.
     

    « Être patriote, c’est être favorable à la construction européenne. »
    Idéalement, sûrement !
     

    Mais loin des idéaux affichés par les pères fondateurs de l’Europe, les institutions €uropéennes apparaissent pratiquement bien plus soumises aux exigences et à l’insatiable avidité des lobbies transnationaux (brevetage des semences et du vivant, autorisation de la mise en culture d’OGM, études de faisabilité pour la fracturation hydraulique et l’extraction du gaz de schiste, ...) et à l’application des diktats de la financratie (tels que transmis par les Goldman Sachs boy’s de la Troïka !) qu’à l’intérêt bien compris de ses producteurs, de ses populations ou à toute forme de démocratie et de cohésion sociale.

    Par l’introduction des tribunaux d’arbitrage entre états et investisseurs, la conclusion des accords Transatlantiques de Libre Échange confisqueront plus encore au citoyen son droit de regard démocratique sur la pertinence des investissements et de l’usage attribué à son propre
    environnement.

    Quant à la ruine et la terreur frappant ses populations et ramenant durablement l’Ukraine au rang des pays du tiers-monde, ne s’agit-il avant tout d’une aventure atlantiste visant à favoriser les intérêts de Washington en empêchant durablement toute velléité de rapprochement et de convergence économique entre son vassal €uropéen, particulièrement allemand, et Russie ?
     
    Alors non, je refuse de souscrire à l’idée que les « réformes structurelles » imposées par l’€urope au nom de la concurrence et surtout en vertu des dogmes friedmanniens de l’école de Chicago, soit le démantèlement de l’« État-providence » par la privatisation du domaine public et la réduction des budgets et service publics, l’austérité à laquelle elle soumet ses populations puissent participer d’un quelconque « patriotisme ».
     

    Et si mon patriotisme relève bien d’un idéal « Européen », ce sera en luttant contre notre asservissement par la nouvelle oligarchie transnationale et financière et sa valetaille de technocrates €uropéens.
     

    PS : comme vous j’imagine, je reste effaré par le déferlement - notamment brun-marine - de haine auquel la tragédie humaine survenue en Méditerranée a donné lieu dans ces colonnes.
    J’ai tout lieu de penser qu’au-delà des protestations officielles de compassion €uropéennes, une telle réaction fasse écho au cynisme, à l’absence d’humanisme et aux dénis de démocratie qui caractérisent toujours plus tant la politique migratoire €uropéenne que son actuelle entreprise de soumission de ses propres populations au joug de l’idéologie néo-libérale.
    La frustration s’accroît et la colère, de moins en moins sourdement, gronde ! Ce qui ne laisse pas d’être fort inquiétant !
     
    Comme à l’accoutumée, je me permets de vous présenter mes très cordiales salutations ! smiley


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