vendredi 30 janvier 2015 - par Idées de la Tripartition sociale

La politique monétaire allemande éclairée par le Méphistophélès de Faust

En complète opposition avec les mesures d’ « assouplissement quantitatif » ou de planche à billets de la BCE, la recherche de la stabilité monétaire est la pierre angulaire de la politique monétaire allemande. Mais quelle en est en fait l’origine ? En contradiction à la référence toute faite au traumatisme de l’hyperinflation de 1923, le Président de la Bundesbank, dans un discours en 2012 , en avait expliqué les fondements en tirant des enseignements du Faust de Goethe.

L'opposition de la Bundesbank (banque centrale allemande) à la politique monétaire de la BCE est au centre de la politique monétaire européenne (1). La politique allemande est en effet caractérisée par la recherche de stabilité monétaire, en contradiction frontale avec l´actuelle mise en place de la planche à billets par la BCE.

Cette recherche de la stabilité outre-Rhin n’est pas nouvelle. L’obligation de la stabilité des niveaux des prix est ainsi inscrite à l’article 88 de la loi fondamentale allemande. Mais la comprend-on vraiment de ce côté-ci du Rhin ? On l'explique en effet très généralement par le traumatisme de l'hyperinflation de 1923. Certes l'histoire marque toujours les esprits, mais cette seule explication psychologique peut aussi aveugler sur des fondements tout autres de cette politique.

La culture allemande est profondemment marquée par ses auteurs classiques et en tout premier lieu J. W. von Goethe. Ceux-ci éclairant souvent de facon pénétrante des problèmes que nous pensons bien à tort comme propres à notre temps, il n’y a aucune raison de s'étonner du sujet d’un discours du Président de la Bundesbank, Jens Weidmann, en 2012 « Papier-monnaie, financement de l'État, inflation. Goethe toucha-t-il le problème central de la politique monétaire ? » (2). Dans son introduction, il en présente en effet toute la pertinence : « Goethe a touché il y a 180 ans le cœur du problème de la politique monétaire moderne basée sur le papier-monnaie et lui a donné une forme littéraire qui ne pourra jamais être imitée. »

 

Scène de la création de la monnaie dans Faust

Il faut en effet lire ou relire la scène de la création de la monnaie dans le 1er acte de la 2ème partie de Faust. Méphistophélès, déguisé en fou de la cour, parle à l'Empereur alors en grande difficulté financière : « Où ne manque-t-il pas quelque chose ?A celui-ci, il manque ceci. A celui-là, il manque celà. Et ici, c'est l'argent qui fait défaut.“

L'Empereur finit par répondre aux tentatives adroites de persuasion de Méphistophélès : « J'en ai assez du comment et du pourquoi. L'argent manque : et bien, crée-le. » Méphistophélès répond : « Je crée ce que vous voulez, et bien plus encore. »

Un bal masqué suit. Dans le tumulte, Méphistophélès pousse l'Empereur à signer un billet qui est dans la nuit-même multiplié et distribué comme monnaie. L’Empereur le matin suivant n’en croit pas ses yeux : « Je pressens un forfait, une monstrueuse duperie ! Qui a falsifié ici la signature de l'Empereur ? Un tel crime est-il resté impuni ? »

Le Trésorier lui répond : « Souviens-toi ! Tu l'as signé toi-même. Pas plus tard que cette nuit. Tu te dressais, figurant le grand Pan. Le chancelier vint avec nous te parler et dit : "Accorde-toi le plaisir de cette haute fête, et fais le salut de ton peuple en quelques traits de plume". Tu les traças nettement, puis le billet fut durant cette nuit vite multiplié par milliers par des magiciens aux mille tours.Pour que le bienfait profite sur le champ à tous, nous avons aussitôt tamponné toute la série, des coupures de dix, de trente, de cinquante, de cent sont prêtes. Vous n'imaginez pas quel bien cela fit au peuple. Regardez notre ville, d'habitude à demi-morte et moisie, comme tout vit et fourmille dans le plaisir et la jouissance ! »

La mesure a donc d'abord du succès et tous sont enchantés. L'Empereur annonce plein de joie : « Ecoutez et regardez donc le billet merveilleux qui a transformé le malheur en bonheur » Et il lit sur le billet :« Avis à qui veut l'entendre : Le présent billet vaut mille couronnes. Il est garanti par la caution assurée d'innombrables biens enfouis dans le sol de l'empire. Il est présentement fait diligence pour que ces riches trésors, aussitôt déterrés, servent à l'acquitter. »

Méphistophélès augmente encore la joie de tous en assurant : « Un tel billet, en lieu et place d'or et de perles, Est tellement pratique : on sait ce que l'on a. Nul besoin de le marchander, de l'échanger,on peut s'enivrer d'amour et de vin. »

Cependant la situation ne tarde pas à échapper des mains des protagonistes : la valeur de la monnaie chute, la nature est exploitée, le chaos s’installe et la guerre arrive. Ce sera l’arrière-plan de tout le 2nd acte de Faust.

 

Le parallèle avec notre époque méphistophélique

Après avoir décrit cette scène, le Président de la Bundesbank Jens Weidmann trace le parellèle saisissant avec notre époque : « Certes l'Etat peut dans un premier temps se décharger de ses dettes pendant que la consommation privée augmente fortement. Mais la situation débouche sur de l'inflation et la monnaie est rapidement dépréciée et ne vaut bientôt plus rien. C'est tout à fait impressionnant comment Goethe éclaire les liens potentiellement dangereux entre création de papier-monnaie, financement de l'Etat et inflation. D'autant plus que, généralement, on n'associe pas Faust et Goethe à des sujets économiques, et encore moins aux politiques centrales monétaires. »

Jens Weidmann fait référence aux travaux du Professeur Hans Christoph Binswanger de l'Université de Saint-Gall (3) qui en 1985 publia un livre dont la traduction du titre est « Argent et Magie - critique de l'économie moderne sur la base de Faust de Goethe ». La thèse centrale de Binswanger est que, selon Goethe, l'économie moderne avec sa création monétaire est une poursuite de l'alchimie. Alors que les alchimistes classiques tentaient de transformer le plomb en or, c'est le papier qui est transformé en or dans l'économie moderne.

Les procédés méphistophéliques sont plus que jamais au cœur du problème monétaire : « le fait que les banques centrales puissent créer de l'argent quasiment à partir du néant, doit apparaître à de nombreux observateurs comme étonnant, étrange, et peut-être même mystique, du domaine du merveilleux – ou bien du cauchemard. [...] », explique le Président de la Bundesbank lui-même. Il en déduit toute la responsabilité des banques centrales, qui ont le grand privilège d'être indépendantes et qui doivent être à la hauteur de leur mission de garantir la stabilité de la monnaie.

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Jens Weidmann, président de la banque centrale allemande

 

Un nouveau regard sur les fondements de la politique monétaire allemande

Dans ce colloque Jens Weidmann tire donc de la pensée de Goethe la source de son opposition à une politique inflationiste. Sur la base de ce discours, l'origine de la politique monétaire anti-inflationiste de l'Allemagne est donc issue de la pensée de ses grands auteurs classiques, et non pas (ou pas uniquement) d'un traumatisme non guéri depuis près d'un siècle. Ceci porte une lumière complètement différente sur les motifs de la position allemande : elles n’a pas pour origine une pathologie psychologique, mais une compréhension profonde des ressorts de l’économie, science humaine,.

Goethe était un esprit universel et dans ses multiples fonctions à la cour de Weimar faisait partie le poste de ministre de l’Économie. Il a donc eu un intérêt certain pour le sujet en ce début du 18ème siècle, marqué notamment par l’essort de la pensée classique du Libéralisme. Mais Goethe n´est pas un théoricien mais poète. Sa profonde compréhension de la nature et de la nature humaine n´en est pas moins complètement contenue dans ses œuvres, pour qui va la lire. Cela donc tombe sous le sens que le Président de la Bundesbank se réfère à Goethe et c´est un retour à la raison : l´économie est une science humaine, ce qu’on a fortement tendance à oblitérer en raison de l´approche essentiellement mathématique aujourd´hui. Faust, représentant de l’homme moderne dans ses questionnements et ses tourments, éclaire donc tout à fait notre temps.

L'intérêt de l’analyse de Jens Weidmann est ainsi triple. D'une part ce retour vers une approche « classique » et humaine de l'économie tranche avec l'approche très mathématique actuelle. D'autre part elle remet en question l'explication communément avancée de l'hyperinflation de 1923. Et enfin elle donne une clé de compréhension des lois économiques que Goethe avait déjà saisi et qui est plus que jamais d’actualité.

À la lecture de Faust, on comprend ainsi fort bien pourquoi Jens Weidmann n'a aucune inclinaison à suivre Mario Dragui dans sa politique méphistophélique d’ « assouplissement quantitatif ».

 

(1) Lire notamment les analyses de l'UPR sur le sujet : Assouplissement quantitatif de la BCE que va faire l'Allemagne ? À quoi joue Mme Merkel ? , Bundesbank / BCE : la guerre des tranchées.

(2) discours de Jens Weidmann, le 18 décembre 2012 - 18ème Colloque de l'Institut pour la recherche del'histoire bancaire (Institut für bankhistorische Forschung - IBF).

(3) Le Professeur Binswanger est d’ailleurs l'un des fondateurs de l'initiative "anti-méphistophélique" de la monnaie pleine, en Suisse.



20 réactions


  • Diogène diogène 30 janvier 2015 10:01

     « Je vais vous dire qui est notre adversaire, notre véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Notre adversaire, c’est le monde de la finance ».


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 janvier 2015 10:08

    Bonjour,
    La valeur du mark est aussi centrale pour les Allemands que le rôle de l’ Etat pour les Français.
    La question est de savoir pourquoi on a pacsé dans un système fédéral, des pays différents et qui n’ont aucune raison de changer leur culture ?


    Sinon pour créer un Empire, et donc des colonies, pour le plus grand bénéfice des lobbies et de la finance. Tous les Empires sont construits sur l’orgueil et la cupidité, rassemblant des pays différents, aux histoires et aux économies différentes, ils finissent tous par s’effondrer.
    « La tragédie de l’euro » par Asselineau

    • Idées de la Tripartition sociale alain20 30 janvier 2015 11:08

      Bonjour,
      Sans aucun doute les motifs que vous décrivez sont justes. Ils ne présentent cependant qu´une seule facette du problème. La deuxième facette est la question : comment la France s´est trouvée pacsée, finalement contre son gré ? (à la place de votre « pourquoi ») On peut ainsi ajouter à votre réponse : tous les Empires sont aussi construits sur la résignation et la soumission.
      Cette question touche les responsabilités propres au peuple français, ce laisser-faire et avant tout ce bien trop grand pouvoir laissé à l´Etat. Comment se fait-il finalement qu´un président en 2007 ait pu piétiner le référendum de 2005 sans déclencher une gigantesque réaction ? Il n´y a pas eu de réaction parce que trop peu de personnes n´ont à l´époque compris ou se sont impliquées (je n´en faisais pas moi-même partie). L´Etat fait finalement ce qu´il veut si les citoyens, par inconscience, désintérêt ou soumission, le laisse faire. Les germes de ce pacs sont donc autant à chercher dans la société francaise que dans la volonté extérieure des milieux industriels et financiers d´installer cet empire. 
      Mais se remettre en question n´est jamais facile. Souvent on a besoin de regarder autour de soi pour se comprendre soi-même. A l´échelle d´une société, il est donc nécessaire, je pense, d´essayer de comprendre d´autres sociétés, et notamment celles de nos proches voisins. C´est ce que cet article tente un peu d´apporter.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 janvier 2015 11:55

      Comment cela s’est passé ? Simplement en ne disant jamais la vérité aux Français.
      L’Union européenne s’est construite sur les silences, les mensonges et l’ennui organisés.

      Vous pouvez remarquer encore aujourd’hui, que les journaux télévisés n’ont aucune « page européenne », on passe des sujets nationaux à l’ International en sautant la case européenne.
      L’ Europe a toujours été présentée comme un truc lointain et compliqué, passons..


      Le traité de Rome a été signé par Guy Mollet, sans aucun referendum. Ainsi que tous les autres Traités qui ont suivi. Jamais on n’a demandé aux Français s’ils étaient d’accord sur le principe même de la construction européenne. C’était considéré comme un fait acquis.
      Les rares referendum portaient sur des questions annexes :
      - sur l’élargissement à d’autres pays
      - sur la Constitution européenne, jamais sur la construction européenne elle même.
      On a ajouté 10 pays récemment, dans l’indifférence organisée.

      Le virage vers l’ UE a été acté par le torpillage du Traité de l’ Elysée par Kennedy et Adenauer.
      On nous a bercé du mythe du couple franco -allemand.

      Puis par la signature d’un traité germano américain, passé sous silence :
      « 2004 : l’ Alliance germano-américaine pour le 21 e siècle »

      Ainsi que par la création de la zone euro (l’ Union monétaire), faite dans une réunion en 1965 à Washington avec Marjolin le représentant européen de l’époque.

      Tous les mensonges qu’on nous a raconté sont sur le site de l’ UPR.

    • Idées de la Tripartition sociale alain20 30 janvier 2015 13:57

      « Simplement en ne disant jamais la vérité aux Français. » - Le « jamais » est de trop : il y a bien eu des voix qui, à certains moments, ont exposé au moins en partie cette vérité, notamment lors du traité de Maastricht (Philippe Séguin par exemple). Elles ne furent pas assez entendues.

      Très généralement il est vrai que la vérité n´est pas dite et qu´il y a énormément de manipulations. La très grande majorité du monde politico-médiatique ont joué et joue toujours ce jeu au profit des puissances industriels et financières qui mettent la main ainsi sur nos institutions.

      Je peux les montrer du doigt. Mais comme le disait un ami afghan, les 4 autres doigts pointent alors sur moi-même. La société francaise elle-même s´est laissée bercer par le doux ronronnement des journaux de 20 heures et autres. Oui, bien sûr y a t-il eu une gigantesque manipulation, mais celle-ci n´aurait pas été possible sans la passivité et le consentement par omission de la société dans son ensemble. Cela pose des questions majeures sur son fonctionnement et sur ses bases, notamment sur le rôle et la structure de l´Etat qui permettent une concentration dangereuse des pouvoirs.

      Par exemple : Comment fut-ce en fait possible de cacher cette vérité ? Ce n´est pas nouveau : parce que les médias ne sont pas indépendants vis-à-vis des pouvoirs économiques et étatiques. Telle est la source du problème, inhérente à la société française elle-même et non à chercher dans des influences extérieures. La réponse à la question du « comment » est donc bien plus profonde que la seule collision politico-médiatique.


    • Xenozoid 30 janvier 2015 14:13

      Par exemple : Comment fut-ce en fait possible de cacher cette vérité ? Ce n´est pas nouveau : parce que les médias ne sont pas indépendants vis-à-vis des pouvoirs économiques et étatiques. Telle est la source du problème, inhérente à la société française elle-même et non à chercher dans des influences extérieures. La réponse à la question du « comment » est donc bien plus profonde que la seule collision politico-médiatique.

      Exacte et c’est tellement evident que le pouvoir a besoin de diversion,pour exister,,,,qui n’est pas une spécificité française,Ce nouveau fascisme n’est pas alimenté uniquement par des mensonges, même si bien sûr les mensonges sont là en abondances et absurdes. Ce nouveau fascisme est alimenté par les mythes, nos mythes, les mythes que nous absorbons nous-mêmes pour dormir. Ce nouveau fascisme est en vérité un fascisme élémentaire, qui renaît aujourd’hui par une confluence d’événements ; le zèle des rares, en combinaison avec la passivité du plus grand nombre, ont donné un signal a ce nouvel ordre.

      L’écrivain Umberto Eco, dans un essai de 1995 intitulé « votre-fascisme, » délimitait plusieurs éléments de base qui ont existé sous une forme ou une autre dans chaque État fasciste dans l’histoire : « la démocratie parlementaire est par définition pourrie, parce qu’elle ne représente pas la voix du peuple, qui est celle du chef sublime. Doctrine dépassant la raison et la science est toujours suspect. L’identité nationale est assurée par les ennemis de la nation. Argument équivalent à trahison. Perpétuellement en guerre, l’État doit gouverner avec les instruments de la peur. Les citoyens n’agissent pas ; ils jouent le rôle de soutien du « peuple » dans le grand opéra qui est l’État".


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 janvier 2015 18:31

      alain20,
      D’accord avec vous, il y a eu De Gaulle, et son discours « sur le fédérateur extérieur qui ne sera pas européen », Philippe Seguin, merci à lui, et quelques autres, Chevènement par exemple.


      Mais globalement toute la classe politique, à partir de Pompidou pour la Droite, et surtout de Mitterrand pour la Gauche, nous a bercé de promesses et d’illusions.

      Mitterrand en propulsant le FN dans les médias à partir de 1984, a allumé un contrefeu.
      Le FN salit l’idée d’indépendance et de souveraineté, avec ses valses viennoises et ses dérapages réguliers. Ce qui permet aux européeistes de dire :
       « Vous voulez sortir de l’ UE ? Mais alors, vous êtes fachos ! »

      Un autre contre feu a été allumé par tous ceux qui disent que l’ UE, c’est pas bien, ( on ne peut pas éternellement le cacher) qu’il faut « Une Autre Europe », pas celle-là, une autre, démocratique, sociale patin couffin.

      Les Traités sont formels, il faut l’unanimité des 28 pays, ou 29, pour changer une virgule dans les Traités. Article 48 « Un seul pays peut s’opposer à tout changement ». Niqués.

      Les pays européens ne sont jamais d’accord sur rien, comment serait-ils d’accord à l’unanimité pour remettre à plat les Traités ? Vous imaginez Merkel signant le programme du FDG ? Rêve !

      Il n’y aura jamais d’ Autre Europe, c’est juste pour neutraliser la colère des gens.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 janvier 2015 18:55

      Xenozoïd,
      Votre épouvantail habituel ne se vérifie pas dans tous les cas.
      Chavez faisait régner la peur ? Mossadegh faisait régner la peur en Iran ? Allende ?
      Je ne crois pas que Maduro fasse régner la peur, ni Mujika, ni Raphaël Corréa, par exemple.


      Même en Russie, cela ne se vérifie pas, le principal média d’opposition est financé... par Gazprom. Poutine préfère cela à un financement par d’obscures ONG.

    • Xenozoid 31 janvier 2015 14:22

      mais de quelle épouvantail parlez vous, pipi ?


  • Gollum Gollum 30 janvier 2015 11:06

    Très bon billet. 


    Excellent de faire appel à Goethe qui avait bien anticipé que la création monétaire ex nihilo est l’œuvre du diable. Bien évidemment la vision prémonitoire de Goethe s’accomplit précisément à une époque où plus personne ne croit au diable. Ou aux forces obscures appelez cela comme vous voulez… Baudelaire avait anticipé cela aussi : La plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas.

    Il serait peut-être bon ici d’évoquer le dernier ouvrage de Jovanovic, intitulé 666. Et qui montre comment les USA font une guerre larvée à l’or depuis quasiment la création de la FED en 1913. Jusqu’au dénouement de 1971 où le $ devient de la monnaie totalement déconnectée de l’or.
    Où l’or de pratiquement tous les états s’est retrouvé littéralement volé par les américains au détriment des peuples et avec la complicité des gouvernements en place. Le seul ayant essayé de s’opposer à cela fut De Gaulle qui de ce fait fut éjecté.

    Jusqu’à la situation apocalyptique, depuis 2008 jusqu’à aujourd’hui, où la création monétaire devient quasi exponentielle puisque USA, Japon et maintenant Europe s’y sont tous mis gaiement.

    Tout cela finira dans la destruction absolue, les pleurs et les grincements de dent. Tous ces peuples, qui ne croient plus au diable depuis longtemps, vont se le prendre en pleine poire…

    Et peut-être se tourner vers son opposé ?…

    En tous les cas cette multiplication des billets ressemble furieusement au miracle de la multiplication des pains des Évangiles. Il s’agit ici même de sa version blasphématoire.

  • Laulau Laulau 30 janvier 2015 16:36

    L’économie « psychologique », ça m’a toujours fait marrer !
    La raison pour laquelle, les allemands et les oligarques de toutes nationalité sont pour la stabilité monétaire tient à la nature du capital qu’ils détiennent. Autrefois la classe dirigeante avait de l’argent bien sur, mais elle possédait surtout des usines, des terres, des navires .....ils n’aimaient pas l’inflation mais ils pouvaient s’en accommoder.
    Aujourd’hui les fortunes sont plus liquides et elles dépendent beaucoup plus de la valeur de la monnaie, on ne parle plus de grand bourgeois ou de capitaines d’industrie, mais d’oligarques.
    Par ailleurs la situation des retraités allemands est aussi très dépendante de la valeur de leur capital retraite.
    De la à dire que tous ces gens sont contre toute création de monnaie, voire, il sont contre l’inflation, ça n’est pas tout à fait la même chose. Il n’y a pas que la BCE qui crée de la monnaie, les banques ne font que ça, elles en vivent en prêtant de l’argent qu’elle n’ont pas, mais ça ne fait pas forcement monter les prix, la preuve. Tout cela n’est que prétexte pour ne pas augmenter les salaires et donc augmenter les profits, l’austérité n’est pas le moyen, c’est le but !


    • Idées de la Tripartition sociale alain20 30 janvier 2015 17:59

      Si la Bundesbank avec sa politique anti-inflationiste représente donc uniquement les intérêts des oligarques, que défend alors la BCE avec la politique opposée ? Les salariés, vraiment ??


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 janvier 2015 18:48

      Laulau,
      Ce que vous dites est vrai et faux à la fois.
      Les Allemands ont accepté l’euro sous réserve que la BCE fonctionne sur les critères de l’orthodoxie monétaire de la Bundesbank, inscrite dans la Constitution, c’est dire si c’est central pour eux :


      - maintenir au plus haut niveau la valeur de la monnaie
      - contrôler la masse monétaire
      - plutôt des prêts que des rachats d’actifs
      - plutôt des prêts à court terme qu’à long terme
      - des prêts nantis et pas sur des actifs pourris
      - et évidemment, éviter les pertes financières.

      Or, de plus en plus, tout l’euro - système fonctionne sur des bases contraires à cette orthodoxie.
      D’où un conflit majeur entre la Bundesbank et la BCE. passé sous silence en France.

      L’histoire de l’ Allemagne et la crise des années 20 n’est pas celle des autres pays européens.
      Nous arrivons au bout de l’ illusion européenne selon laquelle ficeler ensemble des pays différents fabriquerait un Homme européen Nouveau. Même illusion que l’ URSS.

      On ne change pas l’histoire et la culture des peuples.

    • Laulau Laulau 31 janvier 2015 09:59

      et aussi à Fifi

      Je crois que vous n’avez pas tout compris. La BCE ne pratique pas une politique inflationniste, elle injecte des liquidité dans le secteur bancaire, pas dans la poche des consommateurs. Nous avons une inflation de la masse monétaire sans hausse des prix, cela parait impossible, sauf si la monnaie créée ne sort pas du circuit financier. Pourquoi fait-elle cela alors ? Simplement pour que ce système instable continue de fonctionner sans que les banques soient en cessation de paiement. Un véritable hold-up !


  • Alren Alren 30 janvier 2015 18:11

    Étonnant que ce Jens Weidmann ne dénonce pas LE pays qui transforme le papier en or avec succès depuis 40 ans, les USA, depuis qu’ils ont cessé de rendre convertible le papier-dollar en or !

    Bien entendu, cette trahison unilatérale du traité de Bretton-Woods a permis une prospérité artificielle de États-Unis d’Amérique qui « démontrait » la supériorité de son système sur le communisme. 
    Bien entendu, ce sont ses partenaires, au premier rang desquels on compte les pays d’Europe et le Japon mais aussi les pays producteurs de matières premières, qui ont payé cette prospérité factice. 
    Maintenant que l’URSS n’existe plus et que l’avantage technique et industriel donné aux USA par la Seconde guerre mondiale s’estompe, il faut trouver autre chose pour continuer ce parasitage de la riche Europe en particulier. Ce sera chose faite avec le traité « inégal » (comme on parlait de traités inégaux de l’Occident avec la Chine au XIXe siècle) nommé TAFTA.

    Dormez bien braves gens, le réveil sera douloureux ! 


  • soi même 30 janvier 2015 18:45

    @ Idée, cette problématique n’est pas nouvelle, on la retrouve dans des cours d’économies sociales de 1918

    C’est très bien d’un directeur d’une banque central de parler de Méphistophélès de Faust , encore qu’il faudrait aussi en retenir son enseignement, et je crains que l’ Allemagne à vraiment tourné le dos à cela !

    Si cela ne serait pas le cas, cela se verrait, il y a eu une tentative en 1989 du mouvement civique Neues Forum qui a été dynamité lors de la réunification des deux Allemagnes .


    • Idées de la Tripartition sociale alain20 31 janvier 2015 23:29

      Merci pour votre commentaire. Effectivement cette problématique n´est pas nouvelle, puisque Goethe justement l´a décrite et qu´il s´est inspiré, d´après mes lectures, des lecons de la crise causée par John Law, en 1716...
      Bien sûr qu´aujourd’hui, l´Allemagne a mis beaucoup d´eau dans son vin, mais elle reste, avec la Suisse, malgré tout aujourd´hui représentante de la rigueur monétaire, en contradiction avec le modèle américain notamment. Dire qu´elle a complètement tourné le dos à ses principes me semble incorrect. Sinon le conflit actuel avec la BCE n´aurait pas lieu.
      Je ne connaissais pas Neues Forum. Savez-vous ce qu´il proposait plus exactement au sujet de la politique monétaire ?


    • soi même 1er février 2015 01:05

      Neues Forum , je n’ai pas eux accès à ces informations partiels, il était dans l’élaboration de leurs projets social qui c’est clos, le jour de la réunification des deux Allemagnes.
      Il proposait le concept d’une économie fraternel et partait du principe que la politique monétaire ne pouvait se crée que la richesse produite , la force d’entreprendre et non sur la détention de l’or comme parité pour crée la nommai .


  • zygzornifle zygzornifle 31 janvier 2015 08:11
    Méphistophélès contrôle l’esprit de presque tous les politiques sauf pour certains qui sont encore pires que lui, au milieux de leurs pensées il se sent comme chez lui ......

    • soi même 31 janvier 2015 14:33

      @ Zigomatique, ne pense surtout pas être épargné, quand l’on décrit un symptôme, il ne faut jamais oublié que l’en fait partie !

      Les pauvres gens ne soupçonnent jamais le diable, quand même il les tiendrait à la gorge.
      ( Faust, p. 78 Éd. Maxi-Poche Classiques Étrangers)


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