mercredi 17 mars 2010 - par Michel Santi

Pas d’embellie Européenne sans consommation Allemande

 Nos dirigeants seraient-ils à ce point déconnectés des réalités au point de feindre d’ignorer que les marchés financiers émettent des signaux d’alerte qui, utilement interprétés, pourraient contribuer à assainir ces déséquilibres ?

Agir dans le sens d’une transparence accrue des marchés et d’une augmentation des réserves bancaires en rapport avec leurs encours spéculatifs est à l’évidence indispensable. Pour autant, la fonction de compteur remplie par des marchés prompts à applaudir au bien fondé d’une mesure ou, au contraire, à manifester leur désapprobation à l’encontre d’une politique économique ou monétaire inappropriées serait brouillée par l’imposition de réglementations qui ne résoudraient pas le fond du problème.

Qualifiés non sans raison de "plus graves depuis le lancement de l’Euro", les ennuis Européens actuels n’ont cependant pas été provoqués par les marchés. Ils ne sont pas plus imputables à la seule Grèce car ils sont également le produit de la consommation intérieure Allemande anémique !

La gourmandise et l’appétit de dépenses de la Grèce, mais aussi de l’Espagne et du Portugal, sont accueillis avec dédain par des Allemands dont une frange non négligeable regrette les beaux jours de l’omnipotent deutsche mark ayant disparu en cette fatidique année 1999. L’adoption de l’Euro par certaines nations ayant inauguré pour ces cigales une ère de crédit facile, de salaires en hausse et de fièvres dépensières qui se concluent aujourd’hui en menaces de défauts de paiement sous le regard réprobateur de la fourmi Allemande...

Pourtant, la prospérité Allemande n’est pas le fruit de ses consommateurs austères ni de ses salaires stagnants. La richesse et la croissance Allemandes sont la résultante mathématique de la flambée consommatrice de certains pays Européens en réponse à leur adoption de l’Euro. Ce même Euro qui, pour traverser avec succès cette crise, devra nécessairement s’appuyer sur une indispensable progression des dépenses intérieures Allemandes qui devront prendre le relais de ces pays du "Club Med" contraints aujourd’hui de brider leur fièvre dépensière par des mesures d’austérité. Le sort de la monnaie unique dépend donc de l’Allemagne et de sa capacité à stimuler sa consommation domestique.

Le retour d’une croissance saine et durable en Europe ne se fera pas sans la résolution des questions fondamentales de ses déséquilibres économiques et financiers via des ajustements incontournables opérés aux dépens de certains pays comme l’Allemagne. Les (très riches) épargnants Allemands doivent, comme les Japonais et les Chinois, ouvrir leur porte monnaie afin que des pays comme la Grèce, l’Espagne - et les Etats-Unis - puissent redresser leurs économies en dopant leur exportation.

Premier fournisseur et premier créancier, l’Allemagne est aujourd’hui à ses partenaires Européens ce que représente la Chine pour les Etats-Unis ! Lourdement investie en obligations grecques ou espagnoles (comme l’est la Chine dans les Bons du Trésor US) et bénéficiant d’exportations ayant respectivement grimpé de 66% et de 60% vis-à-vis de ces deux pays au cours de la décennie écoulée, l’Allemagne - et son industrie - a réussi à survivre brillamment dans un univers hyper compétitif en sous traitant une partie importante de sa production à l’étranger. Ce faisant, ces procédés encourageaient une forte stagnation des salaires nationaux et une réduction substantielle des charges salariales débouchant sur une résurgence du travail temporaire et se traduisant par une absence de salaire minimum légal uniforme sur le plan national.

S’il est vrai que le modèle Européen se doit donc d’être revu, les Allemands, comme les Grecs, devront faire des efforts... 
 


9 réactions


  • PhilVite PhilVite 17 mars 2010 10:23

    Les Allemands n’ont qu’à aller se faire voir chez les Grecs !

    (A moins que ce soit l’inverse ? Avec l’Euro, on ne sait plus très bien.)


  • UnGeko 17 mars 2010 11:09

    Bonjour Mr Santi !

    Il me vient une idée ! Proposons une « transaction repo » avec nos déchets nucléaires pour résorber la dette.

    Si je n’ai jamais douté de votre honnêteté intellectuelle, vos analyses aussi brillantes soient elles, sont hors sujet ! C’est un peu comme si vous présentiez des analyses fiscales sur les flux d’échange mafieux !

    Je ne lirais plus vos billets, bonne continuation Mr Santi


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 17 mars 2010 11:12

    Bonjour,

    «  une résurgence du travail temporaire et se traduisant par une absence de salaire minimum légal uniforme sur le plan national. » Voici les armes qui ont tué notre économie française, au détriment de deux autres bien plus crédibles : L’interressement et la participation lois encouragées par de Gaulle et ces put°°ns de salop°°ds d’empêcheurs de voler en rond que sont les socialistes !


  • DEEVIN 17 mars 2010 14:46

    C’est quand même très curieux comme raisonnement et bien de chez nous. En somme ce n’est pas le mauvais élève qui a tort mais le bon, et c’est à lui de payer !
    Les allemands qui ont réussi en s’imposant une politique de rigueur depuis plusieurs années n’ont aucune envie de payer pour les laxismes grec, espagnol ou français.
    L’ Allemagne fait face elle-même de grosses difficultés intérieures, endettement et chômage croissants, charges de la réunification, qui ont sa priorité.
    Elle n’a de plus aucune obligation, pas plus que nous d’ailleurs, de consommer des biens dont elle n’a pas besoin, ou qu’elle produit mieux elle-même. Des produits grecs ? quels produits grecs ?
    Enfin, la comparer à la Chine est saugrenu. L’ Allemagne est un pays ouvert et notre premier partenaire commercial. Si elle réussit moins mal que d’autres, faut-il s’en prendre à elle ou à ceux qui ont menti pour faire partie du club.
    Si l’Euro tient encore la barre c’est grâce au socle allemand, mais ils pourraient aussi finir par se lasser et proposer que chacun reprenne ses billes.
    Que chacun vive d’abord selon ses moyens, c’est à dire selon ses capacités de création de richesse, et il n’y aura plus de problème de l’Euro.
    ps : qu’on nous épargne dans ce débat un recours à l’anti germanisme, style dette du nazisme. Ou alors mettons un point final à la construction européenne et armons- nous pour la troisième.


  • pmxr pmxr 17 mars 2010 17:43

    Les Allemands soitent virer la GRECE de la zone euro .. et après portugal, Espagne, etc ... et la France ... bref un retour à l’EUROMARK ! Simplement Allemand ! (machine arrière toute )


  • pmxr pmxr 17 mars 2010 18:02

    J’ai passé un partie de ma vie là bas ... connaissant la mentalité allemande, ca ne fait aucun doute  ! resteront les pays ayant une politique économique semblable à la leur !


  • ZEN ZEN 17 mars 2010 18:43

    Une certaine image de l’Allemagne s’en est allée, depuis que le capitalisme rhénan a été abandonné pour le modèle anglo-saxon
    Merci Mr Schröder !
    Il y a une un dessous des cartes qui expliquent en partie le marasme, malgré une image convenue d’abondance

    L’Allemagne est en crise politique sur fond de précarité, d’inégalités et de chômage croissant

    -"11 millions 500 mille personnes vivent sous le seuil de la pauvreté en Allemagne, un pays représentant une géante économie.Selon un sondage, 14% des Allemands vivaient dans la pauvreté en 2008.
    En dix ans, le nombre de pauvres dans ce pays a augmenté de 30%.Ceux qui gagnent moins de 20 500 dollars, ce qui signifie 60% du revenu annuel par personne, sont considérés en Allemagne comme « pauvres ».Selon les résultats du sondage, 25% des jeunes allemands de 19 à 25 ans, devraient vivre dans le dénuement.Ces jeunes allemands se mettant à vivre séparés de leur famille, sont confrontés aux problèmes financiers.Le sondage en question a été réalisé par l’Institut des recherches économiques d’Allemagne et 10 mille familles ont fait l’objet du sondage.Ce sont les parents divorcés ayant des enfants, les familles ayant plusieurs enfants et les jeunes qui sont affectés le plus par la pauvreté
    ."


  • BA 17 mars 2010 23:42

    Une solution pour la Grèce : le défaut de paiement.

    Avec chaque jour qui passe, il devient évident qu’une restructuration de la dette grecque est inévitable. L’État devra accepter une forme ou une autre de défaut de paiement, sans doute l’issue la plus favorable.

    Un défaut de paiement sera sans doute pénible, mais pas plus que les autres solutions. Et un défaut de paiement avec une restructuration « ordonnée » rétablirait instantanément les finances grecques sur une base plus saine.

    Après d’âpres négociations, le gouvernement grec et ses créanciers conviendraient probablement de réduire de moitié la dette du pays. Les banques grecques devraient être recapitalisées, mais elles seraient alors en mesure d’octroyer à nouveau des crédits.

    Un défaut de paiement permettrait également de faire assumer une partie de la fièvre emprunteuse de la Grèce aux créanciers. Les Allemands et les Français seraient obligés d’injecter de nouveaux capitaux dans leurs banques (ce qui les inciteraient peut-être enfin à accepter des réglementations plus strictes pour empêcher que cela se reproduise) et le monde entier deviendrait plus circonspect concernant les prêts accordés à des États souverains prodigues.

    En fin de compte, en donnant une leçon nécessaire aux créanciers, un défaut de paiement au sein de la zone euro pourrait être un pas dans la bonne direction pour l’établissement d’un système financier européen – et mondial – plus sain.

     

    Simon Johnson et Peter Boone.

     

    http://www.project-syndicate.org/commentary/johnson6/French


  • oj 18 mars 2010 02:31

    difficile de reprocher aux entreprises allemandes d’avoir su conserver des secteurs d’exportation.

    J’imagine qu’en augmentant les salaires (comme en france) et qu’en reduisant la delocalisation, nombre d’entre elles auraient disparu.

    Quoi qu’il en soit personne n’a su donner de reponse au probleme fondamental qui fait que pour conserver des entreprises a l’export il faut s’aligner sur les couts des pays emergents et qu’a terme ce n’est meme plus l’export qui est touché mais les produits des besoins fondamentaux des citoyens qui devront etre importés.

    Je ne vois nulle part de solutions economiques ou politiques envisagées a part un lent mais sur retour au sous-developpement qui ne nous permettra meme pas d’assumer les couts de l’atttractivité touristique et culturelle.


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