Toulouse Blagnac, mais où est le tolier ?
Novembre 2014, pour renflouer ses caisses, l’état propose de privatiser les aéroports des grandes villes de France en vendant les parts qu’il détient. Le premier aéroport choisit pour cette grande opération de « vente des bijoux de famille » est le symbolique aéroport de Toulouse Blagnac. Symbolique parce qu’avec l’aéropostale, aérospatiale, le concorde, la caravelle et maintenant airbus, c’est l’emblème de notre aviation commerciale.
En fait pour des raisons politiques, c’est une semi privatisation, car l’état vend toutes ses parts et laisse la majorité aux collectivités locales. L’appel d’offre est lancé et plusieurs sociétés ou consortiums sont sur les rangs Ils sont six à s'être déclarés. Vinci, déjà exploitant de 23 sites en France et dans le monde, en partenariat avec la Caisse des dépôts (CDC) est un sérieux client. Mais d’autres se sont positionnés. Parmi eux, ADP (Aéroports de Paris), en coopération avec Predica (filiale du Crédit agricole), le fonds australien Macquarie ou le groupe de BTP canadien SNC Lavallin associé à un asiatique. Les fonds d'investissement Ardian ou encore l'allemand AviAlliance (ex-Hochtief Airport) sont également intéressés.
L’aéroport de Toulouse Blagnac, par son trafic et sa proximité avec Airbus a toujours été bénéficiaire et le vainqueur de l’appel d’offre quelque-soit le montant de son offre fera une excellente affaire
Des particuliers ont bien essayé de monter une opération de crowdfunding, ou financement participatif, histoire de faire profiter cette lucrative opération profiter aux épargnants français plus enclins à réinvestir localement et permettre de faire tourner l’économie nationale. Étant donné que l’infrastructure a été financée avec les impôts, autant que les Français aient un retour sur investissement. Comme l’appel d’offre était sinon secret, du moins très discret, l’état donna une fin de non-recevoir à cette action pour le moins patriote. Pour le gouvernement, les français sont là pour payer des impôts et financer des infrastructures aéroportuaires et pas là pour bénéficier des dividendes. Ces épargnants très idéalistes vont rééditer le coup sur Nice et Lyon, mais ça me semble compromis aussi. Ils peuvent essayer sur Notre Dame des Landes, je suis certain qu’ils auront l’écoute du président et de l’ancien premier ministre, mais mon petit doigt me dit que ce n’est pas le bon plan (autant prêter de l’argent aux grecs).
Fin Novembre et contre tout attente, c’est un consortium chinois qui emporte le marché. Son offre financière était supérieure de plus de cinquante millions d'euros à celle de ses concurrents. Mais une clause secrète a été ajoutée à l’appel d’offre. Cette clause donne à ce consortium, une option d'achat sur les 10,01% de parts que l'Etat détient encore dans la société Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB). Dans ces conditions, les chinois deviennent majoritaires, ce qui n’était pas prévu au départ et au grand désarroi d’Airbus qui voit d’un mauvaise œil la spéculation sur les terrains avoisinant ses usines et pouvant empêcher son développement.
Ce 2 juillet, pour marquer le coup, le premier ministre reçoit sur l’ATB et en grande pompe son homologue chinois Xi Jinping, ainsi que le nouveau propriétaire de chinois Mike POON. Mike POON qui est le personnage central de l’opération est PDG du fonds d’investissement hongkongais Friedmann Pacific AM – FPAM qui, avec une société de gestion d’autoroutes de l’est chinois, a acquis les 49.9% du capital de l’aéroport de Toulouse. Il détient aussi le tiers de la société de leasing d’avions dont il était en parallèle PDG, China Aircraft Leasing – CALC, un gros client d’Airbus. Sa société européenne CASIL Europe qui a son siège social à Paris, dont Anne Marie Idrac en fait partie et qui pour cette raison est présidente du conseil de surveillance d’ATB est en charge de cette transaction et par voie de fait est propriétaire d’ATB. Hors Médiapart a enquêté sur cette société pour le moins fantôme mais qui siège au conseil de surveillance d’ATB. Cette société a un capital de 10000 (dis milles) euro et son siège place de la Madeleine est fictif !
Mike POON ne sera pas de la fête car figurez- vous qu’après avoir démissionné de son mandat de PDG, il a disparu ! Il n’a pas été vu dans ses bureaux de Hong Kong depuis mi-mai. Il a envoyé au régulateur boursier de Hong Kong des lettres de démission de ces mandats, mais reste PDG de CASIL propriétaire de l’ATB. Ces derniers n’ont jamais réussi à le joindre.
Manuel Valls s’est dit « à aucun moment inquiet ». Anna Marie Idrac dit « Vous verrez que nous tiendrons les promesses que nous avons faites ». Il est vrai que l’employeur de cette dernière est aux abonnés absents depuis des mois sans que cela ne l’inquiète au point de le faire savoir à l’état et aux collectivités. Mais on est en France et on en n’est pas à une controverse prêt.
Ce qui est certain c’est que l’état français très professionnel a vendu pour 308 millions d’euro un aéroport a des personnes pour le moins douteuses et dont personne ne peux garantir leur fiabilité. Bercy disait en début d’année « qu’il importait que ces rachats de parts se passe dans la sérénité, car d’autres appel d’offres vont suivre ». Il ne reste plus qu’à croiser les doigts, mais est-ce que ça va suffire.
Est-ce que le numéro 1 chinois reçut en grande pompe pour l’occasion par Manolo 1° et qui verra demain son nom s’associer à celui d’un charlot invisible va apprécier la plaisanterie ? Il est permis d’en douter.