mardi 24 mai 2016 - par Laurent Herblay

Uber et Airbnb : la dérisoire obole demandée à des barbares

Partout dans le monde, les pouvoirs publics commencent à mettre des bâtons dans les roues de Airbnb ou Uber, en leur réclamant notamment une plus juste contribution à la société qui leur permet d’exister. Certains s’en offusquent, comme le Monde ou dans la Tribune. Mais en réalité, ils ne vont pas assez loin !

 
La bien timide offensive des pouvoirs publics
 
Ce n’est pas la première fois qu’Uber croise le fer avec la France. Après une première passe d’armes très limitée, qui avait seulement abouti à la fin d’Uber Pop, tout en faisant une publicité extraordinaire à l’œuvre de barbares en cherche de rentes, subventionnés par des marchés qui parient sur un nettoyage du marché à pertes permettant dans un second temps de faire des profits colossaux, sur le dos des usagers comme des chauffeurs, c’est au tour de l’URSAAF d’incriminer Uber. Le raisonnement est le même que celui qui a fait vasciller l’entreprise en Californie, à savoir la requalification des chauffeurs de l’entreprise en salariés, ce qui imposerait le recouvrement de cotisations non payées. L’URSAAF attaque aussi pour travail dissimulé, comme avaient demandé les chauffeurs étasuniens en 2014.
 
Mais l’entreprise, sortie de cette crise contre 100 millions, peut compter sur les médias. Le Monde parle d’offensive contre « l’économie collaborative (…) plébiscitée par les consommateurs, les champions de l’économie du partage ont déclenché (…) des réactions épidermiques des autorités  ». En clair, Uber serait persécuté par des pouvoirs publics dépassés par les changements apportés par le numérique, thèse reprise dans la Tribune, par le président de l’obscur FEDAE, qui reprend tous les poncifs des partisans de cette déconstruction de notre modèle social, contre « la grande cohorte grincheuse de tous ceux qui s’opposent à Uber ». Il évoque la « liberté  » des chauffeurs et soutient que « vouloir les soumettre aux charges patronales d’un modèle dépassé est comme les vouer à disparaître  ».
 
Soit dit en passant, il feint d’oublier la forte baisse de la rémunération des chauffeurs parisiens pour mettre un coup d’arrêt à l’offensive de G7. Uber n’est-il pas bien plus libre que ces chauffeurs, avec le chômage de masse de notre époque ? Et cela sera plus vrai encore demain quand elle aura liquidé la compétition, ce qui est son but ultime. Enfin, n’est-il pas totalement injuste que les uns (les taxis), contribuent comme les autres à la collectivité à travers les cotisations sociales, alors qu’Uber exploite les failles de la réglementation pour s’en exonérer ? La concurrence est totalement déloyale, d’autant plus qu’Uber est outrageusement aidé par ses actionnaires qui lui permettent de perdre encore plus d’argent qu’il n’en touche, pariant sur la rente que devrait fournir demain l’élimination des concurrents
 
 


28 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 24 mai 2016 11:02

    La soi-disant « économie collaborative » qui n’est rien d’autre que l’économie de marché poussée jusqu’à l’absurde en basant son efficacité sur les performances de l’informatique fonctionne comme une centrale nucléaire qui fonctionnerait sans dispositif de sécurité pour contrôler le risque de fusion. Les résultats sont tellement mirobolants que les investisseurs impliqués agissent comme les responsables de Fukushima. Ils veuelnt ignors que l’« efficience » repose sur la destruction.


  • colere48 colere48 24 mai 2016 11:07
    Opération « terre brulée » ... pas nouveau mais fichtrement destructrice !

    A l’image d’un monde dérégulé ou le chacun pour soi est la seule règle tolérée ! 

  • ZenZoe ZenZoe 24 mai 2016 11:59

    On peut quand même regretter que la manoeuvre n’ait pas pour objectif de protéger ceux qui bossent pour ces plateformes, mais plutôt de récupérer une grosse part du gâteau !
    UBER et AIRBNB ou URSAFF, mêmes exploiteurs du travail des autres, mêmes voleurs, ne nous leurrons pas, salarié ou autoentrepreneur, lui n’aura que les miettes...


  • Trelawney 24 mai 2016 12:41

    1 - Que ce soit justifié ou pas, Uber ne paiera jamais ce que demande l’URSSAF.

    2 - Uber vient de passer un contrat avec Ford pour la construction de taxi sans chauffeur. Il se peut que la France interdit ce genre d’entreprise sur son territoire et continue à protéger la profession des artisans taxi. Mais Uber s’en fiche car le monde est vaste et fonctionne très bien avec ou sans la France.

    3 - Les sociétés de taxis G7 ou autre n’ont pas de salariés chauffeurs. Ils louent des taxis très chers (car ils ont le monopole des franchises) à des artisans taxis. Est-ce que l’URSSAF va requalifié ces chauffeurs en salariés ? Il y a fort à parier que non. Autrement dit il y a deux poids et deux mesures. Vous comprenez très bien que même s’il prenait l’envi à Uber de mettre le dossier devant les juges, URSSAF se verrait débouter de sa demande.


    • Alren Alren 24 mai 2016 13:01

      @Trelawney

      Vous comprenez très bien que même s’il prenait l’envie à Uber de mettre le dossier devant les juges, l’URSSAF se verrait déboutée de sa demande.

      J’ai peur pour eux que les chauffeurs Uber vivent au jour le jour, à leurs risques et périls.

      S’il n’y a aucune cotisation de versée à la Sécu, comment bénéficier des assurances maladie et chômage ainsi que d’une retraite, qu’ils connaîtront un jour (je leur souhaite) ?

      Je pense qu’un tribunal tiendrait compte de cela ... et qu’il ne faut jamais anticiper un jugement !


    • Trelawney 24 mai 2016 14:53

      @Alren
      J’ai peur pour eux que les chauffeurs Uber vivent au jour le jour, à leurs risques et périls.

      Avec les modifications du statut du travailleur, conjuguées aux incertitudes économiques, je pense que c’est le lot d’une grande partie des actifs (y compris les patrons de TPE PME), de vivre au jour le jour et à leurs risques et périls


  • Frédéric Van der Beken Frédéric Van der Beken 24 mai 2016 13:04

    Ces sont les multiples statuts sociaux ou fiscaux qui provoquent ces nouvelles possibilités. Il y a des considérables différences entre travailleurs et dans la fiscalité des revenus.
    J’avais fait un comparatif pour moi même entre mon activité artisan/commerçant en Sarl et un statut auto entrepreneur. Bilan : en auto entrepreneur, il me suffirait de 6 mois de travail par an pour le même revenu qu’en 1 an de gérant de Sarl. Je ne l’ai pas fait car je n’ai pas envie de pleurer plus pour ma retraite que je ne vais le faire déjà et pourtant sans être un adepte de la cotisation minimale.
    - auto entrepreneur
    - artisan/commerçant
    - gérant salarié
    - salarié du privé
    - professions libérales
    - fonctionnaire
    - homme politique
    - agriculteur
    - cadres
    - hauts fonctionnaires
    - etc ...
    Des multitudes de statuts qui ne vous donnent pas les mêmes droits ou garanties et avec des grosses distorsions sur les charges cotisées, impôts, droits et montant de la retraite, garantie de l’emploi, etc ...
    Un chauffeur Uber paye moins pour les routes qu’il utilise que n’importe quel salarié à plein temps. Environ 30% de son CA est retourné à l’état pour paiement de ses charges et impôts, le tout sans être obligé de se payer un comptable, de faire des déclarations de TVA, etc ... Juste une déclaration trimestrielle et en ligne de son CA.
    En prestation de service (cas du chauffeur Uber), il est limité à 32900/an, environ 23% de charges, véhicule (achat/location) et ses frais(carburant/assurance) seront à déduire du reste. Au final, il ne sera pas au SMIC.
    C’est idem pour Airbnb où personne ne contrôle les garde-fous avec le résultat que la niche fiscale est totalement détournée.
    Je ne suis anti rien mais l’égalité demande que chaque revenu du travail ou du placement soit taxé ou chargé de la même manière mais diviser pour régner reste la constante depuis ....


    • foufouille foufouille 24 mai 2016 13:32

      @Frédéric Van der Beken
      "En prestation de service (cas du chauffeur Uber), il est limité à 32900/an, environ 23% de charges, véhicule (achat/location) et ses frais(carburant/assurance) seront à déduire du reste. Au final, il ne sera pas au SMIC."
      avec quel statut ?


    • Trelawney 24 mai 2016 14:50

      @foufouille
      Vous avez raison, en prestation de service, les revenus sont limités à 32900 euro HT. Mais vous oubliez que dans le prix de la course est compris la petite bouteille d’eau, qui vous place dans la catégorie d’une activité d’achat vente et cela limite sont chiffre d’affaire à 82200 euro HT.

      C’est la petite bouteille d’eau qui fait tout

      Maintenant si vous savez tenir une comptabilité et ce n’est pas très difficile (ca demande juste de la rigueur) au delà de 60 000 euro de CA je conseille une Sarl. Les cotisations sociales seront prélevées sur le salaire que vous vous prenez ainsi que sur vos bénéfices et vous serez plus crédible vis à vis des banques et même de votre clientèle.

      Mais l’auto entrepreneur est une bonne idée. cela permet d’essayer son projet de voir si ça marche et de basculer ensuite vers la Sarl.

      Est-ce que le salarié du futur sera un auto entrepreneur ? Rien n’est moins sur


    • foufouille foufouille 24 mai 2016 15:17

      @Trelawney
      en auto entrepreneur rien n’est déductible. la bouteille, c’est une blague ?
      ça fait partie du service normalement. comme les magazines.


    • Frédéric Van der Beken Frédéric Van der Beken 24 mai 2016 15:41

      @Trelawney
      La bouteille d’eau qui permettrait d’avoir une activité mixte au maxi de 82200 ? Je ne sais pas. Ce serait un beau détournement de l’esprit de la loi...
      Si un chauffeur Uber pouvait nous faire son bilan, ce serait intéressant.
      Des infos sur les droits retraite des auto-entrepreneurs seraient également les bienvenues. Il y a bien un chiffre à faire pour valider 4 trimestres. Mais ces 4 petits trimestres donnent quoi le jour dit ?
      http://www.auto-entrepreneur.fr/
      https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23369


    • Frédéric Van der Beken Frédéric Van der Beken 24 mai 2016 15:43

      @foufouille
      Il sera en auto-entrepreneur (cas Uber) mais ne sera pas au Smic (valeur du Smic) entre son temps passé et son revenu net.


    • foufouille foufouille 24 mai 2016 16:04

      @Frédéric Van der Beken
      23% est juste les cotisations, le reste est en plus. le plafond est deux fois plus élevé qu’avant donc plus que le smic est possible.
      une voiture d’occasion confortable se trouve facilement.


    • Frédéric Van der Beken Frédéric Van der Beken 24 mai 2016 18:02

      @foufouille
      32900 - 23% = 25333
      voiture un peu classe en lld = 6000/an ; reste 19333
      assurance ?
      carburant ? 1 plein ou 2 par semaines ?
      M’étonnerait qu’il reste ne serait ce que 1000/mois pour x heures/semaine


    • foufouille foufouille 24 mai 2016 18:43

      @Frédéric Van der Beken
      « voiture un peu classe en lld = 6000/an ; reste 19333 »
      pour ce prix, tu as deux voitures un peu vieilles genre saab, bmw ou mercédes avec 1000€ de réparation par an. il te reste 3000 la première année. en étant gentil.
      tu les trouves en GPL facilement.
      et comme tu as pas de compteur de client contrairement a un taxi, le black est plus important.


  • foufouille foufouille 24 mai 2016 13:40

    des clients n’ont pas les moyens de payer un taxi. c’est une évidence.
    le chauffeur uber veut juste sortir de la merde et avoir de quoi vivre.
    personne n’interdit à l’état de légaliser ces demandes.
    surtout vu le nombre de chômeurs.


    • Pierre 24 mai 2016 22:33

      @foufouille
      ouais, sauf que ce système sert pour l’essentiel à enrichir des amerloks qui font des super bénefs non imposables en France et qui donc va t’entretenir si cela se généralise ?


    • foufouille foufouille 25 mai 2016 00:03

      @Pierre
      toujours aussi stupide. le jour que tu espères, les hôpitaux et maisons de retraites fermeront aussi. tu pourras regarder tes parents crever.


    • Pierre 25 mai 2016 00:39

      @foufouille
      commence par apprendre à lire et surtout piger, enfin, si c’est à ta portée...


  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 24 mai 2016 17:04

    Merci de ne pas oublier que Uber, Airbnb et cie, ce sont principalement des COMPLEMENTS DE REVENUS....
    Comme l’auto-entreprise.

    Savez-vous que des millions de Français CUMULENT les activités profes... euh, rémunératrices ?


  • ouam2 (---.---.41.186) 25 mai 2016 01:09

    J’ai du mal avec nos dirigeants et cette oligarchie (pseudo) capitaliste (lorsque ca l’arrange quoi !)

     Ils nous chantent les louanges du libéralisme à tue tete, avec le refrain derrire « tout va bien », soupoudré d’un « vous etres rétrogrades, bon peuple » qui lui ne souhaites pas tout ca.

    Et des qu’ils sont confrontés à la réalitée du sujet (Uber, Airbnb, Google, Amazon, etc...) ben la , le discours change radicalement.

    Ils ont un sérieux problème de « positionnement » ces chers politiques oligaches, si on ouvre tout, on ouvre tout, pas ce qui nous arrange !

    « ...S’il n’y a aucune cotisation de versée à la Sécu, comment bénéficier des assurances maladie et chômage ainsi que d’une retraite, ... »

    exellente ta remarque !, si cela pouvait en faire réfléchir certains.... 

    les rois du « on ouvre tout », plus de frontières, plus d’atat (etcetcet)


  • julius 1ER 25 mai 2016 09:36

    Uber c’est l’Art du « Dumping » social et fiscal dans toute sa splendeur !!!!


    où comment implanter à terme un grand monopole privé !!!!

  • Aristide Aristide 25 mai 2016 10:29

    Une petit précision tout de même. Il ne s’agit pas de savoir s’il y a paiement d’un travail. C’est un fait qui n’est pas suffisant pour justifier du statut de salarié.


    Il s’agit de mettre en évidence une caractère de subordination des chauffeurs UBER. Si ce lien est reconnu par la justice, il leur faudra requalifier les chauffeurs en salarié et donc payer les cotisations sociales comme toutes les entreprises. Le sujet est difficile et je crois que l’analyse du contrat liant Uber à ses chauffeurs a du donner des éléments suffisants pour justifier cette plainte.

    G7 n’a rien à voir puisqu’il s’agit de location, le loueur n’a aucun lien de subordination, le loueur n’est pas rémunéré sur les courses effectuées.

    L’Urssaf est donc en droit de contester le statut de travailleur indépendant ou d’auto entrepreneur. C’est donc pour moi un détournement de statut salarié, travail dissimulé etc ... 

    Cela va durer des années cette affaire ...

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