mardi 26 août 2014 - par Patrick Samba

Contre toute attente, Valls se verra-t-il inciter à encourager la fermeture de Fessenheim ?

Redoutable animal politique, Manuel Valls, forcément, n’ignorait pas que l’alliance que lui avaient proposée Hamon et Montebourg quelque temps avant son entrée à Matignon n’était que de circonstance. Ce qu’il ignorait en revanche c’était le moment précis où l’abandon surviendrait. Il est même possible qu’il ne situa pas l’hypothèse d’une rupture aussi rapide au sommet de l’échelle des probabilités. Tout comme il n’avait probablement pas prévu que la courtisane et intrigante Cécile Duflot refuserait un si alléchant ministère de l’écologie pour elle ou son parti. Il lui faut donc improviser. Ce qui n’a rien d’exceptionnel en politique, mais il devra le faire cette fois-ci avec d’autant plus de brio que sa côte dans l’opinion est en train de s’effondrer (moins 9 points).

Comme son espace de manœuvre est de plus en plus étroit, et qu’il se rétrécit encore sur sa gauche, il ne pourra plus se passer de quelques mesures susceptibles de se concilier notamment une partie de l’électorat favorable à l’écologie, et dont il aurait bien fait l’impasse dans d’autres circonstances. Parmi celles-ci se distingue évidemment la fermeture de la centrale de Fessenheim.

Ce défenseur affirmé, tout comme Montebourg, de la filière nucléaire, et dont ils veulent croire qu’elle est une filière d’avenir, est bien le dernier à avoir envisagé une telle fermeture au cours d’un mandat dont il aurait la responsabilité. Et il aurait certainement bataillé ferme face à Ségolène Royal pour éviter cette alternative. Mais la situation vient de changer. Et cette décision historique qui deviendrait un atout non négligeable pour l’avenir politique de Ségolène Royal, pourrait contre toute attente le devenir pour lui. Car il faut bien s’en convaincre, les personnalités politiques dont le nom sera attaché à la fermeture de Fessenheim acquerront un statut, certes peut-être pas quasi-gaullien, mais certainement emprunt de grand respect auprès des citoyens conscients du danger nucléaire. Or ceux-ci sont pour le moins très nombreux. 

La question qui va désormais se poser pour lui est celle de la personnalité sur laquelle rejaillira ce bénéfice politique. Ségolène Royal restera –t-elle donc au ministère de l’écologie ? Comme par hasard des rumeurs circulent selon lesquelles elle pourrait hériter d’un grand ministère de l’Education nationale et de la Culture. Un ministère dont elle ne tirerait certainement pas un avantage politique aussi grand que de celui de l’écologie. Des rumeurs auxquelles elle répond en conséquence : « Nous allons avoir un débat [sur la transition énergétique] très important à l’Assemblée nationale, et ce débat, il faut le préparer le plus sérieusement possible, ce à quoi je m’emploie ».

Dans l’hypothèse, néanmoins, d’un changement de ministère, à quelle personnalité Valls proposerait-il le ministère de l’écologie ? Des opportunistes prêts à aggraver les tensions au sein d’EELV, il n’en manque pas. Trois candidats sont en général cités, notamment depuis qu’un texte, intitulé « Utiles ! Redonner l'Espoir Par une Ecologie Responsable et Solidaire (REPERES) » (sic !!), a circulé lors des Journées d’été d’EELV à Bordeaux, et qu’ils ont signé. Reste à savoir si l’un d’entre eux prendrait le risque d’accepter ce poste contre l’avis de leur parti ?

Le carriériste Jean-Vincent Placé certainement, mais il est le moins ministrable des trois. En raison de ses casseroles notamment. Et puis s’intéresse-t-il à l’écologie quand ses calculs politiques lui laissent un peu de temps ? François de Rugy, le co-président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, dont on ne saurait dire avec une totale certitude s’il serait capable de vendre son âme pour un poste ministériel, est un candidat sérieux. Enfin Denis Baupin, a également quelques chances. Pas moins carriériste, il reste cependant celui des trois à conserver, ou à avoir eu, des convictions antinucléaires, et surtout de réelles compétences, ce qui pourrait être un atout pour réussir sans trop de couacs la fermeture de Fessenheim. Et puis, ce qui ne constitue pas le moindre des avantages politiques pour un Premier ministre fragilisé dont le regard se porte avec tellement de ferveur vers l’Elysée, il est le compagnon de la secrétaire nationale d’EELV…

 

Patrick Samba

 

Crédit photo : merci aux auteurs



16 réactions


  • claude-michel claude-michel 26 août 2014 08:39

    Valls fait son « Marché » en ratissant la lie des représentants politiques acceptant de fermer sa gueule à toutes décisions...Il va tenir encore moins longtemps que la première fois.. !


  • JMBerniolles 26 août 2014 10:40

    Je remarque que comme toujours on associe écologie et anti nucléaire.


    L’écologie politique est morte d’avoir fait la démonstration que l’écologie ne peut être un élément central d’une politique gouvernementale et d’avoir été trahie par ses leaders opportunistes.

    En liquidant les couches moyennes qui vont encore recevoir bientôt une salve d’impôts dont le bénéfice va directement à la finance, PS et EELV avec leurs complices, font disparaitre leur base politique ; Il faut aussi comprendre que la France se trouve en déflation terrible état économique.

    Donc le nouveau gouvernement Valls va durer encore moins longtemps que l’ancien.

    Nous entrons dans une phase de chaos politique et économique sans précédent. Qui va conduire à la dissolution de l’Assemblée alors qu’il faudrait qu’hollande démissionne.

    Comme nos politiciens sont médiocres à quelques exceptions près, les choses vont s’aggraver.
    Alors les obsessions sur la fermeture de Fessenheim !


    • Patrick Samba Patrick Samba 26 août 2014 11:14

      Bonjour,

      « Je remarque que comme toujours on associe écologie et anti nucléaire » :

      eh oui, que voulez-vous, il n’y a pas plus pollueur, et de très loin, que l’industrie nucléaire....
      Vous connaissez, vous, une usine qui ait autant fait le vide autour d’elle, et pour des générations et des générations, que la centrale éventrée de Tchernobyl ?
      Quant à Fukushima, on n’a même pas une idée précise de la catastrophe qui ne fait que commencer....

      « Alors les obsessions sur la fermeture de Fessenheim ! » :

      j’avoue c’en est devenue une. Sur la base de ce que j’ai écrit précédemment, il n’y a aucun déshonneur à cela. Mais pour vous aussi, elle semble en être une. Mais pour d’autres raisons, bien moins avouables, même si vous tentez de les maquiller derrière une analyse économique catastrophiste, aux allures rationnelles calquée sur le discours ambiant, mais qui ne servent à rien d’autre que de produire un écran de fumée.

      Vous savez que Fessenheim, comme bien d’autres centrales n’ont été conçues par les ingénieurs que pour ne durer que 30 ans. Mais l’obsession du profit, la cupidité, celles-là même qui ont poussé les dirigeants de Tepco aux fautes multiples avec les conséquences que l’on sait, et désormais le sentiment de culpabilité, pour vous qui avez probablement défendu l’indéfendable en certaines occasions, devient tellement lourd, que la perspective que Fessenheim puisse fermer, vous désignant vous et vos erreurs (par décision ou par obéissance ou conformisme ou formatage), vous est insupportable.


    • livier68 livier68 26 août 2014 13:35

      Mensonge et manipulateur les antinucléaire sont en fait à la solde des pétroliers.



    • JMBerniolles 26 août 2014 13:41

      Je me garderai bien d’attaques personnelles parce que je reconnais à tout le monde le droit de se poser des questions sur le nucléaire. A ce moment là il faut aussi le faire sur le reste et particulièrement sur la Chimie, l’utilisation du charbon, les pesticides, mais aussi les virus qui participent de la pollution biologique ... [Bhopal par exemple avec 4000 morts directs pour la Chimie entre autres, AZF ..]


      Il faut avoir une démarche scientifique et peut-être prendra-t-on alors conscience que le nucléaire est loin d’être le plus gros pollueur et qu’il y a au moins une démarche de maîtrise de tout le cycle, jusqu’à l’élimination des déchets par transmutation ou combustion [nous devons aux gouvernements successifs depuis la gauche plurielle de ne pas avoir suffisamment financé les études sur cette voie inscrite dans la loi Bataille de 1991] ;
      Avant d’avancer des affirmations sur Tchernobyl renseignez vous [vous avez la version de Greenpeace qui n’a rien à voir avec la réalité à tous points de vue] et sur Fukushima Daiichi (dont l’impact sanitaire a été estimé unanimement comme faible) et où les conditions accidentelles n’ont rien à voir, sur le plan de l’intensité, avec ce qui menace potentiellement Fessenheim.

      Mais ne revez pas. Fessenheim ne fermera pas parce que ce n’est pas possible de le faire dans le contexte du réseau électrique en France et Europe. 

      D’ailleurs le projet de Loi [ou feu le projet] sur la soi-disant « transition énergétique », qui est en fait une loi de finance pour la bulle financière que constituent les EnR éolien et PV, laisse l’initiative à l’EDF. 

      Mais le nucléaire chez nous est très atteint par la liquidation de sa recherche, ce n’est pas le seul secteur ; C’est un pilier industriel et énergétique de notre pays que l’on tue à petit feu ;

      La facture de ces mauvaises orientations politiques dont la France a été victime, depuis Mitterrand en gros, est en train de tomber ; Malheureusement les gens anesthésiés par les médias et leurs idéologies n’en ont pas conscience. 

    • Patrick Samba Patrick Samba 26 août 2014 13:53

      Livier68, sa description : « LE PERSONNEL DE LA CENTRALE DE FESSENHEIM VOUS INFORME INFORMEZ VOUS »

      Puisque votre projet est d’informer, informez !! (sinon on pourrait penser que vous cherchez en fait à manipuler...)

      - En Alsace, la CGT Equipement demande la fermeture de la centrale de Fessenheim - Reporterre

      -En Alsace, la CGT Equipement demande la fermeture de la centrale de Fessenheim - Reporterre


    • Patrick Samba Patrick Samba 26 août 2014 13:55

      erratum :

      -Fessenheim | Une fissure dans la façade pronucléaire de la CGT                                               


    • JMBerniolles 26 août 2014 14:21

      La réalité se lit ainsi :


      « malgré quelques anti nucléaires en son sein, la CGT s’oppose à la fermeture de Fessenheim »

      L’équipement c’est la branche de l’EDF qui passe les commandes d’outils de production électrique, qui suit leur réalisation y compris dans les usines et sur les chantiers.

      Je doute que la CGT de l’équipement Alsace soit unanime à condamner le nucléaire. 
      D’autre part, les responsables qui ont pris cette position contraire à la ligne générale ont employé un argument technique faux.

      L’arrêt de la centrale de Fessenheim aurait des répercussions néfastes sur le réseau électrique.
      C’est tellement vrai que c’est une des raisons majeures qui font que Fessenheim ne fermera pas.



  • bernard29 bernard29 26 août 2014 11:15

    Ah ! Baupin est le compagnon de la secrétaire nationale d’EELV ! j’avais aussi cru comprendre que avant son ascension politique, Duflot, était la compagne de Placé ... La parité chez les Verts, du moins au sein de « La Firme », ça va assez loin semble t’il !!


    • TSS 27 août 2014 18:56

       quand elle etait ministre ,son compagnon etait le frère de bertrand Cantat ... !!


  • TSS 27 août 2014 19:09

     Qu’a t’on à faire de l’arrêt de Fessenheim quand on voit que cela fait 30 ans que les apprentis

     sorciers d’EDF essaient de demanteler Brennilis pour un coût 20 fois plus elevé que prevu au

    départ et qu’ils n’y sont toujours pas arrivés.

     De plus une centrale est aussi dangereuse à l’arrêt qu’en marche... !!
     


    • Patrick Samba Patrick Samba 28 août 2014 14:41

      « Qu’a t’on à faire de l’arrêt... » (...) «  De plus une centrale est aussi dangereuse à l’arrêt qu’en marche... !! » :

      Sans doute êtes-vous de ceux, ces aigris, ces suicidaires qui espèrent que survienne en France un accident de l’ampleur de Tchernobyl ou Fukushima, plutôt que de combattre ou de continuer à combattre.
      Pensez comme cela si c’est le seul moyen pour vous de survivre, et qui plus est dans la misère psychologique, mais pensez ainsi en le disant clairement et non pas en tentant de manipuler ceux qui vous écoutent ou vous lisent..

      Bien évidemment qu’un réacteur dont on a retiré les barres de combustible est incomparablement moins dangereux qu’un réacteur en marche.


  • hans 31 août 2014 12:23

    Il n’aura (comme en Belgique) pas le choix, les « incidents » vont devenir de plus en plus grave et il faudra bien « fermer », mais là on verra que cela , on ne sait pas faire....


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