De la COP 21 au Flop 21
Soyons réalistes, comment la rencontre internationale parisienne pourrait-elle accoucher d’un bébé présentable, quand l’on découvre la modestie des engagements mondiaux, et quand l’on sait que les lobbys contrôlent déjà tout ça ?
Le bilan est prévisible…et on pourrait d’ores et déjà se donner rendez vous pour la COP22.
Mais découvrons les modestes propositions des différents pays qui seront présents.
170 pays ont fait des promesses, ce qui pourrait être considéré comme « encourageant », sauf que les promesses sont largement insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil des 2°C.
Fixer le délai à 2050 pour réussir le changement énergétique manque déjà singulièrement d’ambition, d’autant que ce qui est proposé n’est pas très novateur…et que les pays émergeants ne sont pas très enthousiastes…comment ne pas les comprendre ?
Nous avons pollué la planète en toute impunité pendant des dizaines d’années, et alors qu’ils sont juste en train de tenter de sortir la tête de l’eau, nous leur demandons de ne plus utiliser ni le charbon, ni le pétrole…
De plus, nous leur proposons de remplacer ces énergies polluantes par le nucléaire, dont chacun sait que ce n’est pas une solution acceptable.
Prenons un pays au hasard, l’Indonésie, elle vient de provoquer l’une des plus graves catastrophes environnementale de ce siècle, en ayant mis volontairement le feu à ses forêts, tout ça pour produire de l’huile de palme.
D’après Marion Zipfel, journaliste française indépendante qui vit à Singapour depuis 6 ans là bas, la « saison des fumées » ne s’est jamais éternisée si longtemps : « parfois les fumées des feux de forêts venant d’Indonésie arrivent en juin, mais cette année, la sécheresse persistante a prolongé le phénomène dans une dimension jamais atteinte (…) tout le monde porte des masques et on scrute en permanence les sites Internet qui annoncent les niveaux de pollution, très toxique, mais aucune étude n’a jamais été faite sur l’impact de ces fumées sur la santé. ». lien
Or l’Indonésie annonce « moins 29% d’émissions en 2030, s’engageant à passer à -41%, si elle bénéficie d’aides financières ».
Qui peut croire que ce pays renoncerait à l’exploitation de l’huile de palme, puisque cette industrie représente pour eux une manne financière capitale ? lien
La Chine, 1er émetteur mondial de gaz à effet de serre, dit vouloir réduire de 60 à 65% ses émissions…au plus tard en 2030…dans 15 ans donc.
Les USA ne font pas mieux, en annonçant une probable réduction de ses émissions d’ici à une dizaine d’années…
Quand à l’Union Européenne, elle promet de réduire ses émissions de 40% d’ici à 2030, dénotant un sérieux manque d’ambition.
Le plus « original » est peut-être le Japon, qui compte sur le retour de l’énergie nucléaire pour réduire ses émissions de 26%.
Ne souriez pas…
La France est-elle un exemple à suivre ?
Elle a décidé d’offrir aux 195 chefs de délégation une belle pomme rouge, avec en inclusion la Tour Eiffel.
Il parait que ce message est destiné à faire comprendre que ces pommes pourraient disparaitre si rien de sérieux ne se décidait pour enrayer la courbe dramatique du changement climatique.
Ne sommes-nous pas dans une simple opération de communication ?
En tout cas la réalité démontre facilement, que, même si quelques avancées sont faites dans notre pays, nous ne sommes pas en pointe dans le domaine des énergies propres.
Alors que l’Allemagne a pu créer 400 000 emplois dans le domaine des « renouvelables », la France n’en a créé que le ¼ …et comme le dit clairement Greenpeace, c’est la toute puissance de l’industrie nucléaire qui bloque la transition énergétique.
Attachons nous à découvrir les mécènes qui ont financé en partie ces journées : EDF, Sanofi, Suez environnement, et quelques autres, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils sont mal placés pour donner des leçons.
La liste des propositions des autres pays est sur ce lien.
On découvre donc que le nucléaire, malgré les dangers qu’il véhicule, est considéré comme recevable.
Pourtant le mensonge véhiculé par les lobbys nucléaire a fait long feu : ils se prévalaient d’un bon indice carbone, mais des experts attentifs ont fait valoir à EDF que le nucléaire n’était pas innocent en matière de rejet de CO², et que la fable d’un nucléaire providentiel n’était qu’un triste mensonge.
Le nucléaire ne sauvera donc pas le climat.
Il produit peut-être moins de CO2 que le charbon, ou le pétrole, mais il en produit, et il ajoute à son bilan, un échec financier évident, et surtout, il est porteur d’un risque d’accident majeur, (remember Tchernobyl, Fukushima), sans pour autant proposer une solution pour la gestion des dangereux déchets produits.
Pourtant, le GIEC, qui est pour beaucoup à l’origine de la prise de conscience concernant le changement climatique (Groupe d’Experts Intergouvernementaux sur l’Evolution du Climat) affirme contre toute attente que l’énergie nucléaire fait partie de la solution pour réussir la transition énergétique. lien
En réalité, le climat ne peut être sauvé que par les énergies propres : le solaire, le méthane fabriqué, l’éolien, l’hydraulique, et tant d’autres technologies qui ont fait leur preuve.
Chacun sait aujourd’hui que les solutions propres peuvent donner suffisamment d’énergies à tous le pays, sans produire de CO2, et sans déchets ingérables.
D’ailleurs le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) est encore plus pessimiste, et assure que nous allons vers une augmentation de 3 à 3,5°C, si on s’en tient aux engagements déjà pris pour la COP21. lien
Il ne faut donc rien attendre de cet ixième sommet mondial, ce que confirme un sondage récent pour lequel 59% des français sont d’ores et déjà convaincu qu’elle sera un échec. lien
Du coté de l’imagination, il ne faudrait pas oublier les solutions discutables proposées par quelques scientifiques apprentis sorciers qui ne proposent pas moins que de stimuler le plancton, de peindre tous les toits en blanc, d’envoyer des miroirs dans l’espace... lien
Comment s’étonner dès lors qu’ils soient de plus en plus nombreux ceux qui ont choisi des énergies alternatives, sans attendre que nos dirigeant prennent enfin les bonnes solutions.
Économie de partage, chère à Jeremy Rifkin, donc partage de l’énergie, laquelle est consommée sur place ou véhiculée le moins loin possible est une partie la solution. lien
Une isolation des bâtiments appliquant un coefficient de 0,6 permettrait de fermer 18 des 58 réacteurs nucléaires du pays.
L’arrêt du gaspillage généralisé de l’électricité, passant par celui du chauffage électrique, de l’utilisation de systèmes d’éclairages peu énergivore, de l’extinction des feux de tous ces bâtiments administratifs ou privés, qui sont éclairés des nuits entières, permettrait de fermer 18 autres réacteurs.
Quand on sait que l’hydraulique, toutes technologies confondues, permettrait de remplacer 10 autres réacteurs, que l’eau chaude du sous sol représente l’équivalent de 15 autres réacteurs nucléaires, on découvre que des solutions simples à mettre en place, représentent l’équivalent de 61 réacteurs nucléaires, (notre pays n’en compte que 58) alors qu’il reste encore comme possibilités propres le solaire, l’éolien, et le méthane fabriqué. lien
Mais au-delà de ces solutions connues déjà depuis quelques lustres, il en existe tant d’autres.
Les habitations à énergie positive, qui au lieu de consommer produisent leur propre énergie…
Et puis l’énergie magnétique, qui peine à émerger et qui pourtant est une solution si simple et si peu énergivore.
Une vrai COP21 aurait dû décider de ne plus toucher aux énergies fossiles, nucléaire y compris, et d’utiliser les énergies que nous pouvons fabriquer chaque jour, à chaque coin de la planète, en utilisant par exemple nos propres déchets…déjà, de nombreux territoires se sont rendus quasi énergétiquement autonomes, comme la Bretagne, par exemple…lien
Quand on réalise les drames qu’entraînent aujourd’hui le pétrole, le charbon, le nucléaire, on peut légitimement s’interroger sur les choix de nos dirigeants.
Sans le pétrole, la guerre que mène Daech serait vite privée de ressources…même si ce n’est manifestement pas la seule source du financement de ce terrorisme…
Aux USA, dans le Kansas, Greensburg, une commune au nom prometteur, a tourné la page du pétrole et ne fonctionne plus qu’aux énergies vertes.
Elle vient de décrocher le pompon de la première ville américaine qui ne tourne qu’aux énergies propres. lien
Ailleurs dans le monde, à Totnes, à Feldheim, et ailleurs, la transition est déjà une réalité. lien
Pourtant, on sait déjà que la décision prise par la COP21 inclura dans son projet ce nucléaire si dangereux, et sans avenir.
Car comme dit mon vieil ami africain : « si tu ne peux être une étoile au firmament, soit au moins une lumière chez toi ».
L’image illustrant l’article vient de : « contrepoints.org »
Merci aux internautes pour leur aide précieuse, et merci particulier à Lisa qui m’a inspiré le titre de l’article.
Olivier Cabanel
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