vendredi 24 juin 2016 - par Sylvain Rakotoarison

Brexitquake

« Les avantages globaux de l’appartenance à l’Union Européenne sont considérables. Alors que les partisans du Brexit s’évertuent à distraire les électeurs, leurs arguments économiques ont été complètement démontés par tous : du Président des États-Unis aux petites et moyennes entreprises du Yorkshire. Il n’y a là-dessus aucun doute : quitter l’Union Européenne nuira aux entreprises (…) et videra nos poches. » (Jo Cox, "Yorkshire Post", le 10 juin 2016).



Ne jamais se fier aux sondages si l’on ne prend pas en compte leur intervalle d’indétermination. Au début de la nuit, les promoteurs du "Bremain" pensaient avoir gagné. On savait que le résultat serait serré. Il l’est. Les bureaux de vote ont fermé ce jeudi 23 juin 2016 à 23 heures (heure de Paris) au Royaume-Uni pour le référendum sur le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne.

Plus de 17,4 millions de sujets britanniques ont préféré leur insularité à l’union des forces de l’Europe dans un monde globalisé. Le "Leave" l’a emporté avec 51,9% des voix sur le "Remain" 48,1%. La participation électorale fut élevée, à 72,2%. Mais au-delà du résultat national, deux parties du royaume se sont distinguées : l’Écosse a voté à 62,0% pour le maintien et l’Irlande du Nord aussi, à 55,8%.

Les ondes de choc seront nombreuses et désastreuses.
Personne n’est capable d’en prévoir un dixième.

La première onde fait chuter la livre sterling (au plus bas des trente dernières années) et les bourses en général, mais ce n’est qu’une considération matérielle. Plus politique, elle encourage les leaders extrémistes d’autres pays européens (Pays-Bas, Autriche, France) à faire comme les Britanniques et à organiser aussi leur référendum de sortie. Toujours dans cette première onde, l’intégrité même du Royaume-Uni commence à s’effriter. L’Écosse considère que son avenir doit rester au sein de l’Union Européenne et le Sinn Fein réclame de son côté un référendum pour l’unification de l’Irlande, remettant en cause des accords de paix qui n’ont même pas vingt ans d’âge. L’Espagne elle-même, qui revote ce dimanche 26 juin 2016 après l’incapacité de former un gouvernement, est en proie à la partition en Catalogne et au Pays Basque…

Le pari de David Cameron a été risqué et il a perdu. Pas tout. Il aurait pu rester à court terme Premier Ministre puisque les députés conservateurs eurosceptiques, en particulier Boris Johnson, lui ont adressé une lettre, avant l’annonce des résultats, pour lui dire de continuer à gouverner car il avait reçu l’an dernier un mandat de cinq ans. Mais il est peu probable que David Cameron, dans un processus de deux ans, puisse raisonnablement mener les négociations d'une sortie contre laquelle il s’est battu pendant cette campagne référendaire. David Cameron a annoncé finalement dans la matinée du 24 juin 2016 qu'il démissionnerait à brève échéance (avant septembre 2016).

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Je suis bien entendu triste et inquiet par ce résultat qui s’impose puisque c’est celui, libre et sincère, des électeurs britanniques. Le résultat aurait été inversé, il m’aurait soulagé, certes, mais il aurait cependant montré de la même manière que le Royaume-Uni est profondément divisé en deux, en deux camps. Comme l’Autriche, comme de nombreux pays (la France à chaque second tour de l’élection présidentielle). Les décisions démocratiques sont souvent prises, maintenant, avec des courtes majorités, ce qui prouve d’ailleurs l’intérêt de ces consultations, puisque les peuples sont très partagés.

Que le Royaume-Uni souhaite reprendre son isolement et s’éloigner du continent, c’est son droit le plus respectable à partir du moment où c’est son peuple qui l’a décidé. Ce qui m’attriste, ce sont les raisons invoquées pour sortir.

La députée sauvagement assassinée le 16 juin 2016, Jo Cox, avait laissé une dernière tribune pour prôner le maintien, dans le "Yorkshire Post" le 10 juin 2016 : « De grâce (…), ne vous laissez pas avoir par tout ce baratin qui voudrait que le seul moyen de répondre aux problèmes posés par l’immigration soit de voter la sortie de l’Union Européenne. C’est tout simplement faux. L’immigration est un sujet de préoccupation légitime, mais elle n’est pas une bonne raison de quitter l’Union Européenne. (…) Nous sommes plus forts, plus en sécurité et plus prospères dans l’Union Européenne. » (traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria pour "Le Monde" du 22 juin 2016). L’avenir montrera qu’elle avait raison. Mais on a toujours tort politiquement quand on perd une bataille électorale.

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Les répercussions d’abord économiques sur le Royaume-Uni seront redoutables. Peut-être même un nouveau choc après celui de l’automne 2008. Comme les économies nationales sont imbriquées, il y aura des répercussions forcément dans les autres pays et d’abord en France et en Allemagne, mais aussi aux États-Unis.

Cette vague populiste n’est pas unique au Royaume-Uni et elle est présente sur tout le continent européen, et s’exprime de différentes manières d’ailleurs, se différenciant de l’extrême droite en Italie, par exemple.

Que l’Union Européenne soit décriée n’est pas une réflexion nouvelle. En France, cela a commencé avec la campagne référendaire sur le Traité de Maastricht en septembre 1992. Cela s’est poursuivi avec la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen (TCE) en mai 2005.

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Le rejet de l’Europe n’est pas dû aux partis populistes qui, au contraire, ne font que surfer sur une vague existante. La raison principale est à chercher parmi ceux qui ont continué à construire l’Europe depuis une vingtaine d’années sans avoir une seule idée de l’horizon qu’ils voulaient esquisser (Enrico Letta en a très bien parlé dès novembre 2013), une Europe purement comptable, sans âme, sans identité, sans perspective morale, politique. Seulement financière. Cela ne peut être satisfaisant quand un peuple est toujours en demande de transcendance, malgré le déclin (heureux) des idéologies.

Que ce soit Jacques Chirac, Lionel Jospin, François Hollande, aucun n’a montré (malgré les idées d’origine de François Hollande qui était l’un des plus proches disciples de Jacques Delors), dans ses actes, de ferveur européenne. Je mets de côté Nicolas Sarkozy dont le thème européen n’a jamais été la priorité pour lui mais qui, au contraire, dans les faits, a agi efficacement pour éviter l’immobilisme et l’enlisement institutionnel.



Plus généralement, toute la classe politique qui a gouverné la France depuis un quart de siècle, s’est systématiquement défaussée sur Bruxelles et les "eurocrates" pour refuser d’assumer ses propres décisions politiques. En effet, toutes les directives de la Commission Européenne ont été approuvées voire élaborées par les gouvernements français. La politique de Bruxelles a donc toujours été la politique de Paris. Mieux : le texte du TCE était un texte d’inspiration française (travaux présidés par Valéry Giscard d’Estaing) et jamais plus dans l’histoire européenne la France n’aura l’occasion de marquer aussi fortement de son empreinte, de son esprit, de ses traditions, le continent européen.

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Pour les vingt-sept autres pays de l’Union Européenne, ce Brexit n’est pas une douche froide mais un véritable tsunami politique. Il est donc urgent de bouger, de réformer, de donner des perspectives politiques aux peuples européens, de donner du sens aux structures. Il est urgent de traduire le mécontentement populaire parfois justifié dans le cadre d’un nouveau système européen.

Tout le monde d’ailleurs le conçoit. Avec les institutions européennes, nous sommes au milieu du gué depuis 1992 et nous n’avançons plus. Certains préfèrent reculer pour rejoindre la rive de départ. D’autres voudraient au contraire rejoindre l’autre rive, celle d’arrivée, celle de l’union renforcée. Si le Brexit place le sujet européen pour la campagne présidentielle en France, ce sera une bonne chose. Il faut que ce soit "le" clivage électorale de 2017.

Car c’est cela qui manque, aux Français comme aux Européens : de la créativité, de l’imagination. L’union des pays européens pour se renforcer face à d’autres grands ensembles économiques mondiaux (la Chine, l’Inde, le Brésil, etc.) est une nécessité économique que seuls l’ego, la nostalgie d’une puissance historique dépassée, l’arrogance et même une certaine condescendance refusent d’admettre.

Il faut achever le travail avec méthode. Il faut d’abord se donner des objectifs clairs. Premièrement, il faut démocratiser les institutions. Cela signifie encore renforcer les pouvoirs du Parlement Européen, seule instance démocratique élue au suffrage universel direct. Mais il faut aussi obliger les élus européens à rendre des comptes. Et d’abord, à communiquer. Qui connaît les députés européens ? Qui connaît leur action ? La carence des médias (en France en particulier) est à cet égard extrême.

Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem et fervente europhile, expliquait sur une chaîne info cette semaine que le Traité transatlantique pouvait être intéressant, notamment parce que cela permettait de garder la maîtrise des normes face à l’industrie chinoise ou indienne. Normes technologiques, et on sait que c’est une bataille économique fondamentale (il suffit de connaître l’histoire de l’industrie informatique pour s’en persuader).

Mais ainsi négocié, le Traité transatlantique paraît opaque, flou, inquiétant. Marielle de Sarnez disait qu’il aurait fallu que François Hollande prît l’occasion d’une intervention télévisée dédiée pour expliquer longuement aux Français, car c’est un sujet important qui engage l’avenir de la France, qu’il avait donné un mandat à la Commission de Bruxelles pour aller négocier avec le gouvernement américain, expliquer l’intérêt de la France à traiter commercialement avec les Américains, expliquer aussi quelles sont les lignes sur lesquelles la France ne transigera pas (les normes environnementales, sanitaires, les appellations contrôlées, etc.).

Aucun travail d’explication n’a été fourni alors que c’était du devoir du gouvernement français. C’est comme si les gouvernants appliquaient la politique européenne comme un rituel mais qu’ils n’avaient pas compris pourquoi ils l’appliquaient, si bien que les peuples maintenant ne comprennent pas non plus et on ne peut pas le leur reprocher.

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Il faut être pragmatique. Le peuple britannique devra assumer les conséquences de son acte. Je les espère les moins dévastatrices sur le plan économique et social. Mais ceux qui restent, dans l’Union Européenne, ont aussi un devoir de réaction forte si l’on ne veut pas voir ce continent se déliter politiquement.

L’idée européenne était belle, elle le reste. Son but est d’abord de préserver la paix. Cette paix, qui est présente depuis plus de soixante-dix ans en Europe de l’Ouest, paix, liberté, démocratie, elle pourrait toujours être remise en cause à l’occasion d’un accès de fièvre populiste. Se rappeler le 30 janvier 1933. La République de Weimar était un régime démocratique. La paix est toujours fragile. Rien n’est jamais acquis. Bouder la construction européenne est comme un enfant gâté crachant dans la soupe, qui n’a jamais connu la guerre, et qui ne sait pas le prix de la paix.

Il faut donc que les promoteurs de la construction européenne s’affirment clairement, sans en avoir honte, remettent du cœur à l’ouvrage et pas seulement de la raison, pour rappeler les progrès accomplis grâce à l’Europe : paix, libre circulation des personnes et des biens, harmonisation des diplômes, échanges de jeunes (Erasmus), monnaie unique (l’euro a été un élément majeur de progrès, quoi qu’en disent ses détracteurs), etc.

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Quand on écoute l’europhobe Nigel Farage, le chef de l’UKIP, dire le soir du 23 juin 2016 que toutes ces institutions européennes coûtent cher, il ne manque pas d’air puisque depuis 1999 (bientôt vingt ans, son mandat se termine en 2019), il n’a vécu alimentairement qu’au crochet financier de l’Union Européenne qu’il dénonce !

Tout comme toute la clique du FN depuis juin 1984 dont les élus sont grassement payés (comme ceux des autres partis du reste) à démonter quotidiennement les institutions qui les nourrissent. Nigel Farage avait pour thème favori de dire que tous ceux qui faisaient la promotion de la construction européenne n’étaient pas fiables car ils étaient payés par l’Europe… mais lui aussi, est financé par l’Europe, pour la dézinguer, et il y est parvenu !

La réaction raisonnable au Brexit, c’est donc d’en prendre note mais surtout, de ne pas rester dans un statu quo qui sera désastreux pour l’Europe, qui verra alors chaque pays, un à un, s’en aller. Il faut donc d’urgence un nouveau plan de relance, qui redonne foi et identité à l’ensemble des peuples européens, sur la base d’un accord concerté et accepté par les peuples eux-mêmes.

C’est plus facile à dire qu’à faire. L’ennui, c’est que la France est l’un des pays moteurs d’une telle relance. Or, cela fait quatre ans que François Hollande annonce qu’il faudrait relancer l’Europe sans jamais rien faire. A-t-il voulu attendre le Brexit pour agir, comme un pompier endormi qui se réveillerait quand tout le territoire n’est plus que ruines et désolation ? Angela Merkel a-t-elle réellement la volonté d’aller dans le même sens ?

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La seule chose qui serait intéressante, c’est que le Brexit réveille les dirigeants européens pour agir. Quant aux investisseurs de Londres qui vont s’éloigner du Royaume-Uni, la concurrence risque d’être rude entre Paris, Bruxelles, Francfort, Milan, peut-être pas Barcelone, pour les accueillir.

La présidente du conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse, a déjà proposé, le 22 juin 2016, aux investisseurs de venir s’installer à Paris, l’une des régions les plus dynamiques économiquement du continent. Avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, et le président du conseil général des Hauts-de-Seine Patrick Devedjian, elle a initié l’opération "Welcome to Europe".

Faire d’un échec retentissant la base d’un futur succès, c’est le réflexe sain du pragmatisme. En attendant de redonner de l’âme aux institutions européennes...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 juin 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Brexitquake.
Boris Johnson.
To Brexit or not to Brexit ?
L’euro.
Le conflit syrien.
Les réfugiés syriens.
La construction européenne.
Jo Cox.
Élisabeth II.
Un règne plus long que celui de Victoria.
Philip Mountbatten.
Vive la République !
David Cameron.
Margaret Thatcher.

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13 réactions


  • Clofab Clofab 24 juin 2016 18:17

    Condoléances !


  • Ben Schott 24 juin 2016 20:01

     
    Pleure, Sylvain, pleure, c’est le pus qui sort !
     


  • Phoébée 24 juin 2016 21:02

    @l’auteur

    Pauvre merde .....


    • Enabomber Enabomber 24 juin 2016 22:59

      @Samson
      Oh, il connaît bien le peuple, c’est son grand-père banquier qui lui a tout expliqué.


    • Samson Samson 24 juin 2016 23:53

      @Enabomber
      Tout dépend évidemment ce qu’on entend par « écouter le peuple », mais de fait, voici une excellente occasion pour lui de plaider l’extension de la surveillance électronique- votée à l’unanimité sous la sainte bannière de la liberté d’expression après Charlie et déjà exercée sur tout le web hexagonal - à l’ensemble de l’U€. smiley


  • Pie 3,14 24 juin 2016 21:12

    Un bon article.

    Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec votre vision de démocrate chrétien.

  • Samson Samson 25 juin 2016 00:40

    @l’auteur
    Pour éloigner quelque peu vos idées noires, voyez l’excellent article de Catherine Tricot sur regards.fr : « Après le Brexit, refaire l’Europe ».

    Extraits :
    « Va-t-on longtemps cultiver ce paradoxe que l’extrême droite demande de consulter les peuples et que les »sages« responsables, les tenants de la bonne »gouvernance« , les dirigeants européens »raisonnables« s’exclament en cœur que laisser le peuple s’exprimer est du »populisme«  ? »

    « L’idée européenne, celle-là-même qu’exprime la devise »Unie dans la diversité« , se disait une perceptive de commun. Mais le commun est devenu le marché commun. Et l’union est devenu le marché unique : tout ou presque s’est réduit au marché... »

    En vous présentant mes cordiales salutations ! smiley


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 25 juin 2016 09:39

    Bonjour,
    .
    « Les avantages globaux de l’appartenance à l’Union Européenne sont considérables. ... »
    — Fin de citation —
    .
    Les avantages pour les banques privées et les multinationales certes
    mais pas pour les PME’s qui se plaignent de la complexité administrative, des taxes bien plus élevées que celles des multinationales, sans parler des inconvenants pour les citoyens « lambda », le chômage qui n’arrête pas de monter en flèche depuis 8 ans.
    .
    Les patrons de PME sont surchargés de tâches administratives
    http://www.lefigaro.fr/entrepreneur/2014/10/08/09007-20141008ARTFIG00152-les-patrons-de-pme-sont-surcharges-de-taches-administratives.php
    .
    3% de PIB, le coût de la complexité administrative : le chiffrage de ce qu’une vraie réforme de simplification apporterait à l’économie française
    Selon l’OCDE, 60 milliards d’euros par an partent en fumée à cause de la complexité de l’administration en France.
    80% des lois émanent de la commission européenne.
    http://www.atlantico.fr/decryptage/3-pib-cout-complexite-administrative-chiffrage-qu-vraie-reforme-simplification-apporterait-economie-francaise-stanislas-1042714.html
    .
    A Toulouse, la colère des agriculteurs contre les lourdeurs administratives européennes
    Plus d’une centaine d’agriculteurs de la Haute-Garonne ont brûlé du papier devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), mercredi à Toulouse, pour protester contre la lourdeur des déclarations de cultures de la nouvelle politique agricole commune (PAC). Des déclarations indispensables pour percevoir les aides européennes, qui forment la moitié de leur revenu.
    http://www.lesechos.fr/25/02/2016/lesechos.fr/021723561167_a-toulouse—la-colere-des-agriculteurs-contre-les-lourdeurs-administratives-europeennes.htm
    .
    Connaissez vous le vrai fonctionnement dictatorial de l’UE ?
    .
    Il me semble que non, c’est pour cette raison que je vous invite à regarder la vidéo suivante.
    https://www.youtube.com/watch?v=TR2EiJaIXCE
    .


  • bakerstreet bakerstreet 25 juin 2016 10:37

    Bravo pour votre article qui tranche avec la plupart, très bas du front, et de plafond, si je peux me permettre. On observe en effet que le choix britannique est applaudie par beaucoup, analysé comme un retour du frustré, très réflechie. Hors, ceci est juste le coup de poing imbécile envoyé à la tronche du premier leurre venue pour se décharger de tant d’années de frustration. L’europe est en effet le bad boy qu’on désigne partout, des politiques aux médias, pour justifer les errements, les choix foireux, en un mot le parfait bouc émissaire. 

    Hors la politique européenne est justement le fruit pourri des plus libéraux, et justement des britanniques, qui n’ont absolument pas voulu d’une europe politique, sociale. Désigner l’europe comme l’ennemi obeit de plus à un vieux fond réactionnaire et historique, présent en Angleterre depuis des lustres. Le vieux jeu : Tatcher,Major, et Cameron se sont acharnés à jouer avec le feu, jouant au pompier pyromane. Là, Cameron a été complètement dépassé par l’incendie qu’il avait allumé, un extincteur à portée de main. 
    On pourrait en rire, certains applaudissent, disant « bravo l’artiste », alors que ce brixit n’est qu’une erreur d’artificier. On savait que certains se faisaient exploser avec une bombe sur le ventre, mais on n’avait pas encore vue la version politique, à ceci prêt que Cameron pensait bien qu’il allait la désamorcer à temps.
    Ce 52-48 ne correspond à rien, C’est juste une lame de fond composé d’immondices et de courants divers, charriant les eaux de pluie et celles du fleuve, et que certains appellent « choix démocratique ». Mais la démocratie, ce ne sont pas les eaux qui rentrent dans la centrale d’épuration. Peut être faudra t’il du temps maintenant pour la traiter. On observera ce qui en sortira. A moins que cela soit un leurre, et que la grande bretagne enclenche très vite la marche arrière, ayant enclenché sa marche arrière en bordure du vide, évoquant je ne sais quelle vis de forme et de procédure. 

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 25 juin 2016 13:47

      @bakerstreet

      vous répondez à côté de la plaque, et vous faites des procès d’intentions.

      Si la GB se casse la figure, ça apportera de l’eau à votre moulin, vous vous en réjouirez. En fait on n’en sait rien pour le moment.

      D’ailleurs ce n’est pas la question qui était posée


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 25 juin 2016 17:38

      @bakerstreet

      Si vous constatez vous même que la politique européenne est un « fruit pourri », alors il faut en sortir. Mais, en fait non, il faut y rester.

      Pour faire quoi ?

      Ce 48/52 ne correspond à rien. Que n’aurait-on pas dit si le résultat avait été inverse. Vous pariez sur la bêtise de vos semblables, à ce compte là supprimons la démocratie et les élections.


  • egos 25 juin 2016 18:32

    « c’est le réflexe sain du pragmatisme »

    Le pragmatisme (une filiation certaine avec l’empirisme) serait une qualité plus volontairement attribuée au tempérament britannique que continental.
    Quant à l’Europe, la soixantaine bien engagée, il semble bien tard pour qu’elle tienne ses promesses et comble les espoirs fondés à sa naissance,
    et porte ses fruits alors que les signes d’une sénescence précoce déjà pparaissent.
    A l’image de la séduisante Europe se substitue celle d’un ring à l’intérieur duquel s’affrontent une trentaine de boxers pugnaces au cours d’un combat clandestin organisé par des bookmakers.


    mythes & mythologies 

    Zeus fit trois présents à sa nouvelle conquête (Europe) : 
    • Une robe et un collier ; 
    • Un chien, Laelaps, qui ne laissait jamais échapper sa proie ; 
    • Un homme de bronze, Talos, dont la seule veine qui irriguait son corps de métal, était obturée par une cheville de métal. Il faisait chaque jour le tour de la crête et tuait tous les étrangers qui tentaient de débarquer.




  • alt57 alt57 26 juin 2016 05:32

    Ce n’est pas parce que l’UE est mal faite et son TCE inique, qu’il faut rejeter en bloc l’idée, sans avoir fait le minimum pour l’améliorer, voire la refondre et bêtement jeter le bébé avec l’eau du bain.


    Les anglais ne quittent pas l’UE, ils n’y ont jamais participé qu’en cotisant le moins possible pour en tirer les bénéfices, et en refuser les contraintes, voire même, à leur habitude, se faire tailler des avantages déloyaux.


    Fasse que ce « brexit » secoue et réveille les autres partenaires pour qu’ils refondent le TCE, notamment le statut scandaleux de la BCE et les prorogatives despotiques extorquées des technocrates pléthoriques et non élus de Bruxelles by a large ass kicking.


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