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Harlem Désir : "une certaine naïveté" face au Grand Marché Transatlantique

Les interventions publiques de nos responsables politiques sur le projet de Grand Marché Transatlantique sont rares. Harlem Désir, aujourd’hui numéro un du Parti socialiste (et donc présidentiable en puissance), s’était exprimé sur le sujet le 21 octobre 2009 au Parlement européen.

 

 

A cette époque, il met en garde ses collègues députés contre une certaine "naïveté" face à ce projet qui doit nous lier de manière toujours plus intime aux Etats-Unis d’Amérique :

"Je dois dire qu’il y a une certaine confusion dans l’attitude européenne, et parfois même une certaine naïveté, y compris au sein de ce Parlement, et certains dangers, dans la façon dont est abordée l’idée du Grand Marché Transatlantique, cette vieille lubie de sir Leon Brittan lorsqu’il était commissaire. [...] Nous ne devons pas subordonner notre propre modèle intérieur - modèle de société, modèle environnemental, modèle de développement - à l’amélioration des relations économiques, comme si elles étaient un but en soi. Nous devons être capables de combiner les deux, et nous devons ne pas dissoudre notre autonomie politique dans la recherche d’un partenariat qui, lui, est un objectif louable en lui-même."

 

Des paroles pleines de bon sens... qui rappellent étrangement celles prononcées le 26 juillet 1995 par Christine Chauvet, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur dans le gouvernement Juppé, qui avait ainsi justifié l’opposition de la France à ce projet de Grand Marché Transatlantique, défendu par l’administration américaine : « Ne soyons pas naïfs [...] cette initiative de libre-échange transatlantique est un des aspects de l’offensive commerciale américaine. »

 

Seulement voilà, en début de semaine, nous apprenions que l’Union européenne avait levé les restrictions qu’elle faisait peser jusque-là sur l’importation de plusieurs viandes américaines, "une décision constituant le premier pas vers un accord de libre-échange qui concernerait près de la moitié de la production mondiale." Mercredi, à Washington, la rencontre du commissaire européen au commerce Karel de Gucht et de son homologue américain Ron Kirk a permis de réaliser de "bons progrès" au sujet d’un tel accord. Karel de Gucht avait estimé en novembre dernier qu’il devrait porter sur l’élimination des droits de douanes, la libéralisation des services, l’accès aux marchés publics, la réglementation, les règles de concurrence, l’environnement et la propriété intellectuelle.

 

N’est-on pas là précisément en train de "subordonner notre modèle intérieur" (avec toutes ses normes) "à l’amélioration des relations économiques", comme le craignait Harlem Désir ? L’interdiction des importations de porcs vivants et de viande de boeuf lavée dans l’acide lactique était justifiée, jusqu’à ces derniers jours, par des objections de l’UE sur les conditions d’élevage et d’hygiène dans la production de viande aux Etats-Unis. Mais le problème a semble-t-il disparu... La Commission européenne a l’espoir d’une hausse de 0,5% du PIB européen. Quant à Harlem Désir, on attend fébrilement sa prise de position sur l’accord de libre-échange euro-américain en train de se mettre en place... lorsqu’il aura traité d’autres sujets apparemment prioritaires pour lui : le mariage gay, le droit de vote des étrangers aux élections locales, et le lancement des "ateliers du changement".

 

Jean-Luc Mélenchon a aussi le droit de se manifester... qui, en mai 2009, nous mettait en garde contre tous les dangers du Grand Marché Transatlantique. Dommage qu’il n’ait pas tenu ces propos sur TF1, France 2, Canal Plus... et de façon répétée. Cette vidéo pédagogique, publiée sur le compte Dailymotion du Parti de Gauche, a été vue 3500 fois...

 

 

"Un jour les gens vont s’en rendre compte..." (JL Mélenchon, BFM TV, 21 avril 2009) Et l’on retarde ce jour autant qu’on peut.

 

 

Mélenchon publie certes parfois sur son site des informations sur ce sujet, comme ici ou , et il nous renvoyait même, le 24 octobre 2012, vers une "Plateforme contre le transatlantisme" qu’il disait avoir lancée "il y a 2 ans déjà avec plusieurs personnalités". On y trouve notamment une liste d’articles bien documentés sur ce thème. L’ennui, c’est qu’hormis les habitués de son site, personne n’en a jamais entendu parler. Le mystère demeure donc : pourquoi des responsables politiques apparemment hostiles à ce projet (Mélenchon, Le Pen, Dupont-Aignan, toute l’extrême gauche, et même une partie du PS... je laisse de côté Asselineau qui n’a pas accès aux grands médias), ne l’évoquent-ils jamais dans leurs innombrables passages télévisés ou radio ?

 

Mélenchon écrit : "Le sujet est vaste et peu connu. Les grands médias ne se font en effet jamais l’écho des avancées vers cette "zone de libre échange +" de ce "grand marché intégré" qu’on nous prépare depuis des années dans le plus grand secret et que nous sommes peu nombreux à dénoncer." Mais n’est-ce pas facile de dénoncer ici les médias ? Mélenchon, Le Pen, Dupont-Aignan, Besancenot... et même Harlem Désir qui semblait si circonspect, ne passent-ils pas leur temps dans les médias ? Ils y sont invités plusieurs fois chaque semaine. Qui les empêche de parler de ce sujet, qui semble être à ce point important ? Les journalistes les bâillonnent-ils ? Certainement pas. Les forts en gueule précédemment cités ont le pouvoir de parler de ce qu’ils veulent, d’imposer leurs sujets. Ils sont donc les premiers responsables de ce silence, qu’ils viennent ensuite parfois dénoncer sur Internet.

 

Le 29 mai 2011 sur Méridien Zéro, Pierre Hillard, précurseur sur ce sujet du GMT, a reconnu (à son grand dam, lui le catholique convaincu) que Jean-Luc Mélenchon était le seul homme politique à l’avoir évoqué dans les médias, et prétend même que son intervention chez Bourdin faisait directement suite à la réception d’un de ses livres : La marche irrésistible du nouvel ordre mondial. Mélenchon aurait découvert le GMT après que l’éditeur de Pierre Hillard lui a envoyé son livre, ainsi qu’à divers hommes politiques de gauche et de droite. Hillard affirme avoir directement informé Marine Le Pen et Bruno Gollnish (plus proches de ses idées) sur le GMT, mais déplore qu’ils n’en aient jamais parlé (écouter la vidéo ci-dessous à partir de la 31e minute).

 

 

Le Grand Marché Transatlantique est censé permettre à l’Europe et aux Etats-Unis de résister à la Chine et de conserver le leadership mondial. Alors comment analyser la récente prédiction de la CIA sur l’état du monde en 2030, qui nous décrit une Chine dominante, des Etats-Unis encore dans le coup (qui pourraient devenir le premier producteur mondial de pétrole), mais une Europe quasiment inexistante ? En 2030, "l‘ère de la Chine forte se confirme. La CIA décrit l’Empire du Milieu comme la locomotive d’une Asie triomphante, plus puissante que les Etats-Unis et l’Europe réunis, en termes de populations, de PIB, de dépenses militaires et d’investissement technologique." Commentant ce rapport, et le très peu de place accordée à l’Europe, le journaliste Stéphane Marchand, ex-directeur adjoint du Figaro, déclare : "Ce qui est très intéressant dans ce rapport, c’est ce dont ils parlent très peu. Et ce dont ils parlent très peu, c’est de l’Afrique et de l’Europe. Manifestement pour les Américains – et d’ailleurs le comportement de l’administration Obama depuis quelques temps le décrit très bien – pour les Américains, l’Europe n’est pas une zone importante. Leur diagnostic, c’est que l’Europe ne va pas compter sur le plan géopolitique. Et en plus sur le plan économique, son intégration est menacée… Et la Zone euro, effectivement, l’hypothèse de l‘éclatement de la Zone euro est évoquée à plusieurs reprises dans le rapport."

 

Finissons en citant quelques extraits de trois des articles référencés sur la "plateforme contre le transatlantisme", dont il faut noter qu’ils datent tous de 2009 et 2010, et reprennent des éléments déjà dévoilés plusieurs années auparavant par Pierre Hillard :

"Le constat est limpide : là où le pouvoir politique ne leur tient pas tête, les sociétés multinationales imposent leurs dictats."

 

"Le premier objectif, fixé dès 1994, est de créer un marché commun et concurrentiel entre les USA et l’UE. Présenté comme une nécessité par le TPN, ce marché transatlantique va permettre aux plus grandes sociétés américaines et européennes de croître davantage. De cette manière, elles espèrent faire face à la concurrence de leurs homologues issus de pays émergents, phagocyter de plus petites sociétés (fusion, achat, sous-traitance), et gagner davantage de pouvoir d’influence sur les États.

 

Une fois atteint le marché transatlantique, le second objectif sera d’étendre ses règles de fonctionnement à l’échelle mondiale. Ensemble, les marchés européens et américains représentent environ 60 % du commerce mondial. Le TPN compte sur cet avantage quantitatif pour imposer (via la gouvernance transatlantique) des normes de fonctionnement uniformes sur toute la planète."

 

"Sous couvert d’instaurer un « libre marché » (un mot que nous avons qualifié de trompeur), il s’agit concrètement de renforcer à tous niveaux la liberté qu’auront les grandes entreprises de circonscrire la liberté de tout un chacun".

 

"Faite au nom de la mondialisation heureuse, l’Union transatlantique transforme le monde selon les besoins de multinationales qui cherchent à renforcer leur mainmise sur tous les aspects de notre vie."

 

"A nous, citoyens, militants associatifs, syndicalistes, écologistes, de renverser la vapeur. Demain dépend de ce que nous ferons aujourd’hui. Et il est temps de se mobiliser. Car, faute de résistances collectives, ce ne sont pas seulement nos conditions de vie qui sont en danger, c’est aussi (et surtout) la démocratie."

 

source

 

"Loin de n’être qu’une logique économique, le marché transatlantique nous pousse vers une rupture anthropologique, vers un changement radical dans la manière de nouer des relations humaines. Coincée entre le retour d’une organisation du travail oppressante et la peur grandissante de perdre sa place, notre relation à l’autre sera de moins en moins considérée sous l’angle de la richesse et de l’échange, et de plus en plus sous l’angle de l’utilité que l’autre peut procurer à notre statut dans la société. Dans cette rivalité perpétuelle sans plus d’objectifs communs pour nous guider, « l’autre » deviendra un danger permanent."

 

source

 

"La grande discrétion dans la construction des accords et l’accent ultralibéral de ceux-ci relèvent d’un déni démocratique et d’un abandon de l’outil politique, au profit d’une logique commerciale et financière sans relation avec les intérêts des citoyens ordinaires mais privilégiant ceux des multinationales."

 

"Si les accords transatlantiques devaient se concrétiser, l’Europe de demain ressemblerait encore davantage à une énorme société anonyme où le rôle des gouvernements se borne à faire la police, que ce soit pour réprimer les infractions aux lois du marché, ou pour garantir la bonne circulation des investissements, biens et services. Quant aux véritables décisions, elles seront de plus en plus le fait de multinationales privées, n’ayant de comptes à rendre qu’à leurs seuls actionnaires - lesquels investissent pour gagner de l’argent, et non pour préserver l’éthique, le social ou garantir une quelconque forme de bonheur humain."

 

"Ces accords ne sont pas un aboutissement, ils ne sont qu’une première étape. L’objectif des deux puissances est de créer, probablement avec l’appui du Canada et du Mexique, une zone de libre-échange de plus en plus large. Et il est probable que l’objectif final des grands groupes privés est de voir un jour naître un seul et unique « marché mondial », érigé sous la forme d’une « gouvernance universelle » où le pouvoir de décision leur appartiendrait."

 

source

 

Tags : Europe Construction Européenne Economie Politique Etats-Unis Information et Médias Démocratie International Jean-Luc Mélenchon Harlem Désir Grand Marché Transatlantique




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12 réactions à cet article    


  • 9 votes
    Arsene Icke Arsene Icke 9 février 2013 11:25

    Merluchon écoute les conférences d’Asselineau. C’est bien !


    • 3 votes
      BA 9 février 2013 11:55

      En septembre 2011, il y a eu une information importante :

       

      11 septembre 2011 :

       

      Budget de l’UE : neuf pays entament un bras de fer contre Bruxelles.

       

      Neuf pays européens, dont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni vont faire savoir lundi à la Commission que sa proposition de futur budget de l’UE (2014-20) est trop élevée face au contexte de rigueur généralisée, selon des sources diplomatiques.

       

      "La proposition de la Commission européenne est trop élevée. Les hausses de dépenses du prochain cadre multiannuel sont nettement excessives par rapport à ce qui est requis pour une stabilisation du budget européen", indique un projet de déclaration conjointe obtenu l’AFP, qui doit être rendu public lundi.

       

      Les ministres des Affaires européennes d’Autriche, du Danemark, d’Allemagne, de Finlande, de France, d’Italie, des Pays-Bas, de Suède et du Royaume-Uni doivent approuver ce document lors d’une rencontre lundi à Bruxelles, avant une réunion avec leurs homologues de l’ensemble de l’UE.

       

      http://www.20minutes.fr/economie/784994-budget-ue-neuf-pays-entament-bras-fer-contre-bruxelles

       

      Mais ça, c’était en septembre 2011.

       

      Ensuite, il y a eu mai 2012, l’élection de François Hollande. Et la France a changé de camp. Après mai 2012, la France a rejoint le camp des Etats européens favorables à une augmentation du budget européen.

       

      Enfin, il y a eu le vendredi 8 février 2013 : les chefs d’Etats et de gouvernements d’Autriche, du Danemark, d’Allemagne, de Finlande, des Pays-Bas, de Suède et du Royaume-Uni ont gagné une bataille historique.

       

      Ils ont obtenu une baisse de 3 % du budget européen.

       

      Et la France se retrouve dans le camp des vaincus.

       

      Pour la période 2014-2020, le budget de l’Union Européenne sera au niveau minable de 1 % du PIB de l’Union Européenne.

       

      Et il reste des bisounours qui croient encore à "l’Europe fédérale" ?

       

      J’éclate de rire !


      • 3 votes
        Walid Haïdar 9 février 2013 12:54

        Alors là Taïké vous êtes vraiment pas juste. Ca commence vraiment à bien faire cette manie d’accuser pour accuser, et de mettre tout le monde dans le même panier, alors que tout le monde n’est clairement pas dans le même panier. Sans le dire, vous accusez assez clairement Mélenchon de faire semblant de parler du sujet. Alors pourquoi en avait-t-il parlé sans que personne ne lui demande rien chez bourdin ? pour mieux cacher l’information ? Non mais j’te jure...


        Mélenchon se casse le cul à faire un compte rendu détaillé et analysé de toutes les séances parlementaires européennes, pour informer les gens, y compris sur cette affaire, qui n’est pas la seule au monde, et qui n’est pas forcément la plus urgente à traiter à chaque instant.

        Lorsqu’il passe à la télé, on lui pose certaines questions, et il y répond, les sujets sont choisis selon l’actualité politique, par les journalistes, et non pas par Mélenchon. Le grand marché transatlantique est un sujet, mais ces derniers temps il y avait les élections présidentielles, où il a parlé d’un tas de choses, dont la sortie de l’OTAN, autant qu’il a pu quand ça n’intéressait personne, la stratégie française notamment par rapport à son domaine maritime immense, la transition écologique, la réaffirmation de la voix française en Europe, tout ça, c’est de sujet éminents, tout aussi éminents que cette histoire de grand marché transatlantique. Il a aussi parlé d’ailleurs, très souvent, de l’attitude à adopter vis à vis des traité et des accords divers et variés : la France ne sera pas passive, et fera valoir la voix de son peuple, parce qu’il conçoit la démocratie comme truffée de référendum sur les choix d’orientation globaux, comme par exemple sur le nucléaire. Et depuis les présidentielles, il y a eu bien des sujets d’actualité importants à traiter.

        Faudrait arrêter cette manie, qu’a aussi Étienne Chouard dont par ailleurs j’apprécie le travail autant que celui de Taïké, c’est à dire beaucoup, de mettre tous les politiciens dans le même panier, et de jeter par dessus bord toutes les prises de positions et déclarations qui les différencient, juste pour le plaisir de dire "tous pourris", et de faire des procès d’intention mal inspirés.

        Parce que dans le registre du procès d’intention minable, je peux en faire un regardez, c’est facile :

        "Et pourquoi Taïké suggère sans le dire dans son article, que tous les politiciens se valent grosso modo vis à vis des grands enjeux politiques ? pourquoi fait-il sans le dire, mais dans le ton de son article, un procès d’intention à Mélenchon sur l’information qu’il délivre au peuple au sujet du GMT ? Mais c’est pour dire "tous pourris", le vieil adage de l’extrême droite, probablement parce que Taïké est lui-même d’extrême droite !"

        Voilà, ça pue, c’est de la merde comme "raisonnement", mais c’est un peu pareil.

        Qu’on se le dise : le peuple a AUSSI le droit de se sortir les doigts du cul. Mélenchon, ni personne de sérieux, ne peut prétendre être un guide pour le peuple qui lui met tout dans la bouche sur tous les sujets importants, tout le temps, chacun a un rôle à jouer, et Mélenchon n’est pas porte parole des anti-GMT, que je sache. Ce sont les citoyens mobilisés qui constituent l’avant garde de leur propre combat. Les gens qui choisissent de lire entre autres le blog de Mélenchon et tout ce qu’on y trouve, ont ces informations sur le GMT, et sur des tas d’autres sujets importants, et militent en conséquence. Ceux qui choisissent TF1 ont un autre type "d’informations".

        Il y a un milliard de sujets à traiter, et des dizaines de sujets fondamentaux, d’autres importants qu’on ne peut pas éluder quand ils font l’actualité sous prétexte qu’il faut parler du GMT. La réalité, c’est pas qu’on est des enfants rois qui faisons exactement ce qu’on veut quand on veut, il y a des contraintes, et on ne peut pas, concrètement, parler tout le temps du GMT parce que X et Y ont décidé que c’était le sujet le plus important du monde.

        Je trouve votre article mauvais, très mauvais, et c’est pourtant pas les critiques fortes qui manquent à propos de la société vue par Mélenchon. Lui reprocher de ne pas parler des sujets qui fâchent et de ne pas le faire en profondeur, est une plaisanterie, très mauvaise, c’est se foutre de la gueule du monde.

        • 4 votes
          Taïké Eilée 9 février 2013 15:07

          Merci pour ce long commentaire.

           

          1/ Je n’ai pas eu l’impression de mettre tout le monde dans le même panier, puisque précisément je dis (et Hillard confirme) que Mélenchon est le seul politique à avoir parlé du sujet dans les médias.

           

          2/ Je n’ai pas attaqué Mélenchon (dont vous êtes peut-être un sympathisant), j’ai seulement demandé ce que n’importe qui est en droit de se demander : pourquoi avoir abordé le sujet une fois chez Bourdin, nous avoir dit à quel point c’était crucial, et combien la discrétion dans laquelle le projet était conduit était scandaleux et constituait un déni de démocratie, pour ne plus jamais en parler ensuite ? (dans les grands médias j’entends, pas sur son site, que l’immense majorité des Français ne connaît pas) En démocratie, les citoyens doivent être des aiguillons pour les politiques et les journalistes (c’est cette attitude que j’ai eue ici), et pas seulement leur tresser des lauriers, même si on les apprécie. Il faut sortir de cette mentalité qu’ont souvent les militants politiques, qui montent au créneau dès qu’on ose faire la moindre petite remarque à leur leader. Ce n’est rendre service à personne.

           

          3/ Il y a beaucoup de sujets fondamentaux, dites-vous, et on ne peut pas parler de tout. D’après ce que je lis sous la plume même de Mélenchon, et dans les articles qu’il recommande, c’est un sujet MAJEUR, et il se plaint précisément que personne n’en parle. D’où mon interrogation, légitime je crois. Il n’y aucune insinuation ("tous pourris"), rien qu’une question légitime. Ne me dites pas que Mélenchon et les autres ne parlent que de sujets fondamentaux lorsqu’ils passent dans les médias, et qu’ils ne peuvent pas sortir des rails tracés par les journalistes. Ils sont bien capables parfois d’imposer leurs sujets. Vous dites que les gens devraient se renseigner par eux-mêmes et ne pas tout attendre des politiques... Certes, mais c’est un peu utopique. Par quel miracle un Français moyen, qui n’est pas un passionné de politique, aurait-il pu entendre parler du GMT ? Même Bourdin et d’autres journalistes ont reconnu ne jamais en avoir entendu parler avant que Mélenchon n’en parle en 2009... Dans une "démocratie représentative", les politiques ont un rôle d’information de leurs concitoyens.

           

          4/ Je rappelle enfin que Mélenchon n’est pas le centre de mon article, mais le GMT, dont on n’a jamais le temps de parler, mais qui doit théoriquement aboutir dans un an et demi (mi-2014).


        • 4 votes
          Walid Haïdar 9 février 2013 16:09
          Je ne tresse pas des lauriers à Mélenchon, mais clairement, je le défendrai toujours contre les attaques injustes et les procès d’intention inconsistants, toujours, parce que ce type est politiquement courageux, généreux, plutôt lucide, et va dans le bon sens, plus que tout autre sur la scène actuelle, de mon point de vue évidemment. Quand il est assez minable, comme dans l’affaire René Balme par exemple, je ne me prive pas pour le dire, fermement. C’est d’ailleurs pour cela que je suis un sympathisant de la première heure, mais pas membre de parti, car je sais ce que ça implique sur la liberté d’expression.

          Je sais que vous êtes très critique comme esprit, mais je ne suis pas certain que vous allez m’apprendre que les citoyens ne sont pas là pour tresser des lauriers aux politique : quand un homme politique se démarque par sa lucidité, son courage politique et sa vision, qui sait reconnaître ses erreurs et composer dans des conditions difficiles avec d’autres forces, rassembler les forces de résistance, je crache pas dessus, et je le défend contre la calomnie, parce que pour rappel, Mélenchon est avant tout un citoyen, comme nous, et je le défend en tant que citoyen, en tant qu’être humain, contre ce qui me paraît injuste.

          Mélenchon n’est pas le centre de votre article mais sur les deux articles que vous consacrez au sujet, vous faites deux fois référence à Mélenchon, pour dire qu’il est le seul à en parler, mais pour réussir le tour de force de tourner ça en fait "suspect" : c’est le ton de vos deux articles, que vous en ayez conscience ou non, et d’autant plus quand on connaît vos articles sur le 11/09 par exemple, où le même type de questions pointent des faits douteux, suspects (et qui le sont vraiment, pour le coup). 

          Pourquoi n’en a-t-il pas reparlé alors que de son aveu même c’est un sujet crucial ?

          C’est très simple, il n’y a pas 36 solutions :

          - soit c’est un complot, il manipule l’esprit des gens qui le suivent en faisant croire qu’il veut que les gens prennent conscience des enjeux majeurs, mais en fait tout cela fait partie d’une cabale insidieuse et maléfique.
          Je ne vous ferait pas l’insulte d’envisager une hypothèse aussi imbécile, surtout compte tenu de ce que sur à peu près tous les sujets délicats, il se mouille, y compris sur le 11/09. Vous qui savez lire entre les lignes, je suppose que vous avez bien goûté le billet qu’il a produit sur son blog à l’occasion de la soit disant mort de Ben Laden. Il a fait allusion y compris à la radio et à la télé, des contes pour enfants contenus dans toute cette histoire, et le 11 Septembre (la mobilette du Mollah Omar, et le fait qu’on avait rien à faire en Afghanistan, UNOCAL, il n’en a pas parlé que sur son blog, et c’est le seul à dénoncer ça, parmi les gens audibles. Tiens d’ailleurs, pourquoi il en parle pas tous les jours de UNOCAL et du 11 Septembre ? c’est suspect ça aussi non ?)

          - soit comme je l’ai expliqué, il en parle, mais il y a d’autres sujets tout aussi importants dont il doit parler, et il met toutes les informations disponibles sur son site. Et figurez vous, un truc extraordinaire : tous les gens qui ont accès à ce genre d’informations, que ce soit par son intermédiaire ou par d’autres voies, relaient ces informations sur internet, mais aussi dans la rue, parce qu’il y a des vrais gens avec des tracts au marché qui font ce travail d’information. Il me semble que Mélenchon n’a pas parlé qu’une seule fois du GMT, mais plusieurs fois à la télé, nombre de fois dans ses meetings (dans les meetings, y a des thèmes vous savez, on varie les sujets, et tout ce qui n’est pas le GMT n’est pas QUE de la nioniotte).

          Il a tout simplement une stratégie, une méthode de propagation de ses idées et de renforcement de sa force politique. Dans cette optique, il fait évidemment son travail d’élu du peuple qui transmet et décrypte l’information (cf ses débriefings des sessions parlementaires), mais il ne peut pas râbacher tous les jours le GMT, ce serait contre productif. Quand il ne parle pas de ça, il parle aussi de choses qui incitent les gens à se mobiliser, tous les jours y a des raisons de le faire.

          Contrairement à ce que vous pensez, non, on ne peut pas dire, quand on nous demande ce qu’on pense de la guerre au Mali : "oh bah ça on s’en branle vous savez, parlons du GMT". Et quand sur TF1 (seule chaîne que regarde le beauf de base, sachant que France 2 c’est à peu près la même), on est invité 5 minutes, et qu’on te demande c’est quoi la stratégie du FdG, tu peux pas dire que tu préfères parler du GMT, parce que si tu fais ça, le message qui passe c’est le suivant : "mais de quoi il parle lui, il fuit le sujet, ça doit être que le FdG n’est pas du tut au clair"

          Faudrait atterrir là, Mélenchon doit avoir 1000 trucs en tête à ficeler pour être audible et informer les gens, les alerter, leur donner les moyens de comprendre ce qu’il croit important, c’est juste hallucinant de sortir le GMT du chapeau et de dire comme si y avait un grand mystère : "mais pourquoi il en parle pas plus ?".

          Donc voilà, l’explication est très simple, ce qui fait sonner très mal vos insinuations, à mes yeux en tous cas.

        • 3 votes
          Taïké Eilée 9 février 2013 16:51

          Mon article met d’abord en avant une intervention de Harlem Désir, personnage politique devenu majeur, puisque patron du premier parti de France (le PS). Vous ne me reprochez pas de lui demander des comptes, à lui aussi. Je pointe le silence de Dupont-Aignan, Le Pen, Besancenot, etc., et ça ne vous gêne pas non plus apparemment. J’ai parlé deux fois de Mélenchon récemment puisque, en effet, il est le seul à parler du sujet. J’aurai du mal à citer de la même manière Martine Aubry ou Jean-François Copé, puisqu’ils n’en parlent pas... (du moins, pas à ma connaissance)

           

          Je le répète : je n’attaque pas Mélenchon, qui est assez secondaire en fait. Ma question est : va-t-on aller jusqu’à mi-2014 sans que ce sujet ne soit jamais abordé par personne, sans qu’aucun débat public n’ait lieu ? Les journalistes ont leur responsabilité, les politiques aussi. Lorsqu’ils sont interrogés sur l’Europe (pas sur le Mali évidemment...), ce qui leur arrive souvent, ou sur la politique américaine, et ce non pas lorsqu’ils passent 5 minutes dans un JT mais lorsqu’ils ont des émissions plus longues, ils pourraient très facilement dériver sur ce sujet. Je ne suis pas fixé sur le GMT, il y a mille autres sujets importants, mais il est inconcevable, si l’on n’a pas totalement renoncé à la démocratie, que cela ne soit jamais débattu face au peuple. Est-on au moins d’accord là-dessus ?

           

          Malgré tout le travail d’information que Mélenchon fait auprès de ses sympathisants sur le GMT, et qui est louable, vous êtes bien conscient, tout de même, que pas un Français sur cent n’a entendu parler de ce sujet ? Les Français, en général, ne fréquentent pas les meetings du FDG, ne vont pas sur ses blogs, et ne lisent pas ses tracts, il me semble (pas plus que ceux des autres partis). Si Mélenchon en a parlé d’autres fois à la télé, tant mieux, mais ça m’a échappé.

           

          Enfin, je ne soupçonne évidemment pas Mélenchon de participer à un "complot"...


        • vote
          Walid Haïdar 10 février 2013 18:31

          @Taïké : vous pointez la contradiction entre l’attitude actuelle d’Harlem Désir, du gouvernement issu de son parti, et les propos tenus par lui à l’époque, c’est une critique justifiée.

          Pour le reste, je vous faisais remarquer que le ton de votre article prête à penser que vous reprochez, entre autres à Mélenchon, que le sujet ne soit pas débattu publiquement.

          Je suis parfaitement d’accord pour dire que c’est inacceptable que le GMT ne fasse pas l’objet d’un débat démocratique, mais je trouve que votre façon de présenter le problème prête à confusion, et à l’amalgame entre les attitudes des différents politiques à ce sujet. Je me trompe peut-être, mais dans la même phrase, vous demandez à des gens qui n’ont pas du tout la même attitude sur la question, les mêmes comptes. C’est avant tout une question de forme, mais j’interprète peut-être mal ce qui m’a paru participer d’un climat malsain d’amalgames généralisés vis à vis de la scène politique (même ce bon Chouard participe de ça, et je trouve ça très malsain, quel que soit le bien que je pense ce type et de ses idées : NON, tout ne se vaut pas).

          @l’image de cerf (désolé, j’ai oublié votre pseudo) : vous faites là un procès d’intention gratuit, justifié par rien du tout. Il a été expliqué 1000 fois pourquoi le FdG a voté PS au second tour, mais il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Pour faire court, il aurait été politiquement crétin de faire autrement. Nous avons donné l’opportunité au PS de montrer qu’il ne vaut rien, et c’est ce qu’il est en train de faire, il va donc finir par couler, et le FdG aura alors l’opportunité de devenir la première force à gauche, ce qui n’est pas pour autant gagné, car il est toujours plus simple de vendre la haine et le rejet de minorités plutôt que la solidarité, et le changement de système. Si le PS était vraiment de gauche, il ne ferait qu’un avec le FdG, et la politique menée serait plus à la hauteur, mais là, on a pas d’autre choix que de les regarder pourrir, en essayant de faire passer un maximum de d’amendements et de textes de lois, en orientant le budget un minimum, dans le bon sens, même si vu comme ils sont bornés, ça reste marginal. La preuve la plus éclatante de la bonne foi du FdG, c’est qu’il n’a rien négocié en échange du report de voix, et il n’a rien négocié parce que le PS au pouvoir, ça fait partie de NOTRE agenda, on vire l’UMP, le PS démontre qu’il n’est pas sérieusement de gauche, et pendant ce temps on fait valoir un vrai projet de gauche, ce qui aurait été totalement impossible si l’UMP était resté au pouvoir, puisque s’aurait été le PS qui aurait monopolisé le discours d’opposition, en disant le contraire de ce qu’il pense. Il a d’ailleurs déjà fait énormément de choses en totale contradiction avec le discours qu’il tenait dans l’opposition, ce qui n’est pas le cas du FdG, qui ne s’est pas compromis dans cette politique d’austérité pour des postes. Donc vos théories à deux balles ne sont que des calomnies, des mensonges ou des bêtises, au choix.

        • 3 votes
          Walid Haïdar 9 février 2013 13:00

          D’ailleurs, comme Mélenchon apparaît tout le temps dans vos articles sur le GMT, associé à cette athmosphère de "on nous cache tout", "même quand ils le disent c’est pour faire semblant", on peut facilement vous accuser de travailler fermement à associer l’image de Mélenchon à la manie cachotière "des élites au pouvoir".


          Ce qui serait profondément ridicule et malhonnête à tout point de vue (d’une part parce que c’est lui qui en parle le plus, de l’autre parce qu’il n’est pas au pouvoir).

          Mais comme vous n’êtes ni ridicule ni malhonnête a priori, je vous laisse le bénéfice du doute, ce que vous ne faites pas, mais alors vraiment, à propos de ce pauvre Mélenchon.

          Décidément, votre angle d’attaque sur cette problématique est assez minable. Ca arrive.

          • vote
            Walid Haïdar 10 février 2013 18:41

            Et qu’est-ce que vous connaissez à la FM ? Les clichés de l’extrême droite ? Ou avez-vous un point de vue un tant soit peu sérieux sur la question ?


            Vous ne savez rien de ce que fait Mélenchon de son appartenance à son obédience maçonnique, mais c’est tellement facile de raconter n’importe quoi à ce sujet, alors pourquoi se priver ?

            Vous avez tous les indices qui concordent dans l’autre sens, mais non "c’est un méchant FM, il complote, c’est certain", et pouf, aucun fait n’a d’importance que cette appartenance.

            Avec ce genre d’attitude intellectuelle, vous êtes bien mûr pour vous faire bourrer le mou par n’importe quelle théorie péremptoire. S’il suffit d’une appartenance à la FM pour décridibiliser quelqu’un (qui n’est d’ailleurs qu’un membre de bas étage et peu assidu mais bon, les fantasmes, c’est les fantasmes, ça colle...) à vos yeux, vous êtes mal barré.

          • 3 votes
            Famine(la grande) Famine 10 février 2013 19:41

            " Un membre de bas-étage " ? Vous avez des précisions concernant son rang et sa loge, M. Walid ? Je suis curieux.


          • 1 vote
            joelim joelim 11 février 2013 13:26

            Le projet du futur grand marché transatlantique est trop important — et trop évidemment nuisible aux intérêts du peuple français — pour que les médias en parlent, même un peu.


            Oh, ils en parleront, car il faudra bien le "vendre" à leurs auditeurs.

            Mais c’est pas pressé il faut déjà qu’ils trouvent les galéjades qui leur permettront gratuitement d’affirmer : « cela sera positif pour vous, d’ailleurs les experts qu’on a trouvé le disent ».

            Et pas un élément important du carcan néo-con, totalitaire et inhumain, qui est en train de nous être imposé au travers de l’UE, de l’Otan et des dirigeants de nos partis majoritaires, totalement inféodés à l’atlantisme suprémaciste, colonisateur et ultralibéral.

            • 2 votes
              Taïké Eilée 13 février 2013 20:28

              Mercredi 13 février 2013, 20h20, JT de France 2. David Pujadas évoque pour la première fois le Grand Marché Transatlantique ! La correspondante à Washington Maryse Burgot annonce avec enthousiasme la future union entre l’UE et les Etats-Unis, présentée comme une nécessité. Aucune mise en perspective (on a l’impression que l’idée vient tout juste de sortir de la tête de Barack Obama), et aucune critique. On nous annonce seulement que le projet mettra de nombreuses années pour aboutir, à cause de certaines réticences de part et d’autre. Rien sur l’objectif fixé à 2014 ou 2015.



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