C’est un sujet qui est en débat aujourd’hui parmi ceux qui défendaient hier la sortie de l’euro, du fait de la persistante impopularité de l’idée. Marine Le Pen et NDA, déjà moins enthousiastes qu’en 2012, avaient célébré leur union sur les décombres de l’idée, « plus un préalable » selon eux. Certains compagnons se posent aujourd’hui la question et je veux apporter ma contribution au débat.
Le premier préalable, qui doit être défendu comme tel
Les sondages sur le sujet, le très large échec de Marine Le Pen et le petit score du candidat le plus en pointe sur le sujet, François Asselineau, font penser à certains qu’il vaut mieux avancer très discrètement sur la question, s’inspirant potentiellement du discours de Mélenchon, où la sortie de l’UE n’est qu’un plan B. Pourtant, la majeure partie du programme économique de LFI en dépend et l’hypothèse d’une refonte de l’UE pour la rendre compatible à son projet est tout de même plus qu’hypothétique. Avant de rentrer dans des considérations de communication, je crois qu’il faut être clair sur le fond : seuls des changements marginaux sont possibles dans le cadre de l’UE et de l’euro. Et la seule solution pour vraiment changer les choses, c’est la double sortie, de la monnaie unique et l’UE.
En outre,
on peut aussi penser, comme je le soutiens depuis longtemps, que l’impopularité de l’idée vient aussi largement du fait que le premier avocat de l’idée dans les médias, le FN, nuit à cette cause, du fait de ce qu’est ce parti, et de
l’incompétence crasse de sa présidente, qui démonétise les idées qu’elles touchent en étant incapable de les défendre solidement. Pire, comment espérer que cette idée progresse si tous ses tenants finissent par reculer devant les sondages d’opinion ? Ne pas défendre fortement cette idée, c’est abandonner tous ceux qui en sont convaincus à d’autres qui sont plus clairs,
et apporter sa contribution à la résignation des Français qui condamne l’avenir de notre pays.
Fondamentalement, je suis persuadé que pour le faire, il faut un mandat, comme nous l’avons vu en Grèce. Bien sûr, Paris n’est pas Athènes,
mais nous avons bien vu que sans campagne claire sur les moyens nécessaires pour mettre en place des promesses (de fin de l’austérité et de la tutelle), alors, les promesses peuvent devenir la variable d’ajustement. Je pense qu’il est possible de convaincre nos compatriotes de la nécessité de quitter ce projet européen immédiatement (en laissant la porte ouverte à un autre projet, qui n’en serait pas dérivé, et serait totalement différent). Mais surtout,
c’est un élément trop central pour ne pas lui donner la place qui lui revient dans un projet vraiment alternatif.
Et puis, quel paradoxe de
dénoncer l’accord DLF-FN pour, au final, en suivre la ligne européenne tempérée ? Ne serait-il pas étrange de
quitter DLF pour s’inspirer au final du changement de programme le plus important fait à cette occasion ? Un tel choix condamnerait probablement
la lisibilité politique de notre initiative en la réduisant au seul refus, important, certes, de l’alliance avec le FN, et finalement à la tactique politicienne, en rendant très peu clair les différences programmatiques. Au contraite, je pense que le sujet européen doit être un des points de clivage fondamental qui nous différencie de
cette alliance trop tactique qu’elle préfère reculer devant l’opinion, au mépris des idées.
Bien sûr, au début, la radicalité sur l’Europe nous condamne à une relative marginalité, et un potentiel électoral limité (encore que non négligeable). Mais si la base de départ est plus restreinte, elle n’en sera que plus solide et probablement plus facile à conquérir, les autres combattants ne voulant plus mener ce combat. Et surtout, sur le fond,
je crois que c’est le point le plus important d’un programme alternatif.