lundi 16 janvier 2017 - par Laurent Courtois

Bien comprendre les crises russo-ukrainienne : le détonateur Sébastopol

Pour bien comprendre les tensions entre la Russie et l'Ukraine durant les quinze dernières années, il est essentiel de ne pas négliger le rôle primordial du Port de Sébastopol dans la géostratégie russe.

A la fin du 17éme siècle, la Russie est considérée par le reste de l'Europe comme un pays arriéré, comme le « cul de sac » de l'Europe. Le Tsar Pierre le Grand, désireux de moderniser son pays décide de rompre son isolement géographique et économique en développant le commerce maritime. Son projet repose sur l'ouverture de deux portes sur le monde, l'une donnant accès aux mers froides et l'autre aux mers chaudes. Cette politique entraîne la fondation en 1703 du Port de Saint-Pétersbourg.

Le seul accès possible aux mers chaudes pour la Russie est alors la mer noire, à l'époque sous contrôle de l'empire Ottoman. Grâce à la prise du Fort d'Azov en 1696, une porte est temporairement ouverte, mais il faudra attendre 1783 pour que la ville de Sébastopol soit fondée, concrétisant ainsi le plan de Pierre le Grand.

A partir de cette date le monde russe possède deux pôles géostratégiques majeurs Saint-Pétersbourg et Sébastopol. Deux siècles plus tard, ces pôles sont encore fondamentaux pour la Russie. Ainsi en Décembre 2014 Vladimir Poutine déclara à la Douma : 

« Sébastopol, est l’équivalent pour la Russie du Mont du Temple dans le judaïsme ou l’Islam ».

L'écroulement du monde soviétique.

Six mois avant l'indépendance de l'Ukraine, la Crimée devint par un référendum « la République Socialiste Soviétique Autonome de Crimée ». L'année suivante la « République de Crimée » indépendante fut proclamée. 
Avant même l'indépendance de l'Ukraine, la CIA avaient déjà fortement infiltré le principal partie du pays (Rukh). C'est donc sans surprise que le gouvernement Kratchouk, tenta de prendre le contrôle de la flotte de la Mer Noire. La crise atteint son paroxysme le 5 avril 1992, lorsque l'Ukraine envoya deux unités de forces spéciales prendrent le contrôle du port. Le 3 août, un compronis est trouvé lors des accords de Yalta, concluant à un contrôle conjoint de la flotte. Néanmoins, il fallut attendre 1997 pour régler définitivement le probléme.
En 1995, en violation du droit international (accords de Budapest) l'Ukraine par un vote et l'envoie de forces spéciales repris le contrôle de la péninsule.

Cette annexion de fait de la Crimée par l'Ukraine créa une tension politique avec la Russie, retardant de nouveau l'application des accords de Yalta. Ce n'est que deux ans plus tard qu'un accord est conclu le 28 avril 1997. Pour plus de détail sur cette crise (1991 à 1997), je vous conseille, la lecture de l'excellent article d'Igor Delanoë.

Le traité de 1997, stipule que le Port de Sébastopol est loué à la Russie pour 20 ans contre un loyer de 96 millions de dollars payés en grande partie en gaz. Il était stipulé qu'en l'absence de discussion avant le 28 mai 2016, le bail serait reconduit tacitement pour 5 ans.

La location russe : un bail houleux et menacé.

En 2004, l'Ukraine est le cadre de la Révolution Orange téléguidée par les USA. Le président Iouchtchentko est ouvertement pour l'adhésion de son pays à l'EU et à l'OTAN.
Il laisse régulièrement entendre qu'il ne souhaite pas le renouvellement de l'accord de 1997. 
La renégociation d'un contrat portant sur le gaz l'année suivante (premier conflit gazier russo-ukrainien) est prétexte à la première mise sous tension des russes au sujet du port de Sébastopol. Cette micro-crise se soldera par la prise le 3 août 2005 par les forces spéciales russes du phare criméen du Cap Sarytch.

La Guerre de Géorgie (2008) est de nouveau le cadre de nouvelles tensions entre la Russie et l'Ukraine. Pour empêcher la livraison d'armes de l'Ukraine à la Géorgie, la marine russe met en place un blocus le long des côtes Géorgiennes. En réaction, Kiev menace de mettre à son tour un blocus du Port de Sébastopol. Le 13 août, la Rada vote un décret pour restreindre les libertés de mouvement de la Flotte de la Mer Noire. Les russes doivent annoncer 72 heures à l'avance les mouvements de leurs bateaux
La politique ouvertement pro-américaine et la volonté de Iouchtchentko de lancer l'Ukraine dans la guerre aux côtés de la Géorgie, entraîna l'explosion de la coalition née de la Révolution Orange. Ioula Tymochenko bien que pro-européenne, mais chargée des négociations gazières, misait sur des relations équilibrées avec l'Europe et la Russie.


Cette rupture se concrétisa le 10 septembre 2008, par le rapprochement du parti de Ioula Tymochenko et celui de Viktor Ianoukowitch.

Iouchtchentko, le Président marionnette est éliminé au premier tour des élections de 2010 avec seulement 5,45 % de votes (score calamiteux jamais atteint par aucun président sortant à l'échelle mondiale). Les élections portent au pouvoir l'ancien Premier Ministre originaire du Donbass et pro-russe Viktor Ianoukowitch.

L'incendie provoqué par la Révolution Orange étant circonscris, il était urgent pour la Russie de pérenniser la présence de sa flotte en Mer Noire.

En Avril, soit moins de deux mois après son élection, Viktor Ianoukowitch signe avec son homologue russe, Dimitri Medvedev les accords de Kharkov. Leur ratification provoque des troubles à la Rada.

 

Capture d'image d'un reportage de la chaine ukrainienne Kanal 5 (appartenant à P. Porochenko et ayant été trè active lors de la Révolution Orange et l'Euro-Maïdan).

 

Le bail est prolongé de 25 ans (jusqu'en 2042). En plus du loyer de 96 millions de dollars, la Russie accorde à l'Ukraine une réduction de 30 % sur le prix du gaz. Cette réduction représente 7 milliards de dollars pour 2011 et 2012. Cette somme providentielle permit au pays de rentrer dans « les clous » du FMI et ainsi recevoir un prêt lui évitant la banqueroute.

Néanmoins, l'accord de Kharkov présente des lacunes. Ianoukowitch est accusé par l'opposition d'avoir contourné la Constitution et violé la loi du pays sur les traités internationaux.

 De plus, ce traité n'annule pas l'accord de 1997, il ne fait que le prolonger. Donc rien n'interdit dans ce traité au Président ukrainien qui sera alors en exercice de prévenir par écrit son homologue russe le 27 mai 2016 de son intention de dénoncer le traité

Ce qui revient à dire que le sort de la flotte de la Mer Noire ne reposait que sur la volonté du Président élu aux élections de 2015.
Il était donc primordial pour ceux qui voulaient mettre fin à la présence russe en Crimée de gagner ses futures élections.

En 2011, éclate la crise Syrienne. Sébastopol n'est qu'a 4 jours des ports Syriens contre 20 jours pour Mourmansk et 34 jours pour Vladivostok. Il joue alors un rôle primordial dans l'aide russe à Bachar El-Assad. Pour les pays occidentaux œuvrant au renversement du Président Syrien, la présence dans les « mers chaudes » devint encore plus encombrante qu'elle ne l'était dans le passé.

Aux élections législatives de 2012, le Parti des Régions (parti du Président Ianoukowitch) garde par le biais d'une alliance avec les communistes la majorité à la Rada. Ce qui n'avait pas été le cas de son prédécesseur pro-OTAN Iouchtchenko qui avait été désavoué par les urnes en 2006. Les résultats des législatives montrent que le Président pro-russe est encore bien placé pour être réélu en 2015. De surcroît, il était évident aux observateurs étrangers que la Russie lui apporterait toute l'aide financière possible pour présenter le bilan le plus favorable au moment des élections. Au milieu de l'année 2013, le sort de la base russe de Sébastopol s'annonçait sous les meilleurs augures.

Maïdan ou le feu aux poudres.

A l'automne 2013, Viktor Ianoukowitch, est toujours sur les rails pour sa réélection en 2015. Pour ceux qui souhaitent affaiblir la Russie, en lui fermant l'accès aux mers chaude, il est temps d'agir.

La négociation de l'accord d'association à l'EU sera l'occasion de provoquer le déraillement du pays. Au moment des négociations, la situation économique de l'Ukraine est comme souvent catastrophique, le défaut de paiement point à l'horizon. Il sera donc facile de mettre Ianoukowitch dos au mur.

Contrairement à ce qui était avancé par les manifestants de l'euro-maidan, le Président ukrainien était prêt à tous les compromis pour signer l'accord avec l'EU. En réponse à cette attitude pro-européenne, la Russie déclara qu'elle réduirait de manière drastique ses aides à l'Ukraine, l'invitant à les obtenir auprès de ses nouveaux partenaires.

Le Gouvernement ukrainien s'adressa alors à Bruxelles pour obtenir un prêt de 20 milliards de dollars et aussi pour lui demander de faire infléchir le FMI sur les conditions pour l'obtention d'un nouveau prêt. Or, ni Bruxelles, ni le FMI ne voulurent prêter de l'argent à l'Ukraine. Ianoukowitch n'avait que la solution de reporter la signature de l'accord d'association, pour renégocier avec la Russie.

Sous le prétexte fallacieux d'avoir mis fin à la procédure d'association de l'Ukraine à l'EU, le Président Ianoukowitch est renversé par un coup d'état qui comme la Révolution Orange fut piloté d'outre-Atlantique.

Manipulés, bernés par le mirage européen (promis actuellement vers 2027) le peuple ukrainien renverse le gouvernement lors de la révolution de l'euro-maïdan.
Il devient alors évident que le Président en place le 28 mai 2016 serait ouvertement pro-OTAN et remettrait en cause les accords de Kharkov donc le renouvellement du bail de Sébastopol en 2017.

 

Manifestant pro-russe lors du Maïdan inversé criméen (Sebastopol 23 février 2014).

Quelle solution restait-il à la Russie ? Perdre Sébastopol ? Ou allez ans le sens de la population russe de Crimée (80 % deshabitants) qui affolée par l'abrogation du décret sur les languesrégionales se déclare en sécession ?

La suite est connue : une occupation « pacifique » de la péninsule par les forces russes sans réelle confrontation avec l'armée ukrainienne (les bilans les plus pessimistes et non vérifiés évoquent 3 morts ukrainiens entre le 22 février et le 19 mars 2014).

 

Le 16 mars, la population de la Crimée vote son rattachement à la Russie mettant ainsi fin à 25 ans de tension autour du port de Sébastopol.

 

Les réactions des occidentaux bien qu'opposés à la réunification de la Crimée restaient symbolique. La Russie paiera la péninsule du seul et unique prix des sanctions économiques*. 
Cet état de fait provoque un profond mécontentement des ukrainiens qui se retrouvent « gros Jean comme d'avant. » En effet, ils perdent leur carte maîtresse dans les relations avec la Russie et les négociations gazières. La perte du tarif préférentiel du gaz représente annuellement 2,5 milliards de dollars. A ceci, se rajoutent l'annulation des 12 milliards de prêts russe sans contrepartie.

En échange l'Ukraine se voit accorder un prêt de 18 milliards de dollars du FMI contre une très lourde restructuration économique qui se réalisera au dépend du peuple ukrainien.
Pour se consoler de ces déconvenues le pays doit se contenter de sanctions économiques bien faibles jusqu'au drame du MH17...

La réintégration de la Crimée aurait pu être considérée comme un chef d’œuvre de géopolitique pour la Russie si il n'y avait pas eu le soulèvement spontané du Donbass. Voulant rattacher l'est de l’Ukraine aux wagons de la Crimée, des habitants de Donetsk prennent d’assaut les bâtiments publics. Le 7 avril 2014, l'ATO est lancé. A partir de cette date, Kiev fit payer aux populations russophones de son pays la perte de la Crimée et la mollesse de la réaction occidentale vécue comme une trahison. Peu à peu le pays sombra dans une folie augmentant progressivement jusqu'à atteindre son paroxysme durant l'été et l'automne 2014.

Maintenant que nous avons évoqué la raison qui a poussé les russes à intervenir en Ukraine, (plus précisément en Crimée et seulement elle). Il serait intéressant de nous poser la question suivante : Qui a actuellement le plus d’intérêts à faire perdurer l'état de guerre dans l'est de l'Ukraine ?

J’essaierai de répondre dans nom prochain article, où je montrerai que la guerre est la condition sine qua none pour la survie pour la junte de Kiev. Mais la crise du Donbass ne profite pas seulement à Porochenko et ses sbires, mais aussi aux USA et à l'Otan qui ont ainsi un formidable moyen de nuire aux intérêts de la Russie. Il est donc primordial de l'entretenir, quitte à déployer des idiots utiles de part et d'autre de la ligne de front.

Nous évoquerons aussi le rôle prépondérant, de la contrebande sur la ligne de front qui rapporte des millions de dollars aux bataillons punitifs ukrainiens. Malheureusement, la contrebande n'est possible que s'il existe des réseaux de distributions au Donbass. Dans une interview à RFI Sébastien Gobert évoque l'implication de Kiev, Donetsk et Moscou dans ces trafics. Montrant encore une fois l'obligation des journalistes français d'impliquer systématiquement la Russie dans tous les maux ukrainiens. 



42 réactions


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 16 janvier 2017 10:31

    donc au final, l’attitude russe a été aussi :-> que l’attitude de l’UE vis-à-vis de l’Ukraine : vous êtes à 100 % avec moi ou je vous coupe toute facilité.

    Par contre je n’ai toujours pas compris cette différence fondamentale entre la langue russe et la langue ukrainienne ; l’expression « russophones d’Ukraine » ressemble à un pléonasme.

    Peut-être des linguistes pourraient répondre à cette question primordiale
    (PS il n’y a pas besoin d’avoir deux langues différentes pour obtenir deux nationalismes, cf les Irlandais anglophones)


    • Laurent Courtois Courtois Laurent 16 janvier 2017 11:00

      @Olivier Perriet
      Je n’ai pas bien compris le sens de «  :-> » dans votre phrase.
      Vouliez vous dire que l’Europe comme la Russie ont agit avec pragmatisme au sujet de l’Ukraine faisant fi de l’Ukraine.
      Si c’est cela, je répondrai oui.

      Concernant la langue ukrainienne et russe, il s’agit de langue différente bien qu’assez proches. Les deux dérives du ruthènes ancien et ont évolué séparément depuis le 12éme siécle.
      Mais la plus part des différence ont été accentuées au cours du 19éme quand la langue ukrainienne est devenu un « outils nationaliste ». Il fallait en effet une langue différente pour créer un peuple différent.


    • Alren Alren 16 janvier 2017 12:57

      @Olivier Perriet

      l’attitude russe a été aussi :-> [ négative] que l’attitude de l’UE vis-à-vis de l’Ukraine

      La culpabilité du gouvernement Obama et de la CIA en Ukraine est bien plus grande que celle des dirigeants russes :

      Les individus incorporés dans les bandes armées plus ou moins nazifiées qui attaquent les habitants du Donbass vont constituer un énorme problème social si un jour la paix revient dans ces régions.

      En effet, ils ont perdu l’habitude de travailler pour vivre, au contraire ils considèrent comme normal de se servir au besoin par la force de leurs armes face à des gens désarmés pour obtenir ce qu’ils veulent et de passer avant eux.

      Le retour à la paix signifierait pour ces individus le retour à une vie normale : travail mal payé et retour dans le rang plutôt en bas de la hiérarchie. Beaucoup ne l’accepteront pas et deviendront des hors-la-loi.

      Ce phénomène a été constaté de nombreuses fois dans des circonstances similaires, récemment encore en Afrique.

      Les USA ont laissé en Yougoslavie, particulièrement en Serbie, de l’uranium appauvri comme poison-souvenir. En Ukraine ils laisseront ces types-là, ce qui sera peut-être pire ...


    • Pierre Pierre 16 janvier 2017 13:16

      @Olivier Perriet
      Vous faites une erreur dans votre commentaire. 

      La Russie était satisfaite du status quo avant l’Euromaïdan de 2013. 
      Dans le cadre de la CEI, l’Ukraine exportait ses produits industriels en Russie et elle bénéficiait de substantielles réductions de prix sur ses achats d’hydrocarbures à la Russie. 
      C’est l’UE sous la pression de la Pologne et de la Suède qui a proposé un partenariat à l’Ukraine sans tenir compte des intérêts russes. L’UE a carrément dit à Poutine que ce n’était pas ses affaires.
      Avec ce partenariat, l’UE pouvait exporter ses produits en Ukraine sans taxes et ces produits pouvaient être réexportés en Russie aux conditions de la CEI.
      C’est comme si un pays de l’UE concluait un accord avec la Chine pour ne pas taxer les importations et qu’il pourrait ensuite les écouler en UE. C’est assez surréaliste et l’UE fermerait immédiatement ses frontières avec ce pays.
      C’est exactement ce que la Russie a fait avec l’Ukraine.
      Vous oubliez aussi qu’après le coup d’Etat de février 2014, il y a eu une vague antirusse en Ukraine centrale et occidentale sans qu’il n’y ai eu la moindre provocation russe.
      Vous ne vous souvenez plus des séances de « qui ne saute pas est un Moskal » (lien), du mort aux Moskals, du premier acte des putschistes qui fut d’interdire l’usage de la langue russe dans toute l’Ukraine (écoles, documents administratifs, signalisations etc), des massacres de Kherson et d’Odessa ou de l’assassinat de dizaines d’opposants à l’Euromaïdan.
      En réaction, la Russie a mis fin au régime de réduction de prix pour les hydrocarbures. 
      Comme dit Poutine, si votre fiancée flirte avec un autre, c’est à lui de payer l’addition au restaurant.







    • Pierre Pierre 16 janvier 2017 13:26

      @Pierre
      PS. Les avantages que l’Ukraine a reçus pour les achats d’hydrocarbures à des taux préférentiels depuis son indépendance sont estimés à 100 milliards d’euros.


    • J.MAY MAIBORODA 16 janvier 2017 18:24

      @Olivier Perriet

      A lire vos commentaires habituels vous semblez pencher plutôt du côté des détracteurs de la Russie. Aussi, en dehors de l’explication pertinente que vous vous donne Courtois Laurent, vous pouvez considérer que la différenciation est quasi identique à celle de l’américain et de l’anglais. 

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 16 janvier 2017 19:04

      Je ne détracte pas vraiment la Russie mais les groupies français.

      Pour l’Ukraine j’ai le sentiment d’un énorme gâchis, où certes il y avait des problèmes potentiels (rappelés ici), mais à mon sens rien d’insurmontable pour peu qu’on soit un minimum de bonne volonté et qu’on veuille bien discuter avant de se tirer dessus. Lorsqu’un conflit comme ça attend plus de 20 ans (de la chute de l’URSS aux années 2010) avant de survenir, c’est bien qu’il n’était pas évident qu’il survienne.

      L’UE porte une responsabilité énorme là dedans, avec son mélange catastrophique de naïveté et d’arrogance qui est la marque de fabrique de toutes ses actions.

      L’expansion « impériale » de l’UE s’est arrêtée ici, dommage que ce soit au prix d’un conflit armé.


    • Svetlana Kissileva Svetlana Kissileva 16 janvier 2017 21:16

      @Olivier Perriet Les « russophones d’Ukraine » ressemble à un pléonasme » ressemble à rien du tout et je peut peut-être vous éclairer. Nous sommes les Russes d’Ukraine. En non pas les « russophones ».http://www.chitalnya.ru/upload2/700/943c0a95fd46fbf15318bcaa0c1defc9.jpg
      Pour le reste de la doc, je l’ai en langue russe.La langue ukrainienne est proche du russe, mais c’est une langue purement artificielle.L’ukrainien à la base est une langue artificielle, tout comme l’Ukraine initialement a été artificiellement créée par les ostro-hongrois pour constituer la base d’attaque de l’Occident contre la Russie. C’est ce qu’elle est devenue en 90 en déclarant son indépendance contre la volonté du peuple et en violation de la législation soviétique.
      http://novorossia.today/comment-ils-ont-enterre-lurss-il-y-a-25-ans/


    • Pierre Pierre 16 janvier 2017 22:01

      @Olivier Perriet

      Votre problème, c’est que vos connaissances se limitent à l’histoire contemporaine et encore, il y a des lacunes. 
      La Russie s’est effectivement taillé un empire mais plutôt à l’est où elle n’a quasi pas rencontré de résistance significative. Cette conquête de l’Est (jusqu’au Pacifique) est à mettre en parallèle avec la conquête de l’Ouest des Etats-Unis qui se passait à la même époque.
      En revanche, à l’ouest, la Russie a subi de nombreuses agressions : je ne citerai que la Pologne, la Lituanie, la Turquie, la Suède, l’Angleterre, l’Allemagne ou la France (campagne de Russie de Napoléon et guerre de Crimée).
      Ce n’est qu’après la défaite de Napoléon que la Russie a pu stabiliser ses frontières à l’ouest.
      L’empire rassemblait alors tous les slaves orthodoxes de l’Est plus les Pays baltes et une partie de la Pologne démembrée.
      Alors, la perte récente des Pays baltes ou de la Pologne n’est pas important pour la Russie mais il n’en est pas de même de l’Ukraine qui, à part l’extrême ouest, fait partie du monde orthodoxe slave.
      Quand on connait l’histoire de la Russie, on sait qu’elle ne permettra jamais que l’Ukraine devienne une base qui accueillerait des troupes hostiles à la Russie, quel que soit le prix à payer, que ce soit avec ou sans Poutine ou que ce soit au prix d’une guerre même nucléaire.
      J’ai beaucoup voyagé en Ukraine avant l’Euromaïden et jamais la Russie n’était considérée comme ennemie. C’est à cause de l’influence des Etats-Unis, de la Pologne et de l’Allemagne qu’une grande partie de la population a commencé à vouloir prendre ses distances de la Russie. 
      J’ai gardé des amis en Ukraine qui sont presque tous devenus nationalistes et anti-Poutine à mort.
      Pour le moment, la propagande antirusse bat son plein mais le temps joue en faveur de la Russie parce que sans le débouché russe, l’économie et le niveau de vie s’effondre dans le pays et l’UE n’est pas prête à investir plus de 100 milliards d’euros pour sauver la situation. 
      Sauf démembrement de l’Ukraine sur le modèle Yougoslave, la Russie deviendra inévitablement l’unique recours pour sauver ce qui restera de l’économie ukrainienne.
      Alors, le problème n’est pas d’être groupie mais plutôt d’être conscient du danger mortel de cette situation pour l’Europe. Ceux qui tirent les ficelles se trouvent à 10.000 kilomètres et pour eux, un confit nucléaire en Europe est aussi exotique que des bombes atomiques sur le Japon. 
      Voyez le peu de cas qu’Obama faisait de la Russie et le mépris avec lequel Trump traite l’Europe.
      Si l’UE et l’Europe en général veulent survivre, elles doivent prendre leurs intérêts en main dans le respect des intérêts vitaux de la Russie.


    • Jonathan Livingstone 17 janvier 2017 08:12

      @Svetlana Kissileva
      Ça veut dire quoi « une langue artificielle » À la base quelle langue est naturelle ?
      Considérant le latin une langue de base, les langues qui en dérivent sont-elles des langues naturelles ?

      Par contre sur le fait que la langue ukrainienne soit utilisée à des fins politiques il n’y a aucun doute.
      Une chose curieuse quand même : à Kiev capitale de l’Ukraine la langue que j’entends le plus parler est bien la langue russe ;)

    • Svetlana Kissileva Svetlana Kissileva 17 janvier 2017 09:21

      @Jonathan Livingstone par exemple l’espéranto est une langue purement artificielle !


      Quant à l’ukrainien, quasiment personne ne le parle sauf en public. Même les chefs de l’Etat ukrainien parlent russe entre eux.

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 17 janvier 2017 09:22

      @Pierre

      Je ne sais pas, il y a toujours deux écueils quant on fait de l’histoire :
      soit (comme vous me le reprochez) on se limite à l’histoire très proche (dans le pire des cas on fait du mauvais journalisme : on commente les faits du jour en oubliant ce qui s’est passé il y a 6 mois)
      soit au contraire on remonte exagérément jusqu’à la génèse pour expliquer toute chose, comme si le monde moderne n’avait aucune spécificité par rapport au moyen-âge.

      Dans le cas de l’Ukraine, ça ne me semble pas vraiment utile de remonter jusqu’à la guerre de Crimée de Napoléon III, sinon pour l’anecdote. (quoique je lisais les lettres d’exil de Victor Hugo dernièrement et on y retrouvait tous les clichés sur la Russie tsariste et autoritaire ; on se serait cru au JT)

      Pour la partition de l’Ukraine, malheureusement, elle est de fait. Et passé un certain temps à se tirer dessus et à se détester, la vie ensemble devient impossible. Le temps n’est un allié de rien du tout, si ce n’est du pourrissement de la situation (pourrissement dans lequel l’UE - et la France - a joué un puissant rôle néfaste), ce qui n’engendrera à coup sûr rien de bon...


    • Laurent Courtois Courtois Laurent 17 janvier 2017 11:18

      @Jonathan Livingstone

      Bonjour,
      peut être que le terme « artificielle » n’est pas le plus approprié. On pourrait dire « frabriquée » ou formalisée au 19éme siècle (création de la grammaire).
      D’ailleurs, il n’ y pas de langue ukrainienne avant 1850. son nom était alors le « petit russe ». Ce sont les membres de la Confrérie Saint Cyril et Méthode qui introduisèrent le mot Ukraine et qui transmuttèrent artificiellement le petit russe en ukrainien.
       On peut ainsi dire que le père de la langue ukrainienne est Taras Tchevtchenko.


    • Pierre Pierre 17 janvier 2017 11:39

      @Olivier Perriet
      Bonjour, Je ne sais pas ce qui me prend mais je vais pointer un trois étoiles pour votre commentaire parce que je suis globalement d’accord avec ce que vous écrivez.

      Comme vous dites, le temps n’est un allié de rien du tout, si ce n’est du pourrissement de la situation. Je ne pourrais mieux dire.

    • Pierre Pierre 17 janvier 2017 14:05

      @Jonathan Livingstone
      Vous poser une question intéressante surtout si c’est en rapport avec l’ukrainien.

      Une langue est au départ un moyen de communication oral dans une région. Il s’agissait presque toujours d’un parler local enrichi de mots venant d’une langue de base.
      A des époques où les gens circulaient très peu et où les enfants n’allaient pas à l’école, il n’était pas nécessaire que les peuples utilisent partout la même langue. 
      Les élites utilisaient une langue de base pour communiquer entre eux. Une langue de base est une langue dont les règles grammaticales sont fixées et qui est aussi un moyen de communication écrit.
      Jusqu’au XVIe siècle, ce fut le latin qui fut la langue de base pour les communications entre les élites en Europe.
      Petit à petit, les nations œuvrèrent pour qu’une langue régionale deviennent la langue de base du pays.
      En France par exemple, c’est le cardinal de Richelieu qui créa l’Académie française en 1635 pour fixer la langue et sa grammaire. C’est le parler parisien qui servit de base pour la fixation d’une langue qui sera commune à tout le pays. A partir de là, le français devint la langue de communication des élites et la langue de tous les textes officiels : lois, traités et aussi encyclopédies ou textes scientifiques.
      Cela ne contrevint pas à l’utilisation des langues régionales pour les communications locales. 
      Pour se faire une idée de cette diversité de langues régionales, la Belgique est un bon exemple. Sur de petits territoires comme la Wallonie ou la Flandre, il y a des dizaines de dialectes et de patois absolument différents. Le Wallon de Mons est différents de celui de Charleroi et n’a rien à voir avec celui de Liège. Le français est la langue de base qui sert de liaison entre les entités. Une grammaire de wallon liégeois sera par exemple écrite en français pour les explications détaillées. 
      Il en fut ainsi dans tous les grands pays d’Europe.
      En Russie, c’est au XVIIIe siècle qu’on commence à fixer la langue avec le Traité de grammaire de Michail Lomonossov paru en 1755. et qui est la première grammaire parue en russe.
      A cette époque, on n’utilise pas le terme Ukraine pour désigner la région ouest du pays. C’est le terme Malorossiya (Petite Russie) qui désignait cette région de Russie située près de la frontière.
      Quand on imagine l’immense territoire de la Malorossiya et l’absence de communication entre les villes et les villages, on imagine aisément qu’il n’y avait pas de langue ukrainienne mais uniquement des dialectes locaux. Le pouvoir central russe du tsar ne trouvait aucun intérêt à faire une langue de ces dialectes, pas plus en Malorossiya que dans le reste de la Russie vu que les élites utilisaient le russe comme langue de communication.
      Petit à petit, des initiatives locales tentèrent de fixer une langue propre à la Malorossiya qu’on commençait à appeler Ukrainia, c’est-à-dire territoire aux marches de l’empire.
      C’est Lénine qui donnera le coup de pouce pour fixer l’ukrainien. Il avait une vision d’union de républiques et il pensait que chaque peuple devait avoir son territoire et sa langue .
      Je n’ai pas poussé mes recherches plus loin mais je pense que logiquement ce devait être le parler de la région de Kiev qui a servi de base pour former la langue ukrainienne.
      Staline revint à l’usage obligatoire du russe et l’ukrainien resta pendant le temps de l’Union soviétique un dialecte dont les règles avaient été fixées.
      Après l’indépendance de 1991, on remit l’Ukrainien en avant. C’était un des moyens pour essayer de souder le pays. Malheureusement, pour environ un tiers du pays, ce n’est pas un de ces dialectes locaux qui est la langue quotidiennement utilisée mais bien le russe vu que c’est une population ethniquement russe et qu’ils vivent sur des territoires qui ont été rattachés à la république d’Ukraine à l’époque soviétique. Il s’agit surtout de la Novorossiya et de la région d’Odessa.
      Je n’ai aucune idée de la façon dont l’Ukraine va sortir de cette situation compliquée où un nationalisme exacerbé fait face à la détermination d’une autre partie de la population qui veut sauver ses droits historiques.
      Je n’ai aucun à priori contre les dialectes locaux et les langues régionales. Je trouve qu’on y découvre des richesses intéressantes notamment pour les arts de la scène. 
      En France par exemple, il y eut Frédéric Mistral qui réhabilita la langue d’oc et s’en servit pour écrire des poèmes épiques qui sont des modèles du genre.

  • Pierre Pierre 16 janvier 2017 13:35

    @ l’auteur,

    Merci pour votre article qui décrit bien l’enjeu qu’était la perte éventuelle de Sébastopol pour la Russie.
    « Il devient alors évident que le Président en place le 28 mai 2016... » Je ne vois pas de quoi il s’agit ! Y-a-t-il une erreur de date ?
    PS. Dans votre fiche : « Journaliste française... ». Vous êtes bien de sexe masculin ?


    • Laurent Courtois Courtois Laurent 16 janvier 2017 14:37

      « @Pierre

      Je vous remercie pour la qualité de vos commentaires, ce n’est malheureusement pas toujours le cas d’en lire d’aussi intéressants et instructifs.

      Le 28 mai 2016, correspond à la date limite pour dénoncer les accords de Yalta. Après cette date le bail de Sébastopol se serait renouvellé tacitement juqu’en 2022.

       »PS. Dans votre fiche : « Journaliste française... ». Vous êtes bien de sexe masculin ?",

       Pour mon sexe, il n’y a aucun doute. Pour ma nationalité au vu de mon orthographe spontanément déplorable, le doute pourrait se poser.

      Bonne journée.


    • Onecinikiou 16 janvier 2017 17:24

      @Pierre


      En effet l’article est très bon et retrace bien et les enjeux, et la chronologie, et les responsabilités respectives des acteurs en présence. 

      Nous pourrions rajouter la légitimité qu’à toute puissance à agir et défendre ses intérêts dans son étranger proche, en l’occurrence la Russie en Ukraine qui est par ailleurs est son berceau civilisationnel ; au contraire de l’Imperium américain qui ne cesse de s’ingérer parfois - souvent - à 10.000km de ses frontières et dans le giron de ses compétiteurs immédiats, dans la mesure où ces derniers lui contestent, à travers le faux nez légitimateur de sa prétendue « exceptionnalité » et/ou « destiné manifeste », ses incessantes velléités hégémoniques mondiales. 

      D’autre part il y a un point qui est occulté (mais là n’était sans doute pas son but) par l’article et qui est aussi très important d’intégrer pour mieux comprendre les causes de la révolution colorée en Ukraine, et dont l’objectif inavoué par la médiasphère fut évidemment de déstabiliser, par ricochet, son puissant voisin russe : le fait qu’une multitude de système d’armes et de composants essentiels à l’appareil de défense russe (également sa composante de dissuasion stratégique), était issus de l’industrie ukrainienne, historiquement d’un haut niveau technique en certaines matières : missiles balistiques, électronique embarquée des chasseurs et bombardiers, turbines à gaz pour navires de combat etc..., toute chose qui ne manquerait pas - et ne manqua pas, malgré la réactivité du pouvoir russe à cet égard - d’obérer les capacités dudit appareil. 

      Le crime de la thalassocratie américaine était presque parfait. C’était sans compter sur la célérité et la résilience des dirigeants russe, et singulièrement de l’immense chef de l’Etat Poutine, qui ont su déjouer relativement le piège grossièrement tendu par les tenants fanatiques de l’euro-mondialisme. 

    • Laurent Courtois Courtois Laurent 16 janvier 2017 17:32

      @Onecinikiou

      Les USA accusent touiours la Russie d’impérialisme. Mais s’ils pratiquaenit le même « impérialisme » que Moscou, ils devraient se limiter au Mexique et au Canada. Ce qui implique une doctrine bien plus stricte que celle de Monroe qui évitait le fléau US à 4 continents.

      La politique étrangère des Etat-Unis est une politique de locustes (criquets migrateurs)


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 16 janvier 2017 19:11

      @Onecinikiou
      " C’était sans compter sur la célérité et la résilience des dirigeants russe, et singulièrement de l’immense chef de l’Etat Poutine, qui ont su déjouer relativement le piège grossièrement tendu par les tenants fanatiques de l’euro-mondialisme"

      Les dirigeants russes n’ont pas un grand mérite, ils ont limité la casse au mieux. Une nouvelle guerre à leurs frontières, on a vu mieux comme succès...

      Marrant de voir des néo-tiers-mondistes décongelés des années 60 converger dans l’admiration pour Poutine avec des identitaires bon teint bien d’chez nous.

      Quand on en fait trop, on se ridiculise aussi smiley


    • Svetlana Kissileva Svetlana Kissileva 16 janvier 2017 21:32

      @Pierre Un des enjeu, vous vouliez dire ! car l’article, bien qu’il soit bien fait, n’est pas exhaustif pour nous expliquer le conflit de l’Est de Ukraine.

      Le peuple de la Crimée a déjà réclamé l’autonomie, mais celle ci a été écrasé avec des chars ukrainiens.
      Si l’Ukraine avait accepté la fédéralisation, il se peut que le bain de sang aurait pu être évité. Mais l’Ukraine s’obstine à ne pas en vouloir même aujourd’hui. C’est pour sa perte.

    • Pierre Pierre 16 janvier 2017 22:53

      @Svetlana Kissileva
      Bonjour, Il y a évidement plusieurs enjeux pour la Russie en Ukraine mais comme l’article concerne plutôt Sébastopol, je ne parlais que de celui-là.

      Pourriez-vous m’éclairer sur l’autonomie de la Crimée écrasée par les chars ukrainiens ? J’ai dû rater cet épisode !
      Je voudrais ajouter pour tous ceux qui s’offusquent du soutien russe aux deux républiques indépendantistes que la Russie n’est pas à l’origine de cet état de fait.
      L’est de l’Ukraine s’était spontanément opposée au coup d’Etat. Des bâtiments publics avaient été occupés et ce sont les putschistes qui ont envoyé des chars pour réprimer les insurgés.
      Il faut se rappeler les images de militaires ukrainiens qui abandonnaient leur char bloqué par les habitants dans des villages du Donbass, les blindés qui traversaient Marioupol ou Sloviansk à toute allure et le massacre de la police de Sloviansk par les milices envoyées par les putschistes.
      Tout cela a radicalisé les populations de l’est de l’Ukraine au point que les élections locales de Marioupol et d’autre villes du Donbass ont dû être annulées par crainte d’un raz-de-marée antigouvernemental. 
      Alors, pour Olivier Pierret qui pense qu’on pouvait régler le problème en dialoguant, je suis d’accord mais Kiev en envoyant des milices néo-nazies pour commettre des massacre dans l’Est a rendu le dialogue impossible.

    • Onecinikiou 16 janvier 2017 23:57

      @Olivier Perriet


      Votre commentaire est sans intérêt aucun. Abstenez-vous la prochaine fois. 

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 17 janvier 2017 09:03

      @Onecinikiou

      S’il vous permet de vous regarder tel que vous êtes c’est déjà pas si mal smiley


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 18 janvier 2017 09:10

      @Pierre

      Dialoguer et négocier normalement, mais avant février 2014, bien avant.

      Comme l’avait vu J Sapir, à partir du moment où on renverse de façon musclée (et avec les encouragements de l’UE en plus !) un gouvernement, qui n’était sans doute pas sans défaut, mais qui avait été formé à l’issue d’un processus électoral, de négociations entre partis plus ou moins normales, on sort de tout cadre légal, et des provinces peuvent bien s’octroyer derrière « le droit » de faire sécession.

      C’est extrèmement difficile de revenir là dessus après.


    • Pierre Pierre 18 janvier 2017 10:10

      @Olivier Perriet
      Rebelote. Je vous mets trois étoiles.

      Entre les premières manifestations de l’Euromaïdan de 2013 et le coup d’Etat de février 2014, il y avait eu des négociations entre le parti (légalement) au pouvoir et l’opposition.
      L’opposition, encouragée semble-t-il par les envoyés des Etats-Unis, exigeait de nouvelles élections présidentielles immédiates. 
      Le compromis trouvé avec les trois pieds nickelés européens fixa des élection en 2015, soit un an plus tôt que prévu.
      C’est à ce moment, toujours encouragée par les envoyés des Etats-Unis, que l’opposition organisa le coup d’Etat.
      Pour les Etats-Unis, on était un peu dans le schéma de la Syrie : Ianoukovitch doit partir.
      Avant le coup d’Etat, personne en Ukraine n’imaginait une guerre civile et la perte de la Crimée.
      Sauf dans l’extrême Ouest du pays, les nationalistes étaient considérés comme de doux rêveurs pas dangereux pour un sou et on en parlait avec le sourire en coin..
      La préoccupation première des Ukrainiens était la corruption et l’enrichissement illégal d’une classe d’oligarques dont toutes les actions restaient impunies.
      Une deuxième demande était un régime sans visa avec l’UE. Il ne faut pas se leurrer Ce n’était pas pour venir faire du tourisme mais c’était pour venir travailler en noir.
      Des milliers de travailleurs ukrainiens étaient déjà venu travailler dans le bâtiment en Pologne pour l’Euro 2012. Il y avait des filières qui ont amené des milliers d’Ukrainiens pour travailler dans le bâtiment au Portugal. (Pendant que les ouvriers portugais travaillaient dans le Nord de l’Europe). Il y avait sans doute d’autres filières dont je ne connais pas l’existence. L’ouvrier ukrainien est apprécié parce qu’il est courageux et a un rendement supérieur aux autres ouvriers immigrés illégaux.


  • Thierry SALADIN Thierry SALADIN 16 janvier 2017 14:41

    Merci à l’auteur pour cet article qui permet sous une forme synthétique de rappeler tout ce qui s’est passé dans ce pays, et qui continue évidemment.

    J’attends la suite avec impatience.

    Ce compliment va également à Pierre dont j’apprécie et les articles et les commentaires.

    Cordialement.

    Thierry Saladin

  • anna anna 16 janvier 2017 16:03

    Les changements des frontières des pays européens durant les derniers mille ans


    A noter que l’Empire Russe est née a Kiev il y a mille an, sans le soupçon d’existence quelconque de l’Ukraine ou des ukrainiens. 

  • Doume65 16 janvier 2017 17:49

    Bonjour.
    Si j’ai bien suivi les événements décrits ici, c’est depuis 1992 que la Russie peut sentir un vent mauvais. Pourquoi alors ne pas avoir construit une infrastructure portuaire dans toute la zone s’étendant entre la Crimée et la Géorgie (350 km de côtes), ce qui lui garantissait à coup sûr une base sur la Mer noire, tout en s’affranchissant des millions de dollars dépensés en location pour la base de Sébastopol ?


    • Pierre Pierre 16 janvier 2017 19:16

      @Doume65
      Bonjour,

      Lors de la dislocation de l’Union soviétique, la Russie avait été prise de court. L’Ukraine réclamait la totalité de la flotte de la Mer noire. Finalement, il y a eu un partage et c’est comme cela que l’Ukraine a hérité d’un porte-avions qu’elle a d’ailleurs vendu à la Chine.
      L’accord pour la location de Sébastopol permettait à la Russie de garder le seul port en eau profonde qu’elle avait en Mer noire. Sébastopol est un lieu exceptionnel et unique en Mer noire pour accueillir des navires de grandes tailles.
      La Russie a alors commencer le développement de Novorossiisk pour en faire une alternative à Sébastopol mais la baie de Novorossiisk ne permettait pas un développement comme port militaire en eau profonde (lien). La place était limitée car c’est le principal port commercial russe en Mer noire et il n’y a pas moyen de l’agrandir.
      Il n’y a pas d’autre baie en Mer noire russe pour développer un port militaire d’envergure.
      De toute façon, pour n’importe quel Russe, Sébastopol est russe et est lié à l’histoire de la Russie.
      La Crimée a d’ailleurs été donnée à l’Ukraine de manière illégale par décret du Secrétaire du Parti communiste soviétique de l’époque.
      C’est comme si Hollande donnait l’Alsace à l’Allemagne par un décret présidentiel pour sceller l’amitié entre les deux peuples. C’est inconcevable. 

    • Laurent Courtois Courtois Laurent 16 janvier 2017 19:19

      @Doume65

      Construire un port sur la Mer D’Azov est inutile, car sa profondeur maximale est de 10 mètres.
      Reste la façade maritime entre le détroit de Kertch et Sotchi.

      Il s’y trouve 4 ports. Le seul en eaux profondes et présentant un abri réel est le Port de Novorossiisk (premier port russe). Si la Russie avait dû perdre Sébastopol, ce port aurait pu servir de roue de secours (plutôt de pneu galette).


      De toute façon, jamais la Russie n’a envisagé de perdre Sébastopol. Dès 1991, Moscou, a essayé de faire reconnaître l’aspect illégal du tour de passe passe de Kroutchev. Malheureusement trop affaiblie à l’ère Eltsine, la Russie apprit à ses dépends qu’en droit international, le plus fort à toujours raison (couple USA-Ukraine).

      C’est le souvenir dans la conscience collectif du vilain tour à joué à la Russie entre 1991 et 1995 qui explique la mollesse des réactions internationales face à la ré-intégration de la Crimée.

    • Layly Victor Layly Victor 16 janvier 2017 19:33

      @Doume65

      Sébastopol, depuis la guerre de Crimée au 19ème siècle, représente un symbole fort pour la Russie, en plus d’être un point stratégique.
      Imaginons que, suite à un effondrement de la France, la région PACA devienne indépendante, mais que la France conserve la base navale de Toulon, qui est d’une importance stratégique primordiale.
      Ce serait pour Soros et ses copains l’occasion de provoquer une belle révolution colorée ou gastronomique. La révolution des merguez ?
      J’en profite pour féliciter l’auteur, et aussi pour rappeler que nos amis américains passionnés de droit international ont quand même piqué le Texas et la Californie au Mexique, ce qui n’est pas rien.

    • Doume65 17 janvier 2017 13:05

      @Layly Victor
      « Imaginons que, suite à un effondrement de la France, la région PACA devienne indépendante »

      Je comparerais la Crimée plutôt à la Corse qu’a PACA, géographiquement parlant. Et encore, la Corse ne touche pas l’Italie.

      Sinon, j’ai bien compris l’enjeu politique. J’en envisageais une solution technique.


    • Doume65 17 janvier 2017 13:09

      @Courtois Laurent et Pierre

      Merci pour ces explications géographiques. Ma question ne portait pas sur les aspects affectifs qui ont bien entendu leur importance.


  • J.MAY MAIBORODA 16 janvier 2017 18:40

    à l’auteur


    Excellent article récapitulant de manière limpide événements récents et faits historiques.
    Merci pour ce rappel.
    P.S : mon patronyme explique l’intérêt que j’ai porté à votre article.
    http://www.kalinka-machja.com/   ( neutralité associative)
    blog « u zinu » : http://www.wmaker.net/u-zinu/   ( plus "engagé) 

    • Laurent Courtois Courtois Laurent 16 janvier 2017 19:24

      @MAIBORODA

      Je viens de voir qu’une personne avait noté avec seulement une étoile votre commentaire. Je suis certain que cette personne (j’imagine bien qui cela doit être), va s’empresser d’attribuer une étoile au remerciement que je vais faire à votre message.

      Bonne soirée et bonne année à vous.


  • Henri charles 17 janvier 2017 03:36

    Excellent article, j’ai appris des trucs que je ne savais pas et je comprends mieux La situation générale de l’Ukraine. Par contre, j’ai bien compris depuis longtemps que la junte de Kiev vit ses derniers mois. 2017 s’annonce mal à tous les points de vue pour les pseudos dirigeants kieviens et malheureusement pour tous les ukrainiens


  • microf 17 janvier 2017 23:17

    Merci á l´auteur pour ce très très bon article de rappel des évènements passés en Ukraine expliqués avec clarté, merci aussi des commentaires de Pierre en rajout, plus personne ne pourra dire qu´il ne comprend pas la situation en Ukraine, même s´il ne l´a pas suivie comme certains d´entre nous dès le début oú la Russie a tout fait en donnant á Kiev des avantages sans précédants, mais les politiciens Ukrainiens ont vendus leurs âmes et ont trahis leur pays, le poussant au chaos dans lequel il se trouve aujourd´hui.
    Nous vivons une période folle, les historiens dans des siècles si le monde existera encore, nous traiterons de fous.
    Ce qui reste á faire aujourd´hui, c´est de diviser l´Ukraine comme la Yougoslavie a été divisée car je ne vois pas comment ces différentes régions pourront encore vivre ensembles même s´il n´ya plus la guerre, et dommage que ceux qui ont causé ce désordre, ne répondront pas de leurs actes devant la CPI.


    • Laurent Courtois Courtois Laurent 18 janvier 2017 10:32

      @microf
      Se baser sur la situation actuelle en Ukraine pour prédire son avenir, est à mon humble avis une fausse route. L’Ukraine est par définition, un pays très versatile politiquement.
      Il n’y a qu’a voir le parcours de Ianoukovitch. Elu en 2004, Chassé par la Révolution Orange, Réélu en 2010, renversé en 2014....
      Le sort de l’Ukraine repose donc entièrement dans les élections de 2019. Si Porochenko est élu, oui effectivement l’écroulement de la Nation ukrainienne continuera.
      Le candidat aux éléctions présidentielles qui se présentera face à Poroshenko et son ATO (sa guerre civile) avec un programme de réconciliation nationale sera élu haut la main. 
      Le pouvoir de Poroshenko, ne repose que sur le mensonge de l’invasion russe, la poursuite d’une guerre civile qui ne tue que des ukrainiens. Le jour où cette vérité percera l’Ukraine retrouvera son vrai visage.


    • Layly Victor Layly Victor 18 janvier 2017 10:35

      @microf
      Ce n’est pas joué.

      Nous sommes dans une période de domination du 4ème reich, et il semble que celui ci soit en passe de réaliser le rêve de Hitler : mettre la main sur l’ensemble de l’Europe, avec l’aide des supplétifs du reich, les excités Polonais et Baltes, sans parler des bandéristes en Ukraine et des descendants des terribles Oustachis en Croatie. Sans parler des islamistes de Bosnie ou du Kossovo. 
      Tous ces braves gens bizarrement soutenus à fond par les sionistes (BHL, presse unanime, Juppé, Fabius, etc)

      Mais le reich peut aussi bien s’effondrer sous le poids de ses contradictions. Son but n’est pas de promouvoir la justice et la paix, mais d’exploiter l’Europe. Voir par exemple la mise à sac de la Roumanie, la confiscation des terres par le « bio » allemand.
      Ce mépris total envers les grandes nations qui composent l’Europe et qui ont concouru à son destin ne peut pas durer éternellement. Même avec le soutien des collabos de la presse, de l’éducation nationale et de la classe politique, des « historiens » corrompus, des idéologues du déclin, des prédicateurs de la mort totale, ce système est instable. Il a vocation à s’effondrer.
      Malgré les efforts des pédagogistes franc-maçons pour supprimer l’enseignement de l’histoire et pour éradiquer la culture des peuples européens, il y aura un jour une revanche de ces peuples et des comptes qui vont se régler.
      J’ai une pensée particulière pour nos amis Serbes qui ont subi 60 jours de bombardement 24 heures sur 24.

  • soi même 18 janvier 2017 12:30

    L’argumentation comme quoi le rattachement de la Crimée à la Russie avait son origine dans le choix de Khrouchtchev d’’un simple décret fit don de la Crimée à l’Ukraine en 1954 soit l’origine du conflit est une illusion d’une lecture nationalisme de l’histoire des événements entre la l’Ukraine et la Russie.
    C’est bien avant tout une histoire géostratégique qui est la clé de cette histoire qui l’évincement de la flotte russe de la mer noire et l’accès aux mers chaudes.

    L’on retrouve dans se conflit entre l’Ukraine et la Russie le conflit lattent mit en place par l’Amirauté Britannique au 19 siècles qui a tous fait pour empêche l’accès de la Russie aux mers chaudes.

    J’ai noté que la Russie finalement a marqué des points dans cette affaire en respectant les choix historique aux moment de l’éclatement de l’Urss et en cherchant à trouver un accord avec l’Ukraine qui travaillé par l’extérieur à perdue non seulement son intégrité territoriale mais aussi son intégrité morale et elle aujourd’hui ouvert à toute les influences qui finiront par la désintégrée durablement. .

     

      


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