mardi 1er mai 2012 - par Mefrange

Caucase : les balkans du XXIème siècle ?

Tandis que la Russie se prépare diplomatiquement, militairement et psychologiquement à résister à l'Occident, cet article définit la région du Caucase comme Balkans d'aujourd'hui et définit 2014 comme l'année de tous les dangers. Cet article doit être lu avec toutes les réserves d'usage : il n'est pas un appel à la résignation mais à s'informer et à lutter encore plus activement pour la paix. Le mouvement international pour la paix prend de l'ampleur et après la réunion d’Istanbul une phase de détente semble être amorcée. Dans le Caucase par contre, le feu couve.

Août 1914. Un siècle après reste vaguement dans les mémoires collectives un conflit qui éclate comme un orage dans un ciel radieux d'été. Les alliances qui devaient dissuader des guerres se sont transformées en quelques jours en guerre mondiale. Les populations, ahuries, apprennent souvent par le tocsin et les affiches la mobilisation générale. Les populations n'étaient en général que peu informées et l'été était la période des grands travaux des champs. Assez parallèlement, nos populations bien que sur-connectées ne sont que trop désinformées et distraites et l'annonce d'une guerre arriverait comme un coup de tonnerre.

Pourquoi 2014 ? L' "histoire ne repasse pas les plats", mais également "ce qui a été sera". On vit, en « global » et en plus sévère un enchaînement un peu comparable à celui des années 30. Crise, austérité, spéculation, guerres, fascisation. Un Hitler n'est pas encore apparu mais la police ressemble de plus en plus à une armée, le chaos financier risque assez probablement de mettre au pouvoir une dictature militaire, la puissance militaire qui dépense à elle seule plus que tous les autres pays du monde réunis. Ne sera-t-il pas tentant de régler les chaos intérieurs par des aventures militaires ?

La Libye a donné un avant-goût de ce qui risque d'arriver : la force militaire qui va chercher l'or et le pétrole pour faire perdurer un peu le système. La différence avec l'antiquité ou Napoléon est qu'il faut aujourd'hui de l’humanitaire selon la théorie de la R2P (responsabilité de protéger).

Selon Panarine sur Russian Today, le but de l'occident est de se débarrasser de Poutine, la « date butoir la plus proche (pour l'occident) étant Août 2014  ». Panarine, comme Rogozine ou Poutine lui-même font partie de cette partie des classes dirigeantes russes qui considèrent que le but de l'Occident est de détruire la Russie. Medvedev représentait la partie de la Russie qui pense que l'occident n'a pas cet objectif et que l'occident peut être un partenaire loyal. La guerre « humanitaire » de Libye a permis à la ligne Poutine de s'imposer en Russie. Depuis tout s'enraye pour l'occident. Poutine devient l'ennemi public n°1, l'homme à abattre. L'immense machine médiatique occidentale saura faire ce qu'elle a fait avec d'autres et organiser une hystérie médiatique mondiale avant le lynchage final. 

Se débarrasser vite de Poutine est une priorité pour enrayer la constitution du bloc de défense asiatique dont j'ai parlé dans un article précédent.

Cette trop longue introduction introduit la proposition d'une grille de lecture : celle de considérer la région du Caucase comme nouveaux Balkans et d'inviter à ne jamais perdre de vue ce qui s'y passe.

Les balkans comme terme générique.

Avant 1914, il y a eu 3 guerres balkaniques causées par l'affaiblissement d'un empire plurinational ; l'empire Ottoman et la résurgence des nations qui lui préexistaient ; nations grecque, serbe, bulgare, roumaine. Chacune de ces nations avait son histoire, sa période de gloire, d’extension territoriale maximum : « empires » grec, bulgare, serbe,arménien. Le clivage religieux s'ajoutait au clivage ethnique et linguistique.

L’affaiblissement de l'empire ottoman face à la poussée autrichienne et russe a par contre-coup déstabilisé l'ostmark (la marche de l'est) autrichienne (au début constituée contre la menace hongroise puis utilisée pour défendre le Saint-Empire Germanique contre l'Ottoman). Napoléon faisant exploser le Saint-Empire, il ouvre dès 1806 une période de crise quasi institutionnalisée en Autriche plus ou moins surmontée dans la douleur et la répression dans état fédéral multinational hongrois / tout le reste. La Belgique en plus grand et en plus compliqué. Les Balkans deviennent le champ de bataille entre russes, autrichiens, anglais, français puis allemands jusqu'à Août 1914. Quand à l'Homme malade, l'empire turc, il se retrouve sous la tutelle économique non pas du FMI qui n'existe pas mais des banques européennes qui lorgnent vers le pétrole de Mésopotamie.

Le Caucase, balkans post URSS

En 1991, l'empire malade était l'URSS et son éclatement a fait ressurgir des peuples parmi les plus vieux du monde : peuple géorgien, arménien, azéri, et tous ceux situés sur l'ancienne route de la soie. Tout l'empire colonial russe sauf la Sibérie a été perdu d'un coup. Elle a même failli perdre le piémont nord du grand Caucase ce qui aurait été économiquement et stratégiquement désastreux. Il a fallu deux guerres en Tchétchénie pour éviter la dislocation de la Russie elle-même (le FMI est passé comme Attila entre-temps divisant par deux la richesse de la Russie.

Comme dans les Balkans avant 1914, des guerres ont opposé ces pays nouvellement indépendants au nom de références historiques bien établies. Guerre Arménie-Azerbaïdjan, conflit entre Ossétie du Sud/Nord et Géorgie (conflit en poupées russes), conflit Géorgie – Russie. Aucun de ces conflits n'est résolu. Il sont même aggravés par la reconnaissance par la Russie de l'Abkhazie et de l'Ossétie-du-Sud.

Chacun avec des projets différents, 5 grands acteurs : Russie, États-Unis, Israël, Turquie, Iran jouent sur cet échiquier caucasien dont les cases s'appellent Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, Daghestan, Abkhazie, Ossétie, Ingouchie (voir carte). L'ensemble se regroupe néanmoins en deux grands camps : OTAN / Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). A ces 5 acteurs, on peut proposer les pétrolières dont la richesse et l'influence est comparable à celle des états ;

 

  1. Les États-Unis jouent leur « grand jeu » planétaire » et cherchent le pivot du Monde aux alentour de l'Afghanistan. Leur but est de prendre la place des russes sur la route de la soie. Avec le succès relatif qu'on sait. On s'achemine vers un retrait des troupes de l'Afghanistan mais certainement pas des drones. Si les États-Unis ne peuvent pas avoir le pivot, ils ne le laisseront pas à d'autres : ils en feront une zone de chaos permanent. Ils doivent également contrôler le couloir entre les deux Caucases (Azerbaïdjan, Géorgie) et les intérêts pétroliers occidentaux. La Géorgie d'après la révolution des roses (organisée par l'Ouest) cherche des alliés capables de la protéger de la Russie qui a montré qu'elle faisait ce qu'elle voulait. Sarko une de ses rares réussites a réussi in extremis à arrêter l'armée russe qui se ruait sur Tbilissi. Depuis 2008, la Géorgie se réarme via le port de Poti et le projet TRACECA. Ce port est devenu stratégique. Son contrôle détermine le contrôle de toute l'Asie Centrale. Pour l'instant il est sous contrôle occidental1.

  2. Israël a trouvé des marchés d'exportation pour sa technologie militaire. Implanté en Géorgie, il a obtenu une base aérienne au Nord de Bakou d'où l'Iran peut être surveillé, déstabilisé et si nécessaire bombardé. Si la voie dure israélienne prévaut, une attaque par le nord serait beaucoup plus facile que les trois routes généralement envisagées. Cette série de bombardement est à la limite de ce dont Israël est techniquement capable. Si Israël envisageait cette option, la zone de tension se déplacerait vers le Nord et vers la poudrière du Caucase.

  3. L’Iran est un acteur majeur de la région : la frontière coupe les populations Azéris en deux (l'Azerbaïdjan faisait partie de la Perse jusqu'en 1801 – guerre russo-perse). L’Iran se débarrasserait bien du gouvernement Azéri, bien trop pro-occidental à ses yeux. L'installation des israéliens sur sa frontière nord l'inquiète. Le rapprochement avec la Russie, et sa technologie moderne est la seule façon, malgré les réticences initiales, d'éviter un encerclement complet par les États-Unis. L’Iran a beaucoup à offrir ; Le drone américain capturé intéresse les russes et chinois au plus haut point.

  4. La Russie historiquement nouvelle dans ces régions. On pense à la France en Algérie (XIX ème siècle). Elle considère ces régions comme terres à reconquérir. par des bases, une alliance stratégique, son poids militaire et culturel, des républiques sécessionnistes chez ses voisins (mais surtout pas chez elle !). L’Ossétie-du-Sud, qui permet de faire passer des troupes à travers la chaîne du grand Caucase est d'une importance stratégique au cas où il faudrait venir en aide à l'Arménie (pour ça il faudrait une guerre avec la Géorgie ou implanter à Tbilissi un régime ami). Les considérations géographiques sont très importantes : le grand Caucase, c'est 1500 kilomètres d'une chaîne comparable aux Pyrénées : un obstacle massif et des cols à 2000 ou 3000 mètres d'altitude. Une armée moderne ne peut pas encore s'en affranchir : le contrôle du tunnel de Roki est stratégiquement capital pour la Russie. Son contrôle est tout aussi stratégiquement vital pour la Géorgie. Comme la cession à l'Allemagne des monts de Bohème en 1938 a anéanti les capacités de défense de la Tchécoslovaquie, le contrôle de l'Ossétie-du-Sud est un un revolver constamment pointé sur Tbilissi. D'un point de vue géorgien, c'est inacceptable. La Russie n'a pas encore assimilé les peuples montagnards du Nord-Caucase. Deux guerres sont venues à bout de la Tchétchénie mais il y a les autres républiques autonomes : c'est maintenant au Daghestan de connaître une situation de fermentation (des autos d'officiels qui sautent et des représailles) . En Ingoushie le 4 Avril les forces de sécurité russes font une « intervention musclée » (type « buter les terroristes dans les chiottes ») visant à se débarrasser de Gardanov Salman, membre du réseau « terroriste » « Nazran ». Le problème est que le travail n'est pas fait dans la dentelle et que le neveu, le frère, les voisins ont été butés avec. Les occidentaux et leurs drones on fait école semble-t-il : le caractère de Balkans instrumentalisables par une des parties en présence et la possibilité de réaction en chaîne incontrôlable augmente encore quand on apprend que des Syriens circassiens demandent à rentrer près de Sochi dans la région de Krasnodar … où auront lieu les jeux olympiques d'hiver en 2014. Les circassiens qualifiés sur la chaîne Al Jazeera connue pour son engagement pour la « démocratie » du terme élogieux en pays d'Islam de « shahids » (martyrs) seraient réimportés pour raisons « humanitaires » de Syrie au Nord Caucase. On comprend les inquiétudes de Panarine et la date de 2014 ; Ces jeux de Sochi sont donc à haut voire très haut risque pour la Russie. Le risque d'importation de guerriers, mercenaires et d'armes est élevé. Pour embêter un peu la Russie, le gouvernement géorgien a reconnu le génocide (sic) Tcherkesse de 1864 après la bataille de Kbaada, site des jeux d'hiver de 2014. On revient aux inquiétude de Panarine : pour l'occident, se débarrasser de Poutine mort ou vif avant 2014 et laisser se réinstaller les Tcherkesses de Libye ou de Syrie serait idéal. La Russie aurait sa guerre d'Algérie ou du Vietnam qui l'userait.

  5. L’Arménie acteur non strictement local du fait de sa diaspora désormais riche et puissante et de ses groupes d'influence, occupe 20 % de l'Azerbaïdjan. Elle a besoin de la Russie comme alliée pour la défendre contre l'Azerbaïdjan qui réarme grâce à Israël. Elle dispose d'une frontière avec l'Iran et s'approvisionne en gaz d'Iran via le gazoduc Tabriz-Sardarian. Ce gazoduc passe à Meghri qui héberge une importante base militaire russe susceptible d'intervenir. Il est difficile de savoir où. Sachant que Meghri est disposé sur l'étroite bande de terrain qui sépare les deux parties de l'Azerbaïdjan, son contrôle est là encore stratégique. L'ennui est que la Géorgie a dénoncé l'accord de transit de matériel militaire suite à la guerre de 2008. de Meghri ne peut être ravitaillé que par air, par la Turquie de l'OTAN , l'Azerbaïdjan ou par l'Iran (route Astrakhan – Anzali – Meghri). On voit que la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie rapproche automatiquement la Russie de l'Iran.

  6. Les pétrolières voient cette région comme champ d'extraction et d'acheminement du pétrole et gaz de la mer Caspienne. Regroupées dans l’Azerbaïdjan International Operating Company et contrôlée par BP, c'est le vrai gouvernement de l'Azerbaïdjan et ce que des pays entendraient par « protéger les intérêts occidentaux » dans la région. L'intérêt des pétrolières est la liberté de prospection, d 'extraction et d'acheminement des hydrocarbures. Leur but est le contrôle de la mer Caspienne et des veines et artères des gazoducs et oléoducs qui l'exportent. Le géant Gazprom et ses filiales coexiste avec l'AIOC + Total . « Business as usual ».

  7. La Turquie joue un jeu trouble dans cette région comme en Syrie d'ailleurs. Que veulent les turcs ? Le conflit Tchétchène a montré que les mercenaires transitaient par la Turquie. On se bornera à noter que de nombreux peuples du Caucase sont de famille turque et de religion sunnite. (carte ci-dessous en bleu et violet)

 

Conclusion :

Dans ce petit espace du Caucase existent les ingrédients pour qu'un conflit local dégénère rapidement en conflit global. Histoires nationales, minorités ethniques, linguistiques et religieuses, matières premières stratégiques, frontières contestées, cessez-le-feu sans paix, organisation d'alliances antagonistes. Dans cette région instable il n'est pas trop difficile pour les grandes puissances de tirer sur les ficelles. La conclusion est toujours la même : vigilance pour la paix et retrait de l'OTAN : on ne peut pas à la fois faire partie de l'OTAN dont fait partie la Turquie, être le grand ami de l'Arménie qui fait partie de l'organisation concurrente, prôner des relations fructueuses avec la Russie en participant à un embargo contre l'Iran. La seule chose positive de Sarkozy est incontestablement d'avoir fait aimer la France en Géorgie. Avec l'Arménie, ça fait deux. Une France qui ne ferait plus partie de l'OTAN aurait des perspectives de bon commerce pacifique au lieu d'être lié avec la Turquie dans un pacte de défense automatique.

2014 et les jeux olympiques de Sochi, bien que d'hiver, risquent d'être très chauds. 

 

 

1Il est à noter que le couloir Bakou – Kars doit accueillir un des dernier tronçons du plus grand projet depuis le Transsibérien et le Berlin Bagdad Bahn, le projet ferroviaire du siècle : le Train à grande vitesse Pékin – Londres diminuant par deux le temps de fret entre Chine et Europe et rendant celui-ci beaucoup moins dépendant de la superpuissance maritime actuelle : les États-Unis. Le contrôle et la sécurisation de ce couloir géorgien prend un enjeu intercontinental, au moins pour que ce projet n'aboutisse pas. Ce sera le sujet du prochain article.



11 réactions


  • Pierre Pierre 1er mai 2012 11:53

    Vous faites un beau résumé des visées de chacun et des alliances qui sont en train de se nouer entre les divers pays de la région.
    L’Occident, mené par les États-Unis , a pour un de ses objectifs de prendre le contrôle du couloir Géorgie - Azerbaïdjan qui lui donnerait l’accès à la mer Caspienne et par extension à l’Asie centrale.
    C’est un pari dangereux, il faudra voir jusqu’où la Russie acceptera cette nouvelle avancée des Occidentaux. Vous avez raison de souligner que l’élection de Vladimir Poutine est un échec pour ces derniers et qu’il veillera à préserver les intérêts de la Russie, même par une guerre.
    2014, voire 2015 semble en effet la dernière chance pour l’Occident pour une confrontation (pas nécessairement une guerre) avec la Russie. 
    Je pense pour les raisons suivante.
    - Les nouvelles négociations du groupe 5+1 sur le nucléaire iranien ont de réelles chances d’aboutir. Le terrain est préparé pour le compromis. Barack Obama serait d’accord pour un enrichissement de l’uranium jusqu’à 5 % et il l’a proposé à Ali Khamenei en court-circuitant le président Mahamoud Ahmadinejad. Certains responsables israéliens calment le jeu. Ils disent que l’Iran n’a pas encore pris la décision de produire des bombes nucléaires ou qu’il n’a pas vraiment dit qu’il veut raser Israël de la carte. C’est nouveau.
    - En cas d’échec, l’armada états-unienne est déployée. Des F22 Raptor sont aussi sur place.
    - 2013 sera l’année des élections présidentielles en Iran. L’arrivée d’un président moins hostile aux États-Unis n’est pas exclue. Dans le cas contraire, des manifestations de masse non plus.
    - Le gros des troupes de l’OTAN aura quitté la souricière afghane. Ce retrait est impossible sans l’aide des Russes pour la fourniture des avions gros porteurs ou du passage par leur territoire. Il n’y a pas intérêt à avoir un conflit avec eux en plein retrait.
    - Un coûteux conflit entre l’Occident et la Russie serait tout bénéfice pour la Chine, qui a quand-même été désignée comme l’objectif géopolitique numéro un des États-Unis.
    - Après 2015, les forces militaires russes deviendront suffisamment modernisées et elles seront à nouveaux redoutables, du moins dans leur étranger proche.

    Vous mettez en garde contre un conflit global qui s’allumerait dans le Caucase et vous avez raison de soulever ce risque quoique je pense que Barack Obama suit plutôt les recommandations de Zbigniew Brzezinski qui préconise le soft power (ONG, cyberguerre, etc.) pour atteindre la domination globale des États-Unis sur la planète. 


  • Al West 1er mai 2012 12:06

    Merci Christian pour cet article, je commençais à en avoir marre des « votez blanc » / « votez Hollande pour virer Sarkozy ». smiley

    Il y a plusieurs points qui je pense jouent leur importance que j’aimerais rajouter :

    - en Turquie, Erdogan et son gouvernement sont à peu près seuls à vouloir participer à la mise à feu du Moyen-Orient. L’opposition y est fermement ... opposée smiley Voir le récent article de Logoglu à ce propos. Il y a eu beaucoup de manifestations assez importantes contre l’ingérence en Syrie et devant l’ambassade du Qatar également. Une nouvelle constitution est également en cours de rédaction, elle devrait affaiblir le pouvoir du président sur l’armée. Les prochaines élections sont en août prochain, il y a de fortes chances qu’Abdullah Gül soit réélu (il avait obtenu environ 340 voix sur 450 en 2007). C’est dommage qu’elles interviennent aussi tôt car Erdogan avait bâti sa côté de popularité sur une politique anti-israélienne. Or là il semble adopter les mêmes objectifs qu’Israël. Mais Erdogan est vraiment fou je pense, la Turquie n’a aucun allié proche, elle est en conflit avec de très nombreux pays de la région (Arménie, Irak, Iran, Syrie, Israël, Chypre). Je ne sais pas s’ils pourront tenir cette politique très longtemps.

    - en Géorgie, Saakashvili s’apprêterait à un nouveau conflit avec la Russie. Le secrétaire du Labor Party pense même qu’une fois le conflit initié il s’enfuira par avion et plein d’argent smiley Plus inquiétant est ce qu’a déclaré l’inspecteur sanitaire en chef russe, à savoir que des épidémiologistes états-uniens travailleraient dans les anciens laboratoires travaillant sur de très graves infections. Les Russes ont exprimé beaucoup d’inquiétude à propos des armes bactériologiques ces derniers temps, les menaces doivent être réelles. En tout cas, si Saakashvili initie un nouveau conflit - ce qui est fort possible au demeurant puisqu’il ne peut pas briguer un troisième mandat présidentiel d’après la constitution, il ne lui reste donc qu’un an de pouvoir, et vu sa santé mentale à ce monsieur, ça ne m’étonnerait pas qu’il décide de partir sous un feu d’artifice -, ça pourrait très vite tournait à son désavantage, sa côte de popularité est extrêmement basse et l’opposition et la population ont clairement exprimé leur intention de régler le conflit avec la Russie de façon pacifique. Un article que j’ai retrouvé et qui était assez intéressant : http://iwpr.net/report-news/what-next-saakashvili

    Merci encore pour l’article !


  • Al West 1er mai 2012 12:47

    Quelques nouvelles du jour :
    - renforcement de la coopération militaire entre l’Iran et l’Arménie (ambassadeur iranien à Erevan)
    - plan sino-indien pour permettre à l’Iran de continuer à exporter du pétrole


  • Christian Tallon 1er mai 2012 13:17

    Merci pour ces commentaires et précisions. Le correcteur orthographique a eu une défaillance et le même texte sans fautes d’orthographe remplacera celui-ci sans toucher aux commentaires.
    J’ai été très prudent avec la Turquie. La Turquie qui s’était distancée assez fortement du bloc occidental semble être revenue « dans le giron ». La Turquie a menacé de faire jouer l’article 5 de l’OTAN si des groupes syriens violaient sa frontière. Qui saurait exactement qui serait derrière l’uniforme qui aurait provoqué l’incident ?

    Brzezinki dans « strategic vision america and the crisis of global power » est clair : les Etats-Unis n’ont plus les moyens de dominer le monde. Donc : plus de guerre en Asie, aider la Chine à se rapprocher de Taïwan, mais concentration des forces restantes sur l’espace transatlantique (Amérique-du-Nord, Union Européenne, Ukraine, Russie (un jour quand les jeunes générations facebook auront le pouvoir), Turquie et Caucase (pour les géorgiens et améniens, c’est l’Europe et pas l’Asie)

    Voici le lien (en anglais) : http://podcast.c-span.org/podcast/arc_btv012812_brzezinski.mp3


  • totof totof 1er mai 2012 19:51

    Ouf, bien intéressant cet article. Ca change de ces élections dont tout le monde se contrefout puisque quel que soit le résultat, la bourgeoisie, qui poossède l’Etat, poursuivra son programme. Il est intéressant d’observer que maintenant, l’Occident est « brun ». Entièrement aux mains de la bourgeoisie fasciste (et ce depuis l’après guerre avec l’avènement du mode de vie fasciste que la propagande a nommé « l’american way of life »), il représente désormais une menace pour le monde. Crise économique, crise politique, crise énergétique, je ne vois pas comment nous échapperions à une guerre mondiale qui va faire ressembler la 2ème GM à une promenade de santé...
    Pendant que tout s’écroule, ils vont voter... Complètement irresponsables...
    « L’embrigadement est un signe des temps, de notre temps » disait Ferré.


  • Abou Antoun Abou Antoun 1er mai 2012 20:01

    conflit Moldavie / Transnistrie,
    Ça c’est plutôt les Carpates que le Caucase, région à laquelle l’article est consacré, non ?
    Car si on veut traiter du sujet plus général des conflits frontaliers hérités de la dissolution de l’URSS il y a des points plus chauds.


  • ykpaiha ykpaiha 2 mai 2012 01:05

    Comme vous le soulignez le probleme N1 du bloc BAO est Non pas la Chine mais bel et bien Putin.
    Mais aussi et c’est bien logique le pouvoir qu’a su reprendre la Russie (si on considere l’aspect aparatchik de putin).

    Grisé de victoires qu’elle n’a d’ailleurs jamais acquise l’Amérique (USA) ; s’est inventé un role a la Rambo, en refaisant les lignes qu’elle voulait et redessinant la carte du monde, elle s’est révé un instant maitresse de son destin et par dela de celui du monde.

    Puis c’est hors des salles de cinéma qu’il a fallu se confronter a la réalité, et la ce fut une autre chanson...l’Irak, l’Afganistan etc ..(on pourrait y rajouter l’est Europeen, et bien d’autres , bientot l’amerque du sud, l’europe...) se sont révélés a eux comme de le reflet de leur incertitudes.

    Car en parralelle a la montée de putin c’est sa capacité a fédérer autour de projets des nations autrefois bien faibles politiquement (chine, inde bresil...) qui n’auraient pas, tout du moins si vite, montrés leur existence, qui va de mon point de vue, changer durablement la donne.

    Si le scénario que vous dépeignez est plausible et malheureusement le bloc BAO a largement démontré sa capacité de nuisance, il omet un petit détail qui risque de tout changer.

    La montée disais je de putin a obligé les strateges onusquesques a faire dans le va vite, et surtout dans le plus complet sens de l’improvisation.
    Pour achever ou mettre en place l’asservissement des peuples, ils se sont servi de leur expériences en amsud, la trop fameuse ’stratédie du choc« , qui en terme de rendement était ma foi assez convainquant (pour eux evidemment) , d’ou son étendue a d’autres cieux.

    Mais voila depuis il a fallut donc improviser, et introduire a partir de cet axiome , un élément suplémentaire, non plus un choc(et ses soubresauts) mais entretenir un perpétuel état de chaos, afin de tenter de s »en sortir.
    Mais voila ou est la faiblesse pour entretenir cet état perpetuel il faut une spatule pour touiller la merde, de plus en plus grosse et de plus en plus couteuse, cette touillette, risque a tout moment de se briser, donc il faut permetuellement l’alimenter.

     Or ont ils encore les moyens de leurs « touillettes’ ? Combien de temps avant que l’extreme faiblesse de leur économie ne rende l’ame ? C’est la ou Putin joue son jeu habilement, poussant les US a dépenser plus que mesure, pour un résultat de moins en moins tangible.
    Qui plus est les oblige a s’accoquiner avec des régimes plus que douteux voire des états facsistes comme suppléants.(lorsque je parle de douteux j’inclus a la liste des monarchies arabes, le sarkosisme et le blairo-cameronisme)
    En meme temps lui et ses accolytes (brics) préparent l’apres dollard qui a n’en pas douter ne saurait tarder.

    Dans cette perspective, il est amusant (ironie de l’histoire) de remarquer que c’est autour de l’ex urss, que vient la stabilité,
    Il est pour moi certain que les populations soumises a un stress perpétuel ne choisissent in fine pour le calme et laissent de coté l’ogre holliwoodien.
    Reste le mythe de l’invincibilité de l »amérique avec sa technologie genre 3D, il suffit de regarder ou en sont leurs programme F22 et 35, et surout comment la simple venue d’un porte avion russe (de toute facon ils n’en n’ont qu’un) certes avec quelques gadgets pour perturber l’armada Onusienne et tous ses plans....

    Alors a votre possible oui ; mais vite car 2014 me semble bien loin.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 7 mai 2012 01:54

      @ Ukraina


      « Putin joue son jeu habilement, poussant les US a dépenser plus que mesure, pour un résultat de moins en moins tangible »  C’est l’ironique retour de la stratégie qui a permis è l"Amérique de gagner la guerre froide.

      Il y a un autre facteur qui me semble important : la population américaine ne veut plus faire la guerre. L’ossature de ses forces armée est donc constituée de divers paliers de mercenariat. Elles peuvent détruire beaucoup, patrouiller un peu, protéger certaines bases de ressources, mais pas occuper bien longtemps une territoire hostile de façon permanente.

       Et tout ça dans un contexte où la notion de guerre elle-même se transforme.


      PJCA



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