mardi 21 février 2017 - par COLBERT

Côte d’Ivoire : Il y a un malaise !

Qui veut voir le pape se rend à Rome dit l’adage. Qui veut voir la réalité sur la Côte d’Ivoire doit se rendre en Côte d’Ivoire. Ce qui se dit de l’embellie économique de la Côte d’Ivoire dans les médias occidentaux est en contradiction avec la réalité quotidienne des Ivoiriens.

En se rendant en Côte d’Ivoire, on se rend compte que les chiffres en provenance de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement sur l’embellie économique de la Côte d’Ivoire ne sont que de la poudre jetée aux yeux pour masquer la mauvaise gouvernance des houphouëtistes venus au pouvoir aux sons de tambours et de trompettes. La Banque africaine de développement basée à Abidjan est-elle complice de cette mauvaise gouvernance des houphouëtistes en Côte d’Ivoire ? Oui ! Sinon comment au moment où tout le cacao est stocké et que les planteurs n’arrivent plus à vendre leur cacao depuis le mois de décembre de 2016, la Bad jette des fleurs à Ouattara. Au moment où les fonctionnaires expriment leur malaise, la Bad félicite Ouattara dans un climat sécuritaire inquiétant ? La Bad ignore-t-elle la menace que représentent aujourd’hui, les hommes armés de ouattara qui pour un oui ou pour un non, descendent dans la rue pour exprimer leurs sautes d’humeur contre le régime ? Quel est cet investisseur qui ne craint pas d’aller investir en Côte d’Ivoire où le climat social est devenu très délétère ? Cette semaine, la manifestation des forces spéciales armées a rongé tous les espoirs des Ivoiriens et des investisseurs étrangers. Il y a un véritable malaise en Côte d’Ivoire que les Ivoiriens expriment à travers les grèves des fonctionnaires et la descente des soldats dans la rue. La création d’emploi aux jeunes qui a été l’une des promesses de campagne de Ouattara n’est que de l’esbroufe. Aujourd’hui la Côte est malade et les Ivoiriens vivent mal. L’électricité, le pain, le savon, le riz, l’huile…tous les produits de première nécessité ont augmenté de prix pendant que les salaires sont restés statiques, pendant que les producteurs de cacao n’arrivent plus à vendre leur cacao. Voici la vérité pour tous ceux qui ont besoin de vérité. La région de la Nawa, appelée aujourd’hui nouvelle boucle du cacao avec près de 500 000 tonnes de production sur 1.400 000 tonnes de cacao produites par an soit 40% de la production nationale, est morte économiquement. La paupérisation y est criante à cause du fait que les planteurs n’arrivent plus à vendre leur cacao. 800 planteurs de cacao qui ont manifesté cette semaine, ont été gazés par la police. La réalité est bien là : les Ivoiriens souffrent. Si les médias occidentaux veulent décrire l’économie ivoirienne, il convient qu’ils viennent toucher la réalité sur le terrain. Il est prouvé que partout dans le monde, la moindre hausse brutale des produits alimentaires est l’origine d’agitation politique et d’instabilité sociale. C’est ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Malheureusement quand la presse veut en parler, ce sont les journalistes qui sont condamnés par une justice instrumentalisée aux ordres de Ouattara. Or une vraie démocratie repose sur le respect des droits de l’homme. « Le premier des droits de l'homme c'est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail »[1]. Les houphouétistes devraient revoir leur copie. On ne gouverne pas un peuple par le mensonge car si ce peuple finit par découvrir le mensonge, cela crée une agitation politique et une instabilité sociale dans le pays.

Colbert Kouadjo

 


[1] Jaurès, Hist. socialiste, t. I, p. 186

 



1 réactions


Réagir