mercredi 11 février 2015 - par Pelletier Jean

Dette contre dette : Allemagne/Grèce

"Les Allemands, qui se disent vertueux, estiment que les Grecs ont péché et qu'ils doivent payer. Or, ceux qui ont le plus péché, ce sont tout de même les Allemands, dont la dette a pourtant été effacée parce que les Américains y voyaient un intérêt stratégique. Pourquoi ne pas considérer que sauver la Grèce est stratégique, au lieu de mettre ce pays à genoux ?"
Daniel Cohn-Bendit

Alexis Tsipras, à peine arrivé au pouvoir, remet sur la sellette la question de la dette allemande à l’égard de la Grèce ? Il consacre sa première visite officielle, à se recueillir sur le site de Kaisariani, là où les nazis avaient le 1er mai 1944 assassiné 200 résistants grecs. La question des réparations de guerre dues par l’Allemagne à la Grèce revient sur le devant de la scène dans un contexte de tensions extrêmes entre la commission européenne et le nouveau pouvoir à Athènes. 

Les exactions allemandes ont été particulièrement violentes en Grèce, occupée d’avril 1941 jusqu’a l’armistice du 8 mai 1945 pour ce qui concerne la Crète. Ce ne sont pas moins de 70 000 personnes qui ont été assassinées par les allemands. 300 000 seraient mortes de faim.

Comme dans toute l’Europe occupée, la Grèce s’est vue imposer un régime de grande rigueur afin d’alimenter la machine de guerre nazie.

Les accords de Paris du 14 janvier 1946 n’octroieront à la Grèce qu’environ 7 milliards de dollars de dédommagements de guerre.

Les accords de Londres en 1953 effaceront une grande partie des dettes de l’Allemagne et en repousseront une autre partie lorsque la paix aura été proclamée, donc à la réunification de l’Allemagne. Les Etats-Unis ne veulent pas répéter les erreurs du traité de Versailles qui avait mis à genoux l’Allemagne. Ils jouent la carte d’une Allemagne forte et prospère.

En 1990, un nouvel accord est signé entre les deux Allemagnes, le Royaume Uni, la France et les Etats-Unis pour entériner la réunification des deux Allemagnes, avec valeur de traité de paix. Pour Berlin l’Allemagne ne doit plus rien au titre des réparations de guerre.

Pour Athènes, ce traité n’exonère pas l’Allemagne de ses dettes, et de surcroit la Grèce n’a pas été associé à la signature de ce traité.

Par ailleurs il y a aussi l’affaire des réserves d’or de la banque centrale hellénique que les allemands ont entièrement siphonnée et jamais remboursée, au prétexte d’un emprunt (forcé) à taux zéro d’un montant de 3,5 milliards de dollars. Mme Merkel jette un pudique voile d’oubli sur celui-ci avant d’exiger que la Grèce se saigne à blanc pour rembourser son actuelle dette.

Syriza estime la dette globale de l’Allemagne à 1 000 milliards d’euros … les spécialistes parlent, eux de pas moins de 600 milliards d’euros. Un rapport jusqu’ici secret avançait, comme concession ultime vis à vis de l’Allemagne, une dette de 162 milliards d’euros, soit la moitié de la dette grecque.

Pour les allemands il n’est pas question de payer quoique ce soit aux grecs, pourtant dans l’histoire du 20ième siècle, l’Allemagne a bénéficié de l’effacement de sa dette à plusieurs occasions.

Alors que l’Europe peine à se reconstruire au lendemain de la guerre, l’Allemagne bénéficie avec l’appui des Etats-Unis d’un régime particulier qui l’exonère de régler la presque totalité de ses dettes. D’où cette extraordinaire prospérité dont se pare l’Allemagne pour exiger, aujourd’hui, de ses partenaires de multiples plans de rigueurs.

Il faut savoir que l’Allemagne a fait défaut trois fois au cours de ce dernier siècle, en 1930, en 1953 et en 1990.

Alors, Mme Merkel un peu de modestie, faites un geste.



15 réactions


  • Alren Alren 11 février 2015 16:28

    Pour mettre fin à l’occupation du nord de la France après la défaite anormale des armées de napoléon III en 1871, Bismarck a exigé et obtenu 5 milliards de francs-or.

    Une bonne partie de la prospérité de l’Allemagne des années 1880 a pour origine ce pactole qui a été intelligemment utilisé pour investir à long terme dans son industrie innovatrice.

    On le voit, l’Allemagne a toujours profité des guerres pour voler ses voisins, se déclarant ruinée ensuite en cas de défaite.

    • Pelletier Jean Pelletier Jean 11 février 2015 17:34

      @Alen,


      C’est un peu une loi qui se répète dans l’histoire, les perdants des guerres sont au final les gagnants.
      A ce jeu là l’Allemagne a su tirer profit ...


    • ARMINIUS ARMINIUS 12 février 2015 08:09

      Sauf que le long terme s’est terminé avec la première guerre mondiale et ce con de Guillaume II.
      L’Allemagne a connu après la plus grande crise monétaire de son histoire, ce qui l’a rendu définitivement frileuse en matière de protection monétaire et d’économie....


    • olivier cabanel olivier cabanel 12 février 2015 09:25

      bonjour Jean Pelletier

      c’est un pur hasard, mais je viens de publier un article qui dit quasi la même chose que le votre...avec une prolongation surprise...
       smiley

  • reprendrelamain reprendrelamain 11 février 2015 16:36

    Syriza ne doit pas se mettre à genoux pour obtenir des aides bien au contraire. Ils doivent dès aujourd’hui annuler la dette, nationaliser les banques, les assurances, l’électricité, l’eau etc. Il faut que Syriza profite que son peuple soit derrière lui pour faire des réformes importantes et sortir du modèle ultra libéral européen, dans 6 mois il sera trop tard !


  • colere48 colere48 11 février 2015 16:56

    Le vrai problème de l’Europe est l’Allemagne, toujours aussi hégémonique, cette fois-ci économiquement, et pas très honnête...
    En 70 ans les dépenses militaires de la France sont supérieures de 900 Md€ ! et cela continue !
    Nos dettes ont toujours été payées contrairement à l’Allemagne qui à bénéficié de larges et nombreuses annulations de dettes. Sans compter les dettes quelle ne rembourse pas : ie la dette vis à vis de la Grèce , 165 Md€ au prétexte qu’il a prescription.... il n’y a pas de prescription pour les crimes nazi frau Merkel !!!!
    Alors bien sur avec des méthodes de voyous il est plus facile de faire la « belle » ....


    • titi titi 11 février 2015 22:51

      Au chapitre des dettes non payées, pouvez vous nous indiquer ce que vous pensez des emprunts russes ?


  • Piotrek Piotrek 11 février 2015 18:29

    Même si c’est juste, c’est un chouillat trop sentimentaliste comme analyse de dette, ca vire trop au pathos.

    Faut surtout jamais regarder un pays endetté comme une famille avec un problème de surendettement
    , comme un couple qui a dépenser sans compter (n’en déplaise à tous les comptables en herbe qui fourmillent ici et ailleurs) Dans un monde de contrats, la pitié ou la culpabilisation c’est l’affaire de la presse qui ne fait que désinformer.

    Le principe d’une dette publique c’est : Mes dépenses sont tes revenus.

    Donc quelles ont été les dépenses publiques profitant directement l’Allemagne ? L’aéroport Markopoulo d’Athènes, les rames du métro, les produits Siemens, de l’armement surement...

    Moi je vois toujours Tsipras en position de force face à Merkel. Et si elle ne lâche pas l’affaire (ce qui m’étonnerait, car vaut mieux être remboursé un peu que pas du tout) Tsipras ayant épuisé tous les recours possible avec brio, fera un référendum sur la sortie de l’Euro et demandera aux grecs pourtant tellement europhiles « voulez vous rester avec des gens qui ne veulent pas de vous ? »

    Ya des chances que ça marche, une belle faillite bien légale et conforme au droit du capitalisme qui contrairement à ce que l’on entend à la télé aurait des conséquences politiques et économiques à l’échelle planétaire.


    • titi titi 12 février 2015 15:14

      « la sortie de l’Euro et demandera aux grecs pourtant tellement europhiles « voulez vous rester avec des gens qui ne veulent pas de vous ? » »

      Sauf que ce n’est pas la question.
      La question c’est « Acceptez vous que les peuples des autres pays de l’UE paient pour les conneries faites par les gens que VOUS avez élus ? »
      Ou encore « Acceptez vous que les Allemands paient VOS impôts que vous refuser de payer depuis des lustres ? »

      Dans le même ordre d’idée on pourrait fait une référendum en Allemagne « vous qui avez accepté que l’âge de votre retraite soit repoussé, accepté vous de payer pour que les Grecs ne repoussent pas le leur ? »

      Il n’y a pas de vouloir ou pas vouloir de la Grèce. Il y a de savoir si on est entre adultes responsables ou entre pique assiettes.


    • Piotrek Piotrek 12 février 2015 18:34

      Une grande partie des grecs ne paient plus leur crédits et leurs loyers, et c’est pas parce que ce sont des piques-assiettes. C’est tout simplement car il ne le peuvent plus.

      En Grèce les indemnités chômage n’existent quasiment pas (faut avoir bossé 4 années dans une seule et même boite pour espérer avoir 350 Euros quelque soit le salaire perdu) Le RMI, ça existe pas. L’impôt de tous les employés est payé à la source. Il n’existe aucun abattement d’impôt de complaisance (travaux à la maison, investissements DOM TOM... et tout le bordel qui permettent à un assujetti à l’ISF de payer zero, légalement)

      Alors il reste plus grand monde pour payer, que les des vrais riches qui ont tous le pognon et qui ne paient jamais rien, la France est dans le même cas, affaires UBS et HSBC désormais... qui aboutissent toutes à de douces régularisations.
      Si vous voulez faire payer ces gens là sans prendre quelques précautions, vous finissez avec 2 balles dans la tête.

      Donc :
      - Généraliser à tous les grecs n’a aucun sens.
      - Chasser les petits commerçants ne suffira jamais à payer la facture.
      - Poser les questions que vous posez n’ont aucun sens.

      De plus je pourrai rajouter : la France est en déficit tandis que la Grèce a dégagé un excédent de 4%, je pourrai rajouter ceci parmi tant d’autres choses
      Et je pourrai dire que les français sont des fainéants avec leur RMI, les APL... et qu’ils dépensent sans compter. Et je vous accuserai vous, parce que vous êtes français, de pique assiette ?

      J’vous donnerai l’adresse de ma supérette bien française qui me donne un ticket une fois sur deux, vous irez faire le zorro de l’impôt si vous voulez.


  • titi titi 11 février 2015 22:45

    Je pense que l’Allemagne devrait se retourner contre l’Italie pour l’occupation des provinces de Germanie du 1er au 4ème siècle.
    L’Italie devrait se retourner contre Rome pour l’occupation de la péninsule pendant 700 ans.
    Rome aurait été créé par les descendant d’Enée, chassés de Troie.
    Et qui a chassé les descendants d’Enée ? Les Grecs bien sûrs...
    Rome peut donc demandé réparation au Grecs. CQFD.

    Cette histoire de réparation de l’Allemagne c’est vraiment de la connerie.
    Un moyen de botter en touche.
    Comme le font tous les partis de gauche : c’est la faute à l’Allemagne, au capital, aux salauds de riches.
    Bah non du con : c’est la faute à une politique de merde, menée pour acheter les votes d’électeurs au QI d’huitre qui pense que l’on peut financer une politique avec de l’argent gratuit.

    C’est l’heure du réveil.


    • Garance 12 février 2015 13:12

      Bravo Titi


      100 pour sang d’accord avec toi

      Si on suit la logique de Pelletier nous aussi on a du pognon à se faire du coté des Anglois

      Qui sont venus jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes ( 1) pendant plus de 100 ans et qui avant de repartir nous ont brûlé Jeanne d’Arc

      Qui nous dédommagera un jour de ces atrocités perpétrées ?

      Qui ?  smiley  smiley  smiley

      (1)Pas très logique le Rouget , chronologiquement parlant les compagnes auraient dues être citées avant les fils

    • titi titi 12 février 2015 14:06

      « Si on suit la logique de Pelletier nous aussi on a du pognon à se faire du coté des Anglois »

      Le souci c’est qu’au niveau invasions, massacres, extorsions, des pays voisins et lointains, la France des Bourbons, de la Révolution, des Bonapartes, et de Marianne a fait très fort.

      A ce petit jeux je pense que nous sommes les plus endettés.


    • titi titi 12 février 2015 15:20

      « Pas très logique le Rouget , chronologiquement parlant les compagnes auraient dues être citées avant les fils »

      Non au contraire très logique. Vu la mortalité de l’époque, la compagne, si elle a eu des fils, a déjà échappé autant de fois à la tombe, et en tout état de cause reste à la merci d’une mauvaise grippe. Alors que le fils c’est l’avenir : c’est celui qui s’occupera de ses parents, etc...
      La compagne est déjà un peu has been en fait.

      Et en plus, « fils » ne rime pas très bien avec « campagne ».


  • Garance 12 février 2015 15:52

    Certes Titi


    Mais pour avoir un fils il faut d’abord avoir une compagne CQFD

    Il faut laisser faire les choses et ne pas mettre la charrue avant les boeufs la rime dut-elle en souffrir



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