mercredi 4 mars 2015 - par Christophe Bugeau

Etat Islamique, quelles alternatives ?

Alors que la visite de 4 parlementaires français en Syrie où ils ont rencontré Bachar El-Assad fait scandale, et qu’une contre-offensive est en cours en Irak pour reprendre la ville de Tikrit à l’organisation de « l’Etat islamique », la question se pose de savoir quelle alternative peut être trouvée dans la région aussi bien en Syrie qu’en Irak pour assurer une paix durable dans ces deux états.

L’Irak comme la Syrie sont tout deux dans une situation très critique. Il est clair que l’offensive de l’EI a pris tout le monde de court dans la région. Il est clair que ce mouvement qui tient d’une main de fer les 9 à 10 millions d’habitants qui vivent sous sa coupe (sur une population initiale de 12 millions de personnes dont 2 à 3 millions ont réussi à fuir), a de facto, réussi à s’implanter solidement dans la région. Mais il ne l’a pas fait seul.

Il a bénéficié de soutien financier de l’Arabie Saoudite et du Qatar, et sur place (au moins en Irak), il a bénéficié du soutien technique d’anciens officiers du parti Baas de Saddam Husssein : c’est grâce à ces derniers que ce mouvement bénéficie de blindés et de chars de combat opérationnels.

Et c’est bien là que le bât blesse : même si les populations locales n’apprécient pas l’EI, il n’en demeure pas moins que pour de nombreux sunnites de Syrie et d’Irak, cette organisation est une alternative face aux chiites en Irak et face au régime de Bachar El-Assad en Syrie dominé par les Alaouites (alliés de l’Iran et de l’Irak Chiite).

Une stabilisation de la région passe désormais par une lutte contre l’EI, mais aussi par une solution politique de long terme. En Irak, les Chiites (60 % de la population) doivent donner une place aux Sunnites (25 %) et aux Kurdes (15 %), cela passe par un vrai partage du pouvoir, par une réintégration des éléments baasistes purgés par les américains et par une fédéralisation raisonnable du pays. Dans le cas contraire, ce dernier va vers une officialisation de l’éclatement actuel entre communautés.

Pour la Syrie, il est clair que la Russie et la Chine qui soutiennent Bachar El-Assad doivent être intégrées dans les négociations. Des garanties doivent être données à la minorité Alaouite que cette dernière ne fera pas l’objet de représailles et que le pays verra son intégrité garantie. Car la situation sur place ne fait que s’aggraver et la Syrie va droit vers une libanisation avec un éclatement entre les différentes communautés.

Sachant qu’en réalité l’Armée Syrienne Libre (plus ou moins laïque et modérée) ne contrôle plus grand-chose et que l’EI et les milices islamiques (Front Al-Nosra) ont de facto pris sa place.

Et de fait, il faudra sûrement à un moment donné négocier avec le pouvoir syrien (on ne fait la paix qu’avec ses ennemis). Mais cette condition est impérative pour trouver une stabilisation de ces deux pays.

Car vaincre l’EI ne peut être une fin en soi : qui prendra la main après la victoire ? Une solution politique est impérative aussi bien en Irak qu’en Syrie. Dans ces deux pays, les occidentaux doivent cesser de jouer avec le feu et de soutenir des mouvements ou de lancer des initiatives qui parfois ne font qu’aggraver la situation. La recherche d’un équilibre qui ne ferait que conforter nos intérêts n’est pas une bonne solution : la bonne solution c’est celle qui permettra de stabiliser la région au long terme !    



5 réactions


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 4 mars 2015 09:12

    Il est possible que le projet américano - israélien de Grand Moyen Orient ait du plomb dans l’ aile...
    Il était prévu, sans demander leur avis, et même en le leur imposant, un redécoupage de 5 pays souverains en 15 petits califats bien soumis.


    L’aide française et américaine aux pseudos rebelles modérés syriens anti Assad s’est perdue dans les sables. Il n’est plus question de leur livrer des armes, explique Robert Ford, ancien ambassadeur US. Assad, qui devait disparaître, est toujours là.
    Alors, que peut faire la Coalition ?
    Les diverses hypothèses, par Thierry Meyssan qui habite en Syrie.

  • Veniza Veniza 4 mars 2015 21:17

    Bien d’accord avec l’article, mais pour moi IS/DAESH doit être vaincu et éradiqué, ces excités ne peuvent pas avoir un état à eux, ce serait l’enfer sur terre, et on ne va pas se souhaiter un tel voisin, qui reprendra les armes à la prochaine occasion.


  • Tillia Tillia 5 mars 2015 07:14

    Quelle alternative ? 


    Mettre un général avec cojones, en Libye, en Irak, pour bien encadrer tout ce petit monde la.
    Trouver deux clones d’Al Sissi d’urgence. 

     

  • zygzornifle zygzornifle 6 mars 2015 08:46

    il faut taxer les produits halal pour aider nos producteurs de porcs a l’agonie ......


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