samedi 24 juin 2017 - par StephBiet

L’Egypte accélère sa transition énergétique

Afin d’atteindre son ambitieux objectif, celui de porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 20 % en 2022, l’Égypte a décidé de multiplier ces derniers mois ses partenariats. Dernier événement en date : le prêt de 447 millions d’euros accordé par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L’avenir du secteur énergétique égyptien s’écrit, plus que jamais, en vert. 

Le 8 juin 2017, le président al-Sissi pouvait avoir le sourire. Son pays venait, en effet, de finaliser un accord majeur avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Pour l’aider à développer ses énergies renouvelables, l’organisation internationale s’est engagée à prêter 447 millions d’euros, une somme qui témoigne d’une confiance réciproque.

Dans un article publié sur son site, la BERD précise que 13 projets ont déjà été approuvés en attendant trois autres qui seront vraisemblablement finalisés d’ici la fin du mois de juin. « Ce programme vise à stimuler l’investissement privé de plus de 4 GW dans l’énergie éolienne et solaire, précise l’organisation internationale. Ces 16 usines fourniront 750 MW de capacité solaire photovoltaïque et devraient réduire les émissions de dioxyde de carbone de 900 000 tonnes par an. » À travers ces projets privés qui seront implantés autour du village de Benban (région d’Assouan), le gouvernement égyptien va également pouvoir créer plusieurs milliers d’emplois durables. 

Un secteur en pleine mutation

Cet accord, que l’on peut qualifier d’historique pour un pays qui utilise massivement les hydrocarbures, est le fruit d’un long travail de collaboration entre la BERD et les autorités égyptiennes. Depuis 2010, ces dernières souhaitent concrètement diversifier son secteur de l’énergie. Jusque-là, le pays méditerranéen s’appuyait sur des ressources abondantes en pétrole – principalement autour du golfe de Suez – et en gaz naturel dans le delta du Nil. Mais il a rapidement compris la nécessité de faire émerger des énergies propres pourvoyeuses d’emplois. Aujourd’hui, la transition énergétique est en marche. 

Preuve en est : le troisième pays le plus peuplé d’Afrique (92 millions d’habitants) possède le deuxième plus grand parc éolien du continent. Cette réussite s’explique par la signature de plusieurs gros contrats avec des entreprises étrangères, françaises notamment. En avril 2016, Engie a finalisé un accord de coopération avec la National Renewable Energy Association (NREA) et l'Egyptian Electricity Transport Company (EETC) pour poursuivre le développement des énergies renouvelables. Idem pour EDF Énergies Nouvelles qui scellait, dans le même temps, cinq accords dans les domaines éolien et solaire avec, notamment, le groupe égyptien El Sewedy Electric. 

Enfin, en février 2017, les premières retombées du contrat géant signé en 2015 avec l’allemand Siemens sur la construction de plusieurs centrales thermiques et des éoliennes (soit 8 milliards d’euros d’investissement) ont été bien visibles. Le réseau de distribution électrique égyptien a bénéficié d’une première livraison de 4800 MW en 18 mois seulement. La deuxième partie de cette « superproduction » sera concrétisée l’an prochain.

Une tendance mondiale

Cette montée en puissance de l’Égypte dans les énergies propres s’inscrit dans une tendance mondiale qui ne cesse de croître. D’après un communiqué publié par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 2016 a été une année très spéciale. « Les nouvelles installations de renouvelables ont battu un nouveau record avec 161 GW installés, faisant monter la capacité totale de presque 9% par rapport à 2015, à 2,017 GW. Le solaire photovoltaïque compte pour environ 47% de ces capacités additionnelles, suivi de l'éolien (34%) et l'hydroélectricité (15,5%). » La baisse du prix de l’électricité a permis à de nombreux pays développés ou émergents – citons le Pérou, l’Inde mais également le Mexique et les Émirats Arabes Unis – d’établir de nouveaux contrats. Néanmoins, le rapport pointe du doigt un problème, celui « des investissements dans des nouvelles installations d'énergies renouvelables qui ont chuté de 23% par rapport à 2015 ». La Chine, premier investisseur mondial dans ce secteur, a volontairement freiné ses engagements financiers mais son gouvernement a récemment promis qu’il injecterait 322 milliards d’euros d’ici 2020. Avec son dynamisme actuel dans les énergies vertes, nul doute que l’Égypte sera l’un de ses futurs partenaires.
 



6 réactions


Réagir