mercredi 31 mai 2017 - par William Kergroach

La Chine est prête à gouverner le monde

La Chine lance la Nouvelle Route de la Soie, une route qui relie la Chine à l'Afrique, et à l'Europe sur les traces de Marco Polo. Cette opportunité économique et géostratégique est la meilleure nouvelle qui puisse arriver pour l'Europe qui se trouve à une extrémité de la Route. L'Europe saura-t-elle profiter de cette ouverture économique vers l'Orient ?

« Les vieux pays ont des lunettes pour voir le futur », aurait pu dire un proverbe chinois. Le président Xi Jinping s'est inspiré de la légendaire Route de la Soie, qui a assuré la prospérité de la Chine pendant un millénaire, pour lancer le plan de développement économique le plus ambitieux de l'histoire du 21e siècle : « One Belt One Road » (OBOR). D'un côté, une « ceinture » terrestre qui relie l'intérieur de la Chine à l'Europe, par l'Asie centrale et la Turquie ; de l'autre côté, une « route » maritime qui relie le littoral chinois à l'Est de l'Afrique, en passant par les pays du Golfe. C'est la « Nouvelle Route de la Soie » qui officialise l'entrée de la Chine dans le club des grandes puissances mondiales.

L'OBOR matérialise, en effet, les alliances politiques et commerciales que la Chine, puissance montante du 21e siècle, a patiemment tissé depuis des décennies. Cela fait plusieurs années que les entreprises chinoises construisent des pipelines et des réseaux de fibres optiques à travers l'Eurasie et l'Afrique. Loin d'agir avec des canonnières, comme les anciennes puissances européennes et les Etats-Unis, la Chine choisit une méthode plus habile, le « soft power », investissant dans des pays en voie de développement pour s'y rendre indispensable.

L'objectif de la Chine est, bien entendu, de dynamiser son économie. Avec une croissance de « seulement » 7,4 % de son PIB, l'an dernier, la Chine doit absolument donner une nouvelle impulsion à son économie. Ses manufactures, principalement la fabrication d'acier et les équipements lourds, vont trouver de nouveaux débouchés.

 Sur la Nouvelle Route, la Chine trouvera également de nouveaux gazoducs en Asie centrale et de nouveaux ports en eau profonde, en Asie du Sud, pour étancher durablement sa soif en énergies fossiles. 

 Ces projets vont aussi imposer le renminbi comme monnaie d'échange internationale, au détriment du dollar. C'est un objectif économique important pour Pékin.

 Sur le plan militaire, la réouverture de voies terrestres entre l'Europe et la Chine sert à contourner le détroit de Malacca. Ce goulot d’étranglement de 45 kilomètres de large et 700 kilomètres de long, coincé entre la Malaisie et l’Indonésie, voit passer 90 % du trafic maritime chinois vers l'ouest. Pour paralyser la Chine, il suffirait de bloquer le détroit. 
Ces routes terrestres entre l'Europe et l'Asie feraient gagner dix jours, en moyenne, par rapport au transport maritime. Le passage par la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie serait encore plus rapide.
Enfin, sur le plan géopolitique encore, la Chine est convaincue que le fait de construire une zone de prospérité économique va étouffer la menace de chaos djihadiste, né de la misère économique, qui menace d'emporter l'Asie et l'Afrique. Un peuple bien nourri peut, selon Pékin, se passer d'idéaux politiques ou religieux.

Après des années de modestie de façade, la Chine est prête à gouverner le monde, c'est ce qu'elle signifie en créant la Banque Asiatique d'Investissement dans l'infrastructure (AIIB), du Fonds de la Route de la soie, de l'Organisation de coopération de Shanghai, des BRICS, du G13 et des forums économiques, tels que le Forum de Boao. La Chine s'était initialement, en apparence, soumise au système de gouvernance mondiale prôné par les Américains. Cette phase a pris fin. 



l'Union européenne pourrait embrasser cette nouvelle opportunité de développement avec enthousiasme. Elle y gagnerait en stabilité régionale, en développement économique et diversifierait son approvisionnement énergétique. De plus, l'Inde, le Pakistan, l'Iran, le Kazakhstan sont de nouveaux marchés intéressants pour les entreprises européennes. Participer à la Nouvelle Route de la Soie serait une bonne occasion de se rapprocher de la Russie et apaiser les tensions. l'Union européenne aurait une occasion unique de formuler ses propres intérêts en collaborant avec la Chine à la création de cette nouvelle Route de la Soie. Cela deviendrait une initiative sino-européenne, un projet gagnant aux deux extrémités de la route.
Mais l'Europe est aujourd'hui beaucoup trop asservie à Washington pour oser saisir cette opportunité. La vieille Europe a perdu ses lunettes, elle ne voit plus l'avenir.

 

Source : http://williamkergroach.blogspot.fr/



13 réactions


  • titi titi 31 mai 2017 17:47
    A voir...

    Lorsque l’on importe un produit fabriqué en Chine, les frais d’acheminement sont souvent plus élevés que le produit.
    Pourtant ils arrivent par des portes containeurs chargés à ras bord.

    Cette nouvelle route de la soie ne conduira-t-elle pas à un renchérissement des produits made in China ?

    Il est à noté que dans le même temps Français-Allemands et Russes se sont mis d’accord pour la construction d’un gazoduc qui évite les pays baltes et la pologne pour ne pas être à la merci des droits de douane de ces pays.
    En économie le chemin terrestre est souvent le plus court mais pas toujours le meilleur.

  • riff_r@ff.93 [email protected] 31 mai 2017 20:15

    Si vous n’avez pas tout perdu avec Eurotunnel vous pouvez investir dans la Route de la soie.


  • LE CHAT LE CHAT 31 mai 2017 23:22

    Je reviens de 3 semaines en Chine et je confirme un niveau de confiance absolu pour le futur , on ne compte plus les tours , les autoroutes , les ouvrages de genie civil en construction , ils vont nous bouffer !!!!


    • microf 1er juin 2017 00:04

      @LE CHAT

      Pendant ce temps en Occident, on augmente les budgets militaires, on fait resonner les tambours de guerres, on fait la guerre, pauvre Occident.


    • pierre 3 juin 2017 18:37

      @LE CHAT
      cela fait presque 50 ans que j’entends cela, le point de mesure est « qui sait fabriquer des moteurs d’avions » , pas la Chine, seule une poignée de pays est capable de cela....


  • zygzornifle zygzornifle 1er juin 2017 11:32

    on s’en fiche , on a Macron qui va l’inviter a Versailles et lui écraser la main ......


  • Lengage Lengage 1er juin 2017 15:47

    Pour l’instant c’est surtout un partenariat avec la Russie qui s’est tenu. Poutine ayant l’objectif de servir de tampon entre la Chine et l’Europe, ce que les américains ne veulent absolument pas bien entendu.
    Il faut quand même écouter ce président chinois qui entend promouvoir le libre-échange dans le monde et prendre ainsi le leadership aux USA de Trump. Ce serait amusant, moins pour les peuples toujours plus submergés de produits à bas coûts venant du fin fond du monde donc polluant toujours plus que la production locale, et avec comme conséquence de détruire toujours plus d’emplois.

    Produits moins chers certes, mais plus de chômage, plus de précarité sociale qui est gagnant au final ? Sûrement pas les peuples.

    Merci pour ton article.

    Venez vous informer autrement sur le Portail engagé contre le nouvel ordre mondial


  • Odin Odin 1er juin 2017 16:31

    L’ouverture de ces deux routes terrestres de la soie, nord

    et sud, signifierait la fin de la suprématie économique US

    par le $ suite à Bretton Woods et de la vassalité de l’UE à

    l’état profond, pour cela je pense que cela ne sera pas

    possible à moins d’un conflit majeur.

    La route du nord, par le Kazakhstan, la Russie est bloquée

    par l’Ukraine et en passant plus au nord par la Biélorussie,

    elle est bloquée par la Pologne, l’un des pays d’Europe le

    plus vassalisé à Washington et toujours sous le syndrome

    de Katyn, lui interdisant une bonne entente avec la Russie.

    Celle du sud, par le Pakistan, l’Afgnanistan, l’Iran, l’Irak, la

    Syrie est actuellement encore moins réalisable et pour de

    nombreuses années (plan Oded Yinon).

    Seule une indépendance financière des pays européens

    pourrait changer ce paradigme économique, mais toutes les

    élections et notamment la dernière en France, montrent bien

    que l’Europe ne prend malheureusement pas cette direction. 


    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 1er juin 2017 18:57

      @Odin

      Tiens

      c’est pas mal

      d’ecrire comme ça

      en sautant des lignes

      c’est plus lisible

      ^^


    • Alren Alren 2 juin 2017 14:18

      @Odin

      « cela ne sera pas
      possible à moins d’un conflit majeur. »

      Un conflit majeur, une « guerre chaude » entre la Chine et les USA signifierait une guerre nucléaire mondialisée. Cela n’est pas possible.
      La bombe A a pu être utilisée par les USA contre le Japon, parce que celui-ci n’en possédait pas pour riposter. Et que le volume des retombées radioactives était limité, sans conséquence mesurable pour la planète.


  • zygzornifle zygzornifle 2 juin 2017 08:53

    L’Europe saura-t-elle profiter de cette ouverture économique vers l’Orient ?.... 

    qu’a t’elle à leur proposer qu’ils n’ont pas ou ne fabriquent pas ?  du pinard, du fromage et quelques articles de luxes qui pour l’instant copient ......
    Cette route profitera peut être aux migrants a moins que le gouvernement Chinois les laissent a leurs frontières ....

    • Alren Alren 2 juin 2017 14:25

      @zygzornifle
       
      On sait que la moitié au moins des produits qui seront d’usage courant en 2050 n’existent pas aujourd’hui : il suffit de regarder cinquante ans en arrière pour s’en convaincre.

      Qui inventera et mettra au point ces produits ... et saura protéger ses brevets et secrets de fabrication, tout est là !

      De ce point de vue, l’élection de Macron à la place de Mélenchon est un mauvais point pour la France ...


  • Roosevelt_vs_Keynes 4 juin 2017 20:16

    Le tout, après que seul Jacques Cheminade ait évoqué ce sujet crucial lors de la présidentielle ! http://www.solidariteetprogres.org/actualites-001/raffarin-de-villepin-gosset-s.html


Réagir