lundi 13 février 2017 - par Clark Kent

Pérou : un juge ordonne l’arrestation de l’ancien président

La tornade blanche brésilienne "Car Wash" qui a entrepris de nettoyer l’Amérique du Sud de la corruption vient d’emporter dans la tourmente l’ancien président du Pérou et le cabinet d'avocats qui était à l’origine des Panama Papers.

Un juge péruvien a ordonné l'arrestation d’Alejandro Toledo, président de la République Pérou de 2001 à 2006, soupçonné d’avoir reçu des pots de vin pour un montant de 19 millions d’euros provenant du géant brésilien du BTP Odebrecht (voir notre article : « Colombie : Santos éclaboussé par les pots de vin brésiliens« .

Les pots-de-vin auraient été versés en contrepartie de l'attribution de marchés publics de travaux.

Odebrecht, la société au cœur du scandale de la corruption « Opération Car Wash » et menace de renverser le gouvernement non élu du Brésil, a admis en décembre avoir payé 750 millions d’euros à des fonctionnaires d'Amérique latine en échange de contrats gouvernementaux juteux - dont 27 millions au Pérou.

Le juge Richard Concepcion a suivi l’action publique mise en mouvement par des procureurs. M. Toledo serait incarcéré pour un maximum de 18 mois, si l’enquête en cours montre qu’il a bien bénéficié de pots de vin en échange du permis de construire nécessaire à la réalisation d’une route reliant le Brésil et la côte péruvienne.

M. Toledo qui est actuellemnt à l'étranger a nié tout acte répréhensible.

Le juge a indiqué qu'une alerte rouge avait été envoyée à Interpol pour son arrestation "où qu'il se trouve".

« Même s'il a été président, il est soumis à la loi », a déclaré le juge Concepcion, ajoutant qu'il y avait « un haut degré de probabilité » qu'il soit impliqué dans le blanchiment d'argent et le trafic d'influence.

La police a fouillé la maison de Toledo, dans la capitale péruvienne de Lima, samedi. L'ancien président a dit qu'il reviendrait au Pérou à condition d’être assuré d'un procès équitable.

Au Panama, le Bureau du Procureur général a ordonné une perquisition dans les bureaux du cabinet d'avocats Mossack-Fonseca - la société qui était au cœur du scandale des "Panama Papers » l'an dernier, suite à des révélations d'évasions fiscales massives.

Le procureur a accusé le cabinet d’avocats d’avoir créé un compte offshore pour Odebrecht dans le but d’assurer la distribution des pots de vin aux fonctionnaires de la région.

Un des associés de Mossack-Fonseca, Ramon Fonseca, a affirmé que son entreprise était devenue un « bouc émissaire » pour couvrir les véritables bénéficiaires des pots de vin d'Odebrecht.

"Les informations doivent venir de l’extérieur parce qu'ici il n'y a pas eu d'enquête réelle", a-t-il affirmé en ajoutant que le président panaméen Juan Carlos Varela lui avait dit qu'il avait reçu un don d'Odebrecht pour financer sa campagne électorale de 2014.

M. Varela a démenti et a demandé hier au Tribunal électoral de publier sa déclaration dedons pour assurer cette campagne.



7 réactions


  • Alren Alren 13 février 2017 10:48

    L’arrestation des puissants corrompus et leur mise en détention après un jugement public redonne confiance au peuple dans ses institutions et doit accompagner la révolution citoyenne.

    Ce qui se passe en Amérique latine est une bonne nouvelle pour le monde entier.

    Si cela pouvait permettre de dégager les auteurs du coup d’état feutré au Brésil, ce serait formidable.


  • rogal 13 février 2017 11:22

    Information bienvenue.


  • wesson wesson 13 février 2017 14:45

    Tout d’abord, remarquons que ce qui nous était présenté comme « la plus grande fuite sur la corruption de tous les temps » a en réalité débouché sur rien ou presque. L’ancien président du Pérou, quelques personnalités retirées ou déjà carbonisées politiquement, 2 ou 3 petits millionnaires. Au final pas grand chose, qui permet de faire apparaître cette opération de « Panama papers » pour ce qu’elle était : un plan com’ pour viser principalement Wilkileaks (qui lui au contraire tape très fort et fait très mal), et pour tenter de redorer le blason d’une presse de milliardaires, en pleine crise de déconsidération au niveau planétaire.

    Faut-il rappeler que le CSIJ (à l’origine des Panama Papers) est une structure dont les bureaux sont à 2 pas de la maison blanche, qu’elle est financée entre autre par la NED - un nez rouge de la CIA, et que son fonctionnement est totalement opaque : on ne peut même pas savoir qui y adhère ni qui y travaille.

    De plus, l’opération « Lava Jato » elle même est pour le moins douteuse. Non seulement elle a permis ce qui n’est rien d’autre qu’un coup d’état institutionnel au Bresil, mais en plus pour y arriver, les magistrats et tout particulièrement le chouchou des médias le juge Sergio Moro qui n’as pas hésité à enfreindre la légalité à de multiple reprises dans cette enquête, notamment en organisant des fuites.
    Il faut également parler du procureur Dallagnol à qui reviens la tâche d’impliquer coûtes que coûtes Lula dans ce scandale, pour l’empêcher de se présenter aux prochaines élections. 

    Ainsi cette opération « main propre » n’est en réalité que le coup d’état un peu moins violent d’une droite qui n’arrivait pas à se faire élire démocratiquement au Bresil depuis 30 ans au moins. Et il faut voir ce que ça donne maintenant : Des manifs tout le temps, avec 75 morts pour la dernière (une gréve des policiers pour la défense de leur salaire - gelé pour 20 ans comme tous les fonctionnaires)

    Alors cette lutte anti-corruption là, elle ne va pas changer grand chose...

    • wesson wesson 13 février 2017 14:50

      @wesson
      J’ajoute que concernant le continent Sud-Américain, les Nord-Américains l’ont repris en main en décanillant pratiquement tous les régimes progressistes qui s’y étaient fait élire. 


      Il ne reste plus guère que le caillou du Venezuela à faire sauter, ce qui ne saurait tarder compte tenu de l’étranglement économique dans lequel le pays se trouve (et dont il faut bien reconnaître qu’il est au moins en parti dû au gouvernement Vénézuélien, et surtout à ce qu’ils n’ont pas fait lorsqu’ils pouvaient encore le faire).

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 13 février 2017 16:07

      @wesson

      Je pensais que les Nord-Américains n’avaient jamais perdu la main en Amérique du sud(*), et surtout pas au Brésil, mais il se peut que cette opération soit un immense règlement de comptes entre mafias concurrentes (narco-trafiquants) ou les grosses transnationales concurrentes (fruits, légumes, BTP), les premières étant légales et les secondes souterraines.

      Sans aller jusqu’à croire que la disparition d’Al Capone a abouti à l’émergence d’une société exemplaire aux Etats-Unis, je crois que l’éradication de certaines mafias américaines (italienne, irlandaise, juive) on permis aux citoyen américains de mieux respirer pendant quelques décennies.

      Les événements sont inintéressants à suivre sans pour autant être dupes de la victoire du bien sur le mal, ou d’une « justice intègre indépendante », ou de l’intervention de Monsieur Propre.

      (*) sauf à Cuba, mais on connait le prix, et le poids de l’URSS n’est plus disponible.

  • zygzornifle zygzornifle 14 février 2017 13:37

    Quand on voit qu’un Sarko s’en est toujours tiré et qu’un Fillon est en bonne voie pour on se dit que l’efficacité n’est pas Française .....


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