Pérou : un juge ordonne l’arrestation de l’ancien président
La tornade blanche brésilienne "Car Wash" qui a entrepris de nettoyer l’Amérique du Sud de la corruption vient d’emporter dans la tourmente l’ancien président du Pérou et le cabinet d'avocats qui était à l’origine des Panama Papers.
Un juge péruvien a ordonné l'arrestation d’Alejandro Toledo, président de la République Pérou de 2001 à 2006, soupçonné d’avoir reçu des pots de vin pour un montant de 19 millions d’euros provenant du géant brésilien du BTP Odebrecht (voir notre article : « Colombie : Santos éclaboussé par les pots de vin brésiliens« .
Les pots-de-vin auraient été versés en contrepartie de l'attribution de marchés publics de travaux.
Odebrecht, la société au cœur du scandale de la corruption « Opération Car Wash » et menace de renverser le gouvernement non élu du Brésil, a admis en décembre avoir payé 750 millions d’euros à des fonctionnaires d'Amérique latine en échange de contrats gouvernementaux juteux - dont 27 millions au Pérou.
Le juge Richard Concepcion a suivi l’action publique mise en mouvement par des procureurs. M. Toledo serait incarcéré pour un maximum de 18 mois, si l’enquête en cours montre qu’il a bien bénéficié de pots de vin en échange du permis de construire nécessaire à la réalisation d’une route reliant le Brésil et la côte péruvienne.
M. Toledo qui est actuellemnt à l'étranger a nié tout acte répréhensible.
Le juge a indiqué qu'une alerte rouge avait été envoyée à Interpol pour son arrestation "où qu'il se trouve".
« Même s'il a été président, il est soumis à la loi », a déclaré le juge Concepcion, ajoutant qu'il y avait « un haut degré de probabilité » qu'il soit impliqué dans le blanchiment d'argent et le trafic d'influence.
La police a fouillé la maison de Toledo, dans la capitale péruvienne de Lima, samedi. L'ancien président a dit qu'il reviendrait au Pérou à condition d’être assuré d'un procès équitable.
Au Panama, le Bureau du Procureur général a ordonné une perquisition dans les bureaux du cabinet d'avocats Mossack-Fonseca - la société qui était au cœur du scandale des "Panama Papers » l'an dernier, suite à des révélations d'évasions fiscales massives.
Le procureur a accusé le cabinet d’avocats d’avoir créé un compte offshore pour Odebrecht dans le but d’assurer la distribution des pots de vin aux fonctionnaires de la région.
Un des associés de Mossack-Fonseca, Ramon Fonseca, a affirmé que son entreprise était devenue un « bouc émissaire » pour couvrir les véritables bénéficiaires des pots de vin d'Odebrecht.
"Les informations doivent venir de l’extérieur parce qu'ici il n'y a pas eu d'enquête réelle", a-t-il affirmé en ajoutant que le président panaméen Juan Carlos Varela lui avait dit qu'il avait reçu un don d'Odebrecht pour financer sa campagne électorale de 2014.
M. Varela a démenti et a demandé hier au Tribunal électoral de publier sa déclaration dedons pour assurer cette campagne.