mardi 7 mai 2013 - par Aimé Mathurin Moussy

An I : Hollande entre mauvais timing et mauvais feeeling

En observant les déplacements qui s'opèrent actuellement dans le discours politique médiatisé, qui passe d'un modèle argumentatif à un dispositif narratif, on constate que les images des politiciens, leurs projets discursifs et visuels semblent plus déterminants que leurs programmes. Hollande, a une mauvaise communication, c'est le moins que l'on puisse dire.Les enjeux sociaux, politiques et idéologiques de ces nouvelles mises en récit sont importants, et liés à l'accroissement du poids des médias et de l'image dans la communication politique. Le politique ne se dissout cependant pas dans le médiatique, il change de forme, mais cela transforme aussi radicalement le modèle communicatif de l'espace public. La politique est une mise en scène de la sensiblité, l'art de transformer l'émotion en rêve, voire en projet. L'habit du politicien, c'est sa communication. 

Mauvais staff, mauvaise transmission

Les liens entre la politique et les médias, les liens entre les équipes et les médias , nous apparaissent comme facteurs essentiels, pour matérialiser un projet de société, pour porter un projet de gouvernance. Entre vie publique et vie privée, avec l'aubaine que lui offrait le tweet de sa compagne, Hollande avait une occasion idoine d'asseoir sa personnalité, d'homme d'Etat, et chef de famille. Cette envie, de jouer aux équilibristes et de paraître normal, a laissé comme un goût de desintérêt, pour la chose familiale, un désintérêt pour la France. Il a oublié que, l'évolution du champ politique se caractérise par une médiatisation et une personnalisation croissante. Pourtant le caractère évident et récurrent des discours montrant les liens entre la propagande politique et vie privée, a pour but, d'affirmer l'étoffe relationnelle qu'on se fait avec ses concitoyens. C'est une forme d'interrelation, entre le champ politique et le champ émotionnel. Avec notre époque, c'est ce mode de fonctionnement qui passionne. Son staff, après la surexposition de Sakozy, a voulu normaliser , la fonction présidentielle, et de ce fait, en voulant entrer dans le communément normal, ils ont dépolitisé la fonction présidentielle.

Il ne s'agit pas de transformer l 'Etat, et les fonctions régaliennes dévolues au chef de l'Etat, en "Show man politique", ni de faire l'apologie d'une communication outrancière ; mais d'accorder, une forte visibilité à l'action politique... Partir sur de simples postulats de l'action du gouverment, vers un axiome d'aggrégation du parti, des alliés, pour une propagande savamment distillée. Les exemples ne manquent pas, pour rendre compréhensibles la position du gouvernement : l'amnistie sociale, le mariage pour tous,l'aéroport de Notre-dames -Des -Landes, etc. 

Une bonne politique publique,suppose des renseignements pratiques, sur des projets, des actions, des décisions, avec un timing précis, et un interlocuteur précis... Cette manière d'agencer les affaires publiques, est une action transversale, qui permet aux cabinets de bien huiler leurs communications, et de donner tout aussi, aux agents de l'Etat qui, sans être des communicants, d'être amenés à promouvoir l' action publique à des dégrés divers. 

Regagner les paris perdus

Il semble que la science politique, notamment dans l'étude de la communication politique, soit arrivée à un stade relativement élaboré de l'analyse de cette dimension de l'action des politiques et des institutions. Et Hollande a du mal, à se faire comprendre, tant dans son gouvernement, que par alliés, au point où:Certes, le pouvoir a toujours été un exercice solitaire. Mais François Hollande ne trouve plus personne pour le soutenir dans son action. Ses rares décisions trahissent tellement ce manque de cordination, qu'elles laissent émerger beaucoup d' incompréhension. Que Marine Le Pen et le Front national défilent en dénonçant "le délitement de la nation", rien de très surprenant. Que la droite s'interroge sur les capacités de Hollande à diriger la France, elle est dans son rôle.

Mais, même à gauche, le chef de l'État ne trouve aucun réconfort. Mélenchon et ses troupes sont vent debout et se préparent à descendre dans la rue. Le Parti socialiste joue, en solo, sa partition antirigueur. Le gouvernement, hétérogène, est transparent. Divisés en ce 1er Mai, les syndicats sont en colère. 

En effet les théories générales se sont surmultipliées ce qui a conduit les acteurs politiques, tant de son camp, que de l'opposition, à vouloir rompre avec son approche politique et le cap qu'il s'est fixé. Il faut aujourd'hui plus que jamais, une médiatisation d'une action publique menée à l'échelle nationale et locale : la politique du président. Une vraie campagne de reconquête de l'opinion. Cependant ce n'est pas la campagne d'information qui est analysée mais les logiques de médiatisation liées à cette politique. Celles ci ont un point en commun, celui de vouloir dépolitiser l'action publique, de la sortir d'un discours partisan ou engagé, et de susciter une ferveur populaire autour d'un projet. Un des aspects de cette politique consiste à donner un aspect naturel et incontestable à l'objectif de réduire " le fossé entre le sommet et la base ". Certes, Hollande a eu une vision courageuse, très différente de la gauche ancienne. Certes, il est un habile technocrate, qui a pris certaines mesures courageuses. Aujourd'hui il est grand temps de repartir en campagne, avec une équipe soudée.Dans ces conditions, comment ne pas espérer un retour de la croissance ! Elle ne se déploie que sur des fondations saines, quand les équilibres financiers sont respectés, et quand tous les accords, entre les membres d'une équipe sont parfaits. 


Aimé Mathurin Moussy



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