jeudi 11 mai 2017 - par Laurent Herblay

Après la présidentielle, partie 2 : ces motifs d’espoir paradoxaux

Bien sûr, cette campagne a été désastreuse, les sujets de fond ayant été souvent occultés par les affaires et le manque d’ouverture aux débats, Marine Le Pen continue à incarner l’opposition au système, malgré une incompétence crasse, et le candidat de l’oligarchie qui soutient les politiques en échec depuis des décennies a été élu, pourtant on peut se demander s’il n’y a pas des motifs d’espoir…

 

Volonté de changement et paysage politique éclairci
 
Malgré tout, cette campagne présidentielle accouche de points très positifs. En quelques mois, Hollande, Sarkozy et Juppé ont été mis définitivement à la retraite. Le Parti Socialiste est probablement à la fin de sa vie (ce qu’il faut tempérer par le fait qu’En Marche en est largement une réincarnation, du moins, du camp eurolibéral) et Les Républicains sont en grande difficulté. Le fait que les Français aient élu un nouveau venu et s’éloignent à ce point des deux grands partis qui ont structuré notre vie politique depuis des décennies témoigne d’une profonde volonté de renouvellement, qui pourrait durer et pourrait aussi ouvrir la voie à de nouvelles alternatives plutôt qu’En Marche ou le FN.
 
Après tout, si les Français sont prêts aujourd’hui à voter pour un candidat au parcours météorique venant en remplacement d’anciens partis dominants, comme Macron, cela ne signifie-t-il pas qu’un tel phénomène pourrait avoir lieu dans cinq ans, cette fois-ci au sein des formations alternatives ? Un nouvel homme ou une nouvelle femme ne pourrait-il (elle) pas s’imposer face à la famille Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, apportant le renouvellement dans l’alternative aux politiques eurolibérales ? Le point positif de cette élection, pour moi, c’est que les Français sont moins conservateurs politiquement, davantage prêts à confier le destin du pays à une personne neuve, ce qui vaut sans doute mieux.
 
L’autre point positif de l’élection d’Emmanuel Macron, c’est la clarification du paysage politique. L’opposition un peu artificielle entre les deux faces de la même médaille eurolibérale s’affaiblit avec l’avènement d’un président qui propose de la dépasser. Après tout, ne vaut-il pas mieux que notre vie politique se structure autour de l’opposition entre partisans et opposants d’une globalisation qui efface les nations ? Ce clivage ne vaut-il pas beaucoup mieux que celle entre un PS et une droite tous deux partisans de cette globalisation anti-nationale ? Et du coup, quand l’alternative sera bien incarnée, alors, l’échec de la globalisation eurolibérale pourrait enfin mener nos idées au pouvoir.
 
Voilà pourquoi, paradoxalement, du fait de l’accession de Macron au pouvoir, je me demande finalement si cela n’est pas une étape qui permettra au contraire aux idées souverainistes, humanistes et progressistes de parvenir enfin au pouvoir. Sa politique de régression sociale au profit des multinationales et des plus riches pourrait le chant du cygne malheureusement nécessaire de l’eurolibéralisme.
 

 

Demain, suite de mes analyses sur cette présidentielle
 


2 réactions


  • Alpo47 Alpo47 11 mai 2017 10:42

    Ce serait une excellente chose que d’avoir quelqu’un qui sort de la logique binaire des deux partis d’opposition, sinon que .... E.Macron n’en sort pas du tout. Sa « différence » n’est qu’illusion. C’était surement le meilleur représentant du système en place. Il suffit de voir comment les dirigeants de l’UE , allemands et autres pavoisent.

    Il va continuer et approfondir ce qu’il a largement contribué à mettre en place en tant que conseiller ou ministre. Plus que jamais , le Medef, le monde financier , l’OTAN et ... Angela Merkel prennent le controle du pays. Pire, ce sont les Rotchild qui ont accaparé le pouvoir. Ils l’avaient déjà avec G.Pompidou, puis Giscard -l’ont-ils jamais perdu- ils le reprennent officiellement aujourd’hui.
    Peut-il en advenir quelque chose de positif pour le peuple -les99%- ? Non, jamais, ils ne sont guidés que par la cupidité, la volonté de tout controler , le Pouvoir.

    L’élection de Macron n’est qu’une gigantesque tromperie dont les médias ont une énorme responsabilité et, étant donné son passé et son programme, on peut prévoir pour le pays des lendemains qui déchantent. Cinq années qui s’avèreront catastrophiques ... sauf pour les « élites », bien entendu.


  • xana 11 mai 2017 12:09

    Je pense que l’auteur a raison, au moins en partie.

    Un des rares côtés positifs de cette élection (mascarade d’exercice de la démocratie) est que les rideaux de fumée se sont dissipés. La gauche et la droite ont montré qu’elles ne sont qu’un trompe l’oeil. Le FN a montré qu’il n’est pas réellement candidat à gouverner, mais un simple repoussoir entretenu par les puissants pour donner aux citoyens l’illusion d’un choix.
    Bref, Macron a été élu par et pour les banquiers et tous les affairistes, et les politiciens de tous bords se sont précipités pour lui faire allégeance. Les citoyens ont un président, mais 3/4 d’entre eux ne se reconnaissent pas en lui. Beaucoup n’ont pas voté ou ont voté blanc ou nul. D’autres ont voté Le Pen pour faire barrage à Macron. Parmi ceux qui ont voté pour lui, une majorité a surtout voulu faire barrage au FN, et ne le soutient pas.

    Ce qui signifie que désormais Macron et les banksters sont nus devant les citoyens grugés. Les oppositions simulées ont disparu. Et désormais ces citoyens ont compris que la seule alternative à une soumission abjecte sera la révolte contre Macron et ses patrons, le blocage de ses initiatives, voire l’insurrection.

    Jean Xana


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