Du cauchemar au rêve ?
François Hollande, le 22 janvier 2012, a pris la parole, et devant un public surchauffé et une salle en feu, il a brossé le tableau émouvant de sa France, avec l’envie communicative de nous faire partager son rêve de la voir décoller au Bourget.
C’est devant une salle remplie de près de 25 000 personnes, alors qu’on en attendait 10 000, (vidéo) l’accueillant en scandant « François Président », restant debout pendant la quasi totalité du discours, que François Hollande, avec des accents républicains, endossant des habits de vainqueur, a proposé aux français un nouveau rêve, avec une telle ferveur qu’il était difficile de ne pas avoir envie d’y croire. vidéo
Avant lui, Yannick Noah avait enflammé le public en affirmant « puisqu’il faut changer les choses, le changement c’est maintenant », suivi par une courte vidéo nous remettant en mémoire Coluche qui, prémonition peut-être, évoquait « vivement 2012 ». vidéo
Déclinant les trois mots chers à tous les français, « liberté, égalité, fraternité », il a brossé un tableau de son programme, avec une si forte conviction, qu’une émotion palpable se dégageait au fur et à mesure du discours.
Rêvant d’une France de la diversité où chacun apporterait sa diversité, mais dans l’unité de la République, il veut surtout redonner la confiance aux français.
Rien n’a été oublié : porté par une foule pleine d’espoir, dans une folle ambiance, conscient de la tache qui est la sienne : « incarner le changement, faire gagner la gauche, redonner confiance à la France », François Hollande a d’abord fait le constat de l’échec cuisant de ce gouvernement finissant, en déclarant : « commencé dans la virevolte, ce quinquennat se finit en tourmente, plombé par des cadeaux fiscaux destinés aux plus fortunés » résumant en un seul mot le bilan sarköziste : « la dégradation », mais sans jamais prononcer le nom de celui qu’il se propose de remplacer le 6 mai 2012.
En se moquant de ceux qui lui reprochent de ne jamais avoir été ministre, il les a gentiment renvoyés sur leur banc : « quand je vois ceux qui le sont aujourd’hui, ça me rassure » puis s’adressant manifestement à Sarközy, il s’est amusé de ceux « qui changent sans cesse » en rappelant que « préserver la République, c’est ne pas inviter les dictateurs en grand appareil à Paris » et que si « présider la république, c’est accueillir les étudiants étrangers » c’est aussi « unir et réconcilier les Français ».
« Présider la République, c’est ne pas nommer les présidents des chaines de Télévision ou de Radio, afin de garantir leur indépendance » a-t-il martelé.
Le président sortant a du avoir les oreilles qui sifflaient lorsque Hollande à dénoncé « l’utilisation de la police à des fins politiques » affirmant qu’il sera « impitoyable avec la corruption ».
Il veut remettre à l'ordre du jour la loi de 1905 qui avait décidé la séparation de l’église et de l’état, afin que la laïcité soit au cœur de la République, en l'inscrivant dans la constitution.
Rappelant que « 10 ans de droite auront coûté aussi cher que tous les gouvernements réunis de la 5ème république » Il a dénoncé ceux qui tentent de faire peur à l’électeur, évoquant ces nantis qui quitteraient le navire France s’il était élu, et a rappelé que le bouclier fiscal ne les a jamais fait revenir.
Il a taclé mainte fois le gouvernement Sarközi, citant Shakespeare : « Ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve » en déclinant tous les sujets qui seront les leitmotivs de sa campagne.
Annonçant, s’il est élu, le doublement du livret A, il a déclaré : « l’argent doit être un serviteur, et non un Maître » ajoutant à l’adresse des délinquants fiscaux, les mettant sur le même plan que les autres délinquants : « la République vous rattrapera », et « seule la justice guidera notre action, guidant la révolution fiscale dont la France a besoin » assurant qu’il permettra enfin « l’indépendance de la justice » qui sera la même pour les faibles comme pour les puissants, voulant être ainsi le Président de la fin des privilèges, en écartant la possibilité de toute intervention du pouvoir dans les affaires, en préservant la liberté de la presse.
Des mots qui ont du être doux aux oreilles des journalistes du « Point », du « Monde », de « Médiapart », et d’autres, qui sont actuellement en butte aux agissement de l’espion présidentiel, surnommé « le squale ». lien
Pour redonner des couleurs à la République, il a assuré : « la démocratie sera plus forte que les marchés, plus forte que les religions »
La jeunesse a été l’un des points forts de ses propositions, et il a voulu réconcilier les générations, proposant que les plus anciens fassent profiter aux plus jeunes de leur expérience, en leur mettant en quelque sorte le pied à l’étrier, assurant que « c’est pour la jeunesse qu’il faudra faire les 150 000 emplois d’avenir » ajoutant, « la jeunesse, c’est notre chance. Comment peut-on accepter que cette chance devienne une charge ? », porté par ce concept : « l’idée que chaque génération vivra mieux que la précédente » en concluant « Un seul objectif dans mon futur mandat : que les jeunes vivent mieux en 2017 qu’en 2012 »
Sur la question finances, il a affirmé « toute nouvelle dépense sera compensée par une économie », puis rappelant la carrière de son prédécesseur, il a déclaré : « le quinquennat ne sera pas un zigzag, une volte face, une contradiction, nous savons où nous voulons aller » ajoutant « je ne promets que ce que je suis capable de tenir. Je connais l’ampleur de la dette ».
Il a prévenu les banksters : « mon adversaire, c’est le monde de la finance, qui ne sera jamais élu, mais qui gouverne » dénonçant cette finance qui en quelques années a pris le contrôle de l’économie, capable de menacer les états, et de délocaliser les entreprises.
Il a affirmé : « La taxe sur les transactions financière ne sera pas seulement le rétablissement de l’impôt de Bourse, ce qui va être fait, et qui avait été supprimé il y a quelques mois, c’est vous dire l’incohérence, mais une véritable taxe sur les transactions financières », regrettant que « Les banques, sauvées par les Etats, mangent désormais la main qui les a nourris ».
Il a aussi prévenu les parlementaires, leur affirmant que ce sera la fin du cumul des mandats, qu’il mettra de la proportionnelle dans l’assemblée nationale, tout en donnant le droit de votes aux étrangers pour les élections locales.
S’en prenant ensuite aux entreprises qui délocalisent, il les a prévenues « elles devront rembourser les aides qu’elles ont obtenu ».
Promettant qu’il accordera aux homosexuels le droit au mariage, et à l’adoption, il a du faire dresser les cheveux de Marine Le Pen, de Christine Boutin, et de quelques autres candidats d’un autre âge.
A cette même Marine, renvoyée dans un passé de mauvais augure, il a assuré « je ne laisserais pas une formation politique réclamer le retour de la peine de mort ».
Sur la question de l’égalité, il a martelé « l’égalité, c’est le même salaire quand on a les mêmes compétences et les mêmes qualités » assurant « l’égalité, ce n’est pas l’égalitarisme, c’est la justice, ce n’est pas l’assistanat, c’est la solidarité ».
Sur le chapitre de l’environnement, il a encore du chemin à faire puisqu’il a déclaré « nous avons besoin d’une industrie nucléaire forte » ajoutant quand même « mais aussi des énergies renouvelables ».
Mais, s’il compte sur la recherche pour trouver de nouvelles solutions pour sortir rapidement du nucléaire, il semble ne pas savoir encore que les énergies propres et renouvelables sont déjà une réalité, et pourraient permettre des demain d’assurer l’indépendance énergétique du pays, tout en créant énormément d’emplois.
Pourtant ce ne serait pas une surprise, si suite à un nouvel accident nucléaire, prévisible malheureusement, il n’attendrait pas 2025, comme il l’a annoncé, pour sortir de cette énergie si dangereuse.
En tout cas, le candidat socialiste demandant à être évalué pendant son mandat, assume totalement toutes les promesses faites.
C’est entouré de jeunes, image même de la diversité française, qu’il a entonné une marseillaise pour clore cette après midi, qui restera dans les mémoires de ceux qui ont pu y assister.
Cette journée mémorable devrait être confortée par le sondage du 21 janvier 2012 qui montre que l’écart se creuse avec Nicolas Sarközy, le président sortant, avec 30% pour François Hollande, contre 23% pour l’autre, François Bayrou remontant lui, aussi atteignant les 13% (lien), et le discours du 22 janvier pourrait bien lui faire gagner quelques points supplémentaires.
Alors comme il l’a demandé : « verra-t-il notre bonheur le 6 mai ? », seul l’avenir nous le dira, car comme dit souvent mon vieil ami africain : "on lie les bœufs par les cornes et les hommes par leur parole".
Pour découvrir la totalité du discours du Bourget, c’est là : première partie, deuxième partie
L’image illustrant l’article provient de « pierrealain.blogs.nouvelobs.com »
Merci à Corinne Py de son aide efficace
Olivier Cabanel
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