vendredi 21 avril 2017 - par Fergus

Le 23 avril, il n’y aura que deux « votes utiles » : Macron et Mélenchon

Jamais la présidentielle française n’avait proposé un scénario aussi surprenant à moins de 72 heures du scrutin : quatre candidats sont en effet en mesure de se qualifier pour le 2e tour. Avec pour conséquence possible des configurations très diverses, et même carrément aux antipodes l’une de l’autre dans le cas d’une confrontation « populiste » Le Pen-Mélenchon versus un duel « libéral » Fillon-Macron. Nul ne sait à cette heure ce qui sortira des urnes. Seule certitude : il n’y aura que deux « votes utiles »...

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Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon (photo Le Figaro)

Si l’on se réfère aux éléments méthodologiques publiés par les différents instituts de sondage, la marge d’erreur des enquêtes d’intentions de vote varie de 2,2 à 2,5 points. Ce qui revient à dire qu’un candidat actuellement distancé de 4 points, voire de 5 points, peut dimanche sortir vainqueur du 1er tour alors qu’un (ou une) candidat(e) figurant dans le duo de tête peut se trouver éliminé(e). À cet égard, on imagine aisément la fébrilité qui doit régner chez les responsables de ces instituts, soumis à une situation totalement inédite et sujette à de telles incertitudes.

Car il ne faut pas se leurrer : les données chiffrées des dernières enquêtes, déjà publiées ou à venir dans les dernières heures de la campagne, joueront – parfois jusque dans le bureau de vote – un rôle déterminant dans le choix d’un nombre important de nos concitoyens. En l’occurrence des électeurs confrontés : d’un côté, au désir de voter pour le candidat le plus proche de leurs idées ; d’un autre côté, à un impératif stratégique dicté par la crainte de voir émerger au 2e tour un duel entre deux candidats honnis pour leur programme ou leur personnalité. La faute au régime politique français qui, à l’inverse de ce qui se passe presque partout ailleurs dans les grandes démocraties, subordonne le résultat des législatives à la désignation du chef de l’exécutif (cf. Vote utile : une perversion du système français). 

Si l’on établit une typologie des candidats en présence lors de ce 1er tour de la présidentielle, on distingue quatre catégories de postulants à la fonction élyséenne que l’on peut classer ainsi par poids électoral présumé en fonction des sondages : 1) Les partisans d’un libéralisme assumé et de l’ubérisation de la société : Macron et Fillon. 2) Les militants d’une gauche de progrès au service des classes populaires et moyennes : Mélenchon, Hamon, Poutou et Arthaud. 3) Les tenants d’un repli souverainiste potentiellement dangereux pour l’avenir économique du pays et pour la cohésion continentale : Le Pen, Dupont-Aignan et Asselineau. 4) Les marginaux inclassables : Lassalle et Cheminade.

Sans faire injure à ces deux derniers « petits candidats » promis à des scores étiques malgré la sympathie qu’ils inspirent, seules les trois premières catégories sont représentées dans le lot des favoris, respectivement par Macron et Fillon pour les libéraux, par Mélenchon pour la gauche de progrès, et par Le Pen pour les souverainistes.

Or, il n’y aura que deux qualifiés pour le 2e tour. C’est pourquoi, à défaut d’un vote de conviction pour tel ou tel candidat, les électeurs indécis qui se résoudront à voter utile dans le but de conjurer un risque trop grand à leurs yeux, n’auront le choix qu’entre deux candidats en fonction de leur sensibilité : Macron pour tous les tenants d’un libéralisme décomplexé non pollué par de nauséabondes casseroles judiciaires, et Mélenchon pour tous ceux – et ils sont de plus en plus nombreux – qui veulent enfin voir triompher dans notre pays les idées de la gauche de progrès dans le cadre d’institutions modernisées. Deux votes utiles mais antagonistes qui n'ont sans doute pas fini d'agiter les consciences, notamment chez les anciens électeurs de Hollande qu'effraye la perspective d'un 2e tour Fillon-Le Pen.

À lire : l’excellent article de Vincent Lenoir (France-Info) : « Voter Hamon, Mélenchon ou Macron : le casse-tête des électeurs de gauche avant le premier tour de la présidentielle » (20 avril).




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