mardi 7 février 2017 - par Fergus

Présidentielle : des électeurs et des programmes

Que ce soit dans les grands médias ou sur les sites du web, nombre d’éditorialistes et d’analystes politiques pointent du doigt la vacuité et l’imprécision du programme de certains candidats à la présidence de la République. Or, loin d’être rédhibitoire, ce constat n’empêche pas ces candidats de poursuivre leur route sans dommages dans l’opinion...

Jamais, durant la 5e République, les Français n’ont manifesté autant de défiance pour une classe politique dont la plupart des membres sont considérés comme « corrompus » par ceux dont ils tirent leur légitimité. Et les affaires politico-financières qui, après les effets dévastateurs du scandale Cahuzac, touchent actuellement Marine Le Pen et surtout François Fillon – parangon autoproclamé de vertu chrétienne – creusent chaque jour un peu plus le gouffre qui sépare nos concitoyens des élus censés les représenter au sommet de l’État et dans les assemblées représentatives.

Et pourtant, bien loin de s’abstenir comme cela se produit de plus en plus souvent lors des scrutins intermédiaires, une très large proportion des électeurs prendra les dimanches 23 avril et 7 mai le chemin des bureaux de vote pour glisser un bulletin dans l’urne de la présidentielle. Pour une raison évidente : cette élection est aux yeux des Français la pierre angulaire du quinquennat à venir. À tel point que le vainqueur bénéficie en règle générale d’un vote légitimiste qui lui donne une majorité au moins relative lors des élections législatives.

L’enjeu est donc de taille pour les partis politiques. Mais il l’est également pour les électeurs qui vont devoir assumer durant les 5 années suivantes les conséquences de leur choix. Une évidence pour la majorité de ceux qui iront voter par civisme, mais aussi pour ne pas faire partie de ces abstentionnistes qui, tout autant que les votants, subiront les effets de la gouvernance à venir sans avoir exercé leur droit individuel – aussi dérisoire soit-il – à influer sur le cours de celle-ci. D’où la nécessité, pour chacun de ces votants, de s’informer des projets et des programmes des candidats en présence.

Or, sur ce plan, il existe d’énormes disparités dans l’électorat, notamment entre les CSP (catégories socio-professionnelles) favorisées et les classes populaires. On trouve en effet dans les premières la plupart des gens éduqués qui, par leur métier ou leur éducation, ont toujours eu accès à l’information et, croient-ils, maîtrisent de ce fait la complexité des propositions faites par les candidats. Figurent également dans ces CSP la plupart de ceux qui se positionnent sur un créneau partisan par intérêt économique.

Du côté des classes populaires, l’accès à l’information va moins de soi, et la plupart des électeurs doivent accomplir l’effort d’aller sur les sites des candidats pour mieux cerner les enjeux et traduire les propositions en termes d’impact sur leurs conditions de vie. Certains le font sans problème, et c’est notamment vrai chez nos compatriotes les plus politisés ou les plus investis dans l’action syndicale. Mais ce n’est pas le cas de nombreux Français qui s’en remettent aux informations, le plus souvent tronquées, qui sont véhiculées par les médias mainstream.

Des slogans assénés en boucle

Abel François, chercheur en économie à l’Université de Strasbourg, estime en effet que pour ces derniers « le temps consacré à l’acquisition d’informations est coûteux car c’est du temps qui ne sera pas utilisé pour faire autre chose. » En l’occurrence travailler, se distraire, pratiquer des activités sportives, sortir en famille. Dès lors, consciemment ou pas, ils font l’impasse sur une lecture détaillée des programmes et forgent le plus souvent leur conviction électorale sur quelques idées force et slogans mobilisateurs assénés en boucle par les candidats et leurs porte-paroles.

À cet égard, Abel François enfonce le clou : « Les prises de position clivantes, qui permettent des raccourcis cognitifs, ou les grands repères idéologiques [...] sont des signaux simples à envoyer, et peu coûteux à s'approprier pour les électeurs. » Les meilleures illustrations récentes de ce constat ont été signées par Nicolas Sarkozy en 2007 avec son « Travailler plus pour gagner plus  », et par François Hollande en 2012 au cours du meeting du Bourget : interrogés, les électeurs du PS se souviennent peu de ses propositions, mais beaucoup reconnaissent avoir été galvanisés par la fameuse apostrophe « Mon ennemi, c’est la Finance ! »

Aux idées force et aux slogans s’ajoute une composante essentielle du choix des électeurs : la représentation qu’ils ont de la personnalité des candidats. Or, celle-ci peut se révéler trompeuse. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a bénéficié d’une image de détermination et d’efficacité que son exercice du pouvoir brouillon et velléitaire a ensuite très largement sapé. De la même manière, François Hollande a, par contraste avec son agité prédécesseur, bénéficié d’une image débonnaire et rassurante de responsable politique proche des Français modestes et de leurs préoccupations. Une image très vite dégradée par l’exercice du pouvoir, et notamment le choix d’une ligne politique pour laquelle le chef de l’État, foncièrement libéral, n’avait pas reçu mandat.

Idées force, slogans de campagne, représentation de la personnalité, tout cela contribue à dessiner le portrait de l’homme ou de la femme qui sera l’objet du choix de chaque électeur. Infiniment plus que le détail des programmes dont seule une petite minorité des citoyens prend réellement connaissance. Comment s’en étonner quand on sait que l’attention des électeurs est focalisée sur quelques sujets prégnants comme l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, tous réduits à des formules simplificatrices ? Et que dire de tous ces Français qui, après des mois de campagne, sont encore indécis en pénétrant dans les bureaux de vote...



44 réactions


  • gruni gruni 7 février 2017 11:34

    Bonjour Fergus


    « Idées force, slogans de campagne, représentation de la personnalité, tout cela contribue à dessiner le portrait de l’homme ou de la femme qui sera l’objet du choix de chaque électeur. Infiniment plus que le détail des programmes dont seule une petite minorité des citoyens prend réellement connaissance... »

    Et puis il y a les électeurs qui votent systématiquement pour une étiquette depuis très longtemps sans s’intéresser vraiment aux programme de leur propre candidat et encore moins à celui des autres. 

    Avec ce qui se passe, cette année électorale sera-t-elle différente des autres. Plus ou moins d’abstentionnistes, et peut-être une sacrée surprise à l’arrivée. On verra, mais le grand chambardement n’est pas qu’en France, ça promet pour la suite.

    Merci pour l’article



    • Fergus Fergus 7 février 2017 11:59

      Bonjour, gruni

      Tu as raison de souligner que les électeurs sortent peu de leur famille politique, quelle que soit l’offre. Dès lors, ils n’ont pas de raison particulière de s’intéresser en détail aux programmes.

      « peut-être une sacrée surprise à l’arrivée »

      Qui sait ? Quoi qu’il en soit, tout cela est passionnant.


    • Salade75 7 février 2017 13:29

      Bonjour @Fergus,
      Vous avez de la chance de trouver cela passionnant.
      Je trouve cela pitoyable.


    • Fergus Fergus 7 février 2017 16:20

      Bonjour, Salade75

      « Pitoyable », en effet, si l’on s’en tient au spectacle donné par certains responsables politiques. Mais « passionnant » en termes d’incertitude !


    • PiXels PiXels 9 février 2017 16:30

      @Fergus
      ..
      « Quoi qu’il en soit, tout cela est passionnant. »
      .
      Etienne Chouard l’explique très bien.
      .
      Le fait que l’ immense majorité français (*), soient totalement accros à ce « bonneteau électif » est une des causes de leur « impuissance ».
      Comment pourraient-ils accepter l’idée que ce qu’ils vénèrent tant et qui leur procure de si grands frissons soit la cause (des causes) de leur problème ?
      .
      A l’image du joueur compulsif qui sait qu’il court à la ruine mais qui ne peut se résoudre à « se faire interdire », le français (*) refuse d’accepter l’évidente vérité :
      notre système, cette (fausse) « démocratie », trompeusement appelée « représentative » ne peut produire QUE... ce que nous subissons et avons toujours subi depuis sa mise en place (c-à-d plus de deux siècles)  !

      * Du moins de ceux qui « participent » puisque l’ Arnaque est si bien ficelée qu’elle ne laisse le choix qu’entre accepter de se faire sodomiser ou refuser... mais se faire dilater l’anus quand-même !
      (pardon pour la métaphore un tantinet scabreuse mais c’est celle qui m’a semblé refléter au mieux la réalité)


    • Fergus Fergus 9 février 2017 23:27

      Bonsoir, PiXels

      Le problème est qu’il n’y a pas d’alternative crédible et réaliste à la démocratie représentative. Celle-ci fonctionne d’ailleurs plutôt bien dans les pays du nord de l’Europe. La cause de la différence tient au dévoiement qui sévit dans les pays du sud, et notamment en France. Cela pourrait être corrigé si les Français le voulaient vraiment. Mais force est de reconnaître qu’il ne s’en donnent pas les moyens.


  • Plus robert que Redford 7 février 2017 11:50

     « Une image très vite dégradée par l’exercice du pouvoir, et notamment le choix d’une ligne politique pour laquelle le chef de l’État, foncièrement libéral, n’avait pas reçu mandat. »

    A quoi bon s’informer des idées et promesses de campagne puisque celles-ci sont le plus souvent ignorées face à cette fameuse « Realpolitik » dictée par les « contraintes économiques » ?....

    De plus, le maitre mot de tous les politiques en campagne, tous bords confondus, étant : FAITES-MOI CONFIANCE !!, comment ne pas adhérer au mantra du « tous pourris ! » ?

    Je vous rappelle, il y a bientôt vingt ans, que suite aux affaires URBA et autres, les politiques s’étaient auto-amnistiés (députés et sénateurs compris) jurant la main sur le cœur que ces pratiques (honteuses) d’un autre âge étaient symptômes d’un temps révolu.

    Que voit-on aujourd’hui ?

    Je suis assez vieux pour avoir vécu sous le règne du Grand Charles, vilipendé au mitan des années soixante comme « dictateur » et aux mânes duquel on sacrifie maintenant pour sa rigueur morale...


    • Fergus Fergus 7 février 2017 12:36

      Bonjour, Plus robert que Redford

      Commentaire malheureusement très lucide que je partage très largement.


    • Alren Alren 12 février 2017 12:51

      @Plus robert que Redford

      Si de Gaulle ... et sa femme (!) étaient des gens foncièrement honnêtes, c’est sous son règne (le mot n’est pas trop fort) que l’on a connu l’immense scandale financier de la Garantie Foncière et le non moins immense scandale de l’assassinat secret de Medhi Ben Barka dans lequel les « barbouzes » du SDECE, les sbires du SAC de Pasqua (fidèle soutien du général) et des truands fichés au grand banditisme ont été intimement mêlés, Foccart, ministre gaulliste étant « au parfum », c’est-à-dire d’accord pour la commission de cet enlèvement qui s’est mal terminé.

      Si l’on veut trouver un chef de gouvernement et une équipe ministérielle parfaitement intègres, il faut remonter à Léon Blum et au Front populaire.


  • ZenZoe ZenZoe 7 février 2017 11:53

    Bonjour Fergus,
    J’ai remarqué que la fidélité aux partis a encore une très grande importance chez les électeurs, même si une partie de la population est plus « nomade ». Du coup, les électeurs ne s’embêtent pas avec le programme du candidat, ni d’ailleurs sa personnalité, puisque c’est le candidat de « leur » parti.


    • Fergus Fergus 7 février 2017 12:40

      Bonjour, ZenZoe

      Vous avez raison, la famille politique est l’élément prédominant du choix des électeurs. Et relativement peu nombreux sont les « nomades ».


    • Pere Plexe Pere Plexe 7 février 2017 19:59

      @ZenZoe
      c’est malheureusement le travers utilisé par certains « faussaires ».


  • alinea alinea 7 février 2017 12:07

    C’est tellement vrai qu’ils ( même Hamon !!) ne se donnent plus la peine de faire un programme ; quand on voit le boulot que ça représente, on les comprend : puisque ça ne sert à rien ; on appelle des publicitaires, ils trouvent ( contre forte rémunération) la phrase qui clache, et le tour est joué.
    je pense qu’on devrait donner un biberon à tous les non-politisés ( un RU par exemple !!!) et que les politisés fassent comme ce qui s’est toujours fait : discuter, disputer, s’arranger, se nuire(!), puisque plus personne n’assume la politisation du « peuple » ( on n’ose même plus écrire ce mot, c’est un monde !)
    Je ne voudrais pas enfoncer le clou, mais on le voit ici, l’ignorance a une grande gueule !
    C’est une chose de discuter avec des gens compétents, instruits qui ont des arguments, et pensent autrement que vous, discussion qui débouche sur des réflexions de part et d’autres, ce qui ne veut pas dire arriver à un consensus, mais approfondir et solidifier ses idées, et, se fatiguer à répondre aux mêmes invectives prémâchées sans jamais avancer d’un poil.
    Il n’y a pas qu’avec le nucléaire et le pétrole qu’il y a gaspillage d’énergies ! le gaspillage est dû à une incompétence, une désinvolture ou une mauvaise foi !


    • Fergus Fergus 7 février 2017 12:44

      Bonjour, alinea

      Très largement d’accord avec toi, tant sur l’utilité et l’usage des programmes, que sur la manière dont sont pollués des débats qui pourraient être constructifs s’ils étaient centrés sur les arguments.


    • Pere Plexe Pere Plexe 7 février 2017 20:17

      @alinea
      c’est sans doute le résultat de médias qui n’offrent quasiment plus d’émissions politiques propices au développement des idées, des projets.On n’offre que du people, que de la politique spectacle, que de la promo, de la com à coup de slogans faciles et de tweets plus ou moins sentis.

      S’ajoute la paresse encouragée des électeurs qui boudent le moindre effort de réflexion, de prospective, ou de curiosité.


    • Trelawney 8 février 2017 09:41

      @alinea
      C’est tellement vrai qu’ils ( même Hamon !!) ne se donnent plus la peine de faire un programme ; quand on voit le boulot que ça représente, on les comprend : puisque ça ne sert à rien

      Fillion a gagné les primaires de la droite, parce qu’il était le seul à proposer un programme. Il a d’ailleurs fait toute sa campagne sur celui ci. Les faits divers ont démontré qu’il n’était pas le plus apte à défendre son programme, mais c’est une autre histoire.
      Hamon a gagné les primaires du PS, parce qu’il a été le seul à convaincre les électeurs autour d’un programme. maintenant il est en train de revoir les grandes lignes de son programme et ce sera forcément à son détriment pour les élections
      Mélenchon a réunit une assemblée constituante pour définir ensemble les grandes lignes de son programme

      Lepen évoque quelques lignes de ce qu’elle va faire ensuite et axe sa campagne sur le glamour un peu genre « la force tranquille ». Son manque de clareté l’empêche d’augmenter son électorat qui stagne à ses militants

      Macron n’a pas de programme et ne peut en avoir car son électorat est tellement disparate, qu’une simple mesure détournerait une partie de cet électorat vers d’autres candidats. Il axe sa campagne sur la communication et le people (Bariton comme prof de chant, double vie, proximité avec le show biz etc). J’ai pris le soin d’écouter son discours à Lyon et c’est complètement vide de sens. C’est un communiquant pur sucre et c’est un produit des communicants. C’est à mon sens le seul qui combat avec les armes de l’élections 2012 (Sarkozy, Hollande). Il a donc une guerre de retard.

      Lorsque je discute des élections, je trouve les gens sont trés informés du programme électoral des candidats et c’est trés nouveau. De plus sur les 5 candidats qu j’ai cité, personne ne sait dire à aujourd’hui qui sera au second tour. Et ça aussi c’est trés nouveau

  • wesson wesson 7 février 2017 12:16

    Fergus, 

    comme je voudrais ne pas être d’accord avec votre propos, mais je ne trouve pas d’angle d’attaque pour le contrer. 

    Je crois bien que effectivement les gens ne s’en remettent qu’à la surface des choses, sans jamais lire dans le détail les programmes. 

    Une preuve tirée du passé ? Chirac. Il écrit dans son programme qu’il va réformer les retraites. Il est élu. Il fait sa réforme des retraites, des millions de personnes dans le rues, et finalement il retire sa réforme. 

    Le plus simple aurait été de bien lire son programme. 



    • wesson wesson 7 février 2017 12:24

      @wesson
      je persistes toutefois à penser que cette élection n’est semblable à nulle autre de par le discrédit des partis de l’alternance, et que par conséquent les sondages que l’on nous donne ne valent rien. Pour moi : 


      * Le Pen est surestimée (jamais + de 20% lors des présidentielles)
      * Fillon est sous-estimé (la droite se fiche complètement des casseroles, cf balkani)
      * Macron est énormément surestimé (produit purement marketting)
      * Hamond est surestimé (comment as t’il doublé son score en 2 heures)
      * Mélenchon est sous-estimé (comment pourrait-il faire moins que en 2012 avec une campagne objectiivement excellente)

      Hors sujet (quoique) : 
      Je vous avait donné il y a quelques jours un lien vers une vidéo de Lordon ou il évoque la question « soutenir mélenchon ». Le lien que je vous ai donné était vers un site payant à abonnement. Si vous vouliez la visionner mais ne disposez pas de cet abonnement, voici un lien en accès libre.

    • Fergus Fergus 7 février 2017 12:53

      Bonjour, wesson

      En l’occurrence, j’aimerais sincèrement ne pas être d’accord avec moi-même. smiley Mais le fait est que la majorité des gens s’en remettent à l’écume des choses.

      « cette élection n’est semblable à nulle autre de par le discrédit des partis de l’alternance »

      C’est vrai, mais c’est précisément ce rejet de LR et du PS qui donne de réelles chances à Macron, même s’il est effectivement un produit marketing comme cela a été très bien analysé dans un autre article du jour.

      D’accord avec vous sur la sous-estimation de Mélenchon et la surestimation de Hamon. Mais cela n’est pas surprenant, eu égard à mobilité d’une partie de l’électorat progressiste dans le cadre d’un effet primaire par nature éphémère. Je pense que Mélenchon va reprendre le dessus.

      Merci pour ce lien en accès gratuit.


    • Pere Plexe Pere Plexe 7 février 2017 20:23

      @wesson
      Voter c’est choisir.

      Si possible sur le projet qui est le plus proche de celui auquel on aspire.
      Mais c’est aussi parfois le choix du « moins pire » comme disent les enfants.
      En aucun cas c’est un blanc-seing donné. 

    • wesson wesson 7 février 2017 23:50

      @Fergus

      « D’accord avec vous sur la sous-estimation de Mélenchon et la surestimation de Hamon. »

      Sur le sujet, vous avez cette infographie qui circule. 

      Elle dit que en données brutes, le sondage IFOP mettait Mélenchon à 17% et Hamon à 12%. ça me semble quand même autrement plus plausible que les chiffres « corrigés ».



    • Fergus Fergus 8 février 2017 09:10

      Bonjour, wesson

      Comme je vous l’avais écrit il y a quelques semaines, un ami scientifique m’avait expliqué pourquoi les données brutes ne sont pas fiables, et en tout état de cause nettement moins près de la réalité du moment que les données corrigées.

      A toutes fins utiles, voici ce que dit des sondages le site « Vie publique » :

      « Le redressement est une opération consistant à modifier les résultats bruts du sondage afin d’en renforcer la qualité méthodologique.

      Le redressement est d’abord d’ordre socio-démographique. Il consiste à rétablir, dans le cas de la méthode des quotas, les bonnes proportions en affectant un poids (coefficient de pondération ou clé de correction) à chaque individu en fonction de ses caractéristiques. Le redressement consiste ainsi à rendre l’échantillon conforme en proportions à la population de référence.

      Le redressement est ensuite opéré sur des critères politiques. Les instituts de sondages considèrent que certains votes sont traditionnellement sous-représentés dans les résultats bruts (votes pour des partis comme le Front national par exemple), les sondés étant réticents à avouer leur vote pour ce type de formation politique. A l’inverse, des partis de la gauche modérée sont généralement sur-représentés (phénomène du sinistrisme). Pour réaliser ce redressement politique, les instituts se fondent sur les souvenirs de vote. S’il apparaît un décalage entre ce que les sondés déclarent avoir voté dans certains scrutins précédents et les résultats effectivement obtenus, les instituts en déduisent que les résultats bruts doivent être corrigés. Par exemple, si seuls 5 % des sondés déclarent avoir voté pour le Front national aux dernières élections alors qu’il a obtenu 15 % des suffrages, le sondeur considèrera que ce parti est sous-estimé dans le sondage et que ce dernier doit donc être redressé. »

      La surreprésentation de certains électorats et la sous-représentation de certains autres varie au fil du temps, et il appartient aux sondeurs de modifier en conséquence leurs règles de redressement. Je constate néanmoins que le site Vie publique dit en filigrane grosso modo la même chose que mon ami : les données brutes ne sont pas fiables en l’état.

      Pour autant, certains plaident pour une publication simultanée des deux types de données : les brutes et les corrigées. Je ne suis pas sûr que cela clarifierait les choses.


  • baldis30 7 février 2017 12:18

    bonjour,

    Que la poésie tient bien son rôle de puissance par ce vers de Chantecler

    « C’est la nuit que la lumière est belle »

    Un résumé intransigeant de la situation passée décrite par chaque candidat. 

    Toutefois ce dernier oublie qu’il n’est pas une lumière ! 


    • Fergus Fergus 7 février 2017 13:01

      Bonjour, baldis30

      De la poésie dans un monde politique de brutes, voilà qui est bienvenu !


    • ZenZoe ZenZoe 7 février 2017 14:13

      @baldis30
      Il me semble que la citation est :
      « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière »
      Ce qui lui donne un sens légèrement différent - et plus fort selon moi.


    • Fergus Fergus 7 février 2017 16:26

      @ ZenZoe

      Vous avez raison. Mais qu’il peut être difficile d’être dans les ténèbres quand la lumière semble si éloignée !


    • ZenZoe ZenZoe 7 février 2017 16:44

      @Fergus
      Mais qu’il peut être difficile d’être dans les ténèbres quand la lumière semble si éloignée !

      Ma parole, vous êtes aussi bon que Rostand ! smiley


  • Graal 7 février 2017 14:18

    @Fergus
    "forgent le plus souvent leur conviction électorale sur quelques idées force et slogans mobilisateurs assénés en boucle par les candidats et leurs porte-paroles« 

    Ne serait-ce pas plutôt le contraire ? A savoir que la majorité des électeurs procèdent par élimination sur la base des déclarations »dézinguantes« qui fleurissent en toutes saisons.
    Sinon, toujours aussi plaisante, votre prose. L’ »écume des choses", c’est de vous ?


    • Fergus Fergus 7 février 2017 16:50

      Bonjour, Graal

      En réalité, la majorité des électeurs forgeant leur opinion dans le cadre de leur famille politique, le poids des idées force et des slogans ne vise qu’à les conforter plus ou moins dans leurs convictions idéologiques. L’élimination ne concerne donc qu’une petite proportion de l’électorat, celle qui peut migrer d’un parti vers un autre.

      « L’écume des chose » est une très vieille expression que j’employais déjà lorsque j’étais adolescent. Mais j’en revendique d’autant moins la paternité qu’elle a déjà été utilisée par différents auteurs, dont Paul Valery. Un spécialiste en écume, lui qui a écrit « Le cimetière marin ». smiley


  • zygzornifle zygzornifle 7 février 2017 14:35

    Les programmes sont un distillat de mensonges et les électeurs sont le papier cul préféré des politiques....


    • aimable 7 février 2017 15:25

      @zygzornifle
      et il y en a beaucoup qui en frétillent d’avance !


    • Fergus Fergus 7 février 2017 16:57

      Bonjour, zygzornifle

      On se défoule en affirmant cela.

      Mais c’est assez largement faux car un programme politique est fait de nombreux engagements, certes d’importance variable en regard des attentes des électeurs, mais qui tous contribuent à donner du sens à l’ensemble. Or, quel que soit le président élu, il met en œuvre au moins une partie de ces engagements. Cela a été le cas avec Hollande comme cela l’avait été avec Sarkozy. Et comme ce sera sans doute le cas également avec le vainqueur de 2017, quel que soit son nom.


  • Gavroche 7 février 2017 15:40

    Bonjour

    Je regarde la télé et voit des dizaines de députés LR se rendre à la réunion de Fillon.

    Payés comme des nababs, ils travaillent pour le pays qui les paye ou bien pour Mr Fillon ?

    Affaire Sarkosy/Bygmalion : 3 prochains mois totalement consacrés à la chose par les médias. Autant dire que nous voterons sans rien connaître des programmes.

    Pardon à Mr Fergus si ces réflexions sont un peu hors sujet. Cdlt


    • Fergus Fergus 7 février 2017 17:13

      Bonjour, Gavroche

      Dans un système politique, on ne peut reprocher aux députés d’avoir une activité partisane à côté de leurs devoirs de représentation nationale.

      Je ne crois pas que les médias seront centrés sur l’Affaire Bygmalion d’ici à la présidentielle. Pour deux raisons : 1) la comparution en correctionnelle n’aura pas lieu avant plusieurs mois* ; 2) je vois mal les magistrats juger une telle affaire en période de campagne électorale, eu égard à l’implication politique des prévenus ; ce serait d’ailleurs contraire aux usages.

      * Sarkozy ayant fait appel de son renvoi, il faudra déjà plusieurs mois pout que la Cour d’appel statue sur son cas.


    • Gavroche 7 février 2017 17:58

      @Fergus


      Bonsoir

      Je comprend ce que vous dites mais il y aura appel, ça va cocoter un moment, puis la décision sur l’appel, et coetera...il reste peu de temps avant l’élection ! 

      La presse aime le buzz, les français aussi, il suffit de voir le feuilleton FIllon, on va passer le mois avant de parler programmes...
      Puissiez vous dire vrai ! Mais vos analyses sont toujours pertinentes et argumentées aussi je me fie donc à votre panache blanc. smiley

      Cordialement

  • Michel DROUET Michel DROUET 8 février 2017 08:53

    Bonjour Fergus

    Nous sommes passé dans l’ère de la com avec ses agents et ses spin doctors.
    Dominique Wolton (dans Marianne de la semaine passée) parle de la communication des entreprises en indiquant que les agences de com et de pub ont dévalorisé le concept réel de communication en faisant croire qu’elles allaient rendre facile quelque chose d’éminemment complexe. C’est la raison pour laquelle la majorité des campagnes de pub échouent.
    Il parle également du marketing, fantastique simplification, qui construit des campagnes où l’on s’imagine que c’est grâce à ses études très poussées que l’on va acheter tel ou tel produit alors que les gens qui les achètent les désirent déjà.
    Je pense que l’on peut faire le parallèle avec la politique.
    Nous ne sommes plus dans le réel ou si peu, ce qui explique que certains candidats avec des messages simplistes arrivent encore à faire illusion.
     


    • Fergus Fergus 8 février 2017 09:32

      Bonjour, Michel DROUET

      Voilà qui est parfaitement résumé. Je suis évidemment d’accord avec vous sur ce constat. Et c’est consternant !


  • Jean Keim Jean Keim 8 février 2017 09:50

    Personne ne peut dire ce que pourrait être un monde nouveau, si vous tentez de le faire vous ne servirez que du réchauffé, tout ce que nous pouvons dire est que pour qu’un monde nouveau émerge, il faut rejeter l’ancien, tout le reste n’est qu’ergotage dans lequel la politique excelle.


    Existe-t-il un candidat qui invite à faire table rase ?

    • Fergus Fergus 8 février 2017 10:04

      Bonjour, Jean Keim

      « faire table rase » n’est pas forcément la bonne solution : dans toute société, il y a des éléments positifs et des éléments négatifs. Il faut donc savoir rebâtir en conservant les éléments sains des fondations.


    • Jean Keim Jean Keim 8 février 2017 11:53

      @Fergus
      Un consensus politique en qq. sorte, le changement dans la CONTINUITÉ, réellement vous y croyez !


    • Fergus Fergus 8 février 2017 13:18

      @ Jean Keim

      Je ne parle pas de « consensus », mais de remise à plat de la constitution française par un nouveau pouvoir. A cet égard le projet de 6e République de Mélenchon me semble être de loin le meilleur projet.


    • Jean Keim Jean Keim 9 février 2017 09:31

      @Fergus
      Et bien voilà c’est dit ! Pourquoi tourner autour du pot.


  • Jean Keim Jean Keim 9 février 2017 09:34
    Le système (c’est nous ne l’oublions pas !) ne convient plus à des gens de plus en plus nombreux ce constat est évident, donc il faut le changer autre constat tout aussi évident ; si on regarde ce que débitent les candidats pour le trône c’est du style « y faut y’a qu’à, moi je sais ! », tous sans exception mais néanmoins JL Mélenchon est le seul à s’engager sur l’élaboration de nouvelles règles de jeux : la constituante càd la mise en place d’une nouvelle constitution rédigée par des gens tirés au sort, elle sera acceptée ou refusée par un RÉFÉRENDUM, sinon rebelote ; et ensuite JLM se retire, il ne s’accrochera pas au pouvoir, c’est logique, il aura été élu sous la 5ème république et si son projet abouti, il serait le président de la 6ème ce qui est incompatible, c’est une promesse solennelle et s’il est élu, elle sera facile à vérifier.
    La nouvelle constitution, entre autres choses, si telle est notre volonté, permettra de révoquer un élu, alors cela ne vaut-il pas de tenter le coup ?

    • Fergus Fergus 9 février 2017 10:24

      Bonjour, Jean Keim

      « cela ne vaut-il pas de tenter le coup  ? »

      Bien sûr, et je n’ai jamais dit autre chose. Même si - ne nous voilons pas la face - en l’absence d’un accord avec les progressistes du PS, les possibilités d’accession au 2e tour sont infimes, malheureusement. Encore faut-il essayer...


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