mercredi 1er mars 2017 - par

Les catholiques à l’orée du Carême

L'Eglise, toute l'Eglise, catholique, quelle que soit la sensibilité des croyants entre aujourd'hui en Carême qui n'est pas je le rappelle une sorte de « Ramadan chrétien » avec des privations obligatoires (ou une apparence de privations pour la galerie). Et plutôt que de « faire Carême » avec une face du même nom, il est préférable de garder en soi et avec les autres la joie qui pour un croyant est celle de Dieu. Je songe aussi à cette histoire des trois ermites orthodoxes venant demander à leur maître venu les visiter sur leur île ce qu'ils devaient faire pour s'améliorer après avoir marché sur l'eau pour rejoindre son bateau...

Lorsque sont évoqués les catholiques en France en 2017 il est surtout question d'archétypes, d'un côté des cathos « versaillais », en veste de chasse verte, en pantalons de couleur, les mamans jeunes et modernes à la ligne impeccable même après trois accouchements, les monsieurs tellement dignes en « loden ».

L'on montre aussi ces chrétiens adeptes des grands rassemblements sur-affectifs, accompagnés de guitares, où l'on se prend tous par la main, où l'on pleure en choeur, où l'on rit en choeur. On s'aime tous le temps du rassemblement et on s'oublie dehors. Les jeunes retournent à leurs « grandes » écoles et boîte de papa, les plus mûrs à leur PEL et à leur grosse voiture.

Bien entendu, on n'oublie jamais d'évoquer ces catholiques traditionnalistes de « Civitas » ou d'autres mouvements tout aussi dangereux à entendre les bons apôtres que les islamistes. Ces « tradis » sont dans leur rôle de repoussoir et de justificatifs vivants pour les bourgeois pédagogues de leur mode de vie libertaire.

Ils sont tous « engagés » qui dans des activités paroissiales, qui dans des mouvements sur la famille, les enfants, qui dans le soutien aux églises persécutés. Ils participent activement à des rencontres un peu partout en France et dans le monde et enjoignent généralement leur progéniture de les suivre. Il faut dire que c'est aussi un moyen pour leurs enfants de fréquenter des personnes de même milieu, d'éviter les « mésalliances » inopportunes à leurs yeux. La Foi et la pratique religieuse sont aussi de temps à autres pour eux de l'ordre de la représentation sociale.

On oublie toujours qu'il y a aussi un « petit troupeau » dorénavant, se réduisant hélas comme peau de chagrin, de fidèles plus « simples »...

J'en veux pour preuve cette visite faite il y a quelques jours je suis allé à la chapelle de la « Médaille miraculeuse » rue du Bac. J'y suis allé un peu par hasard, passant non loin de l'endroit en bus, j'ai eu envie de m'y rendre sur une impulsion. Les croyants que l'on y rencontre, en prières au pied de l'autel, dans la chapelle et en grande conversation avec les religieuses s'occupant de ce lien m'ont rappelé l'ambiance du Saint Sépulcre à Jérusalem :

Des jeunes femmes se signant avec passion, des jeunes hommes en combinaisons de travail à genoux devant le sarcophage de sainte Catherine Labouré, des vieilles dames un peu folles étreignant cette même grille, même des « fashionistas » oubliant un temps de prendre la pose, s'abandonnant, etc...

Ce sont des « petites » gens dont la Foi, réputée « simple », s'exprimerait naïvement aux yeux des esprits forts, au nombre desquels je me mettrais. Ils ont la « foi du charbonnier », une foi reputé crédule, candide. Ils sont de tous les milieux, ressemblent à de touts petits enfants face à un père ou une mère bienveillants. Ils sont généralement dédaignés et par les autres croyants qui se targuent d'une culture spirituelle bien plus importante, plus réfléchie, eux, et par le reste de la société qui ne voit en eux qu'une masse ignorante et tendant au fanatisme. Il est facile de les attaquer, avec eux on prend moins de risques les « bouffeurs de curés » rappelant avec constance que les chrétiens sont censés tendre la joue gauche quand on les gifle sur la droite. Ils oublient qu'ils peuvent aussi envoyer une ou deux « droites évangéliques » par esprit de « correction fraternelle ».

J'ai compris aussi qu'ils avaient plus la foi que moi qui suis souvent sujet au doute, voire à la tentation d'une misanthropie galopante. Celle-ci peut paradoxalement renforcer ma Foi en Dieu car je trouve cela extraordinaire qu'un dieu puisse aimer contre vents et marées une créature aussi médiocre que nous le sommes généralement, capables du meilleur et nous laissant déborder le plus souvent par nos instincts nous menant vers le pire. Bien sûr il existe aussi des personnes faisant du mieux qu'elles le peuvent croyantes ou nons, aidant les autres mais elles sont plus rares...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

image empruntée ici




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