lundi 9 janvier 2017 - par rosemar

De curieux stages de formation pour les enseignants...

Lorsqu'une réforme est engagée dans l'éducation, on impose souvent aux enseignants des stages de formation : les inspecteurs qui se chargent de mener à bien ces journées donnent, alors, de nouvelles directives aux professeurs.
 
Certains témoignages concernant ces stages sont particulièrement consternants : le jargon grammatical préconisé par les inspecteurs devient, ainsi, de plus en plus alambiqué et inadapté.
 
Utiliser des termes nouveaux pour des notions grammaticales ne permet, en aucun cas, de résoudre les difficultés des élèves... bien au contraire.
 
On tend à substituer un terme à un autre, pour donner l'impression d'innover, mais le résultat est le plus souvent catastrophique...
 
Selon les recommandations des inspecteurs, le terme "prédicat" pourrait, donc, remplacer le "complément d'objet" ou le"complément circonstanciel"...
 
Pourtant, le mot "complément" est indubitablement plus clair et plus parlant que le terme "prédicat", car les élèves comprennent aussitôt que le "complément" complète le verbe.

Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?
Encore une fois, le langage jargonnant plaît aux inspecteurs et aux instances de l'éducation nationale ! 
On imagine le désarroi des élèves face à cette nouvelle terminologie !
 
Autre aberration et non des moindres : pour un stage portant sur la grammaire, on invite les enseignants à travailler sur une interview de Kev Adams, cet acteur et humoriste plébiscité par les jeunes.
Une façon de mettre en évidence un niveau de langue familier, certes, mais, on perçoit la démagogie d'un tel exercice : pourquoi ne pas travailler plutôt sur des textes de théâtre, plus littéraires ?
 
Autre fantaisie qui confère à l'élève le droit de se tromper et de persister dans son erreur : s'il justifie une réponse erronée par une explication convaincante, on considérera qu'il a raison.

L'exemple cité est le suivant :
« S’il écrit “Les cadeaux que Lucie a reçue lui ont plue”, nous sommes en droit (ô généreuse inspection) de lui demander des comptes sur ses accords défaillants des participes passés. Mais si l’élève répond “Ben on parle de Lucie, or Lucie est une fille, donc j’ai mis des E”, eh bien cet élève, qui a fait preuve d’une capacité à justifier ses erreurs… a finalement raison ! »
 
Culture amoindrie, laxisme dans les exigences demandées aux élèves : c'est bien la tendance générale impulsée par la dernière réforme des collèges, que l'on retrouve dans les consignes données par les inspecteurs au cours de ces stages.


 
La ministre de l'éducation, Najat Vallaud-Belkacem qui vient de présenter ses voeux aux personnels de l'enseignement est, encore une fois, dans un déni de réalité : elle persiste et signe, affirmant que sa réforme va dans le bon sens, alors que les professeurs la jugent inadaptée et inconséquente.
 
Les stages auxquels les enseignants doivent se soumettre sont, également, la preuve de l'ineptie de ces réformes engagées en dépit du bon sens, des réformes qui tendent à amoindrir les connaissances de base, pourtant indispensables à la formation des élèves.
 

 
Source : un article du journal Marianne

http://www.marianne.net/quand-profs-francais-planchent-interview-kev-adams-100248973.html

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2017/01/de-curieux-stages-de-formation-pour-les-enseignants-3.html



24 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 janvier 2017 12:21

    Je sais que vous ne supportez pas les barbarismes, et sans doute traitez-vous les néologismes avec le même mépris. Pourtant, je vous propose ce néologisme pour définir les positions des inspecteurs dont vous parlez : le pédagogisme.


    Le pédagogisme est un terme utilisé le plus souvent de façon péjorative pour désigner un ensemble de méthodes d’enseignement scolaire qui s’appuient sur les conceptions du constructivisme pour faciliter la construction par l’élève lui-même de ses savoirs et améliorer ainsi ses propres stratégies d’apprentissage.

    ce n’est pas très nouveau, ni très original, mais les enseignants ont pour la plupart la gentillesse de rester polis avec leur hiérarchie.


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 janvier 2017 15:33

      @Sharpshooter - Snoopy86

      Elle a une beau métier : professeur !

    • rosemar rosemar 9 janvier 2017 17:33

      @Jeussey de Sourcesûre

      Les néologismes sont intéressants et parfois bien révélateurs : le langage ampoulé est de plus en plus à la mode, c’est consternant.
      Il est vrai que les enseignants subissent souvent la loi des inspecteurs qui sont leurs supérieurs hiérarchiques.

    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 janvier 2017 17:46

      @rosemar

      oui, mais certains enseignants ne sont pas les derniers à flatter le factum ru recteur.

  • vesjem vesjem 9 janvier 2017 14:30

    Dans ce projet, il serait intéressant de connaître les origines sociales, ethniques et même confessionnelles des décideurs ; quels sont véritablement leurs buts ; est-t-il innocent ?
    De la même façon, il devrait être obligatoire que les prétendants au « trône » présidentiel, déclinent avec exhaustivité et précision leurs caractéristiques citées plus haut ;
    ceci dans un souci de transparence, sans connotation xénophobe ou autre ;
    Ces personnes sont tout de même supposées être nos représentants, nos dirigeants et ceux de la nation « France »  


  • pergolese 9 janvier 2017 15:54

    Je n’aime pas Najat...(son sourire m’énerve prodigieusement. Mais, bon dans quelques temps, elle fera la gueule et cela ça me réjouit).


    Mais je pense qu’elle n’y est en réalité pour rien. Les ministres de l’éducation nationale la plupart ne connaissent rien et ils se soumettent en fait à leur entourage. Ce sont eux qu’il faut jeter dehors.

    • rosemar rosemar 9 janvier 2017 17:36

      @pergolese


      Najat Belkacem est toujours dans l’auto-satisfaction et le déni des réalités : c’est agaçant, en effet...

    • Trelawney 10 janvier 2017 09:36

      @rosemar
      Najat Belkacem est toujours dans l’auto-satisfaction et le déni des réalités : c’est agaçant, en effet...

      C’est un peu dans l’ADN de l’éducation nationale. Elle colle donc bien à l’image qu’on se fait de cette « institution »

  • ZenZoe ZenZoe 9 janvier 2017 16:04

    Cette réforme conforte tout simplement les résultats de l’enquête PISA, où le système éducatif français est décrit comme très profondément inégalitaire.
    La compréhension de la langue est en effet indispensable pour un parcours scolaire réussi. Saper cette maîtrise dès le début du parcours n’est pas anodin. L’objectif de l’EN est bien de faire en sorte que seuls les enfants d’enseignants et des classes sociales supérieures soient favorisés au détriment des autres enfants.
    Typique d’une élite qui entend bien fermer les portes de l’ascenseur, consciemment ou pas ! C’est bien triste, et révoltant.


    • ZenZoe ZenZoe 9 janvier 2017 16:08

      @ZenZoe
      « L’objectif de l’EN ... »
      J’ajoute que je parle de l’EN en général, et pas de l’auteur en particulier. Tous les enseignants ne sont pas élitistes, loin s’en faut, et heureusement.


    • rosemar rosemar 9 janvier 2017 17:40

      @ZenZoe

      Une réforme qui risque d’aggraver les inégalités : un enseignement réduit dans ses contenus ne peut que pénaliser ceux qui sont déjà en difficulté...

  • Caroline Courson Caroline Courson 9 janvier 2017 19:21

    Je suis tellement consternée que les mots me manquent, c’est le comble !!!


    Et parmi les candidats à la présidentielle, personne ne moufte...

    Je voterai pour le premier qui proposera une refonte intelligente de l’école.
    Je pense que je vais attendre longtemps mon candidat miracle !

  • JMBerniolles 9 janvier 2017 20:17
    Tout cela participe d’une œuvre concertée (Lisbonne 2000 avec la participation de Jospin) de liquidation des fondements de notre enseignement.

    Avec la complicité des syndicats d’enseignants ou du moins de leurs responsables très occupés à participer aux magouilles sur les carrières et les postes. 

    Pour reconstruire il faudrait déjà faire le bilan des erreurs (ou sabotages) type collège unique.
    Revenir sur la démagogie qui donne tous les pouvoirs aux parents (jusqu’à l’enseignement supérieur où la sanction tombe. Revenir aux bases de l’acquisition des connaissances, qui ne peut se faire sans douleurs, faire respecter les enseignants.....

    Un pays comme la France pour survivre dans le concert mondial a besoin d’un enseignement de qualité.
     


  • damocles damocles 10 janvier 2017 09:34

     

    Je ne comprant pas pouquoi que vouvou zoffuské de cette simplifikassion de la granmère de notre si bêle langue franssaise .....euhhh....non francèze ???

    dailleurs les refexions que vous avé fâit dans vos comment- terre sont tres deplassé
     

  • Jean-Marc B 10 janvier 2017 09:37

    Bonjour Rosemar
    Vous parlez de stages de formations obligatoires. Et donc de Formation Continue et non pas de Formation Initiale.
    Pour les enseignants de l’Ecole Primaire, seules certaines animations pédagogiques sont obligatoires. (elles durent une demi journée chacune). C’est insignifiant en terme d’impact sur l’évolution des pratiques pédagogiques .
    Les participations aux stages de Formation Continue se font simplement sur la base du volontariat .
    Ainsi les enseignants qui en auraient éventuellement besoin ne participent que très rarement. Ils ne sont même pas incités à s’inscrire après une inspection.(Il faut dire qu’ il n’y a que très peu de moyens de remplacements, alors on semble se contenter de peu de stages et de peu de stagiaires). D’autres enseignants qui aiment certaines disciplines sont toujours volontaires et prennent ainsi un peu le large pour « souffler » un peu ....
    Il y a beaucoup d’hypocrisie dans cette organisation de la Formation Continue.


  • zygzornifle zygzornifle 10 janvier 2017 09:39

    vu l’absentéisme c’est des stages chez le médecin via arrêt de travail ...... heureusement qu’ils n’ont pas de jour de carence et sont payés intégralement pas comme les autres .....ceux du privé de tout ....


  • Abou Antoun Abou Antoun 10 janvier 2017 10:55

    Selon les recommandations des inspecteurs, le terme « prédicat » pourrait, donc, remplacer le « complément d’objet » ou le"complément circonstanciel« ...
    Ce qui en plus est complètement faux !
    Le terme ’prédicat’ en linguistique est réservé au groupe formé par le verbe et son (ses) complément(s), qui peuvent être un ou plusieurs adverbes, un ou plusieurs compléments directs ou indirects. Cette distinction n’a d’ailleurs de sens que pour les phrases uni-propositionnelles. Cela perd son sens et son intérêt dans une phrase longue comportant multiples relatives et subordonnées.
    Si vous ne me croyez pas vous pouvez ’googler’ il y a unanimité.
    Cela dit dans la phrase »le chat mange la souris" il est plus important de savoir lequel mange l’autre que de distinguer le groupe nominal, le prédicat, le C.O.D.


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 10 janvier 2017 11:01

    Mais, rosemar, l’école a pour but de former les élèves au monde tel qu’il est, pas à un monde où ils comprendraient tout. Ils doivent prendre exemple sur les politiciens et les journalistes, pas sur les enseignants du passé.

     

    Pourquoi, rosemar, voulez-vous qu’on utilise encore des compléments ? Madame Vallaud-Belkacem a raison. Par exemple  :  parler à tout moment de « terrorisme » et de « déradicalisation » suffit amplement. Pourquoi faudrait-il effrayer nos enfants en précisant « terrorisme islamique » et individus "radicalisés dans la mise en application des consignes de l’islam".

     

    Laissons nos petits dans le flou pacifiant de la prédication. C’est bien plus nécessaire que de les angoisser avec des sinistres prédictions sur le monde que leur préparent nos politiciens et nos journalistes de la fausse Gauche.


  • ricoxy ricoxy 10 janvier 2017 12:36

     
    « pour un stage portant sur la grammaire, on invite les enseignants à travailler sur une interview de Kev Adams »
     
    Pour l’anglais, je suggère qu’on les fasse potasser sur un texte de Bob Dylan, prix Nobel of litterature.
     


  • jef88 jef88 10 janvier 2017 14:45

    Dans mon (vieux) temps, la base de la pédagogie c’était :
    « s’exprimer de façon claire dans un langage que tout le monde comprend »


  • zygzornifle zygzornifle 11 janvier 2017 09:48

    point commun entre un tampon périodique et un professeur des écoles ???? 


    ils sortent tout les 2 du corps en saignant ......

  • Surya Surya 14 janvier 2017 18:42

    « « S’il écrit “Les cadeaux que Lucie a reçue lui ont plue”, nous sommes en droit (ô généreuse inspection) de lui demander des comptes sur ses accords défaillants des participes passés. Mais si l’élève répond “Ben on parle de Lucie, or Lucie est une fille, donc j’ai mis des E”, eh bien cet élève, qui a fait preuve d’une capacité à justifier ses erreurs… a finalement raison ! » »


    C’est ahurissant. Je suis également estomaquée. Cela dit, je n’ai pas bien compris : c’est une proposition de réforme, ce truc de l’ « explication convaincante », ou cette réforme est-elle déjà entrée en vigueur ?

    • Pierre Régnier Pierre Régnier 16 janvier 2017 09:42

      @Surya

      Nous avons reçus dailleur une merveilleuse réformatrice de notre lengue. Il faut accepté le cado et nous adaptés à l’inconpréension et aux conflis qui en résulte. L’importent est de bien conprendre qu’elle ai plaine de bonnes intensions. C’est ce prédicat qui conte.


  • lloreen 15 janvier 2017 13:52

    "elle persiste et signe, affirmant que sa réforme va dans le bon sens, alors que les professeurs la jugent inadaptée et inconséquente."
    Mais pourquoi veulent-ils alors l’appliquer ? Cela me dépasse.


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