vendredi 30 octobre 2009 - par Christian Delarue

Le « carré républicain » : Liberté, Egalité, Adelphité, Laïcité

Identité nationale sous pression.

Au moment ou Eric BESSON commande un « grand débat » sur l’identité nationale il est utile de pointer une évolution dans la combinaison des valeurs républicaines. Le « carré républicain », à savoir Liberté, Egalité, Adelphité, Laïcité, est en train de remplacer dans les esprits si ce n’est dans la constitution le vieux triptyque Liberté, Egalité, Fraternité.

Ce faisant un double déplacement s’est opéré sur fond d’héritage ambigu. L’histoire post-révolutionnaire (de 1789) montre une double ascension : celle du féminisme et du droit des femmes d’une part et celle de la sécularisation et de la laïcité d’autre part.

Que les termes de l’héritage soient ambigus n’est pas nouveaux. Ernst Bloch a écrit (1) sur cet aspect : "Avec ses trois mots, l’on crut que tout ce qui nous concerne pourrait être rendu sain, harmonieux, sans contrainte. Mais on voit aussi ceci : on ne peut absolument pas dire que tout va bien en eux-mêmes et entre eux ; ils sont pleins d’ambiguïté. L’usage que la bourgeoisie a fait de ses mots, ce à quoi ils ont servi, n’est pas passé sur eux sans laisser de traces. Le triptyque n’a pas empêché la montée du colonialisme et de son corollaire le racisme. L’auteur ajoute : "Leur meilleure part n’a pas encore fait surface." Il écrivait cela en 1961 ! Plus de quarante ans après la formule porteuse de délivrance est toujours à réaliser. Reste à voir ce qui a bougé depuis.

L’apparition de forces nouvelles a modifié l’équilibre des valeurs républicaines. Depuis 1961 il y a eu Mai 68 contre l’ordre conservateur puis avec quelques années de décalage la succession de lois en faveur des femmes. Un changement historique s’est réalisé durant les 40 dernières années en France. Les droits de l’Homme se nomment de plus en plus droits humains. La fraternité devient adelphité. Face au retour en force plus récent du religieux dans le monde la laïcité a réémergé, notamment en mars 2004, comme rempart pour la paix, l’égalité et la tolérance réciproque. Depuis 1789, et surtout depuis 1905, la laïcité a peu à peu conquis sa place non seulement au sein de l’Etat mais aussi, dans une certaine mesure, dans la société civile en repoussant l’emprise, tant par en-haut que par en-bas, du religieux. Ajoutons que depuis 1972, la France s’est dotée d’une législation antiraciste qui participe pleinement de la bonne réalisation du triptyque. La création de la HALDE (2) le 31 décembre 2004 montre qu’une loi avec des associations actives ne suffisaient pas à faire reculer le mal sous toutes les formes (3).

Droits des femmes et laïcité ; ces deux combats historiques se sont articulés au triptyque républicain en le remodelant. La liberté est conçue comme "liberte-délivrance" - pour reprendre la formule d’ Ernst Bloch - laquelle ne s’accommode pas du statu quo même quand des lois stabilisent un meilleur rapport de force . Cette libération de l’oppression ne va pas sans être conjuguée avec l’égalité et ce dans ses formes diverses. Dés lors la fraternité désormais comprise comme adelphité s’entend comme dynamique sociale libératrice des oppressions et domination sexistes en vue de l’égalité dans le genre. De cette égalité naitra une société pleinement pacifique.

Reste encore une touche que le mouvement altermondialiste pourrait porter prochainement contre une interprétation néolibérale : la reconnaissance de "la gestion publique des biens publics". Tout autant que la terre la "chose commune" a pour nom l’eau, l’énergie, le logement, la scolarisation, la santé, etc... et donc des droits d’accès pour tous et toutes.

Par rapport aux "nationaux-libéraux", défendons notre identité comme étant celle des résidents citoyens ou aspirant à le devenir - extension ici de la démocratie (4) - attachés à des politiques sociales s’adressant à tous et toutes sans distinction d’origine et à des politiques environnementales justes, qui donc frappent d’abord les riches et les entreprises et non les prolétaires (5) . En ce sens la France dans laquelle une grande majorité de la population puisse se reconnaître est celle qui donne des moyens de vivre bien à tous et surtout à celles et ceux "d’en bas". Ce qui suppose de revaloriser et étendre les services publics et à travers eux une orientation d’intérêt général propre à satisfaire les besoins sociaux.

En outre, au plan des valeurs la France que nous aimons est celle qui s’engage pour la paix et la lutte contre les discriminations, celle qui offre l’asile aux réfugiés politiques et aux migrants. Loin du nationalisme frileux et xénophobe elle milite pour l’amitié entre les peuples. La solidarité entre les peuples-classe n’est pas compatible avec le national-libéralisme sarkozien. Le changement est à l’ordre du jour . Tous les acteurs historiques en charge de le mener doivent s’unir à cette fin dans le respect de leur diversité.

Christian Delarue

1) in Apories et héritage du tricolore : Liberté, égalité, fraternité qui est le titre d’un chapitre de "Droit naturel et dignité humaine" de Ernst BLOCH Ed Payot

2 ) Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité
<http://www.halde.fr/Presentation.html>

3) Contre l’islamophobie, pour la laïcité et le droit des femmes
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article912

4 ) Pourquoi il est important de donner le droit de vote aux résidents étrangers. Paul ORIOL http://www.france.attac.org/spip.php?article10431

5 ) Quelle justice sociale ici face à la crise climatique ?


9 réactions


    • Christian Delarue Christian Delarue 30 octobre 2009 19:45

      Il est vrai que le réalisme est plus proche de la raison froide des tractations inter-étatiques et du calcul égoïste des grands firmes multinationales. Mais une longue tendance historique - plus chaude - s’y oppose constamment et aussi lucidement que possible.


  • Paul Cosquer 30 octobre 2009 17:05

    Curieuse consonnance que cette « adelphité » ! On croirait entendre « Adolphe Hitler ».

    Quant à la laïcité, n’oubliez pas ce qu’a dit le chanoine de l’Elysée : « laïcité positive ». Lui seul décidera ce qu’il y met (par exemple, le scientsime est positif).

    A part cela, les esprits sont libres.

     

     


  • dom y loulou dom 31 octobre 2009 01:14

    l’adolphite par contre désigne un syndrome de paranoïa aigue qui voit des adolphs partout et décide d’un commun accord avec soi-même de détruire la planète pour être sûr que pas un seul petit adolph ne s’en sorte vivant.

    un très dangereux symptôme pour ceux qui en sont atteints et leur entourage.

    Ses causes peuvent être multiples, une enfance maltraitée ou soumise à une lobotomie militariste et vengeresse ou encore une aliénation de la pensée par des mythes si contraignants pour la réalité des autres que fatalement, les répercussions de ce syndrome sont morts, souffrances et vengeances.

    Ce cercle vicieux un peu fatalement ressenti par celui qui est touché par cette maladie se développe ensuite en paranoïa aïgue. Celle-ci engendrant des délires d’hystérie et une tendance très nette au dédoublement de personalité, le patient va passer sa vie à vouloir mimer l’objet de son délire tyranique, projeter sa peur sur autrui et prendre toutes les apparences des autres pour semer la confusion entre tous ces adolphs dégénérés...

    afin de devancer l’ennemi supposé.

    Simplement parce que l’esprit du patient ne voit plus que l’objet de son obsession, il ne voit pas que sa perception est complètement tronquée et que l’humanité ne ressemble en rien à ce que les programmes d’éducation lui en ont dit.

    L’histoire n’est officiellement qu’une suite de guerres grandioses.et l’être humain un monstre qui s’entre-assassine pour des mètres carré de terre (de quoi tous choper le syndrome) et l’enfant en lui a été complètment terrassé de terreur face à un tel vide intersidéral de conscience et de sensibilité, ce qui contredit en tout sa nature bonne et curieuse d’être humain. Le patient atteint d’adolphite doit tout mettre en oeuvre pour s’en rendre compte au risque de provoquer sa perte, car le miroir vivant pardonne autant qu’il réagit (!)

    Un effet secondaire assez répandu de l’adolphite est la soif inextinguible de pouvoir. Un effet que développent les sujets trop sensibles aux railleries et aux moqueries et qui les oblige fatalement à ressembler à l’objet égotique de leur obsession.

    Il n’y a pas de remède en soi à ce symptôme car il apparait en toute connaissance de cause chez le patient, il est souvent la résultante d’un choix très volontaire, même s’il est amené par des formes de domestication psychique.
     

    Quoique cette maladie ne soit pas une fatalité, hormis l’amour l’univers n’a pas d’autre remède à proposer, les auditeurs devraient être heureux qu’il y en ait un.

    Mais on peut toujours lire les fables de la Fontaine si le virus est trop réfractaire. Du moins en pré-traitement.

    Ce syndrome dit de l’adolphite, pourtant, peut être surmonté assez facilement par un mécanisme humain à la portée de tous.

    Le meilleur solution que de longs millénaires d’évolution de la conscience humaine ont accompli est de dire bonjour à ses voisins en renaissant chaque matin comme un être neuf et non un animal domestiqué dans une arène de cirque.


    (chapîtres expérimentaux dans expéditions et voyages du bienaimé William Dearchild)


  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 31 octobre 2009 11:07
    FAUT-IL DONNER UN DROIT DE VOTE AUX ÉTRANGERS ?

    Depuis que l’on a supprimé le suffrage censitaire, payer des impots (ou non) ne donne (ni n’enlève) aucun droit de vote. Par ailleurs il est déplacé d’invoquer une exigence d’égalité entre étrangers U.E et étrangers hors U.E. Le Conseil d’Etat a récemment jugé que la préférence communautaire n’était pas contraire au principe d’égalité (arrêt du 23 octobre).

    Ce vote des ressortissants d’ États hors U. E. ne serait une mesure de justice que si les distinctions Français / citoyens de l’Union Européenne / étrangers n’étaient pas fondées en droit. Ces étrangers, votant déjà, s’ils le souhaitent, par correspondance ou par procuration dans leur pays (tout comme les Français de l’étranger), auraient, si cette disposition était adoptée, double poids ; ainsi certains seraient plus égaux que d’autres, ce qui est hélas déjà le cas avec les doubles, voire triples nationalités dont notre époque égalitariste s’accommode curieusement … S’il y a une justice à établir, c’est la suppression de la reconnaissance de ces doubles et triples nationalités et non leur généralisation de fait à tous les étrangers présents sur le territoire.

    Il y aurait injustice aussi par rapport aux nombreuses personnes qui ont véritablement et sincèrement souhaité acquérir la nationalité française depuis les années 1960 pour participer à la vie nationale et aux choix engageant l’avenir de notre nation.

    Ce vote des résidents étrangers irait encore à l’encontre de la cohérence de la construction de l’Union européenne, puisque actuellement les citoyens de l’U. E. ont, par la vertu juridique du traité de Maastricht dans son article 8 B, et sous réserve de réciprocité, droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et aux élections européennes (dispositions assorties d’un contrôle empêchant théoriquement le double vote).

    Comment pourrait-on justifier aux yeux des Français auxquels on a fait approuver par référendum le traité de Maastricht de 1992, que cette exigence de réciprocité, légitimement exprimée pour les ressortissants des quinze États alors membres de l’U. E., peut être abandonnée, sans autre forme de procès, dans le cas d’immigrés hors U. E., et en majorité ressortissants de nombreux États non-européens ?

    Sortir de la “logique de réglementation”, comme le proposait irresponsablement le député devenu ex-ministre Yves Jégo et récemment Raoul Castro, ce serait en fait sortir de l’État de droit et créer une insécurité juridique. Ce serait aussi, on l’a dit, faire fi de l’instauration d’une citoyenneté de l’Union européenne, par l’article 8 du traité de Maastricht ; voir aussi le chapitre V de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Que vaudrait alors cette citoyenneté ? Le président Sarkozy l’a compris puisqu’il prend maintenant en compte ce problème de réciprocité pour écarter le vote des étrangers aux élections locales.

    Loin d’être utile à la cohésion nationale, le vote des étrangers la mettrait gravement en péril ; les lois de décentralisation et le mode d’élection des sénateurs font des élections municipales des élections plus que « locales ». Si les immigrés ne relevant pas de l’Union européenne veulent s’assimiler, participer à notre vie politique, ils en ont le moyen, fort simple, et traditionnel : mériter et obtenir individuellement la naturalisation ; celle-ci est déjà facilitée pour les personnes pouvant justifier de deux années réussies d’études supérieures (DEUG). Mieux vaudrait donc suivre cette voie plutôt que de s’enliser dans la recherche d’un “pacs immigrationniste” collectif pour ceux qui refusent la naturalisation ; la Constitution énonce un principe (art. 3 C., 4e alinéa) : “Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.” Notre Constitution, trops souvent négligée, mérite d’être prise en considération par celui qui postule à une fonction qui inclut de veiller au “respect de la Constitution” (art. 5 C.).

  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 31 octobre 2009 11:17

    Sur les trois mots « Liberté, égalité, fraternité » : l’auteur les trouve ambigus et déplore « L’usage que la bourgeoisie a fait de ses mots »

    Le terme le plus ambigu en République sont certainement ceux de « bourgeoisie » et de « classe ».

    On ne remarque pas assez le premier rang donné à la liberté. Dans la déclaration de 1789, elle est évoquée 7 fois par les termes LIBERTE (art. 2, 4 et 9), LIBREMENT (art. 9 et 14), LIBRE (art. 1 et 9).

    L’égalité ne l’est que 4 fois, EGAL (art. 1 et 6), EGALEMENT (art. 6 et 13).


  • Christian Delarue Christian Delarue 20 janvier 2010 08:50

    Contre le sexo-séparatisme islamique il faut un combat féministe global.

    le Collectif national pour les droits des femmes a rédigé une proposition de loi-cadre contre les violences faites aux femmes qui a été déposée en décembre 2007 sur le bureau de l’Assemblée nationale par le groupe de la gauche démocratique et républicaine et au Sénat par le groupe communiste, républicain et citoyen. Pourquoi  ? 
    Il y a 48 000 viols de femmes par an en France ! Lire Suzy Rojtman et Maya Surduts
    LEMONDE.FR | 19.11.09
    http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/19/il-y-a-48-000-viols-de-femmes-par-an-en-france-par-suzy-rojtman-et-maya-surduts_1269580_3232.html

    Plaider en faveur d’un féminisme global et transversal aux nations et aux différentes couches social n’interdit pas de critiquer le machisme et le sexisme théorisé, justifié, pratiqué avec constance. Deux mots sur le voile intégral d’abord.

    * Le voile intégral n’est que le symbole maximal du sexo-séparatisme.

    La burka ou le niqab , qu’il s’agisse d’une logique sectaire exogène ou d’une forme de spiritualité endogène, manifeste une emprise du machisme. Il ne se combat pas sauf exception avec des lois mais par l’affirmation du respect des femmes dans un cadre de mixité à l’école, à la piscine, au travail, chez elles. Le respect c’est le refus des remarques désagréables liées au sexe mais c’est aussi la promotion de l’égalité et de la réciprocité. Le respect et l’égalité permet la promotion de la liberté de comportement des femmes. Si les hommes savaient « se tenir » elles pourraient s’habiller librement, sans avoir à se cacher. Le souci de cacher les formes féminines du corps passent aussi par des pratiques alimentaires de grossissement ou d’amaigrissement qui aboutissent à des formes non religieuses de camouflage du corps. On en revient toujours à la même chose : les jeunes hommes doivent apprendre à maîtriser leur désir au lieu de vouloir enfermer les femmes. Cette logique de neutralisation est une impasse . Il ne peut s’agir d’abolir les rapports de séduction, de supprimer les artifices qui vont avec. C’est un rigorisme mortifère, un chemin qui ne mène nulle part . Il s’agit d’instaurer des rapports de confiance et de paix propice à la rencontre dans le respect de la différence de genre. Dans cette maîtrise réside le progrès civilisationnel.

    * Les violences sexistes issues de l’islam réactionnaire.  

    Elles doivent être combattues comme les autres. Pourquoi critiquer à raison les éructations sexistes d’Orelsan et pas l’obsession de certains musulmans à employer tous les moyens pour couvrir voir enfermer les femmes et jeunes filles. Il y a certes les violences sexistes commises sans idéologie de référence comme les meurtres passionnels par exemple et les violences sexistes largement permise par une idéologie sexiste athée ou religieuse de justification. 

    * Les premières violences de type patriarcales mais sans appui idéologique manifeste sont présentes dans tous les milieux sociaux : le dépi amoureux ou la jalousie ou d’autres situations conduisent à des violences sans que l’on puisse trouver une réelle idéologie de soutien. Bien au contraire il arrive que des violences soient commises en contradiction d’une idéologie ordinairement pacifiste et égalitariste. Une dégradation occasionnelle ou structurelle de la personnalité avec éventuellement ajout de l’alcoolisme ou de drogues comme facteur aggravant produisent parfois des gestes violents . Ici les femmes ne sont pas exempts de violences contre les hommes mais surtout contre les enfants. Mais, les faits montrent que massivement ce sont les hommes qui usent ici de la violence. 

    * Les secondes violences sont issues d’un discours faisant explicitement l’apologie de la violence. Un discours est totalement distinct de la religion et pourrait se nommer le virilisme sous des formes diverses . Les éructations d’un Orelsan ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Il y a aussi l’autre discours ; celui qui relève du prosélytisme religieux intégriste : tu te voiles ou tu subies la violence machiste, celle des frères ou des pères avec souvent l’absolution des mères. Cela n’est pas une loi écrite dans les textes sacrés mais une pratique acceptée et reproduite dans les familles et la communauté.  

    Christian Delarue

    POSITION SUR LA BURQA de Christian DELARUE

    http://www.lepost.fr/article/2010/01/10/1878772_position-sur-la-burqa-de-christian-delarue.html

    La séduction est payenne, l’amour est chrétien

    http://www.lepost.fr/article/2009/12/28/1860165_la-seduction-est-payenne-l-amour-est-chretien.html


  • Christian Delarue Christian Delarue 15 février 2010 23:12

    Trois religions au service du capital : le travaillisme, le familialisme, le patriotisme,

    Le monde du travail défend la liberté, l’égalité, la fraternité et la laicité contre le classisme, le sexisme et le racisme.

    Le capital n’a pas de religion. Ce n’est pas tout à fait vrai. Comme les travailleurs, les propriétaires des moyens de production et d’échange participent d’une culture. Ils sont né dans un pays, une famille. Ils ont des façons de vivre, boire, manger, entrer en relation de genre, ect.. Ils sont tantôt chrétiens, tantôt juif, tantôt musulmans, etc. Ils sont aussi athées. Surtout au-delà de leur attachement résiduel il ont la religion des affaires et du profit .

    Quand est-il du vaste monde du travail ? Il baigne lui aussi des cultures variées. S’agissant des religions on retrouvent aussi bien des athées que les croyants des grandes ou moins grandes religions. La seule différence avec les capitalistes et autres fonctionnaires du capital, les « faisant fonction », c’est qui sont beaucoup englués dans leurs croyances religieuses. Moins que jadis et cela a des conséquences. Ils sont plus en capacité de se mobiliser pour la défense de leurs intérêts collectifs face au capital. Cependant cette capacité est bridée par deux forces qui peuvent être contraire qui sont l’individualisme et le patriotisme. Le premier les pousse vers la lutte des places et le second vers une sorte de communautarisme national fondé sur la fraternisation naive entre le capital et le travail.

    Pour renforcer cette dérivation des forces sociales pèsent pour renforcer l’individualisme négatif et le nationalisme factice. C’est ainsi que l’on va trouver deux religions - au sens d’emprise obsessionnelle collective - assez communément partagées, y compris chez les prolétaires, la religion du fric et la religion ethnico-patriotique. Il ne s’agit pas là de stigmatiser le besoin normal de pouvoir d’achat pour vivre puis les biens utiles à la vie ne sont pas distribués gratuitement, ni l’attachement de beaucoup de travailleurs français pour les services publics nationaux ou d’autres institutions utiles à tous comme la sécurité sociale par exemple. La religion du fric est celle qui va jusqu’à empêcher les solidarités contre le classisme ( ), le racisme, le sexisme. La religion du fric s’appuie sur la religion du travail - le travaillisme - bien porté en France tant par le christianisme que le mouvement ouvrier. Il ne suffit pas de dire que la devise du travaillisme c’est Travailler pour travailler. Il y a cela mais il y a aussi travailler plus longtemps, plus vite. La logique de la compétition et de la performance s’applique au travaillisme : Plus vite, plus haut, plus loin, plus fort Elle débouche sur sa version dopée par le sarkozysme : travailler plus pour gagner moins ! Pour autant, la critique de la religion du travail ne signifie pas apologie de l’inactivité mais plutôt un souci d’un travail sans cadence imposée avec des horaires hebdomadaires inférieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui : 32 H ? 30 H hebdo pour les travaux pénibles. La religion ethnique à base de surcharge de christianisme ou de fausse laïcité empêche la solidarité entre travailleurs subissant les mêmes attaques. La fausse laïcité défend une religion au dépend d’une autre, en l’espèce le christianisme catholique contre le judaisme et l’islam. Cette dernière religion est particulièrement attaquée en France et en Europe par amalgame constant entre l’islam radical et l’islam pratiqué pacifiquement. La thèse de la postcolonialité tend aussi à défendre une religion contre une autre mais il s’agira - à l’inverse des catho-laïques - de défendre l’islam contre la laïcité et le christianisme.

    CD


Réagir