samedi 2 juin 2012 - par chapoutier

Petit glossaire des mots piégés

Qu'est-ce qu'un mot piégé ?

C'est un mot que l'on a associé à un courant de pensée ou à un mouvement politique, en raison de l'usage habituel et fortement connoté qu'ils en font, mais qui est capté par un courant hostile pour être retourné contre eux, à la faveur d'un glissement de sens, d'un déplacement contextuel ou d'une altération de la connotation.

 

Abus (il y a des)

A distinguer de : "Il y a de l'abus".

Remarquez que l'expression "il y a des abus" est toujours utilisée dans un contexte précis, à tel point qu'il n'est même pas utile de l'indiquer : ces abus sont ceux qui affectent les systèmes de protection, au point de compromettre leur fonctionnement, quand ce n'est pas leur pérennité et leur existence. Il s'agit effectivement, pour l'essentiel, de la sécurité sociale et de l'assurance chômage. La sécu, c'est très bien, dans le principe, mais il y a des abus ; le chômage répond certes à un nécessaire devoir d'assistance, mais il y a des abus, sous entendu, il y a des gens qui en profitent indûment, au point d'en tirer l'essentiel de leurs moyens d'existence. Qui n'a jamais entendu raconter l'histoire de ces immigrés débarquant en France avec toute leur smala et bénéficiant incontinent d'une pléthore d'allocations les mettant à la fois à l'abri du besoin et de la nécessité de travailler ! Ce sont bien entendu des balivernes : alors que les droits sociaux et les systèmes de protection sont aujourd'hui l'objet d'attaques sans précédent, comment voudrait-on que des immigrés sans papiers, ou même avec papiers, puissent bénéficier d'avantages aussi extravagants, et cela en dehors de tout cadre légal ? Pourtant, de telles rumeurs ont les reins solides et elles sont constamment invoquées dès lors qu'il s'agit d'attaquer le système de santé, le système de protection sociale, les allocations familiales et l'assurance chômage : "Mais tout de même, il y a des abus !".

Soyons clair : bien sûr qu'il y a des abus. Qui pourrait imaginer qu'il pût y avoir des us sans abus ? Il est même un droit qui se définit comme droit d'user et d'abuser, c'est-à-dire de disposer d'un bien sans aucune restriction, de l'aliéner ou de le détruire, et c'est le droit de propriété. C'est dire ! Mais dans le cas qui nous occupe, abuser signifie plutôt passer outre aux règles qui inscrivent un usage dans certaines limites, et en particulier les limites légales. Si donc, en matière de sécurité sociale ou de droit du travail, il y a des abus, ces abus vont à l'encontre des lois, et peuvent être réprimés comme tels. On ne voit pas très bien où est le problème. On entend souvent parler d'escroquerie à la sécurité sociale, ou aux allocation familiales et les médias ne manquent jamais de les monter en épingle et de s'en indigner, mais quoi, ce sont des délits qui peuvent et doivent être punis.

Donc par abus on veut manifestement désigner d'autres limites que les limites légales ; on veut stigmatiser certains "excès". Ainsi, ces patients qui vont consulter leur médecin à tous propos, ces médecins qui prescrivent une pléthore de médicaments inutiles, ces fonctionnaires constamment en arrêt maladie, ces chômeurs qui refusent tous les emplois qui leur sont proposés, etc, etc. Et l'on citera toujours une multitude d'exemples, plus extravagants les uns que les autres. Notez que ce ne sont jamais les auteurs de ces récits qui sont coupables de ces excès, mais toujours les autres, et nonobstant les "témoins dignes de foi et les metteurs de main au feu", auxquels on vous renverra invariablement, c'est toujours l'histoire de l'homme qui vu l'homme qui a vu l'ours !

Alors, il y a des abus ? Certes, mais quels sont-ils ? Est-ce d'être malade qui constitue un abus, ou de l'être trop, ou d'être âgé, ou d'être chômeur, en somme, de faire appel, à un titre ou à un autre, aux systèmes de solidarité qui, comme chacun sait, coûtent trop cher à présent, et que la société n'est plus en mesure de financer. C'est bien ce qu'on voudrait nous faire croire, ou que les malades sont des tire-au-flanc, que les médecins prescrivent à tort et à travers, que les chômeurs sont des fainéants ? C'est bien ce que l'on suggère, et l'on voit alors la perversité de l'argument, véritable arme de guerre contre les systèmes de protection et de solidarité puisque, quels qu'ils soient, on peut être assuré qu'ils donneront lieu à des abus !

 

Aristocratie :

Suivant l’étymologie, le mot signifie « gouvernement des meilleurs », présupposant soit que ce sont les « meilleurs » qui ont vocation à gouverner, soit que ceux qui gouvernent sont, de fait, les meilleurs. Je ne m’attarderai pas à réfuter ce préjugé absurde qui confère à une minorité de dominants une essence supérieure qu’ils tiendraient de leur naissance et qu’ils transmettraient à leurs descendants : cela a déjà été fait. Mais l’on n’a peut-être pas assez souligné que, même en écartant l’idée d’« âmes bien nées », le préjugé aristocratique continue d’imprégner l’idéologie, et particulièrement l’idée de hiérarchie qui en constitue le noyau. Simplement, au lieu de situer le principe de la hiérarchisation sociale et de l’ordre de domination qu’il implique dans la « naissance », on le placera dans l’intelligence, le courage bref, toutes les qualités intellectuelles et morales que l’on voudra, et mieux encore, le « mérite » qui les résume toutes indistinctement. Ce n’est donc pas tant le mot « aristocratie » qui est piégé et qui constitue un danger que les mots qui ont pris en charge le légitimation de l’ordre de domination existant, comme ceux de « méritocratie » ou d’« élitisme ». L’expression « élitisme républicain » montre de manière éclatante comment la légitimation de l’ordre social de domination a pu se dégager des vieilles valeurs aristocratiques en se fondant sur la valeur ambiguë de « mérite ».

 

Athéisme :

Être athée, ce n’est pas croire que Dieu n’existe pas, c’est ne pas croire qu’il existe. On dira que cela revient au même pour ce qui est de l’existence de Dieu. Si l’on veut, mais cela change tout pour ce qui est de la croyance, car en effet, on ne peut tenir l’athéisme comme une croyance parmi d’autres, en ajoutant de surcroît que toutes se valent, que s’il est impossible de démontrer que Dieu existe, il est tout aussi impossible de démontrer qu’il n’existe pas, et qu’il ne resterait donc plus qu’à croire, soit qu’il existe, soit qu’il n’existe pas.

Or, l’athée refuse d’entrer dans le jeu de la croyance (qu’elle soit affirmative ou négative), plus radicalement il met la croyance hors jeu, tenant pour dépourvue de tout intérêt et de toute pertinence la question même de l’existence de Dieu, à laquelle il serait vain de chercher une réponse, de quelque ordre qu’elle soit, tout simplement parce qu'elle est sans objet.

C’est la radicalité de cette position qui rend l’athée tellement insupportable aux religions. L’athée, le sans Dieu, est pis qu’un « mécréant » ou un « infidèle » ( qui n’a pas la vraie foi), c’est un « impie » (qui n’a aucune foi). Quoi de pire que cela ? L’hérétique pourra toujours abjurer, revenir dans le chemin de la vraie foi : ce qui importe, c’est d’en avoir une. Celui qui n’en a aucune est perdu, il est bon pour le bûcher et pour l’enfer. Lorsqu’il s’agit de dénoncer et de combattre l’athéisme, toutes les religions de coalisent, quelle que soit la haine qu’elles se vouent mutuellement.

C’est pourquoi il faut se défier de cette tolérance qui ne porterait que sur la possibilité d’élire une croyance et de pratiquer la religion de son choix, pourvu qu’on en pratique une. Certains pays sont très tolérants en matière religieuse, les sectes de tout poil y ont droit de cité, mais il y est très mal vu de se déclarer athée.

Il faut alors rappeler que la liberté de culte proclamée par la laïcité (voir ce mot) comprend la liberté de n’avoir aucune religion et de ne pratiquer aucun culte, ainsi que la totale liberté de critique à l’endroit des croyances et des cultes, quels qu’ils soient : rappelons que du point de vue de la laïcité, le terme de blasphème est vide de sens.

 

Autre (alter) :

Adjectif commode quand on le rapporte à certains noms, qui permet de concilier sans frais acquiescement et refus. C’est le pendant d’un célèbre « oui mais », une sorte de « non mais », l’amorce d’une trahison. Ainsi dira-t-on « une autre mondialisation » pour exprimer un refus de la « mondialisation néo-libérale ». Mais, qu’est-ce que la mondialisation, sinon la mise en coupe réglée de la planète par les puissances financières, sous l’égide des intérêts américains ? Il n’y en a pas d’autre que celle-là. Le mot « mondialisation » n’est qu’un euphémisme pour ce que l’on appelait il n’y a guère « l’impérialisme américain ». Qui, décemment, pour dénoncer cet impérialisme-là, en demanderait un autre ? Bien sûr, « si tous les gars du monde voulaient se donner la main…tout autour de la terre… » il en irait peut-être autrement, mais il faudrait être bien naïf pour voir dans cette image poétique une figure possible de la mondialisation. Se dire partisan d’une autre mondialisation, fût-elle « citoyenne », c’est sauter le pas, c’est franchir le Rubicon, c’est faire la concession mortelle. Si les adeptes du libéralisme peuvent se permettre de faire des concessions, c’est parce qu’ils sont en position de force et que le libéralisme est l’idéologie dominante. Nous ne pouvons nous permettre ce luxe. Il faut, si nous voulons redonner un sens aux mots, et une pertinence aux idées, mettre un terme à ces formules euphémiques qui sont autant de compromissions, quand elles ne relèvent pas de la pure et simple hypocrisie. Il n’y a qu’une seule manière aujourd’hui de s’opposer à la mondialisation, ce n'est pas d'être "altermondialiste", c’est d’être résolument anti-mondialiste.

 

Communication :

Mot dont l'usage actuel est caractéristique d'une société où les moyens de communiquer - les fameux médias - vont finir par tuer le langage.

Et il est vrai que le verbe communiquer est devenu intransitif. Il ne s'agit plus aujourd'hui de communiquer quelque chose, mais de communiquer tout court, autant dire que l'objet de la communication devient accessoire. Il s'agit tout au plus de communiquer sur quelque chose, peu importe ce qu'on en dit : le tout est de savoir si on en dit quelque chose ou si on n'en parle pas.

D'où un étrange paradoxe : si ne pas communiquer sur une chose, c'est n'en dire rien, communiquer sur une chose, c'est en parler pour n'en rien dire. La question ne porte pas sur le contenu de la communication, mais sur le fait de la communication. On ne communique pas pour faire connaître un objet dont il y aurait quelque chose à dire, mais pour se faire connaître comme sujet de la communication, autrement dit comme quelqu'un qui aurait quelque chose à dire.

Et c'est pourquoi l'on tue le langage. On le tue dans sa fonction symbolique, à savoir sa capacité à contenir des pensées et à communiquer du sens. On le tue dans sa fonction discursive, à savoir sa capacité à enchaîner les idées dans un discours signifiant, pour les donner à penser par l'autre. On le tue enfin dans sa fonction informative, puisque la seule chose que l'on fait savoir sur une chose, c'est qu'il n'y a rien d'autre à en savoir que ce que l'on donne à appréhender dans une saisie immédiate. On aura reconnu ce discours dépourvu de toute discursivité, de tout contenu, vide de pensée et d'information : c'est le discours de la publicité.

Com = Pub. Elles usent des mêmes procédés, elles ont les mêmes finalités : remplacer les pensées par des affects. Abolir toute réflexivité au profit de l'immédiateté des sentiments primaires. Il n'y a pas lieu de penser là où il suffit de sentir. Tout se joue alors dans l'empathie. La presse "pipole" est emblématique de cette tendance : il s'agit de mettre en scène la vie des personnages en vue auxquels on invite le lecteur à s'identifier. On voit, avec l'affaire Betancourt, ce que cela peut donner en matière d'information. On doit également s'interroger sur la valeur et sur l'autonomie d'un discours politique de plus en plus marqué par les conseillers en communication.

Une journaliste me conseillait récemment de changer ma "manière de communiquer", faute de quoi je risquais, selon elle, d'ennuyer les gens. On voit bien l'enjeu. Inviter les gens à se saisir des questions qui les concernent, et les convier à en débattre, leur demander d'y réfléchir, leur proposer pour cela des éléments d'analyse, c'est les exposer au risque de la pensée et c'est en effet risquer de les ennuyer !

J'ai pris ce risque ici, pour parler de la "communication", tout simplement parce que je ne veux pas jouer le jeu de la communication. Non, Madame, je ne peux changer ma manière de communiquer, tout simplement parce que je ne communique pas. Je suis trop attaché, pour cela, à la pensée et convaincu de son caractère irremplaçable. Qui donc a intérêt à nous faire croire que la communication pourrait en tenir lieu ?

 

Communisme :

Toujours employer ce mot avec "fin" : depuis la fin du communisme, etc.

L'objectif de l'émancipation ouvrière, la révolution sociale, doivent être constamment assimilés au régime policier totalitaire fondé par Staline. Ce qui vise à persuader les salariés que le système dominé par les banques, fondé sur l'exploitation et le profit, est désormais éternel. Le fait que ce régime policier ait commencé par l'exécution de tous les dirigeants de la révolution russe ne présente aucun intérêt. D'ailleurs la connaissance de de l'histoire de la révolution russe a été judicieusement ôtée des programmes scolaires.

Attention : le régime policier totalitaire chinois doit être traité avec courtoisie et déférence. En interdisant les syndicats et en réprimant les grèves, il garantit de fabuleux profits aux investisseurs.

 

Courage :

Se dit d'un homme politique qui a "le courage de prendre des mesures impopulaires" : priver les malades du remboursement des soins, s'attaquer aux retraités, aux handicapés, aux chômeurs, etc.

Ne pas confondre avec la morale commune qui voit l'acharnement contre les faibles au profit des puissants comme une marque de lâcheté et de veulerie. La différence des deux morales s'enseigne dans les grandes écoles.

 

Démocratie :

1. (sens vieilli) : désignait autrefois l'expression par un peuple de sa volonté majoritaire.

2. (sens actualisé par la Commission européenne) : libre interprétation par les gouvernements de ce qui est bon pour leur peuple, à la manière des monarques avec leurs sujets.

Exemple : le non majoritaire des peuples français, néerlandais, irlandais signifie oui.

 

Économie :

Ce qui est bon pour les capitalistes est bon pour l'économie. Ainsi, les lois grecques qui exonèrent d'impôts les bénéfices des riches armateurs (4 173 navires, première flotte du monde, 1/5 des tankers et vraquiers), ainsi que ceux de l'Église, fonciers et boursiers (50 à 100 milliards sur les marchés), s'ajoutant aux salaires de 11 000 prêtres payés par l'État 2 000 euros par mois, sont bonnes pour l'économie.

Le peuple grec, qui ose manifester contre l'imposition des revenus à partir de 450 euros par mois (bonne pour l'économie), doit être maté .

 

Efficacité :

"Boussole managériale en vogue qui permet de faire accepter, parce que c'est moins cher, une efficacité moindre.." Contribution de Antoine B.

Est efficace ce qui produit l'effet attendu. Ce terme tient donc son sens d'une perspective qui mesure la valeur d'une chose à son utilité, à savoir sa capacité à produire un effet avantageux. Le terme d'utilité pose d'ailleurs le même problème que celui d'efficacité. Lorsqu'on nous dit d'une chose qu'elle est utile, on ne nous dit jamais à quoi elle est utile, comme si l'utilité était une propriété objective de la chose ; lorsqu'on nous dit d'une action qu'elle est efficace, on ne nous dit jamais quel effet en était attendu. La "boussole managériale" dont parle Antoine B. est un très curieux instrument qui mesure la valeur d'une chose, ou d'une activité à son seul coût. Elle est particulièrement employée lorsqu'il s'agir d'évaluer le travail, les soins hospitaliers, le nombre des fonctionnaires, les services publics, etc.. Tout cela coûte beaucoup trop cher et nuit à l'efficacité de l'économie (de la compétitivité). Supprimons donc tout cela, au nom de l'efficacité, et privons-nous par là même de tout les effets bénéfiques que nous pouvions en attendre, par exemple l'emploi, la santé, l'éducation, la sécurité, des conditions de vie décentes : bagatelles, n'est-ce pas ? Telle est précisément la logique de la LOLF (loi organique relative aux lois de finances), qui a pour ambition déclarée "de réformer la gestion de l'État tout entière, c'est-à-dire la façon dont l'argent public est utilisé par chaque ministère et qui vise à instaurer une gestion plus démocratique (sic) et efficace des dépenses publiques." Nous aurons bien l'occasion de revenir sur ce caractère prétendument démocratique de la LOLF, mais on voit que c'est avant tout le principe d'efficacité qui gouverne cette invraisemblable machine à gaz !

 

Élitisme :

L’élitisme est la version roturière (ou bourgeoise) de l’aristocratie. Si l’on n’y trouve plus l’idée d’une supériorité de naissance légitimant un droit à gouverner, on y trouve toujours l’idée d’une inégalité foncière entre les hommes et d’un ordre hiérarchique inhérent à l’état social. Surtout, il s’agit toujours de favoriser ceux qui sont considérés comme les meilleurs au préjudice de la masse, mais comme la bourgeoisie ne peut plus, comme la noblesse, asseoir son pouvoir sur un sang prétendument bleu et sur un rang sans doute de même couleur, elle a dû retenir d’autres critères pour distinguer les meilleurs. Rien d’étonnant à ce qu’elle ait choisi la richesse : l’Assemblée constituante de 1791 a établi le suffrage censitaire limitant le droit de vote aux citoyens les plus fortunés ; il a fallu attendre la Constitution de 1793 pour que soit établi le suffrage universel (masculin), mais cette déclaration n’a jamais été appliquée. Bref, la démocratie promise par la Révolution française s’est d’emblée constituée comme une ploutocratie (gouvernement des plus riches), ce qu’elle est restée : ce sont plus que jamais les puissances d’argent qui sont au pouvoir. Et ceux qui « tiennent un rang dans le monde », comme on disait autrefois, ce sont toujours les plus fortunés.

Il ne suffit pas d’éliminer le préjugé d’une inégalité héréditaire entre les hommes pour rendre l’élitisme soluble dans la République, ce à quoi prétend la notion d’« élitisme républicain », au nom de la nécessité, pour toute société, de distinguer les plus aptes à la gouverner. Il suffirait, pour faire de l’élitisme une valeur républicaine, de la fonder non pas sur la naissance, non pas sur la richesse, non pas sur la puissance, mais sur le mérite. Or, le mérite est une valeur auto référencée qui ne résout rien ; il engendre un système de valorisation qui ne vaut qu’après qu’il a été appliqué : ceux qui exercent le pouvoir sont les plus méritants parce qu’ils ont été distingués comme les meilleurs. C’est admettre que « ceux qui commandent valent mieux que ceux qui obéissent et que la sagesse ou la vertu se trouvent dans les mêmes individus en proportion de la puissance, ou de la richesse » : parole « d’esclaves entendus de leurs maîtres », selon Rousseau. C’est sans doute par des oreilles serviles que Laurence Parisot aimerait être entendue lorsqu’elle brandit l’argument du mérite et des « incitations destinées aux meilleurs » pour justifier l’extravagante inégalités des revenus. Car cette « élite » autoproclamée, qui concentre entre ses mains le pouvoir, les honneurs et les richesses prétend de surcroît à une onction républicaine en lieu et place de l’onction divine qui lui avait été consentie par le pouvoir monarchique. Elle oublie que la République, en abolissant les privilèges, a mis fin à un tel principe de valorisation. Pour la République, il n’y a que des représentants élus, qui sont seuls habilités à participer à un gouvernement. Qu’on cesse donc de nous parler « d’élite dirigeante », comme s’il s’agissait d’une espèce particulière ayant vocation, en raison de ses caractéristiques propres, à diriger et à gouverner. La question tellement agitée aujourd’hui du divorce entre le peuple et l’élite dirigeante, est bien une question tout juste bonne à être « agitée entre des esclaves entendus de leurs maîtres » : c’est Rousseau qui avait raison. La vraie question qui, comme telle doit être débattue entre « des hommes libres et qui cherchent la vérité » autrement dit des citoyens, est celle d’un système de représentation qui ne confisque pas le pouvoir du peuple, seule source de la souveraine puissance. C’est donc la question du caractère antidémocratique de la constitution de la Ve République qui doit être posée ici et maintenant.

 

Idéologie :

S’il n’y avait qu’un mot piégé, ce serait celui-là, car le mot « idéologie » est piégé à plusieurs titres, et d’abord par son effet boomerang et sa capacité à changer de camp.

Pourtant, le mot n’a au départ aucun caractère péjoratif. C’est Destutt de Tracy qui en 1796 crée le néologisme « idéologie » pour désigner la « science des idées, de leurs lois, de leur origine ».

C’est Marx qui donne au terme son caractère péjoratif dans la critique qu’il mène de l’idéalisme. Selon les penseurs bourgeois en effet ce seraient les idées qui mènent le monde. Or, pour Marx, ce sont au contraire les conditions économiques et sociales, en particulier les rapports entre les classes sociales, qui sont cause des événements historiques, de l’organisation politique et juridique des sociétés ainsi que des croyances des hommes, de leurs idées et de leurs doctrines

Une telle analyse est fatale à l’idée de l’idéologie comme science, puisque l’idéologie n’est en réalité rien d’autre que cet ensemble d’idées, de croyances et de représentations plus ou moins élaborées, plus ou moins cohérentes, reflétant les conditions matérielles de l’existence des hommes et singulièrement leurs intérêts de classe. « L’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante », dit Marx, le moyen par lequel les classes dominantes s’efforcent de justifier l’exploitation des classes dominées, à leurs propres yeux comme aux yeux de ceux qu'ils exploitent Il faut donc en démonter les mécanismes, montrer par exemple comment la religion parvient, par la promesse du paradis, à faire accepter aux classes exploitées leur vie misérable ici-bas : « la religion est l’opium du peuple ». Dès lors le combat idéologique prend une place importante dans la lutte de classe.

Mais l’idéologie avance masquée : c’est pourquoi les intellectuels bourgeois ont d’abord nié leur rôle dans la production idéologique, puis dénoncé la critique marxiste de l’idéologie comme une idéologie, dénonçant en particulier la lutte des classes comme un mythe, une invention dangereuse pour l'ordre social. Enfin, plus récemment, ils ont fourbi leur dernière arme idéologique : « la mort des idéologies ».

Curieux destin que celui de ce mot . Par une sorte d’ironie de l’Histoire, la pensée marxiste, qui s’était affirmée, de Marx à Althusser comme une critique des idéologies est aujourd’hui désignée par ses détracteurs non pas seulement comme une idéologie parmi d’autres (ce qui était déjà un moyen de la relativiser et de la discréditer), mais comme l’Idéologie même. A tel point que lorsque les « chiens de garde de l’idéologie bourgeoise » dénoncent aujourd’hui des visées, ou des intentions, ou des présupposés « idéologiques », c’est généralement pour stigmatiser, par delà cette fameuse « mort des idéologies », l’ombre de Marx. Le terme est de ce fait utilisé pour désigner tout ce qui, dans une pensée ou dans une analyse, conserve quelque chose d’une approche ou d’une perspective marxiste, comme le retour d’un refoulé marxiste.

C’est au détour des années 1980 que s’est affirmée « l’idéologie de la mort des idéologies », idéologie (il faut insister sur le terme) qui a célébré la flexibilité, décrié l'État providence », popularisé le libéralisme (néo ou ultra comme on voudra le désigner), poussé le zèle antimarxiste jusqu’à la célébration du reaganisme.

C’est bien entendu dans cette ligne de l’antimarxisme et de la célébration du libéralisme qu’il faut situer l’idéologie de Sarkozy, dont l’une des premières déclarations théoriques fut qu’il fallait « en finir avec mai 1968 ». Libéral façon Reagan, Thatcher, Bush, il le fut, jusqu’à ce que la crise lui fasse obligation de redécouvrir les vertus de l’Etat et il le reste lorsqu’il qu’il s’attribue comme mission nouvelle la « refondation du capitalisme » car l’idéologie sarkozyste est à géométrie vartiable, elle se doit d’être dans l’air du temps. « Je ne suis pas un théoricien, je ne suis pas un idéologue, je ne suis pas un intellectuel : je suis quelqu’un de concret », ne cesse de dire Nicolas Sarkozy. Fort bien, mais « cette "concrétude" revendiquée n’en dessine pas moins une idéologie » et cette idéologie est à l’évidence une idéologie de droite : « un bonapartisme au service du libéralisme » dit Marcel Gauchet, « un napoléonisme institutionnalisé » selon Peter Stoderdijk, « un pétainisme transcendantal », dénonce Alain Badiou. Bref, le « pragmatisme » dont se prévalent Sarkozy et ses acolytes est un pragmatisme dévoyé, la pire des idéologies , celle qui se met au service d’une aristocratie de l’argent. Enfin, cet anti-intellectualisme revendiqué par le président d’une nation qui, quoiqu’il en pense, avait fait de l’intelligence et de la culture une de ses valeurs essentielles, c’est l’option de l’obscurantisme, une déclaration de guerre aux humanités Est-il bien utile d’avoir lu « La princesse de Clèves » pour réussir dans la vie, demande Sarkozy, car l’idéologie sarkoziste s’appuie sur une « rhétorique de la réussite », réussite individuelle qui est d’abord la sienne et de sa classe sociale, et qui est en fait la mort des idées, l’éloge de l’inculture et, par suite, le triomphe sans partage de l’idéologie et la tyrannie de l’opinion.

On aurait donc plus que jamais besoin d’une idéologie, au sens premier du terme, c’est-à-dire d''une science des idées, de leurs lois, de leur origine, capable de « démonter les mythes et l'obscurantisme, d'une idéologie pour dénoncer l’idéologie au deuxième sens du terme, cet agglomérat d’idées reçues au service des intérêts de la classe dominante. En ce temps où la reconquête du terrain idéologique constitue un enjeu décisif, il est essentiel de renouer avec le projet d'une critique des idéologies tel qu'il avait été initié par Marx et Engels dans "L'Idéologie allemande" et la "Préface à la critique de l’économie politique". C'est alors, et alors seulement que la boucle pourra être bouclée.

 

Islamophobie :

Le néologisme « islamophobie » est plus qu’un mot piégé, c’est un mot « piégeux », c’est-à-dire fabriqué pour piéger et cela, par ses deux composantes.

- D’abord le suffixe « phobie » conserve quelque chose de son origine psychiatrique : l’agoraphobie, la claustrophobie et la zoophobie, par exemple, sont des troubles relevant de la « névrose phobique ». Désigner toute hostilité à l’endroit de l’islam, voire toute critique de l’islam comme relevant de l’islamophobie, c’est y voir implicitement la manifestation d’une pathologique ou d’une névrose, au moins d’une anormalité.

- Ensuite, l’objet de cette « phobie » est indéterminé : rien ne permet de savoir s’il s’agit de la religion musulmane (l’ensemble de ses croyances, de ses dogmes, de ses rites), de la civilisation issue de cette religion, ou de la communauté de ses fidèles (les musulmans, pratiquants ou pas), voire de la communauté plus large dans laquelle la pratique de cette religion est dominante : essentiellement les « populations issues de l’immigration », en particulier du « monde arabo-musulman », expression tout aussi critiquable que la précédente (tous les Arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas arabes).

1. Dans le premier cas, rien n’autorise à assimiler la critique de la religion musulmane à une « phobie », à l’imputer à une « crainte excessive, maladive et irraisonnée , comme dit le dictionnaire, et comme on le voit dans la xénophobie par exemple : la peur de l'étranger, et la haine qui en découle, sont indiscutablement irraisonnées et maladives. En revanche, la dénonciation des fanatismes religieux et de la religion comme un "opium du peuple" procèdent d'un examen critique de la raison, et cette critique peut être appliquée à toutes les religions, y compris l’islam.

2. S’il s’agit de l’Islam (de la civilisation), on admettra aisément que toutes les grandes religions ont concouru à fonder des civilisations, sans en être la source exclusive. Ainsi, lorsque Nicolas Sarzkozy martèle l’idée d’une identité de la France fondée sur les valeurs du christianisme, il oublie les racines gréco-latines, l’humanisme de la Renaissance qui les reprend, la philosophie des lumières et la révolution française. Il doit en être de même pour les autres civilisations dont la religion est une composante parmi d’autres.

Pour ce qui est de l’hostilité à l’endroit d’une communauté humaine, quelle que soit la religion qu’elle pratique, et des discriminations que cette hostilité peut entraîner, il faut rappeler qu'elle trouve son meilleur remède dans la laïcité qui proclame la liberté de culte, la liberté de conscience et renvoie les croyances religieuses au domaine privé. C’est à ces conditions que nul ne peut être persécuté, ni exclu en raison de sa religion (et ne doit davantage être favorisé) : cela vaut bien entendu pour les athées qui récusent toute croyance.

3. Enfin, il suffit de dire que toute hostilité dirigée contre une population humaine (qu’elle soit ethnique, culturelle ou religieuse) qui se traduit par des persécutions ou une discrimination relève du racisme ou de la xénophobie. C'est vrai pour l'antisémitisme (à ne pas confondre avec l’antisionisme ni la « judéophobie) ; c'est également vrai pour l'hostilité à l’endroit des populations issues de l’immigration, en particulier arabes ou maghrébines. On notera que le terme de "judéophobie" pose les mêmes problèmes que celui "d'islamophobie" : si c’est la religion qui est visée, le terme « anti-judaïsme » est moins ambigu.

Deux remarques pour conclure :

1. aucune mesure (ou loi) visant de manière discriminatoire une religion ou une population ne peut s’autoriser de la laïcité.

2. C’est à juste titre que la ligue française des droits de l’homme refuse d’utiliser le terme d’islamophobie, en raison des confusions qu’il rend possibles, voire qu’il favorise, en particulier la confusion entre la lutte légitime contre le racisme et la volonté inacceptable d'interdire comme blasphématoires les critiques formulées à l’encontre de l’islam, ou d’un cléricalisme musulman.

 

Interdit (d'interdire) :

« Il est interdit d’interdire » ; voilà le slogan auquel on prétend aujourd’hui réduire mai 1968.

Ce qui peut étonner, ce n’est pas le succès d’une maxime qui prenait à contre-pied le principe de la morale établie ; ce n’est même pas, à travers elle, la pérennité d’un certain esprit de soixante-huit ; c’est plutôt la portée qu’on lui confère à présent lorsqu’on soutient que c’est elle qui a sapé l’autorité, ruiné la moralité, ouvert une ère d’hédonisme débridé et d’individualisme effréné. Le slogan soixante-huitard aurait ainsi fait descendre dans la rue la proclamation nietzschéenne de la mort de Dieu et avalisé le « tout est permis » que Dostoïevski avait posé comme sa conséquence inéluctable.

C’est sans doute aller trop loin car si la formule a fait florès, ce n’est pas tant en raison de ce nihilisme radical que d’un verbe à la fois provocateur et ludique propre à l’esprit de soixante-huit et dont les slogans qui fleurissaient sur les murs étaient imprégnés. Il suffit de citer, parmi bien d’autres : « la barricade ferme la rue mais ouvre la voie » ; « soyez réalistes, demandez l’impossible » ; « assez d’actes, des paroles » ; « consommez plus, vous vivrez moins », etc.

Pourquoi ne reste-t-il que le fameux « il est interdit d’interdire », sinon parce que, plus que les autres, il faisait mouche ? Qu’exprimait-il en effet, sinon le refus exaspéré d’une morale bornée à l’interdit ?. Il ne s’agissait pas tant de récuser l’autorité en général que de lui demander des comptes et donc, de rejeter son caractère arbitraire. Mais c’était encore trop : l’autorité en question, parce qu’en effet, elle était arbitraire, n’a pas admis qu’on lui demande des comptes, et parce qu’elle est restée arbitraire, elle n’a toujours pas accepté qu’un jour de 1968, on lui en ait demandé. C’est pourquoi elle brandit encore son privilège, qui est d’interdire sans avoir à rendre de comptes, rappelant que la première chose qui soit interdite, c’est d’interdire que l’on interdise.

 

Laïcité (laïcisme, laïcard)

On peut sétonner que le mot laïcité figure dans ce glossaire des "mots piégés, car ce n'est évidemment pas le mot laïcité qui est piégé, mais quelques mots et expressions forgés pour introduire la confusion et tromper sur la nature de la laïcité, comme "laïcisme" et "laïcard", "laïcité positive", "laïcité apaisée" ou "laïcité ouverte".

Il n'est nullement question ici d'entrer dans le débat voulu par Sarkozy et initié par son gouvernement pour redéfinir la laïcité, pour l'actualiser, pour "l'ouvrir". Elle n'a nul besoin de l'être : elle a été définie dans ses principes par la loi du 9 décembre 1905, dite loi de séparation des églises et de l'Etat, et cela suffit. Il suffira donc de renvoyer à cette loi, débarrassée de toutes les gloses actuelles qui, sous prétexte de l'éclairer, visent à la dénaturer, et en particulier aux articles 1 et 2 qui en formulent les principes.

 

"Article 1er :

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

Article 2 :

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3."

 

La loi de 1905, qui pose pour son premier principe la liberté de conscience, en situe la condition de possibilité dans la séparation des églises et de l'Etat. Cette séparation, qui proscrit toute intervention du clergé dans les affaires de l'Etat, n'est pas un acte d'intolérance à l'égard des religions puisqu'au contraire elle impose la tolérance entre les différentes confessions qui se sont si souvent combattues, libère les églises du pouvoir hégémonique d'une église officielle, et libère la sphère publique en renvoyant les croyances et les pratiques religieuses au domaine privé. La laïcité instaure la liberté de penser, de croire ou de ne pas croire, et de soumettre les religions à l'exercice critique de la raison.

On ne saurait donc être top laïque, et le terme de laïcisme, qui consiste à opposer une vision "souple" de la laïcité à une vision intransigeante relève d'un faux débat, comme si la volonté de protéger activement la vie publique de toute ingérence religieuse (ce que l'on appelle encore "anticléricalisme" ) était autre chose que la laïcité elle-même. Le néologisme "laïcisme" est un terme polémique qui, au nom de la prétendue rigidité des positions laïques, invite à accepter des compromis, comme si l'on pouvait transiger avec les principes sans les renier. Le vocable "laïcard", ouvertement péjoratif, a été forgé par les ennemis de la laïcité pour flétrir les prétendus excès du laïcisme, qu'ils opposent à une "laïcité ouverte". Or, la laïcité n'a nul besoin d'ouverture, elle est ouverte dans son principe même, ouverte sur les connaissances qui peuvent être dispensées librement, sans être assujetties au dogme religieux, confrontées et discutées sans s'exposer à la censure des religions, comme l'est encore aujourd'hui aux Etats-Unis la théorie darwinienne de l'évolution. En réalité, note Henri Pena-Ruiz , "la notion de laïcité ouverte est maniée par ceux qui, en réalité contestent la vraie laïcité, mais qui n'osent pas s'opposer franchement aux valeurs qui la définissent" ( in "Histoire de la laïcité, genèse d'un idéal"). Mais sans doute la critique de ces notions de "laïcité positive, de "laïcité moderne" , de "laïcité apaisée" ou de "laïcité ouverte" comme autant de notions piégées est-elle le fait d'un laïcisme borné et de laïcards belliqueux !

 

Méritocratie :

L'essentiel a été dit dans les articles "Aristocratie" et Élitisme", auxquels on pourra se reporter.

J'ajouterai seulement que le "mérite", dès lors qu'il est reconnu, est sans doute digne d'éloges, peut-être de respect, mais le suffixe "cratie" renvoie à pouvoir, à gouvernement. On ne voit pas en quoi le mérite individuel, pour autant qu'il puisse être évalué, pourrait être une source légitime de pouvoir dans une démocratie.

 

Nous :

Toujours dire "nous" ou "la France" lorsqu'il s'agit de verser aux banquiers des fonds publics, et de diminuer pour cela les retraites, les salaires, ou les remboursements de Sécurité sociale.

Utiliser des images familières comme : nous avons vécu au dessus de nos moyens, on ne peut pas dépenser plus que ce que l'on gagne, etc. (En effet, si les ouvriers, les caissières de super-marché, les agriculteurs ; et autres fauteurs de crise n'avaient pas passé leur temps à spéculer sur les subprimes américaines, à décider des guerres coûteuses financées par l'emprunt, à émettre des obligations d'État à haut rendement, M. Fillon ne serait pas obligé de les punir par des plans d'austérité tous les deux mois).

 

Passéiste :

"Accroché à des acquis sociaux qui auraient perdu leur raison d'être" (contribution d'Antoine B.)

Cette qualification laisse entendre, toutefois, que dans un "lointain" passé : 1905, 1936, 1945, 1968, les "trente glorieuses"..., ces acquis étaient légitimes et justifiés, qu'ils constituaient alors des progrès. Mais l'évolution du monde et son état présent les auraient frappés de péremption. Ce qui, en un temps, fut possible et bon, devient aujourd'hui mauvais et irréalisable. Une certaine idée du progrès assurait que ce qui ne pouvait être fait aujourd'hui pourrait l'être demain, que le champ des possibles restait ouvert. On voudrait nous faire accroire à présent que ce qui était possible hier a cessé de l'être, et le sera encore moins demain. Et pour cela, on s'emploie à rendre le peuple amnésique en le renvoyant à un passé mythique, pour mieux l'abuser sur les possibilités du temps. On essaie de lui faire oublier que ce que l'on dit aujourd'hui des retraites, des services de santé, on l'avait dit des allocations familiales, des congés payés, et peut-être s'apprête-t-on à le redire.

Qu'en serait-il aujourd'hui si l'on avait brandi hier le critère de la faisabilité, non seulement pour ne rien faire, mais surtout pour défaire tout ce qui avait été fait, en clamant : "des contre-réformes, toujours plus de contre-réformes". On disait en 1968 : "Soyez réalistes, exigez l'impossible". On nous dit en 2008 : "Soyez raisonnables, plus rien n'est possible". Joli progrès !

 

Populisme :

Il est peu de mots qui aient connu ces derniers temps une telle fortune, ou une telle infortune comme on voudra : une telle fortune si l’on considère la multiplication de ses usages ; une telle infortune si l’on considère la connotation péjorative que l’on y a attachée, le plus souvent sans la justifier, comme si elle allait de soi. La définition qu’en donne le Petit Larousse illustré est de ce point de vue tout à fait remarquable :

Populisme n.m. souvent péjoratif : attitude politique consistant à se réclamer du peuple, de ses aspirations profondes, de sa défense contre les divers torts qui lui sont faits.

Si cette définition correspond bien à ce qu’il faut entendre par le terme de « populisme », on ne voit pas en quoi l’attitude qu’elle décrit aurait quelque chose de répréhensible ou de critiquable, qui permette de justifier la connotation péjorative, à moins de considérer les aspirations profondes du peuple comme méprisables, indignes d’être défendues !

Le Petit Robert, qui définit le populisme comme le : « discours politique qui s’adresse aux classes populaires, fondé sur la critique du système et de ses représentants, des élites. » ne justifie pas davantage la connotation péjorative, à moins qu’il soit malséant de critiquer le « système et les élites ».

Ce n’est que dans le Nouveau Larousse encyclopédique en deux volumes (1) que l’on pourra trouver un début d’éclairage sur la connotation restée jusqu’alors assez obscure : le populisme y est défini comme « une « attitude politique qui vise à satisfaire les revendications immédiates du peuple sans objectif à long terme » : ce ne sont encore que des réserves, mais l’on y trouve ensuite la mention d’un « type de populisme fondé sur un nationalisme xénophobe et raciste et affirmant défendre les intérêts du peuple contre les classes dirigeantes » qui se serait développé dans les années 1980 et 1990 dans divers pays européens. C’est tout autre chose : le mot populisme est devenu un « vilain mot », et l’on nous dit enfin pourquoi !.

En vérité ce qui est en cause, dans ces différentes acceptions, et dans ces glissements de sens successifs, c’est la référence aux « valeurs populaires ». Le Petit Larousse, dans la première définition citée, parle des aspirations profondes du peuple, sans rien dire de ces aspirations ni comment il faut apprécier le fait de s’en réclamer.

Si ce sont ces aspirations mêmes qui valent à la définition sa connotation péjorative, on ne peut y voir que mépris pour le « bas peuple », pour la « populace » incapable d’aspirations élevées, pour le « vulgum pecus » borné à ses grossiers appétits. Bref, la connotation péjorative exprimerait dans ce cas, sans vraiment le dire, un dédain aristocratique vis à vis du peuple.

Si c’est le fait de se réclamer des aspirations du peuple qui est apprécié négativement, il faudrait y voir plutôt la critique de la crédulité du peuple à l’égard des promesses qui lui sont faites et de l’hypocrisie de ceux qui le flattent pour gagner ses suffrages. Populisme serait alors synonyme de démagogie. Fort bien, mais pourquoi ce doublet, si ce n’est pour suggérer insidieusement que tous ceux qui parlent au nom du peuple ou qui se réclament de ses valeurs ne le font qu’avec l’intention inavouée de le flatter ou de le duper ? Dans ce cas, la démagogie ne serait pas une dérive de la démocratie, elle en serait l’essence. Le préjugé aristocratique se double d’une position antidémocratique.

La définition du Petit Robert confirme cette position en posant les limites d’un discours qui s’adresse aux classes populaires et qui se voit implicitement interdit de toute critique du système, de ses représentants et de ses élites. Défendre les intérêts du peuple, passe encore, mais à condition que ce ne soit pas contre les classes dirigeantes, dit en substance le Nouveau Larousse encyclopédique. Voilà ce qui est reproché au populisme : il est du côté de la lutte des classes … reproche toujours assorti de la même condescendance et du même paternalisme ! Les revendications du peuple ne portent que sur ses intérêts « à court terme » ; le peuple n’est pas assez mûr pour voir où sont ses véritables intérêts, seules les élites dirigeantes sont capables d’appréhender le long terme et de savoir ce qui lui convient vraiment.

Mais le mépris du peuple, de ses « aspirations profondes » comme de ses revendications « immédiates », atteint son comble dans cette idée jamais revendiquée ni clairement assumée, mais instillée par tous les discours qui aujourd’hui usent et abusent du mot populisme : les aspirations du peuple le porteraient spontanément, par une sorte de mouvement naturel, à un « nationalisme xénophobe et raciste ». Autrement dit, elles le feraient pencher du côté de l’extrême droite. C’est ce qui expliquerait que les voix de la classe ouvrière, qui s’étaient d’abord égarées du côté du parti communiste, soient revenues au front national, après la chute du mur et la dissipation de l’illusion révolutionnaire. C’est dire que le populisme consisterait toujours dans l’exploitation des passions et des illusions populaires, et peu importe qu’il soit de droite ou de gauche. Mais renvoyer ainsi dos à dos un « populisme de gauche » et un « populisme de droite », c’est oublier, ou feindre d’ignorer que lorsque le parti communiste se voulait le « parti de la classe ouvrière » et s’était fait reconnaître comme tel, même de ses adversaires, c’était au nom d’un idéal émancipateur, et nul ne se serait avisé de le qualifier de « populiste », avec le sens et la connotation qu’on lui donne aujourd’hui, car nul, même les plus réactionnaires, n’aurait alors voulu assumer le mépris du peuple véhiculé aujourd’hui par ce terme.

Alors, que penser de cette « gauche » élitaire qui cautionne un tel usage, et qui prête au peuple des sentiments xénophobes et racistes, discréditant toute « attitude politique se réclamant de lui, de ses aspirations profondes, de sa défense contre les divers torts qui lui sont faits ». Sous prétexte de dénoncer une démagogie fondée sur une rhétorique du peuple et exploitant les sentiments racistes et antidémocratiques, on range pêle-mêle sous le terme de populisme ou de « néo-populisme » aussi bien les partis antifiscaux qui ont fleuri en Scandinavie, que le « national-populisme » de Jean-Marie Le Pen ou celui de Jörg Haider, les régionalismes sécessionnistes de la Ligue du Nord en Italie ou le Vlaams Blok dans les Flandres, le « populisme médiatique » de Silvio Berlusconi, et j’en passe.

Autant il convient de dénoncer ces mouvements fascisants, que l’on pourra qualifier de démagogiques, corporatistes, réactionnaires ou poujadistes, autant il est indispensable de dénoncer leur prétention à incarner les aspirations du peuple et ses intérêts de classe, autant il est urgent de traquer et de dénoncer les usages du mot populisme qui voudraient faire accroire que le peuple a partie liée avec de tels mouvements , ce qui reviendrait à accréditer l’idée absurde que le peuple aurait troqué ses idéaux émancipateurs contre un misérable repli identitaire, intolérant et xénophobe.

Décidément les élites autoproclamées, de droite ou de gauche, qui ne supportent aucune mise en cause du système qui assure leur hégémonie, et qui traitent de populistes tous ceux qui critiquent le système et ses représentants, au nom du peuple, ne parviendront pas faire admettre que l’on puisse mépriser le peuple, au nom de la démocratie !

 

" Populisme : terme récent du jargon médiatique, répondant à un problème épineux apparu en 2005. La plupart des partis attachés au régime, Sarkozy et Hollande côte à côte, ayant appelé à voter oui à l'Union européenne, la majorité du peuple a osé voter non. Or, l'élite du régime, instruite des besoins des marchés financiers, ne peut avoir tort ; il s'ensuit que le peuple pense mal. On appelle donc populisme l'attachement des classes inférieures à des intérêts désuets : conventions collectives, Sécurité sociale de 1945, statuts, etc. Ce terme permet d'amalgamer habilement le mouvement ouvrier indépendant et l'extrême droite, fourrés dans le même sac puisqu'hostiles à l'Union européenne".

 

Racisme (et "racialisme") :

Lorsqu’on perd le sens d’un mot, il arrive qu’on en invente un nouveau, plus précis ou plus technique en apparence, mais plus pédant en réalité, sans avoir conscience que le premier exprimait déjà, et mieux, tout ce que le second est supposé apporter. Ainsi du néologisme « racialisme », censé compléter le mot racisme, mais qui n’en est en fait que le doublet, aussi inélégant qu’inutile. Le « racialisme », nous explique-t-on, est la doctrine qui tient pour légitime l’usage du concept de race et qui lui reconnaît une valeur explicative. Ce serait un racisme « théorique », distinct du racisme ordinaire, qui désignerait seulement les attitudes de mépris ou d’exclusion à l’égard des personnes d’autres races. Or, le seul fait de le dire rend l’absurdité du dédoublement manifeste, car parler d’autres races, et de la manière de les traiter, c’est présupposer la légitimité du concept, et sa pertinence. Le « racialisme » est donc compris dans le racisme. Le raciste le plus trivial justifiera ses attitudes par la conviction qu’il y a différentes races, auxquelles correspondent des comportements spécifiques. C’est cela, le racisme, et le raciste, c’est d’abord "celui qui croit aux races". C’est donc cette croyance qu’il convient d’éradiquer en en montrant l’insanité théorique. Au lieu de cela, on invente un nouveau mot qui occulte la relation entre la cause et l’effet et pire, qui laisse entendre qu’il y aurait différentes variétés de racisme, dont certaines seraient peut être plus tolérables puisqu’elles n’engagent que la théorie. Le « racialisme » pourrait alors être une manière, pour le racisme, de s’exonérer des pratiques les plus honteuses pour se réfugier dans les hautes sphères de la pensée, où comme on sait, tout se discute. Il pourrait alors, pourquoi pas, réensemencer le terreau du racisme. Il ne faut donc jamais oublier que le racisme a une double face, théorique et pratique, et qu’il faut jeter les deux ensemble si l’on veut s’en débarrasser vraiment. Voilà pourquoi le terme « racialisme » n’est pas seulement ridicule et inutile ; il est dangereux. C'est un mot piégé..

 

Réforme :

Le mot "réforme" est un bon exemple de "déplacement contextuel"

Ce terme est depuis toujours utilisé par les partis ouvriers pour désigner les changements conformes à leurs intérêts de classe, par suite les conquêtes arrachées à la classe bourgeoise dominante. Or ce même terme est aujourd'hui utilisé par ladite classe dominante pour justifier des changements réalisés à son seul profit et au préjudice de la classe ouvrière. Il est à remarquer que les changements que les capitalistes cherchent en premier lieu à imposer sont ceux qui annulent les conquêtes antérieures de la classe ouvrières. Dans ce cas, on les appellera des contre-réformes. Le problème de cette expression est qu'elle contient encore le mot réforme, donc conserve quelque chose de sa connotation positive. J'avais proposé le néologisme "rétroréforme" pour suggérer ce que ces réformes pouvaient avoir de rétrograde. Je proposerais plutôt à présent le néologisme "régréforme", qui associerait au mot réforme l'idée de régression (regrettable).

On vient de me proposer un terme qui n'a pas l'inconvénient du néologisme, ou qui ne l'est que par l'usage : le mot "déforme" (le verbe déformer substantivé). Pourquoi pas ?

J'ai parlé de "changement contextuel" parce que le mot réforme ne change pas de sens : il désigne toujours des changements favorables, bénéfiques. Sa connotation reste donc positive. Mais ce qui change tout, c'est que dans un cas, les changements sont favorables à la classe ouvrière, dans le second ils sont favorables à la classe dominante. Voilà toute la différence, et elle est essentielle.

Le danger consiste à ne retenir que la définition générale du mot et sa connotation, en négligeant le contexte de son utilisation.

L'actualité a donné une importance particulière à ce terme de réforme, auquel un article entier avait été déjà consacré. On trouvera par ailleurs une critique pertinente de l'usage du mot réforme sur le blog de Thierry Philip : "Ne nous laissons pas piéger par les mots".

 

Union européenne :

S'il est une expression piégée, c'est bien celle-là, et avant toute discussion sur les vices ou les vertus de l'U.E, sur l'intérêt qu'il y aurait à l'élargir, à s'y maintenir, ou à la quitter, il est indispensable de dénoncer la tromperie car, en vérité, l'union européenne n'est pas une union, et elle n'est pas européenne !

1) Ce n'est pas une union, parce qu'union suppose consentement et volonté commune. Or, aux peuples qu'on prétend unir sous la bannière de l'Europe, on n'a pas demandé leur avis, et lorqu'on le leur a demandé, ils ont dit non. La prétendue "communauté européenne" était déjà une communauté forcée ; a fortiori "L'union européenne, imposée par la ruse et la contrainte. Elle est donc vaine et illégitime. On parle des États-Unis d'Europe comme l'équivalant des États-Unis d'Amérique, mais on feint alors d'ignorer que les États-Unis d'Amérique ne sont pas une union d'Etats, mais un État nation.

2) L'Union européenne n'est pas européenne, parce que l'espace qu'elle définit n'est pas politique, mais économique et financier. Le drapeau européen est au territoire de l'Europe ce que le pavillon panaméen est au territoire du Panama, un drapeau de complaisance pour la circulation des capitaux. Il serait aussi stupide de prétendre que les capitaux qui circulent en Europe, ou les entreprises qui y sont établies sont européens, que de croire que les navires qui circulent sous pavillon panaméen appartiennent au Panama. Il serait tout aussi aussi naïf de croire que l'espace Schengen peut définir une citoyenneté européenne car il y a une différence essentielle entre l'Europe véritable, forgée par l'Histoire et la culture, et l'Union européenne. La première est une Europe des peuples, la seconde est un espace désincarné, non pas un espace d'intégration, mais un espace de désintégration des peuples et des nations. Comment imaginer qu'un principe comme le "principe de concurrence libre et non faussée", ou une directive comme la directive Bolkenstein (quelle que soit la version) puisse fonder une quelconque cohésion ou une quelconque citoyenneté européenne ?

Lorsque nous demandons une rupture avec l'Union européenne, ce n'est donc pas en vertu d'un nationalisme invétéré, c'est au nom de l'Europe : et ce n'est pas une autre Europe que nous demandons (Cf. article autre dans le présent glossaire), c'est la seule Europe qui soit, c'est-à dire l'union libre des peuples libres d'Europe.

 

Utopie :

On qualifie d'utopique ce qu'on tient pour chimérique, illusoire, irréalisable : par exemple des services publics efficaces, un État économe des deniers publics, un impôt juste… Je ne parlerai pas de « commerce équitable », ni de « développement durable », encore moins « d’Europe sociale », aspirations qui comme chacun peut le voir et l’entendre, n’ont rien d’utopique, puisqu’aussi bien ce sont des réalités naissantes ! A présent que l’heure de la « rationalité économique » et du « pragmatisme » a heureusement sonné, en même temps que « la mort des idéologies » on est enfin débarrassé des ces utopies qui ont rempli les charniers du XXème siècle (je ne vous ferai pas l'injure de les énumérer). Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas clamé, d’entrée de jeu, qu’il fallait « en finir avec mai 1968 », grand réservoir d’utopies. Bref, on voit à quel point le mot « utopie », (comme d’ailleurs le mot "idéologie", et la plupart des mots piégés) est à géométrie variable et prompt à changer de camp.

Il n’est pourtant pas aussi assuré que l’on puisse ainsi congédier l'étymologie du mot et son histoire, ignorer par exemple que "utopie" signifie étymologiquement « d'aucun lieu », et que le mot a été créé, au XVIème siècle par Thomas More, pour brosser le tableau d'une société idéale. Dire que ce qui, aujourd'hui est utopique, ne trouvera jamais un commencement de réalisation, relève de l'interprétation et d'une conclusion hâtive. On ne saurait faire l’économie d’une réflexion sur le possible et l'impossible, sur les conditions et la légitimité de leur détermination a priori, ce qui certes oblige à remettre en cause la définition consacrée par l'usage actuel, mais ouvre en revanche sur une réflexion riche et féconde. Qui peut assurer que l’utopie d’aujourd’hui ne nourrira pas la réalité de demain, et qu’il ne faut pas « vouloir l’impossible pour réaliser tout le possible » ? Impossible une société sans classes ; impossible un travail non aliéné ; impossible un monde débarrassé de l’exploitation capitaliste ? Pourquoi voudrait-on nous faire admettre que ces questions ne restent pas ouvertes ?

 

texte collectif



13 réactions


  • Jason Jason 2 juin 2012 15:58

    Bon début. Vous avez oublié croissance, compétitivité, peuple (s), vote, promesses, mondialisation, marché(s), équilibre, PIB, assainissement, solutions diplomatiques, rapprochement des peuples, Avenir, et bien d’autres.


  • Pierre-Marie Baty 2 juin 2012 19:37

    Ainsi que « fasciste » et « antisémite », ces deux-là étant particulièrement puissants de nos jours au point que quiconque les prononce non seulement tue tout débat ayant cours ou à venir dans l’oeuf, mais semble même dispensé d’en apporter la preuve.

    De la même manière, « liberté » et « démocratie » sont des mots très puissants, de nature à clore tout débat également, mais avec un peu plus de difficulté tout de même que les deux excommunications précédentes dans l’esprit des interlocuteurs cultivés. Ici l’article sur la démocratie était un peu court, vous êtes passé à côté de son pouvoir d’anathème...

    Bonne soirée


    • Pierre-Marie Baty 2 juin 2012 19:43

      « Haineux » est un mot-piège très puissant aussi, celui qui en accuse autrui de nos jours, et particulièrement sur Agoravox, est dispensé d’en apporter la preuve : c’est semble-t-il au contraire à l’accusé de prouver aussitôt son amour pour l’objet de la remarque.

      O tempora, o mores ! smiley


  • Catherine Segurane Catherine Segurane 2 juin 2012 19:52

    Autres mots piégés :


    Réformes (sans dire leur contenu) : sous ce vocable, c’est en fait souvent un projet de régression sociale qui se cache.

    Moderne : ce terme aussi sert à cacher des projets de régression sociale

    Racisme : en général, les « anti-racistes » oublient le racisme anti-blanc

    Liberté religieuse : communautarisme religieux faisant souvent fi de la liberté des individus


  • alinea Alinea 2 juin 2012 22:51

    Vous vous foutez de nous Chapoutier : à chaque mot, moi j’aurais besoin de plusieurs heures de discussion. Énorme frustration donc ; je n’ai pas fini de lire, je finirai tout à l’heure ou demain.
    Moi aussi j’ai fait un dictionnaire, qui ferait un petit bouquin appelé : Quelques mots d’explication.
    L’idée me plairait de jouter avec ces définitions, soit, comme vous le faites si bien, les démonter dans l’usage que ces mots ont aujourd’hui, et plus, leur donner, soit leur sens originel, soit celui qu’on leur donne personnellement. Je vous mets, non pas au défit mais ( ah ! Quel mot ?) de le faire. Je vais faire une petite compile.
    Je regrette que vous ayez mis tant de mots dans un seul article. Impossible de dialoguer du coup ; mais enfin, chapeau bas : je jubile.


    • POIsson POIsson 26 janvier 2015 16:24

      Ne soyez pas si sévère à l’égard de ce pauvre Chapoutier, qui n’est pour rien dans ce « petit glossaire des mots piégés ». Il n’a ni conçu, ni rédigé les définitions qui y figurent. Il s’est contenté de siphonner le site du POI (Parti Ouvrier de Saint-Quentin), sans le mentionner, ce qui n’est pas très élégant, je dois le dire.

      Ceci dit, je suis heureux que ces définitions, dont je suis l’auteur, aient stimulé votre réflexion, et qu’elles vous aient donné envie d’en discuter.

      Je vous prie donc de me dire, si vous le souhaitez, de quel « mot piégé » (figurant ou non dans le glossaire) vous auriez envie de discuter. Je comprends le regret que vous exprimez sur la difficulté de dialoguer à partir de l’article. Je vous invite donc sur le site du POI : je me propose d’y insérer un lien pour les commentaires et la discussion.

      Cordialement.

      Bernard Berthelot.

  • francis francis 3 juin 2012 05:57

    Gros travail que cet article qui m’a, je dois le dire, enchanté.

    Certes on aurait pu approfondir le sujet, mais ce travail est déjà, en lui-même, très important

    Il pourrait d’ailleurs servir de base à une conférence.

    Merci pour toutes ces explications auxquelles je n’avais pas pensé, moi qui ai fait si peu d’études.

    Me restera à le lire à nouveau, à m’en imprégner, comme on s’imprègne d’un bon livre bien au chaud sous sa couette.

    Décidément, sur Agoravox, il existe des gens de grand talent.

    .


  • jef88 jef88 3 juin 2012 19:24

    Un peu trop d’amalgames .....


    • POIsson POIsson 26 janvier 2015 15:59

      Peut-être, mais lesquels ?


       Pour information, les définitions qui figurent dans cet article n’ont pas été élaborées ni rédigées par Chapoutier, qui les a empruntées sans le dire (le pas beau) au site du POI de Saint-Quentin, auquel je vous renvoie, et notamment à la définition du mot « amalgame ».

      Cordialement.

      Bernard Berthelot.

  • cyberzib 22 juin 2012 12:35

    Bonjour Chapoutier,

    J’aimerais enregistrer avec vous un petit échange pour la Radio Télévision Suisse émission « Babylone » .

    L’affaire vous intéresse-t-elle ?

    Faites-moi signe

    Cyberzib


  • POIsson POIsson 26 janvier 2015 15:02

    Il se trouve que je suis l’auteur de ce « Petit glossaire des mots piégés », dont le nommé « chapoutier » s’attribue la paternité sur Agoravox. 


    Je suis à la fois honoré que mon travail ait été jugé digne d’être repris, ravi qu’il soit ainsi assuré d’une plus large diffusion et choqué par la désinvolture du susnommé Chapoutier si peu soucieux de la propriété intellectuelle qu’il s’est pourtant engagé à respecter en donnant son accord sur la ligne éditoriale du site.

    Je n’en ferai pas une maladie. Je demanderai néanmoins que la mention : « reproduit avec l’accord du POI de Saint-Quentin » figure en début de l’article, et que soit inséré le lien de la source 

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