samedi 10 octobre 2015 - par Monolecte

Principe de réalité

C’est le moment très précis où les variables d’ajustement se rappellent au bon souvenir de la race des saigneurs.

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Xavier Borsetta, le directeur RH d’Air France, évacué – © KENZO TRIBOUILLARD – AFP

  Où l’on se souvient que l’économie n’est pas l’accumulation de richesses indécentes en quelques sanctuaires bien protégés de la plèbe, mais bien le fluide des échanges entre tous les êtres humains.

 

Tout aurait pu leur arriver sous le coup de la colère, de l’indignation, des frustrations accumulées, mais finalement ils n’y laissent que leur chemise. Littéralement. Et l’implosion de cette croyance totalement déprimante et surfaite qui voulait que la finance n’ait pas de visage, pas de chair, pas de sang ; que la rationalité économique soit désincarnée et que le chômage, la pauvreté, les inégalités croissantes ne soient que des fatalités, pratiquement des forces de la nature qui s’imposent à nous, ma pauvre dame, que voulez-vous qu’on y fasse ? C’est comme ça, on ne peut rien y changer…

 

La main invisible se voit brutalement exposée à la vindicte populaire et elle en est profondément meurtrie et effrayée. La rationalité économique a la peau flasque et pâle sous ses costards à six ou neuf SMIC impeccablement taillés au plus près du gras.

Le roi est nu !

Et il craint à juste titre pour son règne.

Après l’annonce d’un plan de restructuration qui menacerait 2900 postes, des salariés d’Air France ont envahi lundi matin le siège du comité central d’Air France. Ils ont malmené les directeurs. Le directeur des ressources humaines, Xavier Broseta, torse nu, a été évacué d’urgence. La sécurité l’a passé par au-dessus d’une des clôtures. Il a littéralement dû fuir la salle de réunion. En passant, il s’est fait arracher chemise et lunettes. Pierre Plissonnier, directeur d’Air France a aussi été malmené.

 

Source : La colère des salariés d’Air France : le directeur RH en a perdu sa chemise (photos)



17 réactions


  • Spartacus Lequidam Spartacus 10 octobre 2015 10:03
    La main invisible, c’est celle libre de tous les gens qui préfèrent les compagnies moins chères et avec un meilleur rapport qualité prix....
    C’est celle qui se dirige naturellement vers les compagnies d’avenir sans l’interventionnisme et le favoritisme vers les castes et corporations de statutaires.....


    Les statutaires de Air France ont goutté aux privilèges et ne veulent plus s’en passer.....
    La main invisible elle peut se passer des statutaires....
    Demander aux statutaires de Air France de travailler 70 heures par mois au lieu de 65.....
    Demander aux statutaires de Air France d’avoir 11 jours de congés hors des légaux au lieu de 13......

    Les petits bourgeois statutaires de Air France, ne sont que des privilégiés de droits différenciés....Maintenant nous savons que se sont des gens qui n’ont rien a faire des autres....

    Après le port de Marseille, Seafrance, SNCM voici venir le temps de air France et son armée de privilégiés préférer tout casser que d’admettre qu’ils sont incapables de correspondre à la demande des clients...

    Ce n’est pas une crise du capitalisme, c’est une crise des privilégiés qui découvrent qu’on peut se passer de leurs monopoles.


    • izarn izarn 11 octobre 2015 12:30

      @Spartacus
      Si la démocratie est un privilège....Alors ou allons nous ?

      Le terme de privilège est archi connu dans la bouche des fachistes, repris sur l’anti communisme de Trostki en fin de carrière, qui attaquait les pseudos privilèges de la bureaucratie soviétique. Il fait référence bien entendu aux privilèges de la noblesse par un amalgame douteux. C’est un argumentaire de propagande qui n’a pas de sens réel, et destiné à impressionner les gogos.
      Pour nous faire croire à un semblant de posture révolutionnaire chez ceux qui dénoncent de pseudos privilèges...Qui ne sont guère que des droits conquis sur le capital prédateur.

      La bassesse de ces gens va jusqu’a nous faire croire, que la liberté et la sécurité sont des privilèges des populations occidentales.
      Bien entendu les peuples n’ont jamais lutté pour les avoir, n’est-ce-pas ? Ce sont les Soros qui le leur ont octroyé du haut de leur miséricorde proverbiale envers les prolétaires ?


  • Plus robert que Redford 10 octobre 2015 10:32

    On sent bien dans votre article la jouissance d’avoir contemplé la vindicte populacière mettre à mal les « nantis » du système !!!

    Les fameux nantis n’étant en l’occurrence que des troisièmes couteaux, les fusibles interposés des décisionnaires réels, des vrais riches dont on ne peut effectivement pas justifier les décisions.

    Moi, pas président, j’applaudirai des deux mains quand la plèbe aux yeux injectés et la bave aux babines sortira enfin les piques et s’attaquera aux vrais responsables de la misère, en allant les déloger de leurs tours d’ivoire (et de béton armé) et ne se contentera pas de pisser sur les sous-fifres...

    Ah, ça ira, ça ira...


    • jaja jaja 10 octobre 2015 10:43

      @Plus robert que Redford

      Les piques c’est une autre époque... on a mieux en stock aujourd’hui....


    • izarn izarn 11 octobre 2015 12:38

      @Plus robert que Redford
      Si vous croyez que c’est facile de les coincer...Surtout si c’est de la mise en scène organisée...


  • jaja jaja 10 octobre 2015 10:42

    Il n’y a qu’une solution... se débarrasser de cette caste patronale et de ses larbins, les exproprier tous en socialisant les entreprises sous le contrôle des travailleurs et de la population... instaurer l’égalité sociale intégrale entre toutes et tous...


  • Passante Passante 10 octobre 2015 10:52

    et donc en France et Compagnie, ça manque pas d’Air

    ils pourraient s’y croire, poor peut.

    mais ce qui est bien, tu vois, c’est pas juste la peau,
    c’est que deviennent visibles tous les sens possibles, et terribles, de l’expression « ressources humaines ». 
    et donc procès. 

    ensuite la grille smiley , le côté zoo : 
    gorille s’avouant ouistiti, panthère se révélant rat, une tuerie.

  • howahkan Hotah 10 octobre 2015 10:56

    Long time no see...
    merci du propos qui me semble juste , et qui a fait sortir de bonne heure les hyènes du bois ..

    mais avec le décalage « horreur » peut etre n’est ce pas si tôt...plus à l’est


  • Fergus Fergus 10 octobre 2015 11:42

    Bonjour, Monolecte

    L’incident d’Air France est en effet significatif d’une forme de raz-le-bol des salariés devant les régressions sociales imposées aux pouvoirs politiques par le libéralisme non régulé. A l’évidence, les débordements que l’on a pu voir risquent de se reproduire en d’autres lieux, et il ne faudra pas s’en étonner. 

    Pour autant, je ne crois pas que la situation des pilotes d’Air France puisse justifier de tels débordements dans le contexte de concurrence aérienne qui impose de facto des mesures de modération salariale pour simplement permettre à la compagnie de survivre. N’oublions pas que la valorisation d’Air France met cette compagnie en situation d’être phagocytée du jour au lendemain par d’autres compagnies, et notamment celles du golfe persique. Le SNPL le sait qui a d’ores et déjà admis qu’il va falloir aller dans cette voie pour éviter des licenciements secs.

    Un mot sur Valls. Les propos qu’il a tenus sont inacceptables : certes, il était dans son rôle en condamnant les violences, mais l’absence du moindre mot de compassion envers les employés trop souvent réduits, comme tu l’as écrit dans l’article à juste titre, à des « variables d’ajustement », est particulièrement choquante. Entre Macron et lui, c’est bien la droite qui est au pouvoir, et l’élection de 2017 ne pourra en aucune manière être une alternance. 


    • izarn izarn 11 octobre 2015 12:48

      @Fergus
      « des mesures de modération salariale pour simplement permettre à la compagnie de survivre »

      Ben on n’est pas sorti de l’auberge !

      Sympa on refile 4 milliards à DEXIA pour « survivre » et 4 milliards à Peugeot-Finance pour « survivre »...Cela s’appelle de la modération salariale, non ?

      Comme aurait dit Chavez :
      Si Air France était une banque, vous l’auriez déja sauvé !


    • Fergus Fergus 11 octobre 2015 14:12

      Bonjour, izarn

      Le problème est que l’Etat ne pourra pas renflouer Air France si la compagnie continue de perdre du fric et des parts de marché. D’une part, par manque de moyens, d’autre part, en raison des sanctions que pourrait prendre Bruxelles.

      Or, il est urgent d’assainir avant qu’Air France - devenue très vulnérable - ne tombe dans une escarcelle concurrente. Le petit personnel ayant déjà donné, c’est au tour des navigants - et notamment aux pilotes - soit de limiter leurs ambitions salariales, soit d’accepter un plus grand nombre de rotations pour se rapprocher de ce qui existe déjà dans les grandes compagnies étrangères comme la Lufthansa ou British Airways - cela dit, sans même parler des Low cost.

      Autant ce genre de solution est inacceptable dans des boîtes qui font des profits et font peser des menaces de délocalisation pour exercer un chantage, autant l’on peut penser, dans ce cas particulier, qu’une solution de compromis raisonnable peut être trouvée.


  • tf1Groupie 10 octobre 2015 15:14

    Quand on en est à célébrer ce genre d’incident alors on en viendra à accepter toutes les manifestations de ras-le-bol : les voitures brulées par le ras-le-bol des banlieues, les biens publics vandalisés par le ras-le-bol des jeunes, les mosquées ou les synagogues cibles du ras-le-bol de telle ou telle communauté.

    j’ai tué ma femme parce que j’en avais ras-le-bol.

    Une France de rêve....


  • elpepe elpepe 11 octobre 2015 04:11

    j ai mis excellent a l article et je retiens pour le prochain prix goncourt, cette metaphore sublime
    ’La rationalité économique a la peau flasque et pâle’
    continez j aime


  • izarn izarn 11 octobre 2015 12:15

    «  J’entends toujours parler de l’insolence du peuple, mais je ne suis frappée que de sa patience  » disait madame Céleste de Chateaubriand ».


  • Monolecte Monolecte 11 octobre 2015 13:22

    Les choses ont toujours le même coût : les avions coûtent le même prix, l’énergie nécessaire à les tenir en l’air aussi. Donc, si c’est moins cher, c’est que d’autres payent la différence. Chez Ryanair, faire raquer les collectivités (donc TOUS les contribuables) et pressurer les salariés au maximum est LE modèle économique. Ce que le passager ne paie pas, ce sont d’autres qui le paient.


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