Safer internet day : attention vos traces vous perdent
Chaque année la Commission européenne organise la Journée pour un Internet plus sûr - Safer Internet day.
L’opération qui cette année se déroule le 9 février s’adresse aux enfants et adolescents de 7 à 16 ans. Sa thématique centrale, baptisée « Tu publies ? Réfléchis », aborde la question cruciale de la gestion de l’image personnelle en ligne.
Elle s’inscrit dans le cadre du programme européen Safer internet et vise à promouvoir une utilisation plus sûre et responsable d’Internet auprès des jeunes utilisateurs.
Comme son nom ne l’indique pas la Journée pour un Internet plus sûr dure un mois. Et elle est mondiale. Outre les pays européens, la Russie, Singapour, l’Australie, l’Argentine, la Nouvelle Zélande et les Etats-Unis y participent.
En France, trois actions ponctueront l’événement : des ateliers organisés au sein d’associations ou de collectivités locales, destinés aux 7-12 ans et aux 12-16 ans ; le lancement du nouveau clip de la Cnil, Droit à l’oubli et protection de la vie privée ; la présentation de 2025exmachina, un serious game en six épisodes, un voyage dans le temps numérique dans lequel les adolescents doivent réfléchir aux conséquences à long terme de leurs cations sur le Net.
Pascale Garreau, directrice de la communication chez Tralalere (opérateur du programme national de sensibilisation aux risques et enjeux d’Internet qui représente la France au sein du Safer Internet day ) est responsable du projet Internet sans Crainte. Elle répond aux questions d’Olivier Bailly.
Pascale Garreau : Aux parents et aux médiateurs éducatifs - professeurs, éducateurs au sein des espaces publics numériques, animateurs de centres de loisirs, etc. , bref à tous les adultes qui accompagnent les enfants dans leur apprentissage d’Internet. On travaille de façon très proche dans les établissements scolaires dans le cadre du B2I.
PG : A partir de 7 ans, c’est-à-dire à l’âge où les enfants commencent à devenir autonomes sur Internet. Ça ne veut pas dire qu’ils n’y vont pas avant, mais à partir de 7 ans on estime que nombre d’entre eux commencent à surfer seuls. Et c’est à ce moment-là, c’est-à-dire tout au début, qu’on tient à leur apprendre quelques réflexes de bases pour qu’ils apprennent tout petit à surfer de façon critique et réfléchie.
OB : Quels sont ces réflexes ?
PP : Autrefois les enfants étaient consommateurs d’Internet ; Ils sont en train de devenir de plus en plus auteurs : ils publient, souvent très jeunes, sur des blogs ou même des réseaux sociaux qui sont dédiés parfois aux tout-petits, comme zozoworld et plus tard sur Facebook et sur tous les blogs.
OB : Depuis quatre ans que cette journée existe avez-vous noté des évolutions dans les comportements ?
PG : On sait maintenant que les messages théoriques sont passés. Bien sûr ce n’est pas dû uniquement à cette journée. On travaille toute l’année et il n’y a pas que nous, beaucoup de gens travaillent sur le sujet. A 80% Les gamins récitent maintenant très très bien les leçons de prévention, les mots de passe, la protection, les lois, etc. Il reste environ 20% qui passent au travers.
OB : Certains parents sont dépassés par l’internet. Ils ont la tentation de couper l’accès à leurs enfants. Est-ce une solution efficace ?
PG : Je pense que vous connaissez la réponse ! On ne peut pas interdire l’accès d’Internet à des enfants. C’est juste impossible. On a 90% des gamins qui sont connectés. S’ils ne le sont pas à la maison ils le seront chez leurs copains ou au Centre de Documentation et d’Information de leur établissement scolaire. Ils vont prendre un abonnement mobile où ils sont connectés, il y a des espèces numériques gratuits où ils se connecteront. Donc ce n’est certainement pas la bonne solution.
OB : Avec la thématique de cette journée, « Tu publies, réfléchis », vous placez la question de l’éducation à l’Internet avant celle du droit à l’oubli.
PG : Le droit à l’oubli est une question intéressante sur laquelle on travaille bien évidemment. On a une double position par rapport à ça. Il faut dire aux enfants, aux jeunes en particulier, qu’ils sont responsables de leurs publications. C’est d’autant plus important que le temps de réflexion est considérablement réduit quand vous êtes sur des médias interactifs. C’est pire en téléphonie mobile où ils publient encore plus vite que sur l’ordinateur.
OB : Pour la première fois une génération se construit une double identité, celle de la vie « réelle » et la numérique. Comment l’appréhende-t-elle ?
PG : Il y a une chose intéressante à expliquer aux plus grands, ceux qui sont en 1ère ou en terminale, notamment dans des filières professionnelles. Ils passent des heures, des jours à peaufiner leur CV, ce qui est typiquement un travail d’identité.
Crédit photo : kotzot