mercredi 27 août 2014 - par Nithy91

Si l’argent m’était conté !!!

ME CONNAISSEZ-VOUS ? Sans doute, car je suis la denrée la plus recherchée sur la terre. On parvient à m’identifier dans la presque totalité des pays du monde, quelle que soit la langue parlée. Peu d’humains songeraient à se déplacer sans m’emmener avec eux. Le déclenchement d’une guerre et sa durée dépendent souvent de ma disponibilité.

Les ravisseurs enlèvent des enfants et je sers alors à payer la rançon. On me prend de force, l’arme au poing, ou on me confie à des escrocs. A cause de moi, des femmes se marient et d’autres divorcent. Il m’arrive de déchirer des familles et d’amener une foule de maux sur ceux qui m’aiment. J’ai même vu un homme trahir pour trente de mes pièces le meilleur ami qu’il ait pu avoir.

Il est probable que les humains se sont causés plus de mal à cause de moi que pour n’importe quelle autre chose. M’aimer est vraiment « la racine de toutes sortes de choses mauvaises. »

Vous l’aurez deviné, je suis l’argent. Washington Irving, un auteur américain, m’a décrit autrefois comme « le dollar tout-puissant, ce grand objet de dévotion universelle dans notre pays ». Mais là où vous vivez, je m’appelle peut-être euro, livre, etc… Quel que soit le nom que je porte, on cherche bien souvent à m’acquérir de façon répugnante et insensée.

Je représente différentes choses pour des gens de toutes sortes. Je suis pot-de-vin ou commission clandestine. Je sers à acheter le silence. Je suis aussi l’argent volé, le prix du sang, la pension alimentaire que l’on verse, l’argent de la drogue, de l’alcool et du tabac. Voilà quelques uns de mes usages qui coûtent parfois un lourd tribut en vies humaines.

Pour d’autres, je suis l’indispensable moyen de paiement des dépenses quotidiennes, bien qu’on me reproche de fondre dans les mains et d’avoir des ailes. D’autres me vouent un amour éternel et s’exaltent à la vision étincelante de la fortune et du bonheur. Hélas ! Après que certains humains ont amassé des sommes folles, ils découvrent malheureusement que je ne leur ai pas procuré le bonheur véritable qu’ils avaient escompté ; pour preuve le taux élevé de suicides qu’on enregistre dans leurs rangs. On a écrit des volumes entiers sur mon compte pour montrer que je ne suis pas la panacée, ce que beaucoup croyaient.

Je ne suis plus ce que j’ai été. Mon apparence a changé. Aux Etats-Unis, le ministère des Finances caresse l’idée de changer mon esthétique et songe à imprimer des billets en plusieurs couleurs afin de combattre la contrefaçon. Compte tenu des toutes dernières technologies en matière d’impression, je peux être copié de manière si adroite que même un œil expert distinguera avec difficulté le vrai du faux. Pourtant quelle que soit ma couleur, on ne me gagnera pas plus facilement pour autant.

Mais les changements les plus dramatiques que vous avez notés ont trait à ma valeur et se rapportent aux mécanismes de déflation et d’inflation. Lorsque je subis l’inflation, ma valeur se déprécie. Non seulement le nombre de vos soucis augmente, mais aussi le coût des objets pour lesquels je sers de monnaie d’échange. Ainsi, il vous faut aujourd’hui beaucoup plus d’argent qu’autrefois pour vous procurer certains articles.

Très peu d’entre vous se souviennent de l’année 1908. Pour moi, cela me semble hier. Voyons quelques prix de l’époque. Aimez-vous le riz ? En 1908, vous en achetiez 5 kilos pour l’équivalent de 0,05 franc ou 5 centimes. Il suffisait de 0,07 franc ou 7 centimes pour se procurer 2,5 kilos de café. Avec moins d’un centime vous aviez un kilo de confiture. Etes-vous friand de poisson fumé ? Il vous fallait alors débourser 0,06 franc pour 2 kilos de harengs fumés et seulement 0,05 franc pour 6 boîtes de saumon. Six boites de soupes coûtaient 0,04 franc et la même somme suffisait pour acheter 6 grosses boîtes de tomates pelées. Imaginez aussi que vous payiez un centime une livre de cacahuètes salées. Bien sûr, ce ne sont là que quelques exemples.

Madame a peut-être envie de changer son mobilier. Que dirait-elle d’un lit avec des ornements en cuivre pour seulement 1,25 franc ? Si ce type de mobilier ne l’attire pas, ses préférences ne vont-elles pas vers une chambre à coucher trois pièces composée d’une commode à quatre tiroirs, d’une table de toilette et d’un lit en chêne massif pour la modique somme de 1,15 franc, une bagatelle en comparaison des prix d’aujourd’hui ? Aimez-vous jouer du piano ? Dans ce cas-là, il vous était possible d’acquérir un modèle magnifique en acajou ou en ronce de noyer pour 5,10 francs. Voilà entre autres le genre d’objets que je servais à acheter en 1908.

Mais en 1930, le pouvoir d’achat de l’argent a considérablement baissé. En ce qui me concerne, le dollar, j’ai perdu la moitié de ma valeur de 1908. Ainsi, un billet de un dollar valait cette année-là seulement 50 cents de 1908. Dès lors, les gouvernements n’allaient plus pouvoir juguler l’inflation que je subissais et cette perte de valeur qui vous inquiétait tant. En 1960, je ne valais plus que 28 cents. En 1982, neuf cents. Et ce n’est pas fini.

Alors que ces évènements se produisaient aux Etats-Unis, l’Allemagne n’était pas sans connaître des difficultés monétaires. Avant la Première Guerre mondiale, la valeur du mark allemand avait atteint un niveau très élevé. Mais en 1923, cette monnaie était tombée à un niveau si bas qu’une brouette remplie de billets de banque ne suffisait pas à l’achat d’un quotidien. Pour acheter du pain, certains Allemands se faisaient rembourser le montant des contrats d’assurance souscrits pendant 20 ans. Pour se procurer un article valant un dollar américain, il fallait débourser 1 000 milliards de marks ! Lorsque pour des raisons pratiques on a mis en circulation une coupure de 1 000 milliards de marks, sa valeur était si faible que peu de gens se donnèrent la peine de faire l’échange de leurs billets. Il fallut l’adoption d’un système monétaire entièrement nouveau pour redonner à la nation une certaine stabilité économique.

Dans le monde entier les gens placent en moi leur confiance. Me gagner en grande quantité semble pour eux la panacée à tous les problèmes. En fin de compte, il s’avère que je ne suis rien de tout cela. Je ne suis qu’un morceau de papier ou de quelques pièces de métal. Je vaux seulement ce que je peux acheter. Quand mon pouvoir d’achat s’effiloche, ma valeur diminue d’autant. Je me rappelle les propos tenus par le sage roi Salomon, qui déclara autrefois : « L’argent disparaît avant qu’on ait eu le temps de bien le voir : on dirait qu’il se fabrique des ailes pour s’envoler au loin comme un aigle dans le ciel. » Quelle ironie qu’on ait imprimé sur le dollar américain l’aigle aux ailes déployées prêt à s’envoler ! Est-il possible qu’il dise en silence : « Prenez garde, vous qui me recherchez, je m’envole. »

Puisque je suis insaisissable et si difficile à acquérir, autant veiller attentivement à la façon de me dépenser. Si vous vous êtes fixé un budget en poussant votre caddie entre les rayons d’une grande surface, et que vous éprouviez une grande déconvenue en comparant votre ticket de caisse au budget que vous vous étiez fixé, ne perdez tout de même pas courage. En effet, il ne faut pas confondre dépenses de nourriture et achats dans un supermarché. Quelle proportion d’articles de toilette ou de produits d’entretien avez-vous achetés, pour ne mentionner que ces deux catégories de substances non comestibles ?

Comme j’ai passé toute ma vie entre les mains et dans les poches de consommateurs de toutes sortes, des profanes comme des experts, j’ai glané de nombreux tuyaux qui permettent de m’économiser. Quelques-uns d’entre eux peuvent vous aider. Ils viennent de spécialistes.

- Avant d’aller faire vos courses, dressez la liste de vos achats et tenez-vous-y.

- Ne faites pas d’achats d’alimentation le jour où vous avez très faim. Votre estomac peut s’avérer plus gros que votre portefeuille.

- N’emmenez pas vos enfants avec vous lorsque vous faites les courses, à moins d’être prêt à faire face à une situation difficile. En arrivant à la caisse, vous risquez en effet de refuser d’acheter des articles que vos chers petits auront glissés à votre insu dans le caddie. Et il sera peut-être mieux de ne pas emmener votre mari avec vous, car il est admis dans la majorité des cas que les maris achètent sur un coup de tête.

- Consultez les journaux pour connaître les articles en promotion ; utilisez aussi les bons de réduction que diffusent certaines marques.

- N’allez pas trop souvent faire les courses. Les statistiques révèlent que vous dépenserez probablement moins d’argent en courant les magasins seulement une ou deux fois par semaine. De plus, n’y restez pas trop longtemps. Les enquêtes menées dans les grandes surfaces précisent qu’au-delà de 30 minutes passées dans un grand magasin, vous dépensez en moyenne l’équivalent de 75 centimes d’euro pour chaque minute supplémentaire.

- Un autre conseiller suggère d’acheter les produits dans le conditionnement le plus approprié. Dans la majorité des cas, les produits alimentaires sont plus économiques par grande quantité. Mais calculez bien les besoins de votre famille afin d’utiliser sans risque de perte ce type de conditionnement.

- Les dépenses de transport grèvent un budget, aussi est-il nécessaire de réduire le nombre de vos déplacements. Essayez de les prévoir et de les grouper. Courir dans plusieurs magasins vous épargnera sans doute quelques euros, mais risque de vous en coûter des dizaines en frais de carburant.

Aussitôt gagné, aussitôt dépensé. C’est l’évidence même. Cependant, je suis indispensable à votre vie. Je peux vous procurer une certaine mesure de bonheur, si vous me prenez pour ce que je suis réellement. Mais si vous surestimez ma valeur et faites de moi votre principal objectif dans la vie, je risque d’avoir pour vous des conséquences désastreuses.



10 réactions


  • zygzornifle zygzornifle 27 août 2014 11:58

    Au RSA elle m’est compté ......


  • L'enfoiré L’enfoiré 27 août 2014 12:14

    Et en plus, je fluctue de jour en jour.... smiley

    Je ne sais même plus comment je suis coté en Bourse.
    On me met en graphique par rapport aux copains qui ont d’autres têtes sur leur carrosserie.
    Heureusement, il y a le vaudou qui remet de l’ordre là où on le l’imagine plus.
    On m’oublie aussi. 
    On fait croire.
    On fait espérer.
    On fait prier.
    On me déprécie.
    En finale, je déçois parce qu’on n’a pas su comment me compter, me liquider ou me conserver.
    Non, vraiment on fait trop avec moi.
    Je demande une augmentation pour mes frais généraux. smiley

  • Primum non nocere Primum non nocere 27 août 2014 14:47

    Article très juste, et au ton original, mais je m’étonne d’une remarque-type, sexiste et stéréotypée (Et il sera peut-être mieux de ne pas emmener votre mari avec vous, car il est admis dans la majorité des cas que les maris achètent sur un coup de tête) qui me semble absurde 1/ précisément dans le contexte même de votre article 2/ de manière plus générale, dans la manière de penser les choses.


    • Nithy91 Nithy91 27 août 2014 19:22

      Oui un peu mais il est vrai que quand un homme va faire les courses, il prend ce qui coûte le plus cher (je parle en matière d’alimentation) et souvent il faut que cela aille vite, le plus vite possible. Bien sûr c’est une généralité et il y a aussi des hommes qui font attention.
      Merci pour votre commentaire. Nathalie


  • volpa volpa 28 août 2014 08:50

    L’argent c’est dégueulasse surtout si on le mendie sur ce site.


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