mardi 2 août 2011 - par cevennevive

Vous avez dit « maison de retraite » ?

Pour tous ceux qui ont un père, une mère, une tante, un oncle, un grand-père, etc... dans une maison de retraite, voici un conte (vécu) d'un villageois de mon entourage. C'est un récit doux-amer, une histoire à la fois triste et gaie qui ne contient ni leçon de morale, ni ironie. C'est tout simplement la vie. Bonne vacances à tous !

 

LE PERTUZET

Au village, on vous appelle rarement par votre nom de baptême, et presque jamais par votre nom de famille. Chacun a un surnom qui le suit tout au long de sa vie. D'ailleurs, demandez aux voisins la famille Brun. Ils hausseront les sourcils, se diront : "dans le temps, il y avait bien un Brun aux Bezouces, mais il est mort. C'est le Pissefiot qui vit là maintenant..."

 

Vous souriez ? Alors, écoutez voir l'histoire de ce vieux Cévenol, obligé d'entrer dans une maison de retraite de la ville voisine. Quatre-vingts ans bien sonnés, sec et revêche à souhait. Il serait bien resté chez lui. Seulement un jour on l'avait ramassé dans ses escaliers, le col du fémur brisé. L'opération avait réussi. Il marchait à nouveau. Mais avec une canne. Les escaliers montant à sa modeste demeure lui étaient interdits.

Une tristesse.

Là-bas, à la maison de retraite, il était bien installé, bien soigné, bien nourri... Et malheureux.

Chaque jour, on lui disait :

- Alors Papet Brun, comment allez-vous ce matin ?

Il ronchonnait dans sa barbe grise sans saluer ni répondre et détournait la tête vers le mur de sa chambre. "Papet", il détestait déjà pas mal. Mais alors, "Papet Brun" c'était insupportable ! Il n'était le papet de personne dans cette maison.

Quelques instants plus tard, il entendait la femme de service dire à l'infirmière :

- Le papet du 106 n'est pas très bien. Il est dépressif. je me demande s'il ne radote pas. Ou alors il devient sourd. Quand on lui parle, il ne répond jamais.

Là dessus, l'infirmière arrivait, inquiète :

- Monsieur Brun, c'est vrai que que n'allez pas bien ? Dites-moi ce qui ne va pas."

Elle lui tâtait le pouls, lui prenait la tension, lui demandait s'il pissait bien, s'il allait à la selle tous les jours. Lui, tout en lui répondant d'une manière vague, sentait la tristesse peser plus lourd sur son coeur.

Tout cela dura trois mois.

Puis, un jour, trois de ses anciens voisins vinrent à la ville à l'occasion de la foire. Comme ils étaient étourdis de bruit et de foule, ils décidèrent d'aller voir leur ami à la maison de retraite, histoire de s'asseoir un peu, de se rafraîchir au calme et de parler du bon vieux temps. Ils voulaient s'assurer que ces maisons de retraite n'étaient pas des prisons. On ne sait jamais. S'ils étaient obligés d'y entrer un jour...

Ils arrivèrent à l'entrée, curieux, la moustache chafouine, le cou roide dans leurs habits du dimanche. Un peu gênés tout de même, rendus craintifs par la splendeur du salon d'attente, le moelleux des fauteuils, le luxe des moquettes et des tableaux.

Une jeune femme en uniforme blanc s'approcha d'eux. Sa voix feutrée, son sourire rouge et blanc, impersonnel, et ses blonds cheveux torsadés en de curieuses tresses, les mirent encore plus mal à l'aise.

- Nous venons voir le Pertuzet. Nous sommes ses pays.

L'étonnement de la jeune femme fut si vif qu'ils reculèrent tous en choeur, comme pris en faute.

- C'est pas ici. On s'est trompé dit le Miaou.

- Mais si, je te dis que c'est ici : Ma mère est morte dans la clinique à côté, tu penses si je connais ! Je risque pas de me tromper ! Pas de danger ! riposta le Cébette indigné.

- J'y suis ! s'exclama le Poivre. ils le connaissent par son vrai nom ! Voilà Madame, c'est Monsieur, Monsieur... mince ! je me rappelle plus de son nom...

- Brun ! cria le Miaou comme on éternue. Emile Brun !

La jeune femme sourit, rosit, réprima une forte envie de rire, et les conduisit au 106 où le bonheur tout à coup apparut. Le Pertuzet était aux anges. Il pleurait, riait... Les trois visiteurs parlaient très fort, lui tapaient dans le dos :

- Ah vieille ganache ! Comme c'est bon de te revoir !

- Un vrai coq en pâte ce Pertuzet. tu as vu les infirmières ? Vieux voyou, tu t'embêtes pas...

L'après-midi fut de miel. d'autant plus qu'à l'heure du goûter, ils eurent droit, tous les quatre, au café au lait et au biscuit. Le Miaou déclara bien qu'il préférait un bon canon de vin, mais c'était juste pour rire.

A partir de ce moment-là, Monsieur Brun devint "le Pertuzet". Aussi bien pour le personnel que pour les pensionnaires des chambres voisines... Il était reconnu par tous. Il avait sa place dans cette grande maison.

Bien sûr, il y eut quelques têtus, un peu snobs ou simplement indifférents, qui continuèrent à dire "Monsieur Brun". Mais lui ne répondait pas, faisait celui qui n'entend pas, les traitait dans sa barbe de "cul serré".

 

Le tableau de la vieille dame au nez rouge est de Nathalie Beurier.



29 réactions


  • easy easy 2 août 2011 10:58

    Ah ! Le nom de pays, le nom que le pays nous donne !

    Très bien, très très bien.

    Au fond tous nos noms comptent, celui que nous donnent nos parents comptent. Mais en effet, il est très probable qu’une fois ses parents morts, une fois qu’on entre de plain pied dans sa société de pays, on apprécie le nom que le pays nous donne.

    Mais quand on change de pays, pour passer à celui d’une maison de retraite, on pourrait apprécier à son tour, le nom qu’on nous y donne. A condition alors que ce nom fasse sens de singularité-utilité.

    Se voir accorder, dans le pays-de-retraite, le nom de pépé-pipi-caca est évidemment déprimant.
    Il suffirait que les soignants modifient leur propre statut pour passer de « je-suis-soignant-utile-qui-soigne-des-pépés-pipi-inutiles » à « Je suis en relation de vie avec des vieillards avec qui j’échange des utilités » pour que le nom accordé au vieillard devienne différent, plus inclusif, plus indispensable, irremplaçable et lui plaise autant que ses précédents noms.

    D’une manière générale, le nom qu’un vieillard préfère se voir attribuer, celui qu’il préfère entendre, est « Papa »


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 13:38

      Bonjour easy,

      Il y aussi le doux nom de « papi » et mamie« donné par les petits enfants, quels qu’ils soient, même étrangers à la famille. Dans la bouche d’un enfant, ce n’est jamais insultant.

      J’ai entendu trop de fois les soignants appeler »mémée« une vieille dame pour ne pas comprendre ce que ce mot a de méprisant.

      Et puis, les vieilles personnes des campagnes n’ont pas l’habitude qu’on leur dise : Monsieur Ceci, ou Madame Celà. Ils trouvent dans cette appellation, pourtant de bon aloi, une certaine »hauteur" qui les chagrine...

      Merci pour votre commentaire.

      Cordialement.


    • easy easy 2 août 2011 14:00

      Oui Cevennevive

      A partir de « Papa » toutes les déclinaisons sont valables

      C’est ainsi qu’on retrouve, dans les peuples moins matérialistes, l’appellation conventionnelle des jeunes envers leurs aînés de « Tonton » et « Tata » puis, quand ils passent vieillard « Grand-père » et « Grand-mère »

      Ainsi, de cette série d’appellation à connotation familiale, il n’y aurait que « pépé » et « mémé » qui seraient ordinairement péjorés.

      Les personnels des maisons de retraite ne devraient donc jamais les employer.


      En dehors de cette série familiale, les maisons de retraites devraient réfléchir à une grande liste de surnoms possibles. ’Joli coeur’ a été cité par Kitamissa, parfait.
      Mais même ’Grincheux’ peut être valable pourvu que ce surnom soit affecté avec sens de ’On a besoin de l’avis du Grincheux sur la cantine pour la faire évoluer’ 

      Quoi qu’il en soit, merci beaucoup d’avoir attiré notre attention sur ce détail de l’appellation qui est à considérer aussi lorsque nous sommes plus jeunes et qui doit, pour une part évoluer. Un jeune Sioux sera appelé Oeil de lynx puis, en vieillissant, devrait être appelé « Lynx assis »


  • PhilVite PhilVite 2 août 2011 12:01

    Purée, elle me fout les chocottes la vieille au nez rouge !!


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 13:46

      Bonjour PhilVite,

      Meuuhh non ! Elle était certainement très gentille...

      C’est le portrait d’une très vieille tibétaine que Nathalie (ma fille) a peint suivant une photo prise par l’une de ses amies.

      Elle lui a ajouté un nez rouge, je crois savoir pourquoi. Cette vieille dame, ridée, portant toute sa vie sur son visage, à l’air de nous dire : "je suis très vieille, ridée, laide sans doute, mais je vous emm.... vous, les nantis qui pensez avoir tout compris de la vie. Je vous fait un pied de nez...’

      PhilVite, lorsque vous serez très vieux et que tout un chacun prétendra vous dicter ce que vous avez à faire vu votre grand âge, vous aurez sans doute envie, vous aussi, de mettre un gros nez rouge (rire).

      Cordialement.


    • PhilVite PhilVite 2 août 2011 17:16

      Bonjour cevennevive,

      Ce n’est qu’une question d’interprétation, comme toujours.

      A moi, elle dit clairement que la vie n’est qu’une pathétique guignolade insensée (ou, "la solitude de l’Homme face au silence déraisonnable du monde", selon Camus que je site tjrs approximativement).
      Elle me dit « je n’ai rien compris et j’en suis là ! »
      Et c’est donc moi dans quelques (+++) années, et c’est ça qui me fait flipper.

      Bon, ok, je ne suis pas hyper positif en ce moment ! smiley


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 17:48

      PhilVite,

      Il se peut en effet que ma fille ait eu les mêmes sentiments que les vôtres en peignant ce tableau. La connaissant, je crois qu’en effet le nez rouge provient de ce questionnement. Je ne lui demande jamais le pourquoi de ses oeuvres.

      Il est vrai qu’elle a peint souvent de beaux vieillards (sans nez rouge).

      Si vous voulez avoir un aperçu de ses oeuvres, tapez « atelier VERDACCIO » sur Google, il y en a peu car elle fait surtout de la réfection de tableaux, et enseigne les procédés de peinture ancienne à des peintres amateurs.

      Allez PhiVite, vous vieillirez « gracieusement », j’en suis certaine. Et le nez rouge, vous le mettrez pour les gens qui vous casseront les pieds..

      Bien à vous.


  • Ariane Walter Ariane Walter 2 août 2011 12:58

    Si jolie histoire Cennevive, merci de nous la raconter, elle sent, pour moi, les petits villages provençaux...
    Oui, les maisons de retraite...Cela signifie tout de même que les familles ne s’occupent pas de leurs vieux. C’est une invention de notre temps de progrès.
    Mais de grosses boîtes s’enrichissent avec ça.

    ma mère, qui vit chez moi, a été hospitalisée un mois dans une clinique pour vieux. Oh ! le choc....Je sais que dans la ballade de Naramaya, quand les gens étainet trop vieux on les envoyait se faire manger dans la forêt...On n’en est pas là...mais dévoré par les dents de l’oubli, c’est encore plus triste.
    mais je ne veux pas être mélancolique car votre texte est plein de joie, de retour vers son identité et la force de sa mémoire, vers l’amour de soi.

    Merci et bien à vous.


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 13:55

      Ariane, bonjour et merci beaucoup.

      Quand nous serons très très vieilles (vous dans bien plus longtemps que moi) nous serons certainement outrées par des remarques, des gestes, des mimiques, que nous pratiquons jeunes, sans nous en rendre compte, dès que nous côtoyons un grand vieillard.

      Mon père et ma mère, qui ne sont plus de ce monde, m’en ont fait parfois la remarque.

      Mais celle qui m’a donné le plus à réfléchir, fut une vieille tante, 93 ans, hospitalisée à Alès pour un gros problème de santé, et à qui les soignants sans exception parlaient comme à un petit enfant ou à une personne débile. Cette tante, très cultivée, très « classe », pleurait lorsque la porte de sa chambre se refermait...

      Bien à vous Ariane.


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 14:02

      Merci à vous Juluch !

      J’ai travaillé longtemps dans une clinique où était une section maison de retraite. Je ne faisais par partie du personnel soignant, mais du personnel social.

      J’ai eu le temps de me faire de solides tendresses auprès de ces personnes âgées, de les écouter, de prendre beaucoup de « bon grain » dans leurs expériences et leurs remarques. Et je les ai toujours respectées, comme on respecte une oeuvre d’art.

      Mais vous avez certainement fait de même...

      Cordialement.


  • kitamissa kitamissa 2 août 2011 13:38

    Mon épouse infirmière à la retraite dans le public ,avait signé un contrat avec une maison de retraite ,et comme elle n’a pas son permis,c’est moi qui faisait le chauffeur ...


    en l’attendant,j’avais établi plein de relations sympathiques avec les résidents , de vieilles dames encore très lucides et dynamiques,et un vieux monsieur ,le centenaire de la maison de retraite,en pleine forme physiquement et intellectuellement ,toujours fringué à quatre épingles ( ancien tailleur de profession ) qui fumait le cigare ,croisait les jambes, marchant sans canne ,et me branchait politique et actualité ...

    il avait même une copine résidente de 93 ans qui avait du être très jolie étant jeune ,mais qui perdait un peu la boule !...

    tout le personnel l’appelait le Joli Coeur ! 

    comme il avait des petites envies parfois ,il se levait et allait marcher pour péter discrètement ,tout le monde connaissait le stratagème ..

    il me faisait marrer quand il disait « qu’est ce qu’on s’emmerde ici,c’est plein de vieilles et de vieux qui débloquent ,la bouffe n’est pas terrible et on n’a même pas de pinard à table ! » ...

    nous n’y allons plus depuis 2009,ma femme ayant tout cessé, je me demande parfois ce que sont devenus ces « vieux » si attachants ..loin certainement maintenant ....et qui nous donnaient de vrais leçons de sagesse et de dignité !

    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 14:11

      Bonjour Kitamissa,

      Beau jeune homme, encore une photo magnifique !

      Merci pour votre commentaire, qui m’a fait bien rire et m’a rappelé les petits travers de ces pensionnaires que, moi aussi, j’ai côtoyés durant des années, et que j’ai aimés bien tendrement (cf commentaire à Juluch).

      Il y eut notamment un Monsieur perdant un peu la tête et assez désorienté, qui allait chaque nuit dans la chambre voisine occupée par une dame. Il portait son réveil... Pourquoi ? Sans doute l’habitude... Mais la dame en question se mettait à crier en le voyant. Le personnel de nuit arrivait. Le Casanova protestait disant : « Mais je vais dormir avec ma femme ! Vous n’allez pas m’empêcher d’aller dormir avec ma femme !!! »

      Le problème fut résolu par la fermeture à clé de la porte de la Dame, et surtout par le « ré-aiguillage » du Casanova vers une chambre où la pensionnaire qui l’occupait était plus coopérative... Il y en a tout de même...

      Cordialement.


  • foufouille foufouille 2 août 2011 14:02

    il aurait mieux fait de mettre un fauteuil electrique


    • kitamissa kitamissa 2 août 2011 14:04

      Ha bon ...pourquoi,tu en as un ? c’est confortable ?


    • Kalki Kalki 2 août 2011 14:31

      Vous n’aimez pas les clowns, j’ai des photos souvenirs des comrads ?


    • foufouille foufouille 2 août 2011 15:52

      j’en ait deja vu
      bien pratique et mois cher que la maison de retraite


    • Kalki Kalki 2 août 2011 16:43

      J’ai mieux une croiX


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 17:13

      Bonjour foufouille,

      Un fauteuil électrique pour quelqu’un qui vit dans une vieille maison où l’on accède par des escaliers de schistes mal joints ? Impossible foufouille ! Nos vielles maisons en Cévennes sont presque toutes perchées ou entremêlées les unes aux autres...

      Mais il y fait bon vivre... Et je souhaite à tous, moi y compris, d’y finir nos jours sans aller dans une maison de retraite. Mais peut-on choisir ?

      Cordialement.


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 17:19

      Bonjour Kalki,

      Vous avez aimé la vieille dame au nez rouge ? Ne trouvez-vous pas que c’est une très belle façon de dire : « vous pouvez rire, vous moquer, j’en ai rien à faire de vous ! » ?

      Les clowns au nez rouge nous interpellent toujours : soit ils sont tristes et pathétiques, soit ils sont rigolos. Cela dépend souvent de notre humeur. Mais ils font rarement peur comme dans Stephen King.

      Cordialement.


    • foufouille foufouille 2 août 2011 19:12

      bah sinon tu met un monte charge


    • foufouille foufouille 2 août 2011 19:14

      au pire on se met le cul sur la marche et on monte en arriere avec une corde


    • Kalki Kalki 2 août 2011 20:06

      Non mais vous ne comprenez pas que tout votre intellectualisation tout ce que vous pouvez penser a tout moment, et faire ne sert plus a RIEN

       :)

      Put a smile over your face

      this is the end


  • lemouton lemouton 2 août 2011 15:14

    Merci Cevennevive... Joli récit.. 

    De par mes fonctions professionnelles (monde agricole) j’ai souvent cotoyé, dans les corbières, des patriarches à l’image de ceux de votre récit..

    Leçons de sagesse, franchise, patience, humour aussi, ils font partie, sont en symbiose avec la nature qui les entourent... 
    Ah.... combien j’aime mes languedociens.... smiley


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 16:31

      Gentil Mouton, bonjour et merci !

      Je pense qu’il est dommage que beaucoup de gens n’aient pas rencontré et écouté les vieux assis sur un banc sous le mûrier de la place, aux heures chaudes de la fin d’après-midi...

      J’ai toujours adoré cela. M’asseoir avec eux et écouter. Ils ont une vision du monde et de l’actualité si aiguisée qu’on en reste pantois. On dirait que leurs yeux, fatigués par la vie et la lumière du jour, regardent au-delà des choses palpables ;

      Tous ces vieux mineurs, ces vieux paysans, comme ils nous en apprendraient si on les écoutait !

      Cordialement lemouton.


  • webrunner webrunner 2 août 2011 15:44

    tres sympa ce texte ; merci à vous.


  • norbert gabriel norbert gabriel 2 août 2011 16:38

    Salut

    j’ai toujours été horripilé, même à 20 ans par cette déshumanisation qui infantilise les personnes âgées, ça doit être atavique, mon grand père italien, tout le monde l’appelait Nani, (Giovanni) , dans la famille, et pour les autres, voisins et amis, c’était Païer, ça se prononce Paillère, ou Jean... au pire quand il avait 85 ou 86 ans le père Païer.
     Il n’y a que ses arrières petits enfants qui l’ont baptisé pépéNani, en un seul mot.
    Idem mon père, personne n’aurait eu l’idée saugrenue de kui donner du pépé Jeannot, même à 80 ans..
    Et le pire du pire, ce sont ces gens qui s’expriment genre « alors il va bien aujourd’hui ?? »
    je répondrais volontiers « de qui c’est donc que vous causez mon pauv’monsieur, ou ma pauv’dame ? »


    • cevennevive cevennevive 2 août 2011 17:36

      Bonjour norbert,

      Oui, nous faisons partie des « gens normaux » qui pensent que chaque chose change dans la vie. Chaque minute qui passe est différente de celle qui vient de passer...

      Peut-être est-ce le manque flagrant d’empathie de certains qui les pousse à agir ainsi. Incapables de se projeter dans l’avenir, ils ne se rendent pas compte qu’ils agissent mal et blessent en voulant « pouponner » le vieillard dont ils s’occupent, quelquefois avec zèle et tendresse, quelquefois sans aménité...

      « La vieillesse est un naufrage » écrivait Charles de Gaulle. Là, pour une fois, je trouve qu’il avait tort. Un naufrage quant aux fonctions physiques, soit. Mais le coeur, la raison, la mémoire (sauf maladie neurologique), la faculté d’aimer, de souffrir, de rire, de plaisanter, est la même, l’expérience et l’acquis social en plus. Bien que je ne sois pas si vieille, je suis sûre de cela.

      Bien cordialement.


  • Richard Schneider Richard Schneider 15 septembre 2011 16:07

    Très joli texte, dans la tonalité du conte de Daudet, dont Jacques Brel s’est inspiré pour sa belle chanson, Les vieux.

    En Alsace, où je vis depuis 50 ans, les maisons de retraite ne sont plus de hospices depuis un peu plus d’une vingtaine d’ années. Mais, on y rencontre souvent des vieux au crépuscule de leur vie, qui regardent le temps passer jusqu’à ce que « sonne l’heure » ...
     Comme décrit dans le texte, ils ne semblent pas malheureux, juste un peu tristes - surtout ceux qui ne peuvent plus se mouvoir facilement. Les « moins vieux » voulant à tout prix restés « jeunes » - cela se comprend -, ont tendance à les oublier un peu. Sauf les jours d’élection où on vient les chercher en car devant les conduire à la mairie, comme je l’ai constaté à plusieurs reprises ...


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