mercredi 15 juin 2016 - par lephénix

L’espèce humaine serait-elle en « danger de progrès » ?

L’histoire du « progrès » serait-elle celle d’une « certaine idée » que les hommes se feraient de leur fin ? Le « progrès » serait-il cette voie sans issue où s’engouffre une espèce qui a consommé son divorce d’avec son milieu naturel ? L’historien François Jarrige interroge cette notion et livre un vertigineux panorama des résistances qui se sont exprimées contre le « progrès technique », son idéologie dominatrice et les discours de fascination qui l’accompagnent…

 

Qui songerait raisonnablement à se proclamer « contre le progrès » ou à « vivre contre son temps » ? L’exercice semble difficile, sous peine d’exclusion d’un monde dont les machines « progressent » plus vite que la capacité de leur servant humain à penser cette « progression » - voire à la maîtriser… Ne serions-nous pas en danger de « progrès » - celui qui rend le monde toujours plus complexe, selon un processus productif dominé par une machinerie toujours plus sophistiquée – jusqu’à l’incontinence ?

Cette incontinence d’un « progrès technique » aussi envahissant qu’intrusif, accompagnée d’une régression sociale sans précédent, est-elle encore conciliable avec la survie de notre milieu et celle de l’espèce ?

Peut-on encore « sauver le progrès » de ses « illusions progressistes » et l’humanité de son expansionnisme au bord du précipice ?

Maître de conférences à l’université de Bourgogne, François Jarrige lève le voile du « progressisme » sur les dévastations dont la « Nature » a été la première victime… Sa réédition en livre de poche permet de prolonger la réflexion jusqu’à notre univers numérique, qui s’annonce d’ores et déjà comme une zone de non-droit dont la si peu résistible expansion vers un monde-machine claironné sans retenue pourrait bien, lors de la réinitialisation à venir, faire régresser nos addictions au techno-narcissisme vers un niveau vertigineusement pré-industriel- et les techno-zombies vers leur extinction massive après un brutal sevrage…

Un « progrès » sans merci…

Bien avant la « révolution industrielle », entre le XVIe et le XVIIIe siècle, un « esprit technicien » imprègne graduellement le corps social sur le continent, une « intelligence technique » prend les commandes du Vieux Monde, avec les grands projets d’aménagement (assèchement des marais, etc.) et d’équipements (la machine de Marly, construite en 1681-82 pour alimenter le château de Versailles en eau) menés par la puissance royale.

Comme le rappelle François Jarrige, le « modèle mécaniste » et la « métaphore de la machine » se répandent dans tous les domaines de la connaissance, depuis la biologie (les « animaux-machine » de Descartes) jusqu’à la religion (Dieu considéré comme le « grand horloger »…) : la « modernité » invente le « grand partage » entre nature et culture…

Puis, à la fin du XVIIIe siècle, le « développement de systèmes techniques de production fondés sur l’emploi croissant de machines » bouleverse les rapports sociaux et accélère les rythmes du travail. Mais les mises en garde contre les ravages de la « civilisation industrielle » commencent de bonne heure, notamment avec Charles Fourier (1772-1837) qui, dès 1822 dans De la détérioration matérielle de la planète, invoque le dérèglement du climat et le si prévisible épuisement des ressources naturelles, du à la voracité des « machines à feu »…

En 1843, l’écrivain Henri David Thoreau (1817-1862), pourtant issu d’une famille d’industriels, déplore : « Les hommes sont devenus les outils de leurs outils. Nos inventions sont habituellement de beaux jouets qui nous distraient des choses sérieuses. Ce ne sont que des outils améliorés pour une finalité dégénérative. Nous nous hâtons de construire un télégraphe magnétique entre le Maine et le Texas, mais il se pourrait que le Maine et le Texas n’aient rien d’important à se dire. ».

 

L’âge des machines

En France, observe François Jarrige, « le nouvel agir technique qui se développe avec la « révolution industrielle » et l’invasion des mécaniques constitue le terreau sur lequel le projet historique du socialisme prend racine ». Ainsi, « les premières générations de penseurs républicains et socialistes se reconnaissent tous dans le précepte de Saint-Simon : « L’âge d’or, qu’une aveugle tradition a placé jusqu’ici dans le passé, est devant nous ».

L’aristocrate Saint-Simon (1760-1825) est en effet l’un des premiers à considérer l’industrie comme « l’enjeu central du monde en devenir et à faire des sciences et techniques des forces décisives de transformation de la société » : « La foi dans le « progrès » justifie le projet émancipateur, et le nouvel appareillage technique et machinique semble offrir des moyens de réaliser ce « progrès continu » ou cette « perfectibilité » qu’on recherche de façon frénétique ».

Désormais, le « règne de l’industrialisme et la « foi dans le progrès » technique inaugurent « l’âge des machines » - l’expression vient de l’Anglais Thomas Carlyle (1795-1881) et se diffuse après la première Exposition universelle de Londres célébrant en 1851, au grand Palais de Cristal, la supé riorité industrielle et technologique britannique.

Dès lors, la seconde moitié du XIXe siècle sera traversée par la « mythologie de l’invention censée apporter les solutions de tous les problèmes, qu’ils soient moraux, politiques ou sociaux ».

Avec l’avènement de la nouvelle ère d’expansion engendrée par l’alliance de l’électricité, de la chimie organique et du moteur à explosion, le constructeur automobile Henry Ford (1863-1947) devient le « prophète » de cet « âge des machines » qui se prolonge dans de nouveaux objets comme la TSF et des productions culturelles, notamment musicales, dont le rythme syncopé reflète « l’accélération produite par l’industrialisation et la mécanisation du travail et de la vie urbaine »...

La Belle Epoque, travaillée par un désir d’autonomie individuelle et par un rêve d’une « machine-aventure », s’entiche de « l’automobilisme » - une pratique qui se diffuse graduellement par une normalisation des comportements et la création de nouvelles infrastructures imposant le nouveau système technique.

Mais au cinéma, le rejet de la société technicienne suscite des chefs d’œuvre comme Metropolis (1927) de Fritz Lang (1890-1976) ou Les Temps modernes (1936) de Charlie Chaplin (1889-1977).

L’entre-deux-guerres est aussi une période de doute sur la « civilisation des machines » : pour Georges Bernanos (1888-1948), « un monde gagné par la Technique est perdu pour la Liberté » - son livre, La France contre les robots, écrit en 1942, n’est publié qu’en 1946, nourri par l’expérience de la guerre – et clôt cette interrogation. Avec les exigences de la reconstruction, il n’est plus question de douter du « progrès »...

Mais la techno-critique s’épanouit tout de même avec des figures de proue comme Lewis Mumford (1895-1990), Jacques Ellul (1912-1994), Gunther Anders (1902-1992) ou Ivan Illich (1926-2002). Pour ce dernier, « les techniques ont cessé d’être des facteurs d’autonomie et d’émancipation pour devenir des sources d’aliénation ». Partant de l’objet automobile, sa critique dénonce le fétichisme de la marchandise et la prolifération sans contrôle des objets techniques – jusqu’à la numérisation de nos vies qui, pour l’historien Jarrige, se solde par la « dépossession des savoir-faire par l’obsolescence programmée et les stratégies visant à empêcher les bricolages et l’intervention des profanes sur les objets »…

Depuis l’imposition, dans les années 1980-90, d’un « nouvel ordre technologique porté par la mondialisation et le marché » et la prolifération parallèle des risques technologiques, le monde entre à nouveau dans une « période de doute et d’ambivalence, tiraillé entre la croyance persistante que la technique permet de résoudre les problèmes à venir et la conviction profonde qu’il n’en est rien »… Quelle perspective pour cette « société du risque » dont l’expansionnisme gangrène la planète ?

En fait, la grande réinitialisation des termes de la « vie civilisée » telle que nous l’avons connue pourrait bien être en cours : « L’appel à l’innovation reste le principal moteur du progressisme moribond, le seul horizon d’un monde qui semble abandonner ses idéaux et ses espérances. Le culte de l’innovation s’est construit peu à peu, au croisement de l’économie et de la croissance, d’une nouvelle manière de concevoir les sociétés, les cultures et les mondes naturels. Il s’est réifié à un point tel qu’il semble désormais impossible d’en sortir. »

La vie pourrait-elle se réduire à la possession d’objets inutiles se révélant des « gadgets de destruction massive » que l’on s’acharnerait, en dépit de leur ineptie et de leur nocivité, à inventer et à « produire » à l’infini, comme si le paradigme techno-industriel pouvait être assuré de sa pérennité ?

La notion de « progrès » peut-elle encore être dissociée du « changement technique » et climatique, après avoir été étendu son aire d’expérimentation à la planète entière, en multipliant de façon exponentielle ses dysfonctionnements et ses nuisances ? Peut-on jouer avec le feu de ce « progrès »-là sans embraser toute la planète ?

Il se pourrait bien que le système complexe dont dépend notre « confort » ou nos « finances » soit, somme toute, dénué de toute réalité – comme la monnaie factice sur laquelle se fondent des projets de plus en plus chimériques libellés dans cette dite monnaie de singe… Tout cela valait-il la peine de descendre de l’arbre pour en couper les branches et en scier le tronc en mettant la Nature « au travail » ? La questions désormais est de savoir jusqu’où l’homo demens descendra encore, après avoir « extrait » les ultimes ressources de sa planète et de ses semblables…

François Jarrige, Technocritiques, La Découverte, 436 p., 13,50 €



15 réactions


  • Alren Alren 15 juin 2016 19:15

    Jusqu’à il y a peu, l’homme voulait « dompter » la Nature.

    D’où la construction de Versailles et de son jardin « à la française » dans une zone marécageuse, la pire qui soit pour ces travaux.

    Puis plus tard, une agriculture productiviste dont les promoteurs pensaient que la monoculture à coups d’engrais minéraux, d’arrachage et de destructions de « nuisibles » resterait sans conséquences négatives.

    Mais progressivement, en commençant par ses élites, (les vraies pas celles qui s’autoproclament telles et pensent sottement que la recherche du profit maximum par une oligarchie est la solution), l’idée qu’il ne faut pas lui demander plus par an que ce qu’elle peut renouveler, et que pour cela il faut que la machinerie naturelle extrêmement complexe puisse s’opérer sans entrave, commence à s’imposer et notamment, ce qui est nouveau, chez un homme politique important, Jean-Luc Mélenchon.

    Donc, ne désespérons pas.


  • lephénix lephénix 15 juin 2016 20:33

    @alren

    nous sommes d’accord pour les « véritables élites »... mais après l’avoir « domptée » (homo faber) l’actuel « homo demens » veut « extraire » les ultimes « ressources » de la « nature » - et « reconstruire » la « nature humaine » en prime... au pied du mur, les maçons ne désespèrent plus, ils ouvrent une brèche et construisent des ponts - sans connotation aucune... le moment est venu d’interpeler ’ l’essence du travail« - celui qui a sa dignité puisqu’il est bien compris par presque tous qu’il y a des limites à »l’idée« de »travailler plus", toujours plus, pour être de plus en plus pauvre..


  • Jo.Di Jo.Di 16 juin 2016 00:17

    Comme dit gôôôchiste bobo Uleski,
     
    le progrès c’est de faire venir des nègres par la traite capitaliste, pour torcher les culs de nos vieux, dans des mouroirs ...

    ça permet d’acheter plus d’Iped18 de gôôôche .... en les payant moins que des souchiens, qui ne sont rien pour les nomades de gôôôche
     
    « Qui consomme asservi consomme l’asservissement »
    G. Anders
     
     « L’homme « est ce qu’il mange » (Feuerbach) et par conséquent l’on produit les hommes de masse en leur faisant consommer des marchandises de masse ; ce qui signifie en même temps que le consommateur de marchandises de masse collabore, en consommant, à la production des hommes de masse (ou à sa propre transformation en homme de masse) »

     
    G. Anders sur le veau benêt


  • Daniel Roux Daniel Roux 16 juin 2016 09:43

    L’homme est un animal complexe et intelligent, enfin assez intelligent pour inventer des outils et concevoir des projets, mais pas assez pour concevoir la vacuité de son mode de vie.

    En chacun de nous, un cochon sommeille, paraît-il. Il suffit d’observer la vie ordinaire d’un cochon domestique pour se rendre compte que sa vie et son avenir ne seront pas aussi rose que ses jambons. Nos vies ordinaires, de salariés-consommateurs ou de rentiers-jouisseurs, ressemblent beaucoup à celle des cochons.

    Il n’y a pas d’avenir pour l’espèce humaine si elle continue sur cette voie de la reproduction exponentielle dans un milieu aux ressources limitées.

    Nous ne pouvons pas ni refaire l’humanité, ni son histoire, seulement constater les faits. Rien ne laisse entrevoir une évolution de la conscience collective. Nous agissons et réagissons de la même façon que nos ancêtres pré-néolithiques.

    Pour ceux qui l’ignorent encore, les exoplanètes, dont les découvertes se succèdent au rythme des besoin de financement des agences spatiales et des astrophysiciens, ne sont pas l’avenir de l’espèce humaine. Le plus proche système stellaire est à une des milliers d’années d’années de voyage aller simple, de nos plus rapides vaisseaux spatiaux.

    Si un jour, une planète d’un autre système stellaire, est visitée, ce ne sera pas par un humain.

    Pour finir sur une note optimiste, comme dit le charcutier en accueillant le cochon :

     « Puisque tu n’y peux rien, détend-toi ! »


  • fcpgismo fcpgismo 16 juin 2016 10:51

    Quant j’étais en BEPA tous ceux qui utilisaient le terme progrès me semblaient être des psychopathe (personne souffrant de psychopathie, trouble de la personnalité caractérisé par l’impulsivité et des conduites antisociales) j’ai su bien plus tard que mon intuition était fondé.

    la réponse est probablement là 

  • lephénix lephénix 16 juin 2016 11:28

    @Daniel Roux

    merci pour la note finale d’optimisme...très zen

    vous faites référence à Gilles Châtelet ? « vivre et penser comme des... »...

    jadis les charcutiers enveloppaient leur « marchandise » dans du papier où était imprimée ce slogan : « dans le cochon tout est bon »... question de point de vue, comme celui de la dinde avant noël... si le cochon pensait, ce ne serait peut-être pas comme un prédateur qui ne « produit » de la viande que pour l’écouler en « marchandise »...

    « l’info »’ est récurrente, pas un trimestre sans ’découverte« d’une autre exoplanète... hors de portée et sans doute inhabitable - 10 000 recensées à ce jour mais puisqu’on nous dit qu’elle sont »potentiellement habitables« ...au moins les créateurs peuvent-ils s’y transporter par l’imaginaire... si nous sommes revenus des »martiens" de Bradbury, nous en redemandons, de sa poésie..


  • lephénix lephénix 16 juin 2016 11:33

    @fcpgismo

    merci pour votre apport, effectivement nous n’avons pas pris en compte l’inconstructible, l’inaliénable, l’inapropriable.. à en juger la révolte des luddites en 1811-12, le « progrès » s’est toujours fait à marche forcée et à tombeau ouvert sans les peuples et contre eux... et chaque avancée technologique n’était pas suivie par un« progrès social » mais au contraire par une régression.. et nous revoilà encore au seuil d’une autre mutation d’ampleur comme il en arrive tous les 5 siècles mais là tout s’accélère...


  • hervepasgrave hervepasgrave 16 juin 2016 13:47

    Bonjour,
    Très bon article, du moins dans l’idée du sujet , cela dépeint du reste !

    Tu commences par parler de « progrès »,mais faudrait il bien définir le sens de ce mot !
    Dans la réalité il n’est que synonyme de « mercantile » .Le sens commun devrait s’attacher a dire et a voir cela dans le sens positif,le progrès est une bonne chose.Peu importe d’ailleurs que cela soit en partie matérialiste,le progrès égale a une addition positive. La réalité est toute contraire.
     Après la deuxième chose que tu dis c’est « « vivre contre son temps » » ou avec c’est en fait la même chose. Là il n’y a que la recherche de reconnaissance d’un côté ou d’un autre. Cela aussi c’est « mercatile » dans le sens premier comme dans le sens second.
    Alors après inévitablement la suite d’exemples ,de personnages etc etc
    Alors redevenir(? !) a une image ou nous serions en harmonie avec les éléments,la terre ne peux pas fonctionner. Car L’écologie tant prôné n’est elle pas aussi que« mercantile ». Une solution existe mais n’arrange personne,car toujours le mercantilisme dans toutes ces formes et ces branches indirects. Ne peux rien résoudre,d’ailleurs était-ce son but ?
    Les hommes s’ils veulent progressé ou prendre le progrès comme une source bienfaisante devraient commencer par le début.Et oui ! pour une fois nous devons penser a nous.Car c’est de l’écologie humaine qu’il faudrait faire ,car après cela tout deviendra possible et réalisable.Mais nous sommes que de tristes idiots .Les leçons de morale ne sont qu’a côté de la plaque.Faire la morale est une chose.Mais comprendre les choses les tenants et les aboutissant en son une autre.Et pour cela nous ne pouvons pas concilier ce qui existe,ou ce qui nous défourgue l des références, des écrits, des maitres soit disant a penser etc .......
    Bien essayé, mais le sujet est mal traité. Trop réduit,il manque de la lucidité . Mais la ce n’est que mon avis,pasgrave.


  • Paul Leleu 16 juin 2016 19:02
    es Amiches, qui voient dans la roue (6 000 ans) quelque chose « d’ancestral », et dans le téléphone « une invention du diable »... 

    l’idéologie « anti-progrès » me semble un gna-gna-gna de petit bourgeois qui conchie le progrès sur son calvier d’ordinateur connecté... 

    il ne tient qu’à vous d’aller à la campagne planter des navets bio et fumer du chanvre comme plein de gens le font... pas la peine de nous ressasser toutes ces choses éculées contre « le méchant progrès des blancs ».
    En attendant, si vous habitez à 60km de votre boulot, vous serez bien obligé d’y aller en voiture... quelle soit votre avis sur cette technologie. 

    Le progrès technique est une réalité qui s’impose à nous, et qu’il est puéril de nier... il faut vivre avec, et bon-gré mal-gré opérer un « progrès moral » qui vous permet de dominer cette nouveauté technique qui entre dans votre vie. Face au progrès technique, le progrès moral est une nécessité. Et plutôt que de perdre vos force à essayer de revenir à la bougie (5 000 ans), essayez de nous aider à avoir une dimension morale face au numérique qui envahit et bouleverse la planète. 


    Pour mémoire (et c’est non exhaustif) : 

    - l’homme a commencé par tailler des outils dans des pierres, et domestiquer le feu... sans doute les premiers erectus qui ont mangé de la viande grillée ont-il été traités de « contre-nature » par les réac’ de l’époque qui continuaient à bouffer de la viande crue en attrapant des maladies et en digérant mal...

    - le « progrès » encore, qui a fait passer « l’homme-viril-naturel » de la chasse-cueillette, à la condition de « bobo-dégénéré-efféminé-franc-maçon » de « cultivateur-éleveur »

    - puis la maitrise du bronze, qui a permis de fabriquer des armes et d’industrialiser la guerre, favorisant la création d’états-prédateurs (avec administration et « intellectuels ») en remplacement des communautés agro-pastorales... 

    - et quoi encore ? l’écriture, l’art ? ...les peintres de Chauvet ou Lascaux ont du être traités « d’homosexuels cosmopolites dégénérés » par les tenants de « l’ordre naturel » de l’époque... 

    - le pavement des voies romaines ? la poésie chinoise ? les églises romanes et les cathédrales gothiques ? la boussole, les mathématiques et la poudre noire qui nous viennent de Chine et d’Arabie ? la Philosophie, cette activité oisive et oiseuse qui nous vient de la Grèce ? 

    en vérité, cet « anti-progrès » est une pensée salonarde... comme le disait fort justement Obama (que je n’aime pas particulièrement) : on ne fait plus la guerre avec des bailonnettes... 


    Quant à l’idéologie du progrès, c’est surtout dans les yeux de ses adversaires qu’elle existe. La nécessité de réguler moralement l’usage des nouvelles technologies, et d’apréhender ce qu’elles changent dans nos vie, est une chose saine il me semble... 
    Les « patriotes » français et allemands ont appris dans les tranchées ce que c’était que la guerre à l’époque industrielle... ils ont vu le pacifisme des « intellectuels » avec d’autres yeux... 

    Mais les « lois sociétales » aussi sont bien anciennes... les « trois religions » qui se sont réunies (pour une fois) dans une commune détestation de Mariage pour tous... quoi qu’on pense de tout cela... 

    Ces « trois religions » se reconnaissent un ancêtre commun : Abraham... Or, cet Abraham pratique justement la location de ventre, la GPA, comme le lui autorise le droit mésopotamien de son époque. Sa femme peut récupérer la filation officielle de l’enfant qu’il fait avec sa servante. Alors les prétendus « arguments anthropolgiques » n’en sont pas. D’ailleurs, les musulmans qui se présentent comme les descendants du « bébé-GPA » Ismaël ne semblent pas souffrir d’un problème de procréation... 

    Et pour rire, dans la même page de la Bible, vous pourrez apprendre comment les filles de Loth ennivrent leur père pour se faire engrosser par lui... l’une puis l’autre... ce qui ne soulève pas un mot de condamnation dans le « saint livre ». 


    pour moi le pgroègres moral suit le progrès technique, ainsi que le gendarme suit le voleur. Et ainsi va la vie. 

    Ceux qui sont contre le progrès n’ont qu’à se l’appliquer à eux-même... et commencer par ne plus écrire sur ce « site participatif » ??? (« site participatif »... concept hautement soupçonnable s’il en est dans l’idéologie anti-progrès, n’est-ce -pas). 

  • lephénix lephénix 16 juin 2016 21:14

    @hervepasgrave

    l’idée c’était d’interroger précisément la notion de « progrès » dans une perspective historique à travers le travail de François Jarrige qui gagne à être connu et à travers les lieux communs comme « aller contre son temps » etc.

    l’écologie humaine commence par prendre soin de soi, de ses vrais besoins pas des faux induits par les dealers de came electronique qui eux-mêmes s’en préservent pour faire le plein de tangible...


  • lephénix lephénix 16 juin 2016 21:17

    @paul leleu

    à quand vos surgelés à la poudre de nano particules livrés par drone ou au paiement par puce sous la peau dans un monde sans cash ?


  • lephénix lephénix 16 juin 2016 21:23

    @jodi

    la référence à Gunther Anders manquait

    comme le lien historique entre « capitalisme » et «  production »

    aujourd’hui le K s’est affranchi de la contrainte de produire qqch « pour la société » et des parts croissantes des « invesstissements » sont détournés vers des sphères non « productives » comme la spéculation immobilière et phynancière etc

    si on n’en est plus là, où est-on ?


  • Jo.Di Jo.Di 16 juin 2016 23:47

    Michéa :
     
    on cesse de tenir pour auto-démontrée l’idée que n’importe quelle modernisation de n’importe quel aspect de la vie humaine constitue, par essence, un bienfait pour le genre humain, alors plus rien ne peut venir garantir théologiquement que le système capitaliste — sous le simple effet magique du « développement des forces productives » — serait historiquement voué à construire, « avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature » (Marx), la célèbre « base matérielle du socialisme », autrement dit l’ensemble des conditions techniques et morales de son propre « dépassement dialectique ». Cela signifie en clair — pour s’en tenir à quelques nuisances bien connues — que le développement d’une agriculture génétiquement modifiée, la destruction méthodique des villes et des formes d’urbanité correspondantes ou encore l’abrutissement médiatique généralisé et ses cyberprolongements, ne peuvent, de quelque façon que ce soit, être sérieusement présentés comme un préalable historique nécessaire, ou simplement favorable, à l’édification d’une société « libre, égalitaire et décente ». Ce sont là, au contraire, autant d’obstacles évidents à l’émancipation des hommes, et plus ces obstacles se développeront et s’accumuleront (qu’on songe par exemple à certaines lésions probablement irréversibles de l’environnement), plus il deviendra difficile de remettre en place les conditions écologiques et culturelles indispensables à l’existence de toute société véritablement humaine. Ceci revient à dire, le capitalisme étant ce qu’il est, que le temps travaille désormais essentiellement contre les individus et les peuples, et que plus ceux-ci se contenteront d’attendre la venue d’un monde meilleur, plus le monde qu’ils recevront effectivement en héritage sera impropre à la réalisation de leurs espérances — y compris les plus modestes. Or cette idée constitue la négation même du dogme progressiste, lequel pose par définition que la Raison finit toujours par l’emporter et qu’ainsi, il est d’ores-et-déjà acquis que le XXIe siècle sera grand et l’avenir radieux. C’est pourquoi la critique de l’aliénation progressiste doit devenir le premier présupposé de toute critique sociale.


  • monsegu monsegu 21 juin 2016 11:32

    Le « Progrès » en question : depuis l’origine de l’« homo faber »(?) Et puis, et pis : les outils sont devenus des armes ? l’« homo demens » aussi depuis l’origine (?) Alors,Oui « le progrès moral est une nécessité »
    Et si c’est difficile d’« entrevoir une évolution de la conscience collective », les humain(e)s du présent ne valent guère mieux que leurs ancêtres ?
    Et notons bien que le Progrès s’étend du technique au socio-politique etc... Il a été accaparé par un système économique fondé sur la motivation d’un profit maximal personnel à l’avantage d’une
    minorité de personnes (?)
    Et nous sommes entraîné(e)s [au sens de poussé(e)s et aussi inculqué(e)s] avec ça, le plus souvent, sans contrôle, sinon a posteriori, dès qu’il sert des intérêts monétarisés, capitalisés ?!
    Soyons alors à la fois : Avec et Contre ce Progrès pour qu’il soit vraiment une amélioration du sort des personnes et de l’aventure humaine sans être une menace fatale ?
    Espérons - au Futur (?) : Où en sommes-nous ? - Il nous faut « Dépasser », être en « mutation » ?
    Voyons les Avancées « Humaines, tentatives, »ébauches« de se reconnaître vers un meilleur vivre-ensemble (?)
    Se réconcilier avec la Nature, et parmi celle-ci, avec les Autres [personnes] en promouvant les causes et raisons de bonheur partagé (? !)

    Voir le Lien »Mémolang« ci-après vers ce document-ci  :
    http://www.survie.fr.memolang.eu/Memo/Memo.php?outsearched=yes&_v_id_block=2279

    Rendez-vous au futur pour nos meilleurs espoirs d’ »avancées" ... ?


  • Ruut Ruut 5 juillet 2016 16:59

    C’est en comprenant et réparant nos erreurs que nous progressons.
    Il faut juste éviter d’en faire de trop grosses.
    C’est sur ce point que la technologie est vicieuse, car plus nous évoluons, plus l’impacte de nos erreurs est grande.
    Délocaliser nos labos dangereux sur Mars et nos industries polluantes sur la lune, ne serait pas une mauvaise idée.


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