Commentaire de docdory
sur Le point sur le Risperdal


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docdory docdory 27 janvier 2012 15:29

@ Pharmafox

Le Risperdal fait partie de la famille des médicaments neuroleptiques, dont le premier fut la chlorpromazine ( Largactil ).
Les neuroleptiques sont le seul traitement de certaines maladies mentales ( schizophrénie avant tout, mais aussi bouffées délirantes quelque en soit l’origine, psychose hallucinatoire chronique, et en traitement d’appoint dans les accès maniaques au cours des psychoses maniaco-dépressives )
Tous les neuroleptiques ont des effets secondaires importants, indissociables de leur action pharmacologique : prise de poids importante ( et complications résultantes , dont le diabète à long terme ), effets endocriniens ( difficultés sexuelles, aménorrhée, galactorhée ) syndromes extra pyramidaux à forme akinéto-hypertoniques, pouvant dans certains cas aboutir à long terme à des redoutables dyskinésies tardives des neuroleptiques, rares syndromes malin des neuroleptiques.
La prescription en général de neuroleptiques, pour que le bénéfice en soit supérieur au risque, doit être soumise à plusieurs impératifs : rechercher la dose minimale efficace, ne prescrire les neuroleptiques que dans les indications reconnues par l’AMM, et ne pas les prescrire dans ce que l’on appelait autrefois les « névroses » .
Par contre, il serait une faute professionnelle de ne pas traiter les schizophrènes par des neuroleptiques : en effet, aucun autre traitement psychotrope n’est efficace dans cette indication, et la schizophrénie non traitée provoque des troubles du comportement tellement sévères qu’avant l’invention des neuroleptiques, les malades qui en étaient atteints étaient, pour la plupart d’entre eux, condamnés à passer l’essentiel de leur vie dans ce que l’on appelait à l’époque des asiles d’aliénés.
A l’heure actuelle, il existe deux sortes de neuroleptiques :
1°) Les neuroleptiques « classiques ( Largactil, Haldol, Loxapac, Tercian, Nozinan etc ... ), qui ont tous les effets secondaires décrits plus haut.
2°) Les neuroleptiques dits » atypiques « ou de » nouvelle génération " qui présentent des particularités pharmacologiques quant à leurs affinités vis à vis des récepteurs qui en font des produits mieux tolérés . Citons parmi ces produits le Solian, le Risperdal, le Zyprexa, auxquels on peut ajouter aussi l’Abilify.
Ces produits disposent, par rapport aux anciens neuroleptiques, d’un rapport efficacité -tolérance bien meilleur. 
Si, avec les anciens neuroleptiques, on avait des schizophrènes qui pouvaient vivre la plupart du temps en dehors des murs de l’hôpital psychiatrique, mais qui gardaient un comportement tellement bizarre ou anormal aux yeux de tous qu’ils étaient en invalidité définitive pour l’immense majorité d’entre eux, il n’est pas du tout inhabituel de constater, avec ces nouveaux neuroleptiques, que des malades paraissent suffisamment normaux pour pouvoir travailler ( avec toutefois des arrêts de maladie un peu plus fréquents que la moyenne de la population, et parfois une tendance à l’incompréhension par certains de leurs collègues ).
Il peut s’agir de postes à responsabilité ( ainsi, un de mes patients schizophrènes, grâce à ces nouveaux neuroleptiques, travaille comme ingénieur, ce qui aurait été totalement inimaginable du temps des neuroleptiques de première génération ! Un autre de mes patients, grâce au risperdal, a pu, malgré sa psychose, continuer à avoir un poste à responsabilités dans un ministère. S’il n’avait pas pu bénéficier de ce traitement, il serait en invalidité psychiatrique à l’heure actuelle ).
Il ne faudrait donc pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Ce n’est pas parce que le laboratoire qui fabrique le risperdal aurait eu, selon vos informations, un comportement déontologique inapproprié, que cela fait ipso facto du risperdal un mauvais produit. C’est un médicament qui apporte un bénéfice considérable aux patients, dès lors qu’il est prescrit dans le cadre de son AMM.
Si l’on désapprouve les entorses à la déontologie que vous mentionnez dans votre article, il reste au prescripteur la possibilité de prescrire la rispéridone en générique. Nous n’avons pas le droit de priver les patients schizophrènes des progrès thérapeutiques considérables apportés par les nouveaux neuroleptiques en général , et par le risperdal en particulier.

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