Commentaire de Mor Aucon
sur UE : De la corruption à la dette


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Mor Aucon Mor Aucon 15 février 2012 12:49

Aldous,

Le problème de l’optique de votre article n’est pas que vous puissiez avoir tort de dénoncer la longue liste de corruptions que vous présentez, sinon que placer la corruption politique à l’origine de la dette va plutôt dans le sens du discours des libéraux conservateurs européens, Mme Merkel en tête. Selon eux, le système n’est pas mauvais sinon que ce sont les tricheurs qui le grippent.

Or la tendance à la dette n’est pas accidentelle ( ni ethniquement centrée sur le sud ) mais systémique. Elle est inscrite dans le mode d’emploi du système capitaliste actuel par le biais de deux principes : la concurrence libre et non-faussée et la considération exclusive du travail en tant que matière première faisant de la baisse de son coût un des facteurs principaux de la compétitivité. La baisse de la part des salaires dans le PIB des économies capitalistes s’accompagne d’une part, de facilité d’accès du public au crédit pour compenser la perte de demande et de consommation donc d’endettement privé et d’autre part, l’État doit accroître son endettement s’il veut poursuivre ses politiques sociales dans un contexte de plus en plus dur pour les bas revenus.

Voilà pourquoi je pense qu’il faut beaucoup nuancer avant d’attribuer à la corruption politique la cause de tous les maux. Dans une eurozone avec des déséquilibres structurels aussi énormes comme ceux qui existaient, au départ, entre la Grèce et l’Allemagne et sans mécanisme interne efficace de compensation ( du fait de la faiblesse de la fiscalité commune mais c’est un autre problème ), l’endettement jusqu’à la chemise de celui qui est du mauvais côté de la balance commerciale était inévitable. Cet endettement a payé une production et a donc financé une part de la croissance de celui qui était du bon côté. Les libéraux allemands feraient donc mieux de réviser un peu les jugements dédaigneux qu’ils portent sur les peuples du sud de l’Europe.


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