Commentaire de Alban Dousset
sur Chronique d'un éveil citoyen – Épisode 7 : Penser la monnaie et la dette


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Alban Dousset Alban Dousset 19 novembre 2014 20:56

Bonjour Kalmac,

Je suis heureux qui tu suives ma chronique et que tu prennes le temps de me faire ces objections. Je vais donc essayer d’y répondre le mieux possible.

« la fonction de réserve de valeur ne doit pas être érigée en dogme. Sinon, les fourmis font des tas de monnaies, parfois sur plusieurs générations. Monnaie qui inévitablement fini par manquer aux autres pour leurs échanges et mener à une raréfaction non nécessaire et dangereuse. ».

Dans une certaine mesure, ce que tu dis est vrai. Néanmoins, la raison qui me pousse défendre les propositions d’Aristote peut se résumer très simplement : Il existe des fourmis riches et des fourmis pauvres.

Or, lorsque l’on attaque la problématique des inégalités patrimoniale sous l’angle monétaire (notamment en pratiquant une forte inflation pour faire fondre les sommes épargnées), on pénalise toutes les fourmis, y compris les pauvres (notamment les petits vieux qui ont économisés toute leur vie dans un appartement pour espérer passer leur retraite dans une petite maison de campagne.)

Le problème des 1% vs 99% relève d’une injustice sociale effroyable que nous devrons résoudre mais la solution monétaire ne m’apparaît pas comme une bonne solution. De plus, nous devrons également résoudre la cause de ce problème : le système capitalisme favorise, dans son fonctionnement, la concentration et l’accumulation du Capital. [Je m’arrête ici pour éviter de spoiler]

Bref, pour une raison de justice sociale, je crois qu’il préférable de ne cibler que les « fourmis riches », notamment par l’imposition directe de leur patrimoine et de leur transmission de patrimoine.

« la quantité de monnaie peut augmenter raisonnablement sans pour autant réprimer la part de fourmi en nous. La fourmi travaillera dur et conservera les fruits de son travail qui peuvent être bien autres choses que de la monnaie : maisons, terrains ... »

Oui, elle « peut » augmenter raisonnablement. Mais le doit-elle ? Demande-toi bien à qui profite ce fatalisme de l’inflation. Qui à intérêt à stimuler le Travail artificiellement à l’aide d’un subterfuge monétaire ? Qui a intérêt à justifier les taux d’intérêt que nous payons aux banques par ce « fatalisme de l’inflation » ?

« asseoir une monnaie sur les matières premières me parait arbitraire. D’ailleurs je n’ai pas bien compris ce qui se passait dans le cas ou une économie dépend à 90% du pétrole et que nous en consommons les dernières gouttes : il faudrait créer de la monnaie ou en détruire ? »

Dans l’idée que je me fais d’une monnaie idéale, dans un système politique idéal, on ne créé pas plus de monnaie que l’on en détruit :

La seule « création monétaire » se fait à l’occasion des investissements publics (validés de manière démocratique…) avec un plan d’investissement qui prévoit (à l’avance) les impôts qui rembourseront l’investissement, c’est-à-dire les impôts qui « détruiront la monnaie » à l’occasion du remboursement de l’investissement.

Bref, pour revenir à ta question, une monnaie assise/indexée sur les matières premières ne devrait pas se « créer » ou se « détruire » en fonction des ressources disponibles. En revanche, si la quantité de pétrole disponible diminue (son prix augmentera certainement à cette occasion) la valeur intrinsèque de la monnaie perdra un peu de sa valeur. Je dis un peu car, dans l’idéale, cette monnaie est indexée sur l’intégralité des matières premières et énergies. C’est-à-dire que si le pétrole commence à devenir plus rare, plus cher, ta monnaie perdra « naturellement » un peu de sa valeur. Par exemple, au lieu d’acheter ton pain 1€, tu l’achèteras 1€05… (Une forme d’inflation, la seule qui soit justifiée/acceptable puisqu’elle correspondrait à la raréfaction de nos ressources)


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