Commentaire de bakerstreet
sur Le combat feutré mais perpétuel entre George Orwell et Aldous Huxley


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bakerstreet bakerstreet 23 janvier 2016 00:31

Par contre, on peut opposer davantage d’autres intellectuels, faisant salon, dans les années 30 à Orwell. Et je pense à Stefan Sweig en disant ça ! Je relis en ce moment Orwell, ses essais, ses articles,son journal, comme je l’ai déjà dit, et ses analyses d’après guerre sont précieuses. Mais il faut avouer qu’il n’était guère optimiste, en dépit de la qualité de sa pensée, et de sa capacité de résilience et d’humanité. Le monde d’avant 18, qu’il a un peu connu tout de même, il le dépeint comme une horreur, avec des différences de fortune entre les classes étant à leur apogée, au service d’un monde colonial, totalitaire. Le monde d’après la première guerre mondiale lui parait plus humain, avec des préoccupations sociales, et des engagements politiques forts, mais incertains.

S’il revenait je pense qu’il vérifierait avec horreur qu’on est revenu à ces différences de classe et de fortune,d ’avant la guerre de 14, à l’instar de l’expérience traumatisante que sera son séjour comme boursier à Eton.
Cette expérience des collèges anglais servira surement de matrice à 1984. En tout cas son sentiment sur cette époque est totalement à l’opposé d’un Stefan Zweig, qui dépeindra l’Europe d’avant 14 comme une sorte d’eden, l’embryon d’une Europe en train de se faire. Mais il est vrai que Zweig, bien qu’humaniste, était un grand bourgeois, bénéficiant à fond d’un système fait pour les bourgeois, où les frontières étaient ouvertes, on une gentry profitait à fond du système capitaliste libéral. Zweig ne verra rien de la montée du nazisme, ne voudra surtout rien voir, et sera même étrangement conciliant, avant de mettre les bouts d’Autriche, en urgence.
Orwell et zweig, ce sont deux homme opposés en tout, bien qu’on peut les qualifier tous deux d’humaniste..Mais ils ne fréquentaient pas les mêmes établissements, et n’écrivaient pas sur les mêmes sujets..Zweig s’intéresse à l’histoire, mais pas l’histoire présente...... L’un fréquentait les brasseries et les ouvriers, et à fait même la cloche. L’autre pas, préférant les salons et les postures. L’un s’est battu contre les nazis, contre franco, contre les staliniens, contre la maladie, pour mourir, merde à 48 ans ! L’autre s’est suicidé, entraînant sa jeune secrétaire dans la mort avec lui.

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