Commentaire de Alexis Toulet
sur Extinction de l'humanité - Une rencontre avec Paul Jorion


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Alexis Toulet Alexis Toulet 24 mai 2016 12:25

@gogoRat

1. Concernant l’idée de taxe sur la machinisation, notez qu’il s’agit d’une piste de réponse au remplacement de nombreux emplois par des logiciels « I.A. faibles » et des robots tel que plusieurs études le dessinent. La disparition de 30 à 40% des emplois en 15 ans est envisagée.

Si ce remplacement a bien lieu, la question n’est pas de savoir s’il vaut mieux travailler moins ou plus pour le même résultat - mieux vaut « moins » évidemment. La question est de savoir qui en profitera, sachant qu’en l’état actuel des choses la totalité du bénéfice serait pour les actionnaires des entreprises remplaçant ces emplois - moins de salaires à payer, plus de dividendes à distribuer.

En l’état actuel des choses, ce remplacement, au lieu d’être un progrès partagé, signifierait pour un bon tiers de la population le passage aux minima sociaux. Car on a beau vouloir très fort trouver un emploi, si le marché du travail de jeu des chaises musicales à 10 participants et 9 chaises se transforme en un jeu à 10 participants et... 6 chaises, tout le monde n’aura pas de travail.

Ne rien faire, c’est préparer l’extension indéfinie du domaine du RSA.

Ai-je dit le RSA ? Optimisme coupable de ma part... car comment serait-il financé ?

L’idée de partager les bénéfices de la machinisation, c’est précisément un moyen d’obtenir - et non simplement d’« exiger » - davantage de justice.

Quant au produit de cette taxe, il pourrait par exemple être investi dans la formation pour permettre la création de nouveaux emplois remplaçant les précédents - si la chose est seulement possible - sinon dans une diminution du temps de travail permettant de « forcer » la création de nouveaux postes de travail.

2. Vous proposez d’abandonner une attitude de « comptable » et de s’attendre à ce que la conscience morale des plus fortunés (« responsabilité morale de ses non-partages ») les pousse d’eux-mêmes à partager. J’avoue mes doutes profonds.

Les Etats-Unis connaissent des inégalités de patrimoine et de revenus nettement plus profondes que la France. A-t-on observé un mouvement irrépressible de la part des plus riches en faveur du partage ?

Le Brésil, la Russie sont beaucoup plus inégalitaires que les Etats-Unis. Avez-vous entendu parler de milliardaires russes ou de riches Brésiliens qui se dépouillent du plus clair de leurs avoirs pour aider les miséreux - nombreux dans chacun de ces pays ?

D’ailleurs, en ce qui concerne la Russie, la situation s’est tout de même améliorée depuis les années 1990, il y a eu apparition d’une véritable classe moyenne. Le peu - et c’est peu ! - qui a été fait, l’a-t-il été par partage désintéressé de la part des oligarques ? Ou par, disons, d’autres moyens qui n’ont qu’assez peu à voir ?

Et si par hasard je vous ai mal compris et vous faisiez allusion au potentiel de violence de la part des moins favorisés (« être entourés par des gens beaucoup moins ’endormis’ qu’on ne le croyait »), n’ayez aucune crainte, les résidences fermées et les gardes armés ça fonctionne très bien pas de souci...

Seul un Etat souverain disposant de la puissance de la loi y peut - éventuellement - quelque chose.


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