Commentaire de njama
sur Mahomet : Au sujet du « Seigneur des tribus » de Jacqueline Chabbi


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njama njama 26 mai 2016 10:52

@ Émile Mourey
Suivant les thèses de Patricia Corne et du père Édouard-Marie Gallez, il est impossible que l’islam soit né dans un lieu aussi déshérité.

C’est un peu enfoncé une porte ouverte ! tant il est évident que chaque Révélation et le prophétisme qui l’accompagnait se sont toujours inscrits dans un contexte historique.

Le père Édouard-Marie Gallez est un imposteur et un faussaire ! sa thèse vulgarisée ici par l’ouvrage de Olaf sur Agoravox, et Olaf Agoravox TV, sous le titre Le grand Secret de l’Islam est intéressante et je suis bien d’accord que des tas d’éléments historiques factuels qui s’enchevêtrent, viennent éclairer l’émergence de nouveau courant spirituel messianique surgi dans ce contexte judéo-nazaréen.

Il est toutefois nécessaire de rappeler que E-M Gallez a soutenu sa thèse de doctorat en théologie et histoire des religions dans une université publique, et que nous sommes donc dans un registre purement historique, et laïque, duquel on ne pourrait déduire ou conclure un quelconque article de foi, comme une quelconque appréciation concernant le caractère « Révélé » - manifestation du Verbe de Dieu - qui en serait ou non la source, cet élément ne pouvant être appréhendé en tant que fait, quelque soit la Révélation. Du Buisson Ardent il ne reste rien, pas même des cendres, des miracles de Jésus et de sa croix, pas plus.

Donc, quand au final E-M Gallez conclut sa thèse en parlant d’imposture historique, que  Il n’y a jamais eu de révélation divine donnée à Mahomet il dérape, et sort totalement du rail du champ historique de sa thèse. C’est un vice de forme au plan universitaire !

Le prêtre qu’il est, et soldat du Christ peut-être (?) refait surface, c’est au final ce à quoi il voulait vraisemblablement aboutir, et l’imposteur c’est lui, sa conclusion le démasque !


Olaf la résume dans sa conclusion (p.89 du PDF ) :

« Pourtant, même sans cela, le faisceau de preuves et d’indices est assez dense et convergent pour qu’émergent en pleine lumière, et avec suffisamment de certitude, le grand secret de l’islam, son imposture historique * et la vérité sur ses origines véritables : le texte coranique et la biographie islamique de Mahomet sont des fabrications progressives des siècles suivant les premières conquêtes des Arabes de Syrie ; les 50 premières années suivant le règne d’Omar ont joué un rôle déterminant pour le premier et les 50 premières années après Abd al Malik pour la seconde. Il n’y a jamais eu de révélation divine donnée à Mahomet * l’islam est le fruit d’un processus très long et très complexe de réécriture de l’Histoire, s’enracinant dans une foi judéochrétienne déviante, rendue folle par les espérances messianistes.
Ce processus graduel a accouché d’une religion nouvelle qui a toujours poursuivi les objectifs messianistes de ses fondateurs judéonazaréens. Elle a imposé à la société civile un système de domination politique exploitant le religieux pour assoir une autorité totalitaire. ».

* (soulignée en gras de couleur rouge dans l’édition en ligne)

Cette thèse n’est qu’une démonstration classique du genre pratiquée depuis très longtemps par l’Église catholique qui doit conduire à démontrer que Mahomet est un « faux-prophète » pour discréditer et le Coran et l’islam ; elle fait fi de ce qui est écrit dans la Bible, à savoir que Dieu a promis à Agar une vaste descendance aux fils d’Ismaël le premier fils d’Abraham (Genèse ch 16).

La thèse de E-M Gallez n’a rien d’une nouveauté, la polémique islamo-chrétienne s’est instaurée dès le VIII° s, et ce n’est que vers 1143, soit 5 siècles après l’hégire, que Pierre le Vénérable  fit traduire le Coran en latin par Robert de Rétines, moine de l’Ordre de Cîteaux, pote de Bernard de Clairvaux à qui il transmit une copie. Pour résoudre les quelques divergences entre les Évangiles et leurs dogmes, ils n’ont rien fait d’autre que de chercher à démontrer que c’est un faux, et assimiler Mahomet à un « illuminé » hérétique.
 

Depuis le XII° siècle environ, l’histoire est émaillée de contributions savantes pour discréditer le Coran, et faire de Mahomet tantôt une sorte de moine hérétique, tantôt un chef de guerre ou un aventurier. Le principal étant de le discréditer pour discréditer qu’il pouvait être « Prophète », et avoir reçu une Révélation avec toutes conséquences que cela pouvait impliquer. Le Grand secret de l’Islam s’ajoute à cette très longue anthologie, et laisse le Verbe sur la touche.

En supposant d’avoir sous le coude suffisamment d’éléments historiques à disposition qui pourraient constituer un bon faisceau de présomptions, ce type de démonstration pourrait certainement être reproduit pour tous les prophètes qui précédaient, puisque tout s’inscrit nécessairement dans une continuité historique culturelle. C’est exactement d’ailleurs ce que l’histoire religieuse a produit puisque les Juifs réfutent depuis 2000 ans le messianisme de Jésus, tout comme les chrétiens réfutent celui de Mahomet. Le Grand secret de l’Islam ne fera que consolider cette situation qui dure depuis tant de siècles.

La thèse de E-M Gallez, une thèse consistante au plan historique, comme Olaf le dit dans une de ses vidéos. Mais une conclusion inconsistante, pas convaincante, qui s’égare, et de plus s’affirme en contradiction avec les Écritures que Edouard-Marie Gallez serait censé prendre en considération et honorer en tant que prêtre !

Actes 5/33 à 40 "Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu."

Le Grand Secret de l’Islam ne convaincra pas plus les musulmans d’abandonner leur prophète, que les Évangiles et toute la littérature chrétienne n’ont convaincu les Juifs d’abandonner les leurs.

Que différentes formes de « judéo-christianismes » ou « judéo-nazaréismes » comme dit E-M Gallez se soient poursuivis les premiers siècles après JC, c’est très probable, les hérésies théologiques étaient nombreuses en Orient (dont un bon nombre subsistent encore). Quelque soit le prophète, le prophétisme s’est toujours inscrit dans une continuité culturelle et temporelle, donc historique.

Une lecture purement « historique » minimisera toujours les aspects « inspirés » propres aux révélations, « manifestations du Verbe » car ce genre de considérations qui touchent à la foi, éminemment subjectives, tout comme celui des passions, n’est pas et ne peut être pris en compte par l’historien.


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