Commentaire de Taverne
sur Le Je et le Moi


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Taverne Taverne 22 septembre 2016 14:34

@philouie

Avant de définir un ordre, il faut creuser chaque hypothèse. Dans l’ordre chronologique :

- « Je pense » : Descartes définissait l’homme comme une « substance pensante » (tout ce que l’on ne peut concevoir que comme sujet est substance). La pensée est la conscience de la conscience. C’est la double conscience (je pense et je sais que je pense).

- Kant refuse le caractère substantiel de l’âme, il considère aussi que le cogito fait une confusion entre la pensée et l’être. La conscience de soi n’est pour Kant qu’un principe unificateur : « et grâce à l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne... ».

L’enfant qui dit « je » : « Auparavant il ne faisait que se sentir ; maintenant il se pense. » C’est aussi mon idée quand je dis que l’être ressent et exprime et le moi affirme (dès qu’il commence à dire « je »).

Comme le dit Kant, la pensée se fait même avant le « je ». C’est ce qu’a expérimenté à l’âge de 4 ans le philosophe Lucien Jerphagnon (élève de Jankélévitch qui lui-même fut l’élève de Bergson : on voit la filiation de pensée sur le temps).

- Nietzsche  : « Quelque chose pense, mais que ce quelque chose soit justement l’antique et fameux « je », voilà, pour nous exprimer avec modération, une simple hypothèse, une assertion, et en tout cas pas une « certitude immédiate ». En définitive, ce « quelque chose pense » affirme déjà trop ; ce « quelque chose » contient déjà une interprétation du processus et n’appartient pas au processus lui-même. En cette matière, nous raisonnons d’après la routine grammaticale : « Penser est une action, toute action suppose un sujet qui l’accomplit, par conséquent... » (Par delà le bien et le mal, 1886).

Au fait, je me suis trompé : le « ça pense » je crois qu’il ne le dit nulle part sous cette forme raccourcie) est nietzschéen et non kantien.

- Rimbaud : « on me pense » dans la lettre à son professeur où il dit aussi « je est une autre ». Dans cette lettre, il évoque ses expérience sous influence des drogues. On peut donc exprimer un doute philosophique sur ce fondement.


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