Commentaire de Emile Mourey
sur Bibracte, Alésia, effroyables malentendus !


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Emile Mourey Emile Mourey 16 novembre 2016 01:59

@Y.Favory

Vous mettez l’archéologie en premier, OK. Je mets en premier les textes et, évidemment, leur bonne traduction, en second la logique, notamment la logique militaire, et seulement en troisième position, l’archéologie, et encore, à condition d’en donner une bonne interprétation.

Je ne défends ni M. Berthier, ni Mme Porte, qui est une très mauvaise latiniste, mais je les excuse dans une certaine mesure à cause des erreurs des archéologues qui non seulement, n’ont pas toujours bien compris le texte césarien alors qu’il est très clair et précis, mais qui l’ont mis en doute sur certains points.

Pour moi, les déplacements de César sont très clairs car je raisonne en militaire, mieux en fantassin. Votre crochet par Langres aurait soulevé la réprobation générale des légionnaires qui n’auraient pas compris qu’on leur fasse faire des kilomètres en plus pour rien... pour aller chercher les Germains alors que ceux-ci étaient à cheval ? 

Difficile de comparer avec la Grèce. Voyez Alise-Sainte-Reine aux Lingons avant l’arrivée de César, ensuite récupérée par les Éduens. Nous sommes encore dans la prépondérance séquane et dans leur rivalité avec les Éduens pour contrôler les voies du commerce et les péages. La Sequanas est aux Séquanes, la Saône aux Éduens. Le conflit à cause des péages, ce ne sont pas ceux de la Saône mais ceux de la voie de l’étain “Sequanas” qu’ils se disputent au nord de Chalon.

Séquanais, ancien nom des habitants de l’Ile de France. Alto-Séquanais, toujours en vigueur.

Pas sûr et certains tribuns auraient bien voulu que les Gaulois les débarrassent de César. Vous minimisez les ragots qui couraient à Rome.

Je ne minimise pas l’importance du mont Beuvray. Site stratégique en surveillance de la Loire sous le nom de Gorgobina - alias Gergovina sur d’autres manuscrits - les Arvernes y ont appelé les Germains d’Arioviste pour s’opposer aux Éduens. La fameuse bataille de Magetobriga a eu lieu à son pied à Magobrigum/Mesvres. César y a installé les Boïens, au Beuvray/Gorgobina. Vercingétorix est venu les assiéger. Je ne sais pas comment vous interprétez le récit de César mais pour moi, c’est un compte-rendu d’opération tout ce qu’il y a de plus normal. 

Je ne conteste pas la grande activité que les archéologues relèvent sur le site au II ème siècle et au Ier siècle avant J.C., y compris les deux remparts successifs, mais j’attribue tout cela à ce que je viens de dire. Pourquoi y trouve-t-on autant de poteries cassées ? Comme autant de boites de conserve après le passage au bivouac d’une troupe militaire indisciplinée. Il a bien fallu ravitailler tout ce monde-là vu la pauvreté de la région. 

L’oppidum d’Alésia est au sommet du versant, in colle summo, à l’endroit qui ressort,. C’est la pointe du Mont Auxois et il s’agit de l’oppidum ovale dont Garenne a relevé la trace des fondations. En arrivant à Alésia, Vercingétorix a installé ses troupes à l’est de cet oppidum ovale, donc sur le plateau et non au bout du plateau, ce qui est militairement absurde. Dans son explication des combats, César ne fait état que de “collis” car il ne voit que des versants.

Ce n’est pas parce que les thèses de MM Vincent Guichard et Christian Goudineau sont validées qu’elles sont justes. 

Je ne peux que répéter ce que j’ai déjà dit. Avec leur Gaule en bois, ces deux autorités vous ont mis dans une bulle et vous n’arrivez pas à en sortir. 

Comme l’a bien vu Garenne, premier fouilleurs du mont Beuvray, un oppidum - il l’appelle à tort citadelle - est une fortification en pierre de contour ovale, autrement dit en forme d’oeuf ouvert vers le ciel … oppidum, de ovum, oeuf. C’est Bulliot qui en a fait disparaître les fondations au mont Beuvray. Ce contour se retrouve en grand dans les murailles de Mont-Saint-Vincent. Rien à voir avec les reconstructions branlantes et plus que bizarres à la Potemkine de Vincent Guichard.


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