Commentaire de Emile Mourey
sur De Bibracte à Gergovie, un devoir de vérité...


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Emile Mourey Emile Mourey 4 décembre 2016 16:21

@Antenor


Je croyais que vous parliez du mont Saint-Romain. En ce qui concerne les sites que vous évoquez, je ne suis pas contre si cela s’accorde avec ce que l’on sait. Strabon dit que c’est l’Arar - la Thalie - qui séparait le pays éduen du pays séquane. Le terrain a conservé la mémoire du prolongement de cette frontière avec au nord le mont Sène et au sud les monts Rème et Rome. Plus la muraille de Chassey-le-Camp. Frontière confirmée par le conflit qu’évoque César au sujet des péages. Les Éduens ne pouvaient pas s’installer au-delà puIsque les Séquanes les avaient précédés.

Je ne peux prendre en considération que ce qui a laissé des traces dans les textes ou sur le terrain. Pour se rendre de Chalon à Mont-Saint-Vincent, en passant par les lignes de crêtes, il est vrai qu’il y a quelques montées et descentes, que cela devait un peu cahoter et exiger un minimum d’entretien, mais nous avons le témoignage écrit d’Eumène qui qualifie ce chemin d’accès de voie militaire. J’en ai déduis que la voie commerciale, beaucoup plus aisée, passait par la vallée de la Dheune en suivant le cours d’eau et là encore, nous avons des témoignages écrits pour le confirmer, notamment la carte de Peutinger ; d’autres dont un qualifie l’entrée du couloir de « porte », ce qui montre bien que la limitation des possibilités d’accès pouvait être un avantage. Nous avons les vestiges archéologiques, Chassey-le-Camp qu’il faut interpréter comme un poste militaire gardant l’entrée par cette porte, et cela depuis le Chasséen ; un témoignage ancien sur l’existence d’un chemin antique le long de la Dheune que les paysans auraient fait disparaître et enfin le déroulement de l’histoire comme vous l’avez très bien montré pour Le Crest.

Je suis bien d’accord que les chefs gaulois n’étaient pas ignares au point de pas juger des avantages d’une position, que ce soit sur le plan militaire ou commercial. C’est ce qui explique, par exemple, que le pouvoir soit descendu de Mont-Saint-Vincent à Autun, ou revenu à Chalon. L’empereur Julien, en s’installant à Vienne au lieu de Mont-Saint-Vincent, confirme votre raisonnement, mais c’est parce que les temps ont changé. La situation n’était plus la même.

Il n’en reste pas moins - et c’est là un phénomène étonnant - que nous avons en Gaule une continuation de l’Histoire autour de Bibracte et de Gergovie que l’on peut suivre depuis le début jusqu’à aujourd’hui. C’est comme si ces deux capitales avaient pris tellement d’importance au cours des siècles qu’elles avaient littéralement « gelé » le terrain empêchant toute concurrence, phénomène étonnant alors qu’au Proche-Orient, les tells témoignent sur la fréquence des destructions.


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