Commentaire de JP94
sur Honneur aux profs de français !


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

JP94 5 février 2017 17:58

@Goldored
Ecoutez, faites donc ce boulot si facile, si bien rémunéré, mais il est curieux qu’il motive si peu de monde, qu’il y ait autant d’abandon l’année de stage ou en début de carrière, à un moment où la pression du chômage est telle. 

En France, les profs ont perdu 42,6% de pouvoir d’achat depuis le début des années 80.
Quant aux statuts, ils dataient de 1950, et fondaient leur charge de travail sur la pratique d’alors 45 heures hebdo et 1 semaine de congés payés.
Les vacances des enseignants ne sont pas des congés payés.
Le calcul de leur rémunération est fondé sur ces considérations.

Le souci pour eux, et ils l’ignorent souvent est qu’assis sur l’illusion d’être une classe favorisée ( vous partagez donc ce préjugé avec eux), ils n’ont jamais lutté pour que leurs droits progressent à mesure de ceux des autres salariés ( récupération de la 2ème semaine de CP, 3ème, 4ème, 5ème semaine de CP). Du coup, leur statut social s’est effondré, et c’est aussi le cas pour le regard qu’on porte sur eux, souvent, en leur opposant les autres catégories de salariés, exactement suivant la doxa patronale, qui oppose les salariés.
Dans l’ensemble de l’UE, sur la dernière décennie, le PA des enseignants ont en moyenne progressé de 15% mais la France est l’exception avec uns baisse de 15%.
Les salaires ont été bloqués de 2010 à 2016, mais ni les rémunérations patronales, ni le coût de la vie.
Qu’ils soient égocentriques et aient tous les défauts, pourquoi pas ! mais il n’en demeure pas moins que leur charge de travail, et la pression dont ils sont l’objet de la part de la hiérarchie qui relaie celle du patronat, d’eux-mêmes qui aiment à mener à bien leur métier, et aussi de la part des publics enseignés, voire les tensions entre eux, tout cela est une réalité qui ne fait que s’aggraver.

Et ce ne sont pas les dernières réformes qui vont changer les choses dans le bon sens. On ne leur donne aucun droit à contester ces réformes, et ils ne se donnent pas les moyens de les contrer. Ils acceptent. 
Le système promeut l’individualisme tout en leur parlant de travailler ensemble - oui, mais pour se plier aux injonctions du Ministère. 

Au fond, il est frappant de constater à quel point votre mode de raisonnement est proche du leur, tout en vous permettant de les juger-et je me demande à quel titre puisque la critique que vous leur portez vous la retourner contre vous-même, qui ne connaissez rien à ce métier - lequel connaît des situations très différentes .

Evidemment, cette apologie du prof de français pour sa paroisse peut sembler bien ridicule, et témoigne de préjugés à l’encontre des collègues d’autres matières : le prof de maths qui corrigerait ses copies en 2 minutes car « en maths, c’est bon ou c’est faux »... etc.. 

Le problème n’est de distinguer les salariés par les avantages que les uns auraient par rapport aux autres, mais de les unir dans une perspective de lutte des classes face à la classe qui a l’hégémonie du pouvoir.

Voir ce commentaire dans son contexte