Commentaire de popov
sur Donald Trump et les conditions de l'insurrection populaire


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popov 19 février 2017 16:57

Marx avait parfaitement compris les avantages du capitalisme en ce qui concerne le développement de l’appareil de production, et ses déficiences en matière de re-distribution des richesses.


À son époque, la science venait de faire un immense bond en avant : Maxwell avait unifié ce qu’on savait du magnétisme et l’électricité dans une théorie élégante qui avait débouché sur l’invention de la radio ; d’autres avaient re-découvert toutes les lois empiriques de la thermodynamique à partir d’une formulation purement mécanique. 

Bref, on croyait à cette époque que tout était compris et que tout avait été inventé. Le capitalisme n’avait plus de raison d’être puisqu’il n’y aurait pratiquement plus de progrès à faire dans le développement de l’appareil de production. Il fallait mettre fin au capitalisme et commencer à re-distribuer les richesse équitablement.

Cette prédiction était fausse : l’époque de Marx n’a pas vu la fin du progrès technologique, mais au contraire, le début d’un progrès exponentiel. Et c’est pour cette raison qu’il n’y a jamais eu de révolution communiste nulle part ; il n’y a eu que du capitalisme d’état en Union Soviétique et en Chine, pour ne citer que les plus visibles.

Le système a donc continué à concentrer le pouvoir économique dans les mains d’un nombre de plus en plus petits de super riches et on se retrouve de plus en plus avec une structure qui ressemble à une pyramide posée sur sa pointe et qu’une chiquenaude suffirait à faire basculer.

Avec cette différence, que, du moins dans les pays développés, celui qui souffre vraiment n’est pas celui qui sue sur la machine 8 heures par jour, mais celui qui n’a pas de travail. Et il y aura de plus en plus de désœuvrés puisque les boulots qui ne demandent que des actions répétitives seront de plus en plus pris par des robots, en attendant que les bons boulots, ceux des ingénieurs en robotique soient eux aussi remplacés par l’intelligence artificielle.

Dans le secteur agricole, les fermiers, derniers propriétaires de leur moyen de production, seront mis en faillite par une politique de libre échange instituée précisément dans le but de les mettre en faillite. Il vendront leurs terres qui finiront dans les mains de la finance et deviendront de vulgaires objets de transactions en bourse. Et les travailleurs agricoles seront remplacés par des robots.

On va se retrouver avec un appareil de production super performant et une masse de désœuvrés qui ne pourront absorber cette production, faute de moyens. Alors il fait quoi le système capitaliste ?

Il devra se préserver de la colère des désœuvrés en leur distribuant des miettes de pain et en les analgésiant à coup d’islam ou autre drogue soporifique ? Va-t-il s’arranger pour que les désœuvrés s’entre-tuent, puisque de toutes façons, ne pouvant absorber la production, il ne servent plus à rien, du point de vue des super riches ? Les états ne pourront plus rien, ils auront disparu, mis eux-même en faillite par la prise en charge d’un nombre grandissant de désœuvrés.

Les contradictions du système capitaliste vont donc s’accentuer comme l’avait prédit Marx, mais si révolution il y a, elle ne sera pas le fait des prolétaires, car il n’y en n’aura plus. Elle sera le fait des désœuvrés.

Faudra-t-il en arriver là ? Probablement. À la fin de l’Union Soviétique, un occasion en or de repartir sur une autre base a été gaspillée. Au lieu de vendre l’appareils de production de l’état pour une bouchée de pain à des mafieux, il aurait mieux valu en redistribuer au moins une part importante à la population quite à souffrir encore quelques années en attendant que la machine se remette en marche.

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