Commentaire de Christian Labrune
sur La dictature de l'émotion et la Syrie


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Christian Labrune Christian Labrune 8 avril 2017 14:22

Amaury Grandgil
Je suis tout à fait d’accord avec votre dénonciation de l’émotionnel en politique. Que la chancelière allemande, après l’image de l’enfant mort, se soit embourbée dans cette pitoyable ornière, cela ne fait aucun doute : l’Allemagne avait plus à perdre qu’à gagner en ouvrant si largement ses frontières, et on ne laisse pas, de l’autre côté du Rhin, de commencer à en faire l’expérience.

Mais je ne pense pas du tout que Trump ait agi par sensiblerie même si, en habitué des déclarations médiatiques, il jouait l’émotion. Il avait tout à gagner en intervenant de cette manière : il faisait apparaître clairement à ses électeurs qu’il n’était pas aussi timoré qu’un Obama, qu’il n’attendrait pas l’appui de puissances européennes ou l’approbationi du Conseil de Sécurité pour agir. En même temps, il mettait en scène une petite crise de surface avec la Russie qui montrait bien qu’il n’était pas le caniche de Poutine, comme l’avaient insinué les démocrates. Je parle de mise en scène parce qu’on n’en est plus à l’époque des missiles nucléaires de Cuba : les intérêts économiques et stratégiques des deux pays leur interdisent d’aller plus loin dans l’affrontement que les ordinaires condamnations diplomatiques.

Bref, on est au théâtre, mais pas à la Comédie Française. Plutôt à l’époque romaine où l’on n’hésitait pas, lorsqu’il fallait mettre en scène des meurtres, à faire jouer le rôle de l’assassiné par un condamné à mort qui y laissait réellement sa peau. On meurt beaucoup, au Moyen-Orient, et ces populations ne sont pas sorties de l’auberge. On ne peut pas non plus, sous prétexte qu’on est ici relativement à l’abri - mais pour combien de temps ? - faire totalement abstraction de ces atrocités.


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