Commentaire de philippe baron-abrioux
sur L'identité heureuse, ça n'est pas le bonheur identitaire


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philippe baron-abrioux 1er mai 2017 18:12


 Bonjour Taverne ,

 « je ferai votre bonheur malgré vous » , en général précédé de « je vous aime tant que ... » et sur un ton qui n’autorise aucune réplique « laissez moi faire ! »

 regroupé dans une seule phrase : « laissez moi faire , je vous aime tant que je suis capable de vous apporter, même malgré vos réticences ou votre refus du moment , le bonheur que vous cherchez depuis si longtemps , le tout en quelques heures » .

 on nous parle d’amour , de bonheur , d’un bonheur immédiat .

difficile alors de résister , de ne pas se laisser convaincre ( ce qui ici signifie vaincre toutes nos défenses rationnelles )

 le  « gnoti séauton » , « connais toi toi même », de Socrate, semble être une démarche d’introspection qui ne fait plus recette car trop chronophage pour une majorité de personnes auxquelles les « offres de bonheur » sont proposées à longueur de journée , pour quelques €uros ( au pire) mais le plus souvent de façon quasi immédiate , portable à domicile , sans effort particulier et cadeau pour le nouvel acceptant .

 la recherche de la satisfaction immédiate d’un bonheur rêvé , idéalisé , fantasmé est devenue la règle et tout instant de frustration , ne durerait il que quelques minutes,, (une connexion trop lente par exemple ) devient insupportable .

j’écrivais hier à un jeune de ma famille « il faut du temps pour faire un Homme , parfois toute une vie » : il a 28 ans ,j’en ai 65 et je continue à utiliser le temps à tenter de poursuivre un parcours qui tend à me « compléter ».

 lui , il est incarcéré et je lui écris tous les jours , moi qui suis libre et ne cesse de penser à lui : il s’est cru un homme en croyant que quelques idées toutes faites , quelques miroirs aux alouettes qui l’ont un temps fasciné , que toutes les libertés dont il jouissait pouvaient le dispenser de pratiquer la curiosité de tout , le doute vis à vis de soi même pour chacun de nos actes et finalement il s’est jeté dans une vie qui n’était pas la sienne mais celle dont de partout des messages lui parvenaient lui en proposant une , une sorte de blanc -seing qu’il n’est pas même nécessaire de parapher . 

 pas même utile de signer , rien contre Rien , si ce n’est le vide qui maintenant reste à combler si c’est possible .

 l’« identité heureuse » , c’est d’abord de se reconnaitre comme un individu capable de Raison , d’effort , de persévérance , de doute , « dubito ergo sum » , de reconnaitre l’Autre , celui qui nous est si semblable et si différent à la fois , qui nous parle et avec qui on échange à égalité d’Humanité , avec qui on partage ,qui nous apporte et qui reçoit de nous, même à inégale proportion .

y a t il là du bonheur , au moins un peu , trois fois rien, mais trois fois rien c’est déjà quelque chose ,non ?

 pas grand chose, mais entre Rien et pas grand chose je choisis toujours pas grand chose .

 pas de temps à perdre , trop compliqué , comme c’est gratuit c’est suspect (dans notre société marchande ) , pas envie , pas besoin (puisque beaucoup de nos besoins sont déjà satisfaits , nos envies nous deviennent difficiles à exprimer ) , pas même cela comme processus mobilisateur !

 oui , ce concept a été vilipendé , comme c’était prévisible non par ce que reconnu comme nuisible , inutile ou dangereux mais sans doute bien davantage par refus des exigences qu’il implique auxquelles plus personne n’accepte de se plier . belle duperie d’un système qui nous fait passer par ses fourches caudines en ne cessant de nous clamer que c’est de Liberté et de Bonheur dont on nous ferait cadeau .

 bonne fin de journée !

 P.B.A

 
 

 


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