Commentaire de Christian Labrune
sur Le Cheikh d'Al-Azhar Accusé de Négligence


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Christian Labrune Christian Labrune 7 mai 2017 19:20

à l’auteur,
Je n’ai pas suivi très attentivement ce qui s’est passé en Egypte après les derniers attentats contre les coptes et le voyage du pape.
Ce que j’observe quand même, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de réactions d’Al-Azhar après qu’on eut appris les entreprises génocidaires de l’Etat Coranique visant les Yézidis sur les pentes du mont Sinjar. A ces horreurs n’ont pas tardé à succéder de multiples décapitations filmées qui ont révulsé l’opinion internationale. Les théologiens du Caire n’ont pas réagi davantage.

L’islam, qu’il soit chiite ou sunnite, est prompt à lancer des fatwas condamnant à mort des écrivains armés de leur seul stylo. Le cas de Salman Rushdie est encore dans toutes les mémoires. Celui de Robert Redeker en France aura fait moins de bruit, mais c’est du même tonneau. Or ces deux citoyens-là sont des défenseurs de la liberté et ils n’ont jamais tué personne ou préconisé de massacrer quiconque.
C’est précisément le risque du takfirisme qui aura été invoqué par Al-Azhar pour se défausser et s’interdire de condamner les fanatiques de Raqqa et de Mossoul. Tous ceux qui ont un minimum de culture philosophique auront rigolé, et moi le premier, d’une pareille tartufferie.

La seule condamnation vraiment significative qui ait été prononcée, c’est celle qui concernait l’exécution d’un pilote jordanien brûlé vit dans une cage de fer. Mais pourquoi cette condamnation nettement plus ferme ? C’est qu’il ne s’agissait cette fois ni des Yézidis ni des chrétiens d’Orient, qui sont de sales kouffars, mais d’un musulman. Tuer un musulman, quelle horreur ! Il faut bien reconnaître cependant que lorsqu’on lit le Coran, et particulièrement les sourates VIII et IX, il n’y a plus lieu de s’étonner le moins du monde : massacrer des mécréants, c’est parfaitement halal.
 
On voit bien que des manières de penser de cette nature, caractéristiques d’un monde du haut moyen-âge, n’ont absolument plus leur place dans la civilisation contemporaine. Cela nous paraît tout simplement aussi abject que la croisade des Albigeois dans le sud de la France au début du XIIIe siècle ou les guerres de religion du XVIe.
Je l’ai déjà écrit, me semble-t-il à la suite de quelque autre de vos articles : l’islam, pour survivre aux crises actuelles, devrait évoluer, mais il me semble en même temps que dire cela, c’est un peu parler pour ne rien dire : il ne peut pas évoluer, comme l’ont fait les deux autres religions « du livre ». Le seul avenir que lui autorise le Dieu du Coran, surtout du côté wahhabite, c’est le VIIe siècle, et ce siècle-là est très loin derrière nous. L’islam finira donc pas disparaître complètement et les théologiens du Caire, malgré les pressions que s’efforce d’exercer constamment al-Sissi, sont en train de devenir ses fossoyeurs.


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