Commentaire de Taverne
sur Comment créons-nous la vérité ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Taverne Taverne 25 juillet 2017 14:09

@Ciriaco

La vérité est la façon dont, à l’aide de notre cerveau et de notre corps, nous nous approprions la réalité. L’abstraction est une des formes d’appropriations possibles : l’image mais, plus abstrait encore, les formules mathématiques ou les énoncés grammaticaux.

Mais je permets de faire une différence entre créer la vérité et fabriquer la vérité. Le corps qui « travaille »une émotion pour nous la faire ressentir crée - de manière naturelle - de la vérité. Quand nous désignons les choses ou que nous les décrivons de la façon la plus appropriée ou exacte possible (quand l’exactitude est requise), nous créons de la vérité encore. Mais bien souvent la tentation est de fabriquer la vérité. Le récit ou la communication fabriquent de la vérité.

Pour ce qui est des ensembles, la seule question que j’ai examinée est le cas du syllogisme et j’en ai conclu que sa forme n’est pas fausse, c’est son utilisation qui est dangereuse.

Extrait de mon livre

(Contexte : j’explique que tout fonctionne en trois temps : 1 - Enonciation (expression du sujet) / 2 - Confrontation et tension (rapport au Réel ou à l’action) / 3 - Résolution. Et donc, pour le syllogisme, la 1ère prémisse ne doit faire qu’énoncer et jamais empiéter sur les deux étapes suivantes.

Tout le monde connaît ce syllogisme :

Tout ce qui est rare est cher
Un cheval bon marché est rare
Donc un cheval bon marché est cher.

Par cet exemple imparable, le syllogisme est définitivement rejeté comme forme logique infréquentable. Or, le syllogisme est une forme qui fonctionne, seulement encore faut-il que la première prémisse soit un énoncé pur (qu’il énonce le sujet et rien d’autre que le sujet) ou qu’il exprime une proposition absolument infaillible (comme « tous les hommes sont mortels » qui donne un syllogisme correct) ou encore que l’énoncé soit analytique et pas synthétique (selon le vocabulaire kantien).

Sans cela, il peut se trouver des cas d’espèce qui le contredisent. Dans l’exemple précédent, « Tout ce qui est rare est cher » n’énonce pas un sujet pur ou une règle absolue. Cette proposition inclut en elle-même déjà les trois lois : « tout ce qui est rare » (énonciation) « est cher » (loi de résolution), ce qui crée une imbrication de deux boucles à trois temps. Or, la résolution ne doit être que l’aboutissement final du syllogisme. L’esprit comprend, dès que la prémisse « un cheval bon marché est rare » est avancée, qu’il s’est fourvoyé dans le premier énoncé. En matière de manipulation d’idées logiques, un énoncé est dit pur s’il est indivisible (comme l’atome et la conscience), cela veut dire que l’affirmation sous forme de postulat ne doit contenir aucune exception. Car l’exception rend la règle divisible.


Voir ce commentaire dans son contexte